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Commission des administrations civiles, police et tribunaux

La Commission des administrations civiles, police et tribunaux est l'une des douze commissions exécutives créées par décret de la Convention nationale le 12 germinal an II (). Elle remplace le MinistÚre de la Justice et une partie des bureaux du MinistÚre de l'Intérieur.

Création des Commissions exécutives

Le 12 germinal, le Comité de salut public, par l'organe de Lazare Carnot, présente à la Convention nationale un rapport proposant la suppression du Conseil exécutif[1].

Un des arguments utilisés par Carnot fut celui-ci: « Une institution créée par les rois (le Conseil exécutif) pour le gouvernement héréditaire d'un seul, pour le maintien de trois ordres, pour des distinctions et pour des préjugés, pourrait-elle, en effet, devenir le régulateur d'un gouvernement représentatif et fondé sur le principe de l'égalité? »

Au terme de son discours, l'orateur propose un décret sur la création de 12 commissions exécutives pour remplacer les six ministÚres du Conseil exécutif.

  • L'article 1 de ce dĂ©cret fixe son application au 1er florĂ©al an II ().
  • L'article 2 Ă©numĂšre les 12 commissions exĂ©cutives :
  1. La Commission des Administrations civiles, police et tribunaux.
  2. La Commission de l'instruction publique.
  3. La Commission de l'agriculture et des arts.
  4. La Commission du commerce et approvisionnements.
  5. La Commission des travaux publics.
  6. La Commission des secours publics.
  7. La Commission des transports militaires, postes et messageries.
  8. La Commission des finances.
  9. La Commission de l'organisation et du mouvement des armées de terre.
  10. La Commission de la marine et des colonies.
  11. La Commission des armes, poudres et exploitation des mines.
  12. La Commission des relations extérieures.
  • L'article 5 de ce dĂ©cret donne les attributions gĂ©nĂ©rales de la Commission[1] : « La Commission des Administrations civiles, police et tribunaux comprendra celle qui est aujourd'hui dĂ©signĂ©e sous le nom de Commission des Lois. Elle sera chargĂ©e du sceau de la RĂ©publique et des archives du sceau. De l'impression des lois, de leur publication et de leur envoi Ă  toutes les autoritĂ©s civiles et militaires. Du maintien gĂ©nĂ©ral de la police, de la surveillance des tribunaux et celle des corps administratifs et municipaux. »

Du 29 germinal () au 10 thermidor an II (), elle a Ă  sa tĂȘte l'ex-prĂ©sident du Tribunal rĂ©volutionnaire, le commissaire Herman, assistĂ©, comme adjoint, de Lanne, ex-juge au mĂȘme tribunal.

ArrĂȘtĂ©s du ComitĂ© de salut public portant sur les pouvoirs de la Commission

Les arrĂȘtĂ©s du ComitĂ© de salut public donnent Ă  la Commission (entendre Ă  Herman) un vĂ©ritable pouvoir de « police intĂ©rieure » (au sens contemporain).

Ainsi, l'arrĂȘtĂ© du 30 prairial (18 juin), signĂ© de Robespierre fixe qu'Herman peut interroger tous les suspects. En effet, tous les citoyens mandĂ©s Ă  Paris pour y ĂȘtre entendus Ă  la suite de dĂ©nonciations faites contre eux doivent ĂȘtre amenĂ©s auprĂšs d'Herman qui Ă©tablit ensuite un rapport au ComitĂ©[2].

Pour pouvoir ĂȘtre entendu et interrogĂ©, le ComitĂ© met Ă  la disposition d'Herman un local spĂ©cial, Ă  la maison des Quatre-nations, pour y mettre ces personnes[3].

Enfin, pour permettre au Commissaire de mener à bien ses investigations, le Comité l'autorise à correspondre avec tous les Comités révolutionnaires pour obtenir des renseignements complémentaires, lorsque le besoin s'en fait sentir[4].

Ensuite, le ComitĂ© produit une sĂ©rie d'arrĂȘtĂ©s donnant l'administration des prisons Ă  Herman. Ainsi, dĂšs le 4 florĂ©al (23 avril), le ComitĂ© arrĂȘte que la Conciergerie, la prison de l'Hospice et la maison de l'ÉgalitĂ© sont exclusivement administrĂ©es par celui-ci[5].

