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La Communauté du Christ, anciennement appelée Église réorganisée de Jésus-Christ des saints des derniers jours, est une Église chrétienne originellement constituante de l'une des deux branches principales, avec l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, du mouvement issu de l'Église du Christ organisée en 1830 par Joseph Smith. Elle se donne pour mission de « proclamer Jésus-Christ et promouvoir des communautés de joie, d’espoir, d’amour et de paix »[1]. Elle rassemble 250 000 membres dans 60 pays. Son siège est situé à Independence dans le Missouri.
Historique
À la mort de Joseph Smith (1844), fondateur du mormonisme, une crise de succession débouche sur l'apparition de plusieurs mouvements issus du mormonisme. L’un d’entre eux, après une période de désorganisation (1844-1860), donne naissance à l’Église réorganisée de Jésus-Christ des saints des derniers jours (officiellement fondée en 1860 à Amboy en Illinois). Celle-ci se distingue de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours par, notamment, des différences doctrinales.
Ainsi, l’Église réorganisée de Jésus-Christ des saints des derniers jours reconnaît la Bible comme ayant une autorité supérieure au Livre de Mormon, et fait preuve d'une certaine ouverture en autorisant l’ordination des femmes, en pratiquant la communion ouverte et en redéfinissant son rôle comme une Église de paix et de justice. En avril 2001, elle change son nom en Communauté du Christ, terme qui, selon elle, correspond mieux à sa mission originelle, bien qu'elle se considère - et est toujours considérée - comme une Église.
Organisation
La Communauté du Christ est dirigée par un prophète-président, assisté par deux conseillers et un collège de douze apôtres. L’autorité accepte une large participation des membres : tous les deux ans, des délégués du monde entier rencontrent ces dirigeants et se prononcent, par vote, sur les différentes décisions à prendre pour le bien-être de l’Église.
L'Église possède deux temples : le temple de Kirtland (consacré en 1836, mais considéré à présent comme un site historique) et le récent temple d’Independance (dédicacé en 1994, consacré à l’œuvre de paix). L'Église dirige également la Graceland University qui possède des campus à Lamoni et à Independance.
L'Église est établie dans de nombreux pays mais la majorité de ses membres se trouve aux États-Unis et en Amérique du Sud. À part en Grande-Bretagne, elle est relativement inconnue en Europe. En France métropolitaine, la Communauté du Christ est présente sur Brest, Bordeaux et Paris[2]. Elle rassemble environ 5000 membres en Polynésie française (où la religion est appelée plus communément Sanito), soit 2 % de la population : c'est Tubuai, île de l'archipel des Australes, qui connaît la première implantation, puis l'Église s'étendra ensuite à l'archipel des Tuamotu.
L’Église rassemble 250 000 membres au total depuis 2012.
Un membre sur 10 détient la prêtrise. Les prêtres ne sont pas payés à l’exception des dirigeants et des pasteurs.
Doctrine
La Communauté du Christ n'a pas adopté de credo officiel, considérant que la Vérité ne peut être délimitée en quelques mots. Néanmoins, les membres du mouvement partagent un certain nombre de croyances, qualifiées de croyances unanimement acceptées au sein de l’Église.
Principales croyances
Dieu, JĂ©sus-Christ et le Saint-Esprit
La Communauté du Christ croit en la doctrine chrétienne classique de la Trinité, à savoir un « Dieu éternel et vivant, qui est un Dieu en trois personnes »[3]. Jésus est à la fois le Sauveur et l'expression vivante de Dieu. Il a vécu, est mort et est ressuscité. Il est « le Verbe fait chair, à la fois pleinement humain et pleinement divin »[4]. Le Saint-Esprit est la « présence continue de Dieu en ce monde »[3].
