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Compte long

Le compte long est un système de datation antique caractĂ©ristique de la civilisation maya de l'Ă©poque classique et dont l’usage omniprĂ©sent la distingue de toutes les autres civilisations mĂ©soamĂ©ricaines[1]. Comme les autres civilisations de la MĂ©soamĂ©rique, les Mayas connaissaient deux types de calendrier : le calendrier Tzolk'in, un calendrier rituel de 260 jours, et le calendrier haab, un calendrier solaire composĂ© de 365 jours. Ils employaient couramment un troisième type de datation extrĂŞmement prĂ©cis : le compte long dont le point de dĂ©part correspond Ă  la crĂ©ation du monde actuel le 13.0.0.0.0 4 Ajaw[2], Kumk'u dans la mythologie maya. Selon la corrĂ©lation GMT de Thompson de 1950, cette date correspondrait au jour julien 584 283, soit, en calendrier grĂ©gorien sans annĂ©e zĂ©ro, au [3] - [4].

Stèle C de Tres Zapotes.

Origines

Les premières inscriptions en compte long ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes en dehors de l’ère maya, dans la rĂ©gion de l’isthme de Tehuantepec[5]. Citons la cĂ©lèbre stèle C de Tres Zapotes, dont la date correspondrait Ă  l'an -31, du moins si le point de dĂ©part du calendrier local correspond effectivement Ă  celui de la corrĂ©lation GMT (voir ci-dessous).

Unités

Les Mayas employaient un système vigésimal, c’est-à-dire en base 20, associé à des unités explicites et, en général, limité à 5 places :

  • le kin (jour), les Mayas n’ayant pas d’équivalent Ă  notre semaine ;
  • le winal, plus ou moins Ă©quivalent Ă  notre mois, qui comporte 20 jours ;
  • le tun qui correspond, non pas Ă  20 Ă— 20, mais Ă  18 Ă— 20 = 360 jours. Cela fait ainsi apparaitre une irrĂ©gularitĂ© dans le système vigĂ©simal[6] - [1]. Cette unitĂ© est proche de l’annĂ©e solaire. Ă€ partir du tun le système est absolument vigĂ©simal ;
  • le katun, c'est-Ă -dire 20 tuns ou « annĂ©es » ;
  • le baktun, c'est-Ă -dire 20 katuns (= 400 tuns ou « annĂ©es »).

Le système se prolonge au delĂ  du baktun avec le pictun (20 baktuns ou 8 000 tuns), le kalabtun (20 pictuns ou 160 000 tuns), le kinchiltun (20 kalabtuns ou 3 200 000 tuns), l'alautun (20 kinchiltun soit 64 000 000 tuns ou « annĂ©es » de 360 jours)[7].

Notation

C’est la notation dite du « compte long » ou, selon une terminologie plus ancienne que l’on doit Ă  Alfred Maudslay[8], des « sĂ©ries initiales » (parce que la plupart des inscriptions maya de l’époque classique dĂ©butaient par ce type de date).

Glyphe en forme de coquille équivalent à zéro.

Sur une stèle, une date en compte long apparaît de la manière suivante, dans l'ordre :

  • le glyphe d’introduction, dont la partie centrale et variable est le glyphe de la divinitĂ© du mois correspondant du calendrier haab et dont la partie fixe dit sous les auspices de quel patron du mois on compte les katuns (les tuns Ă  l’époque prĂ©classique) ; viennent ensuite en colonne par groupe de deux glyphes :
  • le nombre de baktuns Ă©coulĂ©s depuis le point zĂ©ro du calendrier ;
  • le nombre de katuns ;
  • le nombre de tuns ;
  • le nombre de uinals ;
  • le nombre de kins ;
  • le chiffre et le nom du jour dans le calendrier Tzolk'in ;
  • le nom d'un des Neuf Seigneurs de la Nuit correspondant Ă  cette date ;
  • un glyphe F, dont nous ne connaissons pas la signification exacte ;
  • cinq glyphes liĂ©s au cycle lunaire ;
  • la date dans le calendrier haab.

Pour indiquer qu’un ordre d’unitĂ© est vide, les Mayas utilisaient un glyphe ayant la forme d’une coquille[9], soit l’équivalent de notre zĂ©ro. Par exemple, lorsqu’un mayaniste note une date de la façon suivante : 9.17.0.0.0[10], il faut comprendre que baktuns, 17 katuns, tun', 0 uinal et 0 kins se sont Ă©coulĂ©s depuis ce point zĂ©ro.

Les Mayas croyaient Ă  l’existence de « grands cycles » de 13 baktuns (1 872 000 jours), c’est-Ă -dire approximativement 5 125 annĂ©es solaires[11]. Selon les conceptions cosmogoniques que les Mayas partageaient avec les autres civilisations mĂ©soamĂ©ricaines, il y a une suite vraisemblablement ouverte de crĂ©ations. L’univers actuel aurait Ă©tĂ© « crĂ©Ă© » en . La date exacte en compte long est 13.0.0.0.0 4 Ahau[12], 8 Cumku[13], que l’on trouve sur la stèle C de Quiriguá.

