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Concerto pour piano de Scriabine

Le Concerto pour piano en fa dièse mineur, op. 20 est une œuvre du compositeur russe Alexandre Scriabine, composée en 1896.

Concerto pour piano
en fa dièse mineur
Opus 20
Image illustrative de l’article Concerto pour piano de Scriabine
Alexandre Scriabine, à l’âge de 24 ans

Genre Concerto pour piano
Nb. de mouvements 3
Musique Alexandre Scriabine
Durée approximative 28 minutes
Dates de composition 1896-1897
Création
Odessa Drapeau de la Russie Russie
Interprètes Alexandre Scriabine (piano)

Il fut créé le à Odessa par le compositeur lui-même, sous la direction de Vassili Safonov.

Histoire

Contexte

Ce concerto a Ă©tĂ© composĂ© Ă  l’automne 1896, alors qu’Alexandre Scriabine n’avait que 24 ans. C’est tout Ă  la fois son seul concerto et la première Ĺ“uvre de musique symphonique qu’il compose (si l’on excepte l’Allegro symphonique inachevĂ©, sans numĂ©ro d’opus, composĂ© au printemps 1896, publiĂ© seulement après la mort du compositeur et dont certains thèmes ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour le Poème divin, future Symphonie no 3 du compositeur)[1]. Il Ă©crit ce concerto en quelques jours, mais n’en termine l’orchestration qu’en mai 1897. Le , son ami, Ă©diteur et mĂ©cène Mitrofan BelaĂŻev, l’informe qu’il Ă©ditera l’œuvre et qu’il lui versera Ă  cette occasion la somme de 600 roubles.

Accueil par ses pairs

Lorsque Liadov et Rimski-Korsakov, membres du Comité de lecture de son éditeur et ami Bélaïev prirent connaissance de ce concerto, et alors même qu’ils furent souvent bienveillants à l’égard de Scriabine, ils le critiquèrent violemment en raison notamment des défauts dans l’orchestration et des erreurs dans la notation musicale. La partition fut de fait révisée par Liadov, Rimski-Korsakov et Taneïev avant d’être publiée[1].

Création

Le concerto pour piano de Scriabine a été créé le par l’auteur à Odessa, sous la direction de Vassili Safonov, directeur du Conservatoire de Moscou. La création de l’œuvre aux États-Unis eut lieu le par les mêmes, avec l’orchestre de la New York Philharmonic Society.

Accueil par le public et par la presse

L’accueil de l’œuvre en Russie fut plutôt favorable. A contrario, l’accueil par les critiques américains fut mitigé, certains lui reconnaissant fraîcheur, originalité et dynamisme, d’autres lui reprochant sa maladresse en matière symphonique ou justement son manque d’originalité[1].

Scriabine eut l’occasion à plusieurs reprises de jouer son propre concerto, notamment lors de son retour en Russie (après une absence de 6 ans), le à Moscou, puis onze fois au printemps 1910, lors d’une tournée de 19 concerts, intitulée « le tour de la Volga ». Le public russe s’est alors montré particulièrement enthousiaste à l’égard du compositeur. De nos jours le concerto ne jouit pas d'une grande popularité en partie à cause d'une orchestration très académique et peu originale.

Publication

Le concerto fut publié en 1898 par les Éditions Baléïev, dans sa version pour piano et orchestre, puis dans une version pour deux pianos révisée par le compositeur.

Description et influences

Influences

Assez typique des œuvres de jeunesse de Scriabine, le concerto est très marqué par l’influence des œuvres de Chopin sur le compositeur, en particulier par son lyrisme. Pour autant, il accorde une place plus grande à l’orchestre que celle réservée par Chopin dans ses deux concertos.

L’œuvre s’inscrit dans ce que l’on appelle la « première période » de Scriabine (qui s’étend jusqu’en 1903), où prédominent justement les formes traditionnelles, qu'il avait assimilées au cours de son apprentissage au conservatoire, et l’influence de Chopin (et dans une moindre mesure celle de Liszt). D'allure très romantique, il ne laisse pas encore entendre ce que deviendra la musique de Scriabine, dans ses œuvres, innovantes, de la maturité.

Description

Le concerto est composé, de manière traditionnelle, de trois mouvements. Il met en lumière la richesse de l’imagination pianistique de Scriabine, et le charme de ses lignes mélodiques. Les rythmes complexes, les montées chromatiques et les lignes mélodiques contribuent au caractère russe et mélancolique de l’œuvre.

Durée et exécution

Le concerto est relativement court (durée d’exécution moyenne : 27 à 28 minutes), mais très exigeant techniquement pour le pianiste, notamment en raison des nombreux arpèges et montées chromatiques rapides. Les changements fréquents de rythme et de tempo et les échanges subtils entre le piano et l’orchestre exigent des répétitions nombreuses avec l’orchestre.

Orchestration

Mouvements

Allegro

L’Allegro suit la forme sonate. Après une courte introduction par l’orchestre, le thème principal est introduit par le piano puis repris par l’orchestre (avec un accompagnement en octaves du piano). Selon un principe compositionnel exposé par Scriabine lui-même[1], la base qui préside à ce premier mouvement et à l’ensemble du concerto est une suite de notes descendante : mi-ré-do♯ lors de l’exposition du thème. Élément typique du style de Scriabine : les phrases sont longues et les mélodies sont fondées sur des lignes très chromatiques.

Andante

Le deuxième mouvement commence en fa♯ majeur. Il est inhabituel car construit sur la forme d’un thème et de cinq variations (sur la tonique majeure). L’orchestre introduit le thème. Le piano fait son entrée avec la première variation, accompagnant le thème de l’orchestre sous forme d’arpèges doublés de polyrythmes. La deuxième variation est un Allegro Scherzando plus rapide et marqué, contenant des sauts d’octave à la main gauche. Il fait office de Scherzo. La troisième variation est une marche funèbre Adagio. La quatrième variation est un Allegretto : la clarinette en introduit la mélodie (d’une élégante façon), entrelacée en contrepoint avec le soliste. Le mouvement finit avec le retour du thème à l’orchestre (cinquième variation), presque identique à la première variation, mais avec cette fois le piano en plus.

Allegro moderato

Le troisième mouvement est rapide, triomphal, en forme de rondo, avec un développement du thème du premier mouvement. Le premier thème est condensé dans les deux premières mesures, suivies d’un trait d’arpèges montants et descendants. L’ensemble revient plusieurs fois avec de subtiles variations. Le deuxième thème est une mélodie mélancolique. La fin reprend le thème principal du premier mouvement, mais en majeur cette fois.

Discographie sélective

Notes et références

  • Notes et rĂ©flexions, Alexander Scriabine, Klincksleck, 2001.
  1. Manfred Kelkel, Alexandre Scriabine, Paris, Fayard, coll. « Bibliothèque des Grands Musiciens », , 400 p. (ISBN 978-2-213-60365-0, prĂ©sentation en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article

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