Paix
L'appel à la paix et à la réconciliation entre les hommes est un thème récurrent au sein de la Communauté du Christ. Il fait partie de sa mission[1]. W. Grant McMurray, dirigeant du mouvement, a déclaré en 1997 :
« Nous deviendrons une église mondiale dédiée à la poursuite de la paix, de la réconciliation et de la guérison de l'esprit. »
— W. Grant McMurray, juin 1997[5]
Le temple d'Independance est consacré à l'éducation et à la promotion de la paix parmi les hommes. Le mouvement considère « qu'en raison de notre fidélité au Christ et de notre croyance dans la valeur de chaque personne (…) nous dédions nos vies à la poursuite de la paix et de la justice pour tous »[3].
Valeur de chaque personne
La Communauté du Christ insiste sur la valeur de chaque être humain :
« Dieu aime chacun de nous de la même façon et inconditionnellement. Toutes les personnes ont une grande valeur et devraient être respectées comme des créatures de Dieu avec les droits humains de base. La volonté d'aimer et d'accepter les autres est essentielle pour la fidélité à l'Évangile du Christ. »
— Communauté du Christ, Faith and Beliefs[3]
Reconnaissant que les Écritures ont parfois été employées pour marginaliser et opprimer certains groupes d'individus, la communauté des membres a approuvé en 2007 l'introduction du passage suivant dans les Doctrine et Alliances, considérées comme Écritures Saintes par le mouvement :
« Cela ne plaît pas à Dieu lorsque le moindre passage des Écritures est utilisé pour opprimer des races, des sexes, des classes ou des êtres humains. Beaucoup de violences ont été perpétrées contre des enfants bien-aimés de Dieu par le mauvais emploi d'Écritures. L'Église est appelée à reconnaître et à se repentir de telles attitudes et pratiques. »
— Stephen M. Veazey, Words of Counsel to the Church[6]
Révélation continue
La Communauté du Christ croit au principe de la révélation continue, à savoir que « Dieu continue à se révéler comme il l'a fait dans le passé. Dieu se révèle à nous au travers des Écritures, de la communauté de la foi, de la prière, de la nature et de l'histoire humaine »[3]. Le président de l'Église est considéré comme un prophète auquel Dieu inspire conseils, encouragements et directives à destination du mouvement. Si le président propose une instruction « révélée par Dieu », un processus complexe se met en place : chaque entité du mouvement étudie le document et vote à son sujet, demandant éventuellement des clarifications. Ensuite, le texte révisé est présenté en Conférence Générale
Sion
Le mouvement croit à l'établissement de Sion sur Terre, qu'il interprète comme la construction « du royaume de Dieu au travers de l'établissement de communautés centrées sur le Christ dans les familles, les congrégations, les voisinages, les villes et à travers le monde »[3].
PrĂŞtrise
Le mouvement considère que tout homme, femme et enfant a des dons et capacités pour améliorer l'existence humaine et réaliser la mission du Christ. Certains d'entre les membres (environ 10 %) sont ordonnés à la prêtrise. Homme et femme peuvent y accéder[3]. Le clergé est bénévole à l'exception d'une petite fraction qui est employée à plein-temps. Les différentes prêtrises sont:
- la prĂŞtrise d'Aaron, avec les offices de diacre, instructeur, prĂŞtre
- la prêtrise de Melchisédech, avec les offices d'ancien, patriarche (Ėvangéliste), soixante-dix, grand-prêtre, apôtre (au nombre de 12)
Sacrements
Les sacrements sont définis comme des actes métaphoriques permettant de renforcer la relation spirituelle avec Dieu. Ils sont considérés comme une alliance avec Dieu en réponse à sa grâce. Ils ne sont cependant pas perçus comme obligatoires pour atteindre le salut. La Communauté du Christ reconnaît huit sacrements différents[7] :
- le baptĂŞme
- la confirmation
- la bénédiction des enfants
- la Sainte-Cène
- le mariage
- la bénédiction des malades
- l'ordination
- la bénédiction d'évangéliste
Pour l’Église, les sacrements suivent la foi, et non le contraire. De ce fait, ils ne sont pas requis lors de certains cas. Les sacrements de l'Église sont en principe ouverts à tous les membres, sans distinction de couleur, ethnie, nationalité, race ou orientation sexuelle (D&A 164, en particulier 5 et 6b). La bénédiction d'évangéliste, la bénédiction des malades et des enfants sont quant à elles ouvertes tant aux amis non-membres de l'Église qu'aux membres.
