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Conditions d'Eckart

Les conditions d'Eckart[1], nommĂ©es d'aprĂšs le physicien amĂ©ricain Carl Eckart, et appelĂ©es parfois conditions de Sayvetz[2], permettent la simplification de l'Ă©quation de Schrödinger du mouvement nuclĂ©aire (rovibrationnel) lors de la seconde Ă©tape de l'approximation de Born-Oppenheimer. Les conditions d'Eckart permettent dans une large mesure la sĂ©paration des modes externes des modes internes. Bien que les mouvements de rotation et de vibration des noyaux dans une molĂ©cule ne puissent ĂȘtre complĂštement sĂ©parĂ©s, les conditions d'Eckart minimisent le couplage entre ces mouvements.

DĂ©finition des conditions d'Eckart

Les conditions d'Eckart peuvent seulement ĂȘtre formulĂ©es pour une molĂ©cule semi-rigide, qui est une molĂ©cule avec une surface d'Ă©nergie potentielle V(R1, R2,..RN) possĂ©dant un minimum dĂ©fini prĂ©cisĂ©ment pour RA0 (). Ces coordonnĂ©es d'Ă©quilibre des noyaux - de masses MA sont exprimĂ©es dans un repĂšre Ă  axes principaux orthonormĂ©s fixes et satisfont donc les relations :

λi0 est ici un des moments d'inertie principaux de la molĂ©cule Ă  l'Ă©quilibre. Les triplets RA0 = (RA10, RA20, RA30) satisfaisant ces conditions, intĂšgrent la thĂ©orie comme ensemble donnĂ© de constantes rĂ©elles. À l'instar de Biedenharn et Louck[3], on introduit un repĂšre orthonormĂ© fixe, le repĂšre d'Eckart,

.

Si l'on est lié au repÚre d'Eckart, qui - suivant la molécule - tourne et translate dans l'espace, on observerait la molécule dans sa géométrie d'équilibre lorsque l'on fixe les noyaux à ces points

.

On choisit les éléments de RA comme coordonnées dans le repÚre d'Eckart du vecteur position du noyau A (). Si l'on prend l'origine du repÚre d'Eckart au centre de masse instantané, les relations suivantes sont vérifiées :

On définit alors les coordonnées de déplacement :

.

Ces coordonnées de déplacement satisfont les conditions de translation d'Eckart,

Les conditions de rotation d'Eckart pour les déplacements sont :

oĂč indique un produit vectoriel.

Ces conditions de rotation proviennent de la construction spĂ©cifique du repĂšre d'Eckart (voir Biedenharn et Louck, loc. cit., page 538). Enfin, pour une meilleure comprĂ©hension du repĂšre d'Eckart, il peut ĂȘtre utile de remarquer qu'il devient un repĂšre selon les axes principaux dans le cas oĂč la molĂ©cule est un rotateur rigide, soit lorsque les N vecteurs de dĂ©placement sont nuls.

Séparation des coordonnées internes et externes

Les N vecteurs positions des noyaux constituent un espace linĂ©aire Ă  3 dimensions R3N : l'espace de configuration. Les conditions d'Eckart donnent une dĂ©composition de somme orthogonale directe de cet espace : Les Ă©lĂ©ments du sous-espace de dimension 3N-6 Rint se rapportent aux coordonnĂ©es internes, car invariantes quelle que puisse ĂȘtre les rotations ou translations d'ensemble de la molĂ©cule et, donc, dĂ©pendant uniquement des mouvements internes (vibrationelles). Les Ă©lĂ©ments du sous-espace Ă  6 dimensions Rext rapportent aux coordonnĂ©es externes, car associĂ©s avec les translations et rotations d'ensemble de la molĂ©cule.

Afin de clarifier la nomenclature, on définit d'abord une base pour Rext. Pour cela on introduit les six vecteurs suivants (i = 1,2,3) :

Une base orthogonale, non normalisée, pour Rext est :

Un vecteur de dĂ©placement pondĂ©rĂ© peut alors ĂȘtre Ă©crit :

Pour i=1,2,3,

oĂč le zĂ©ro provient de l'application des conditions de translation d'Eckart. Pour i=4,5,6

oĂč le zĂ©ro provient de l'application des conditions de rotation d'Eckart. On en dĂ©duit que le vecteur de dĂ©placement appartient au complĂ©mentaire orthogonal de Rext, donc constitue un vecteur interne.
On obtient une base pour le sous-espace en dĂ©finissant 3N-6 vecteurs linĂ©airement indĂ©pendants : Les vecteurs peuvent ĂȘtre des vecteurs s de Wilson ou peuvent ĂȘtre obtenus dans l'approximation harmonique en diagonalisation le hessien de V. On introduit alors les modes internes (de vibration).

La signification physique de qr dĂ©pend des vecteurs . Par exemple, qr peut ĂȘtre un mode symĂ©trique d'Ă©tirement, dans lesquels deux liaisons C-H sont simultanĂ©ment Ă©tirĂ©es et contractĂ©es.
On a vu que les modes externes correspondants sont nuls en raison des conditions d'Eckart,

Translation et rotation globale

Les modes de vibration (internes) sont invariant par translation et rotation infinitésimale de la molécule à l'équilibre (référence) si et seulement si les conditions d'Eckart s'appliquent. Cela est démontré dans cette partie.

Une translation globale de la molécule de référence est donnée par :

pour un tri-vecteur abritraire.