Une autre rĂ©fĂ©rence au mois d’ se trouve sur la stèle 10 de Tikal. D’après la page 168 de la rĂ©fĂ©rence[14] : « Les composants prĂ©sentĂ©s ici ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©s sur la base de la question de l’origine du Compte Long dont l’étendue couvre la distance temporelle sĂ©parant le dĂ©but du prĂ©sent supercycle historique, un jour d’aoĂ»t 3114 av. J.-C., de sa fin, un jour de , selon la corrĂ©lation GMT. Ce jour d’ av. J.-C. n’est pas celui du commencement de toutes choses comme le suggère la date sculptĂ©e sur la stèle 10 de Tikal : celle-ci fait rĂ©fĂ©rence Ă  un jour antĂ©rieur de près de 5 millions d’annĂ©es relativement Ă  la date d’érection du monument. » Les thĂ©ories relatives Ă  la « fin du monde » le partent donc d’une conception erronĂ©e du calendrier maya car il ne peut Ă©videmment s’agir que de la fin d’un monde, c’est-Ă -dire du supercycle de 13 baktuns (5 125 ans environ) commencĂ© en avant notre ère. D’après R.J. Sharer, ce supercycle se terminerait le , tandis que selon L. Schele et D. Freidel, ce serait plutĂ´t le [14].

Ce système typique de l’Époque classique disparaĂ®t des stèles et des monuments au Xe siècle. La dernière date connue de fin de baktun en compte long gravĂ©e sur un monument provient du site de Toniná : 10.4.0.0.0, c’est-Ă -dire l’an . Ă€ l’Époque postclassique, il ne subsistait plus sur les monuments qu’un système simplifiĂ© de « compte court » composĂ© de pĂ©riodes de 13 katuns, c’est-Ă -dire 260 ans.

Corrélation GMT

Pour faire correspondre une date en compte long à une date de notre calendrier, on se fonde sur des événements de l'époque de la colonisation espagnole (XVIe siècle) attestés à la fois en « compte court » et en calendrier julien, par exemple la fondation de la ville de Mérida (Mexique) le :

« En l’an 1542, 1 Pop tombant sur le 13 K’an, les Espagnols fondèrent une colonie Ă  Tiho (c’est-Ă -dire MĂ©rida)… »

— Extrait des Annales d’Oxkutzcab[15].

Ensuite on Ă©tablit une corrĂ©lation entre le compte court et le compte long de l’époque classique. Il existe plusieurs systèmes de corrĂ©lation et la plupart des spĂ©cialistes suivent la corrĂ©lation GMT. Il suffit alors de faire la conversion en calendrier julien et puis en calendrier grĂ©gorien. Des datations au carbone 14 de linteaux en bois datĂ©s retrouvĂ©s Ă  Tikal supportent la validitĂ© du système GMT.

Notes et références

  1. Drew 2000, p. 414.
  2. Ajaw signifie textuellement « souverain Â» en maya.
  3. ((en) Prudence M. Rice, Maya calendar origins : monuments, mythistory, and the materialization of time, University of Texas Press, , 268 p. (ISBN 978-0-292-71692-6 et 0-292-71692-3, lire en ligne), xiv.
  4. On trouve aussi le 13 aoĂ»t (DJN 584 285 - GMT de 1935) pour (en) Tom Jones, « Calendars in Mesoamerica », dans Helaine Selin, Encyclopædia of the History of Science, Technology, and Medecine in Non-Western Cultures, Springer Verlag, , p. 451-457 ou le 12 aoĂ»t (Georges Ifrah, Histoire universelle des chiffres, Paris, Seghers, , 567 p. (ISBN 2-221-50205-1), p. 441.
  5. (en) Mary Miller et Karl Taube, The Gods and Symbols of Ancient Mexico and the Maya, Thames & Hudson, , p. 50.
  6. Grube 2000, p. 138.
  7. Georges Ifrah, Histoire universelle des chiffres, Paris, Seghers, , 567 p. (ISBN 2-221-50205-1), p. 441.
  8. Sharer 1994, p. 568.
  9. Grube 2000, p. 133.
  10. Exemple cité par Sharer 1994, p. 569, et Baudez 2005, p. 114
  11. Baudez 2005, p. 113.
  12. La position du jour dans le Calendrier Tzolk'in.
  13. La position du jour dans le calendrier haab.
  14. « http://segura.univ-tln.fr/lepi5.pdf »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) [PDF], sur segura.univ-tln.fr, p. 168.
  15. Nikolai Grube, Les Mayas, p. 142.

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

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