Écritures
La Communauté du Christ reconnaît trois ouvrages canoniques : la Bible, le Livre de Mormon et les Doctrine et Alliances.
Bible
En communion avec le reste du christianisme, le mouvement reconnaît la Bible comme Écriture Sainte, tant l'Ancien que le Nouveau Testament. Bien que Joseph Smith ait produit sa propre version de l'ouvrage (publiée sous le nom de Version Inspirée), l'Église utilise actuellement la New Revised Standard Version commune à de nombreux mouvements chrétiens. Elle ne croit cependant pas à l'inerrance du livre. Les membres sont encouragés à tenir compte du contexte historique et culturel des passages bibliques et à ne pas les interpréter de manière trop littérale[8].
Livre de Mormon
Le Livre de Mormon est reconnu par la Communauté du Christ comme un ouvrage canonique. Il est similaire à celui publié par l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours bien que la versification en soit différente.
Son utilisation a été sujet à débat en raison « de questions au sujet de son historicité et en partie à cause d'éléments théologiques perçus comme inadéquats, entre autres au sujet de la race et des questions ethniques »[9]. Le mouvement continue cependant à considérer le livre comme inspiré, bien que la plupart des membres en rejettent l'historicité. Pour Stephen M. Veazey, actuel président, « bien que l'Église reconnaisse le Livre de Mormon comme écriture et le mette à disposition pour étude dans de nombreuses langues, nous n'essayons pas d'imposer un degré de croyance ou d'utilisation. Cette position est en accord avec notre longue tradition que la croyance dans le Livre de Mormon ne doit pas être utilisée pour définir la fidélité ou la qualité de membre dans l'Église »[10].
Doctrine et Alliances
La Communauté du Christ utilise également les Doctrine et Alliances : il s'agit d'un livre rassemblant les révélations divines accordées aux dirigeants de l'Église depuis Joseph Smith. L'ouvrage est un canon ouvert car toute nouvelle révélation est susceptible d'être reconnue par la communauté des membres et ajoutée aux précédentes.
La version des Doctrine et Alliances n'est pas identique à celle utilisée par l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours puisque les deux mouvements ont suivi un cheminement différent depuis la mort de Joseph Smith.
Différences doctrinales avec le mormonisme
Issue du mormonisme fondé par Joseph Smith, la Communauté du Christ partage inévitablement quelques concepts théologiques avec l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (voir Théologie du mormonisme). Cependant, le mouvement a également rejeté les enseignements qui ont été énoncés après la mort de Joseph Smith et a suivi un autre chemin depuis lors. De manière générale, la Communauté du Christ est d'essence plus « libérale » et plus proche des doctrines protestantes que le mormonisme des saints des derniers jours. Les principales différences entre les deux mouvements sont[11] :
Thème | Communauté du Christ |
Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours |
---|---|---|
Nature de la divinité | La vision de la Trinité est conforme au christianisme traditionnel. Dieu est personnel. Jésus est le Fils de Dieu en qui la nature de Dieu est révélée. Le Saint-Esprit est la présence vivante de Dieu. | Les membres de la divinité sont trois entités distinctes. Dieu est un homme qui a progressé jusqu'à l'exaltation. Il y a d'autres dieux (régissant d'autres mondes). Le Saint-Esprit est une personne à part entière. |
Vision du salut | Le salut est la vie éternelle, qui est un don de Dieu. Sont sauvés ceux qui croient, se repentent et se conforment à l'Évangile. Le baptême n'est qu'une expression publique de la foi et n'est donc pas nécessaire au salut (il n'y a pas de baptême par procuration pour les morts). Dieu jugera les hommes et décidera de leur destinée en fonction de leur réponse à son appel. | Le salut est l'immortalité mais l'exaltation s'acquiert par des œuvres justes. Le baptême est une ordonnance nécessaire (ce qui explique le baptême par procuration pour les morts). Le mariage est également une étape obligatoire pour atteindre l'exaltation. Dieu jugera les hommes et leur attribuera, selon leurs œuvres, une gloire dans des royaumes séparés. |