Une rotation infinitésimale de la molécule est décrite par :

oĂč Δφ est un angle infinitĂ©simal, Δφ >> (Δφ)ÂČ, et est un vecteur unitaire arbitraire. L'orthogonalitĂ© de Ă  l'espace externe implique que satisfasse :

Maintenant, par translation :

Ainsi, est invariant par translation si et seulement si :

car le vecteur est arbitraire. Donc, les conditions sur les translations d'Eckart impliquent l'invariance transitionnelle des vecteurs appartenant Ă  l'espace interne et inversement. Par rotation, on a :

L'invariance par rotation s'ensuit si et seulement si :

Les modes externes, d'autre part, ne sont pas invariants et il n'est pas difficile de montrer qu'ils sont modifiés par translation comme ci-aprÚs :

oĂč M est la masse totale de la molĂ©cule. Ils sont modifiĂ©s par rotation infinitĂ©simale comme il suit :

oĂč I0 est le tenseur d'inertie de la molĂ©cule Ă  l'Ă©quilibre. Ce comportement indique que les trois premiers modes externes dĂ©crivent la translation d'ensemble et les trois derniers la rotation d'ensemble.

Énergie de vibration

L'Ă©nergie de vibration d'une molĂ©cule peut ĂȘtre Ă©crite en termes de coordonnĂ©es par rapport au repĂšre d'Eckart comme :

Le repĂšre d'Eckart n'Ă©tant pas galilĂ©en, l'Ă©nergie cinĂ©tique totale comprend aussi les termes de rotation et de Coriolis, que l'on considĂšre comme implicites par la suite. L'Ă©nergie de vibration est Ă©crite en termes de coordonnĂ©es de dĂ©placement, qui sont linĂ©airement dĂ©pendantes car influĂ©es par les 6 modes externes, nuls, i.e. les dA satisfont Ă  6 relations linĂ©aires. Il est possible d'Ă©crire l'Ă©nergie de vibration uniquement en termes de modes internes qr (r =1, ..., 3N-6) comme il va ĂȘtre montrĂ© par la suite. On Ă©crit les diffĂ©rents modes en termes de dĂ©placements

Les expressions entre parenthĂšses dĂ©finissent une matrice B liant les modes internes et externes aux dĂ©placements. la matrice B peut ĂȘtre divisĂ©e en une partie interne (3N-6 x 3N) et une partie externe (6 x 3N)

On définit la matrice M par :

et à partir des relations données précédemment on obtient les relations matricielles :

et

On définit

En utilisant les rĂšgles de multiplication des matrices par blocs, on montre que :

oĂč G-1 est de dimension (3N-6 x 3G-6) et N-1 de dimension (6 x 6). L'Ă©nergie cinĂ©tique devient :

oĂč les six derniers composants sont nuls. Cette forme de l'Ă©nergie cinĂ©tique de vibration fait partie de la mĂ©thode GF de Wilson. Il est intĂ©ressant de signaler que l'Ă©nergie potentielle dans l'approximation harmonique peut ĂȘtre Ă©crite de la façon suivante :

oĂč H est le hessien du potentiel au minimum et F, dĂ©fini par cette Ă©quation, est la matrice F de la mĂ©thode GF.

Relation Ă  l'approximation harmonique

Dans l'approximation harmonique du problÚme de vibration nucléaire, exprimée en coordonnées de déplacement, on doit résoudre le problÚme le problÚme du polynÎme de Jacobi :

oĂč H est une matrice 3N x 3N symĂ©trique des dĂ©rivĂ©es secondes du potentiel . H est la matrice hessienne de V Ă  l'Ă©quilibre . La matrice diagonale M a pour coefficients non nuls les masses.
La matrice diagonale contient les valeurs propres, alors que les colonnes de C contient les vecteurs propres. On peut montrer que l'invariance de V par translation simultanée de t de tous les noyaux implique que les vecteurs T = (t, ... , t) sont dans le noyau (mathématique) de H. L'invariance de V par rotation infinitésimale s d'ensemble de tous les noyaux montre que les vecteurs S = (s x R10, ..., s x RN0) appartiennent aussi au noyau de H :

Donc, 6 colonnes de C correspondant à la valeur propre nulle, sont déterminés algébriquement. Si le problÚme généralisé des valeurs propres est résolu numériquement, on trouve généralement 6 combinaisons linéairement indépendantes de S et T). L'espace propre correspondant à la valeur propre nulle est au moins de dimension 6 (il est parfois exactement de dimension 6, qui sont les constantes de force, ne sont jamais nulles pour des molécules dans leur état fondamental). T et S correspondant alors aux mouvements externes (dans leur ensemble) : translation et rotation, respectivement. Ils sont les modes d'énergie nulle car l'espace est homogÚne (sans force) et isotrope (sans torsion).

Par définition, les modes de fréquence nulle sont des modes internes, appartenant au complémentaire orthogonal de Rext. Les orthogonalisations généralisées : appliquées aux colonnes « internes » (valeurs propres non nulles) et « externes » (valeur propre nulle) de C sont équivalents aux conditions d'Eckart.

Références

  1. C. Eckart, Some studies concerning rotating axes and polyatomic molecules, Physical Review, vol. 47, p. 552-558 (1935).
  2. Aaron Sayvetz, The Kinetic Energy of Polyatomic Molecules, J. Chem. Phys. vol. 7, pp. 383-389 (1939).
  3. L. C. Biedenharn and J. D. Louck, Angular Momentum in Quantum Physics, Addison-Wesley, Reading (1981) p. 535.

Bibliographie

  • E. Bright Wilson, Jr., J. C. Decius et Paul C. Cross, Molecular Vibrations, Mc-Graw-Hill (1955). RĂ©imprimĂ© par Dover (1980).
  • D. PapouĆĄek et M. R. Aliev, Molecular Vibrational-Rotational Spectra, Elsevier (1982).
  • S. Califano, Vibrational States, Wiley, New York-London (1976). (ISBN 0 471 12996 8)
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