Révélation et Écritures | Dieu dirige son Église au travers du prophète. Celui-ci est cependant un homme faillible. Chacun est donc encouragé à chercher l'inspiration de Dieu, y compris en matière de croyances. Il n'y a pas de dogme absolu et l'homme ne peut pleinement comprendre Dieu. La Bible a la préséance sur les autres ouvrages saints. Le Livre de Mormon est un recueil inspiré mais n’a pas le même niveau d'autorité – de plus, il n’est pas considéré comme un récit historique. | Dieu dirige son Église au travers du prophète. Celui-ci ne peut égarer l'Église. Celle-ci a des dogmes précis auxquels les membres sont censés adhérer. Chacun doit chercher l'inspiration de Dieu dans sa vie quotidienne mais seuls les dirigeants définissent le credo du mouvement. Le Livre de Mormon est considéré comme un récit historique et un ouvrage canonique d'autorité égale à la Bible. |
Prêtrise et organisation | Tout membre digne peut détenir la prêtrise, y compris les femmes (depuis 1984). Les Noirs purent être ordonnés dès le début de l'Église. Les congrégations sont dirigées par des pasteurs. Les Conférences Générales ont lieu tous les deux ans : les membres y approuvent ou désapprouvent par vote les budgets et les évolutions de doctrine ou d'organisation. | Tout homme digne peut détenir la prêtrise (les femmes ne peuvent y accéder). Les Noirs ne purent accéder à la prêtrise qu'à partir de 1978 (voir Situation des Noirs dans le mormonisme). Les paroisses sont dirigées par des évêques. Les Conférences Générales ont lieu tous les six mois et sont constituées essentiellement par des sermons destinés à l'édification des membres. |
Finances | Les membres sont encouragés à payer une dîme de 10 % uniquement sur l'accroissement de leur richesse (et pas sur l'ensemble de leurs revenus). Cet aspect n'est pas tenu en compte pour évaluer la dignité de l'individu. Les rapports financiers sur l'utilisation des fonds par le mouvement sont publiés. | Les membres se doivent de payer une dîme de 10 % sur l'ensemble de leurs revenus. Ne sont dignes d'accéder au temple ou d'être ordonnés que ceux qui respectent tous les critères de qualification, dont le paiement d'une dîme complète. Les rapports financiers sur l'utilisation des fonds par le mouvement ne sont publiés que dans les pays où la loi l'exige. |
Rôle du temple et mariage | L'Église n'a qu'un seul temple en activité. Il est un lieu de communion et d'échange ouvert à tous. Le mariage est sacré. Il n'a pas lieu au temple mais dans les congrégations. La monogamie est requise depuis les débuts du mouvement. | L'Église a plusieurs temples. Seuls ceux qui en sont dignes peuvent y accéder. Les ordonnances qui y sont pratiquées peuvent l'être par procuration en faveur de personnes décédées. Le mariage éternel a lieu au temple. Jusqu'en 1890, la polygamie était pratiquée. |
Vie quotidienne | La Parole de sagesse est considérée comme un conseil, et non comme un commandement. La communion est ouverte (même les non-membres peuvent partager la Sainte-Cène). Le mouvement évolue vers une certaine tolérance vis-à -vis de l'homosexualité. | La Parole de sagesse est considérée par l'Église comme un commandement à respecter strictement et fait partie des critères de qualification pour accéder au temple ou pour recevoir la prêtrise. |
Dirigeants successifs
La Communauté du Christ considère que son premier véritable dirigeant est Joseph Smith, fondateur de diverses branches religieuses tel que le mormonisme. Ne sont cependant repris ci-dessous que les dirigeants spécifiques à la Communauté du Christ, à partir de la réorganisation de l'Église en 1860.
Joseph Smith III
Joseph Smith III, né le 6 novembre 1832 et mort le 10 décembre 1914, fut le président du mouvement de 1860 jusqu'à sa mort. Il est le fils aîné de Joseph Smith, fondateur du mormonisme, et d’Emma Hale Smith, sa femme. D'après certains témoignages, Joseph Smith l'aurait désigné comme son successeur de son vivant[12]. Lorsque Joseph Smith est assassiné en 1844 à Carthage (Illinois), Joseph III n’a que 11 ans, ce qui rend une telle succession impossible et Brigham Young prendra en main la direction de l’Église, tandis que la famille de Joseph Smith s'en éloignera.
Quelques années plus tard, diverses congrégations mormones rebelles à l'autorité de Brigham Young s'organisent en mouvement et proposent la présidence à Joseph Smith III qui l'accepte en 1860. Celui-ci accepte de gérer l’Église et de la diriger, délaissant les enseignements de Brigham Young qui étaient source de polémiques, et rejetant totalement la polygamie à qui il attribue l'invention (bien que son père Joseph Smith l'ait pratiquée). À la fin de sa vie, les membres de l'Église retournent à Independance (dont ils avaient été chassés en 1839) qui deviendra le siège du mouvement.
Frederick M. Smith
Frederick Madison Smith[13], né le 21 janvier 1874 et mort le 20 mars 1946, fut le président du mouvement de 1915 jusqu'à sa mort. Il est l'un des neuf enfants de Joseph Smith III et de sa seconde femme, Bertha Madison Smith. Il est baptisé le 20 juillet 1883 et épouse Alice Lyman Cobb le 3 août 1897.
Lors de la mort de son père, Joseph Smith III, le 10 décembre 1914, l'Église se retrouve sans dirigeant. Néanmoins l'autorité de Frederick M. Smith est acceptée peu de temps après et il devient le nouveau prophète-président en 1915.
Frederick M. Smith pousse à l'incorporation d'idées sociales modernes au sein de la notion de Sion. Il tente également d'exercer une autorité plus poussée sur le mouvement, spécialement durant les périodes entre deux Conférences Générales. Ce concept, connu sous le nom de contrôle directionnel suprême (supreme directional control), provoque une vive polémique qui résultera en la défection d'un tiers des membres du mouvement, refusant de se soumettre à cette tutelle renforcée. Le prophète abandonne finalement ses prétentions et la plupart des dissidents regagneront l'Église par la suite. C'est à cette époque que Otto Fetting quitte le mouvement pour rejoindre l'Église du Christ (Temple Lot) : celui-ci fondera plus tard son propre mouvement, l'Église du Christ « avec le message d'Élias ».
Frederick M. Smith préside également le mouvement au moment de la Grande Dépression. L'Église doit faire face à des dettes importantes, ce qui arrête la construction de l'Auditorium, un bâtiment destiné à recevoir les Conférences Générales (la construction ne sera achevée qu'en 1962).
Arrivé à un âge avancé, Frederick M. Smith souhaite démissionner de son office mais la Conférence Générale décide de rejeter sa demande[14]. Il meurt en 1946 et son frère Israël Alexander Smith lui succédera.
Israel A. Smith
Israel Alexander Smith[15], né le 2 février 1876 et mort le 14 juin 1958, fut le président du mouvement de 1946 jusqu'à sa mort. Il est le troisième fils de Joseph Smith III et de sa seconde femme, Bertha Madison Smith. Il obtient une licence en droit et est député républicain pour l'Iowa de 1911 à 1913.
Au sein de l'Église, il devient conseiller de l'Évêque-Président en 1920. Il s'oppose au concept de contrôle directionnel suprême avancé par son frère, alors président du mouvement. Il considère cette idée comme contraire aux enseignements de leur père, Joseph Smith III. En 1925, il est relevé de son appel.
De 1929 à 1940, il est secrétaire général de l'Église et en 1940, il est finalement appelé comme Premier Conseiller de son frère. Celui-ci le désigne alors comme son successeur. En 1946, quand Frederick décède, il lui succède à la tête du mouvement.
La fin de la Seconde Guerre mondiale permet une expansion internationale de l'Église. Israel A. Smith visite en 1950 les membres de l'Église en Hawaii, Australie, Nouvelle-Zélande et Tahiti. En 1952, il visite l'Europe.
Il décède brutalement dans un accident de voiture en 1958, laissant la direction de l'Église aux mains de ses deux conseillers.
W. Wallace Smith
William Wallace Smith[16], né le 18 novembre 1900 et mort en 1989, fut le président du mouvement de 1958 jusqu'à sa démission en 1978. Il est un des fils de Joseph Smith III. Il s'agit du troisième de ses enfants à accéder à la présidence de l'Église à la suite de la mort de ses frères Frederick M. Smith et Israel A. Smith.
Sous sa présidence, l'Église connaît une croissance importante en Afrique, en Amérique latine et en Extrême-Orient. L'internationalisation impose des évolutions doctrinaires et pratiques au mouvement, qui se rapproche lentement de la mouvance protestante.
En 1976, il désigne son fils, Wallace B. Smith, comme son successeur, et décide de démissionner de ses fonctions en 1978. Afin d'assurer une transition sans heurts, il lit publiquement une lettre de démission juste avant que son fils ne soit ordonné.
Wallace B. Smith
Wallace Bunnell Smith[16], né en 1929, fut le président du mouvement de 1978 jusqu'à sa démission en 1996. Il est le fils de W. Wallace Smith qui le désigne comme son successeur en 1976. Il accède à la présidence du mouvement quand ce dernier démissionne en 1978.
C'est sous la présidence de Wallace B. Smith que l'Église construit le Temple d'Independance et que la prêtrise est ouverte aux femmes. Il propose dès 1994 la modification du nom du mouvement, encore connu sous le nom d'Église Réorganisée de Jésus-Christ des saints des derniers jours, en Communauté du Christ. Sa proposition ne sera toutefois adoptée qu'en 2001, après sa démission.
En 1995, Wallace B. Smith désigne W. Grant McMurray comme son successeur et démissionne en 1996.
W. Grant McMurray
William Grant McMurray, né le 12 juillet 1947, fut le président du mouvement de 1996 jusqu'à sa démission en 2004. Il est le premier président du mouvement à ne pas être un descendant de Joseph Smith. Il marquera profondément l'Église.
W. Grant McMurray exerce plusieurs fonctions au sein du mouvement jusqu'à devenir Premier Conseiller du prophète. Il est désigné comme successeur par Wallace B. Smith en 1995 et accède à l'office de président quand ce dernier démissionne en 1996.
En 1997, W. Grant McMurray appelle l'Église à se transformer afin de se recentrer sur la théologie chrétienne de paix. En 2001, le mouvement adopte son nouveau nom officiel, la Communauté du Christ, réaffirmant le rôle central de Jésus-Christ au sein du mouvement.
Il ordonne la première femme apôtre et pousse le mouvement à se libéraliser. Il encourage cependant une collaboration plus étroite avec l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours dans plusieurs domaines, comme celui de la recherche historique.
En 2004, il décide de démissionner et demande d'être relevé de sa prêtrise en raison de difficultés personnelles et de problèmes de santé qui l'empêchent de continuer à diriger l'Église. Il rompt avec la tradition en ne désignant pas de successeur. C'est un groupe de dirigeants de l'Église, menés par le Conseil des Douze Apôtres, qui désignera le nouveau président, Stephen M. Veazey.
Stephen M. Veazey
Stephen Mark Veazey, né le 3 mai 1957, est l'actuel président de la Communauté du Christ.
Stephen M. Veazey devient en 1983 un membre du clergé à plein-temps au sein du mouvement. Il est appelé comme apôtre en 1992. En 2005, à la suite de la démission de W. Grant McMurray, son nom est présenté par les dirigeants de l'Église à l'assemblée des membres qui l'accepte comme nouveau président. Stephen M. Veazey est ordonné à ce poste le 3 juin 2005.
Arbre généalogique
Joseph Smith, Sr (1771-1840), patriarche-président (1833-1840) x Lucy Mack (1776-1856) │ ├─>Hyrum Smith (1800-1844), patriarche-président (1841-1844) │ ├─>Joseph Smith, Jr. (1805-1844), président de l'Église (1830-1844) │ x Emma Hale (1804-1879) │ │ │ ├─>Joseph Smith III (1832-1914), président de l'Église (1860-1914) │ │ X Bertha Madison (1843-1896) │ │ │ │ │ ├─>Frederick Madison Smith (1874-1946), président de l'Église (1914-1946) │ │ │ │ │ │ │ └─>Lois A. Smith (1907-1992) │ │ │ X Edward J. Larsen (1904-1997) │ │ │ │ │ │ │ └─>Frederick Niels Larsen (1932-), président de l'Église Restante (2001-), dissidence de la Communauté du Christ │ │ │ │ │ ├─>Israel Alexander Smith (1876-1958), président de l'Église (1946-1958) │ │ │ │ │ X Ada Clark (1871-1914) │ │ │ │ │ └─>William Wallace Smith (1900-1989), président de l'Église (1958-1978) │ │ │ │ │ └─>Wallace B. Smith (1929), président de l'Église (1978-1996) │ │ │ ├─>Alexander Hale Smith (1838-1909), patriarche-président (1897-1902) │ │ │ │ │ └─>Frederick A. Smith (1862-1954), patriarche-président (1913-1938) │ │ │ └─>David Hyrum Smith (1844-1904) │ │ │ └─>Elbert A. Smith (1871-1959), patriarche-président (1938-1958) │ └─>William Smith (1811-1893), patriarche-président (1845-1847)
Voir aussi
Bibliographie
Articles connexes
Liens externes
Notes
- Community of Christ - Mission
- Church Directory Europe, Communauté du Christ, Paris
- Community of Christ - Faith and Beliefs
- Theology Task Force (Community of Christ), We Proclaim Jesus Christ, Saints Herald, août 2006, p. 13
- Community of Christ, Leicester Congegration - The temple
- Stephen M. Veazey, Words of Counsel to the Church, World Conference Friday Bulletin, 30 mars 2007, p. 349-351
- Bolton, Andrew and Jane Gardner, The Sacraments: Symbol, Meaning and Discipleship, Herald House, 2005
- Community of Christ Temple School, An Introduction to Scripture, 2001
- McMurray, W. Grant, They Shall Blossom as the Rose: Native Americans and the Dream of Zion, 17 février 2001
- Andrew M. Shields, Official Minutes of Business Session, Wednesday March 28, 2007, 2007 World Conference Thursday Bulletin, 29 mars 2007
- A comparison between The Reorganized Church of Jesus Christ of Latter Day Saints & The Mormon Church - Syllabus, Reorganized Church of Jesus Christ of Latter Day Saints
- L’apôtre Lyman Wight prétend par exemple que Joseph Smith aurait béni son fils, lui disant « Tu seras mon successeur quand je partirai » (voir Lyman Wight, Letter to The Northern Islander, juillet 1855; reproduit dans Saints Advocate, Vol. 7, septembre 1884, p. 478; également cité dans The History of the Reorganized Church of Jesus Christ of Latter Day Saints vol. 2, p. 789)
- Ruth Lyman Smith, Concerning the Prophet Frederick Madison Smith, Burton Publ Co, 1924
- Richard P. Howard, The Church Through the Years, Vol. II, Herald Publishing House, 1993, p. 227
- Norma Derry Hiles, Gentle Monarch: The Presidency of Israel A. Smith, Herald House, 1991
- Richard P. Howard, The Church Through the Years, Herald House, 1992