Le 17 messidor (5 juillet), Herman est tenu de transmettre des rapports au ComitĂ© de salut public sur la conduite des dĂ©tenus dans chaque prison et maison d'arrĂȘt, et, Ă  la suite de la Conspiration des prisons, de transfĂ©rer les suspects au Tribunal rĂ©volutionnaire dans les vingt-quatre heures[6].

Avec l'administration des prisons, Herman peut faire arrĂȘter et traduire au Tribunal rĂ©volutionnaire toute personne convaincue d'avoir troublĂ© l'ordre dans les prisons. Il n'y a pas un arrĂȘtĂ© gĂ©nĂ©ral du ComitĂ© confirmant ce pouvoir. En revanche, il en existe quelques-uns, concernant des particuliers. Ainsi, Ă  la suite des dĂ©nonciations des « moutons », un arrĂȘtĂ© autorise Herman Ă  enquĂȘter dans les prisons. Cet Ă©pisode est appelĂ© la Conspiration des prisons[7].

L'organisation interne de la Commission des Administrations civiles, police et tribunaux

Au 10 thermidor, la Commission est composée ainsi qui suit (le nom des commis principaux est entre parenthÚses)[8] :

  1. Secrétariat général (François-Guillaume Poidevin).
  2. 1re Division: Administrations civiles (Rousselin de Saint-Albin jusqu'Ă  son arrestation le 7 prairial an II).
  3. 2e Division: Affaires criminelles (Charles Aumont).
  4. 3e Division: Affaires civiles (Grégoire Mourre).
  5. 4e Division: ÉmigrĂ©s (Augustin-Louis Asselin).
  6. 5e Division: Comptes décadaires (Jacques Astier).
  7. 6e Division: Bureau du Sceau (François Sallais).
  8. 7e Division: Formation et rectification des listes générales des émigrés, déportés et condamnés (de messidor au 10 thermidor an II) (Nazaire Arnault aßné).
  9. Bureau des décrets (Jean-Nicolas Sirouval).
  10. Bureau de comptabilité (Jean-Ferdinand Houdeyer).

À cĂŽtĂ© de cette organisation, la Commission a sous son autoritĂ© :

  1. l'Agence de l'envoi des lois[9].
  2. l'Imprimerie nationale des lois.
  3. l'Imprimerie des administrations nationales.
  4. le Bureau de vérification des impressions nationales.

RĂ©organisation et fin de la Commission

Le jour mĂȘme de la mort de Robespierre, le 10 thermidor, le conventionnel AndrĂ© Dumont dĂ©nonce Herman et Lanne comme « terroristes » Ă  la Convention nationale. En effet, deux mois plus tĂŽt, Herman a dĂ©noncĂ© au ComitĂ© de salut public son frĂšre Charles Dumont. Ce dernier, qui est l'un des administrateurs de l'Agence de l'envoi des lois, est arrĂȘtĂ© pour incivisme et nĂ©gligences coupables dans ses fonctions[10].

Deux jours plus tard, le 12 thermidor (30 juillet), la Convention les décrÚte d'arrestation. Ils sont remplacés par les chefs de la 2e et de la 3e divisions de la Commission, Charles Aumont et Joseph Mourre.

Jusqu'au 10 thermidor la Commission est subordonnée au Comité de salut public. AprÚs la réorganisation du Gouvernement révolutionnaire en fructidor an II, elle est placée sous la surveillance du Comité de législation.

La Commission cesse d'exister avec la mise en place de la Constitution de l'an III le 4 brumaire an IV ().

Notes et références

  1. Archives parlementaires, 1re série, Paris, 1969, tome 88.
  2. Alphonse Aulard, Recueil des actes du ComitĂ© de salut public avec la correspondance officielle des ReprĂ©sentants du peuple en mission et le registre du Conseil exĂ©cutif provisoire, vol. 14, Paris, : « Le ComitĂ© de salut public charge le commissaire des Administrations civiles et de la police gĂ©nĂ©rale (sic) d'entendre tous les citoyens mandĂ©s Ă  Paris pour ĂȘtre entendus sur des dĂ©nonciations contre eux et d'en faire ensuite leur (sic) rapport[...] ».
  3. Alphonse Aulard, Recueil des actes du ComitĂ© de salut public avec la correspondance officielle des ReprĂ©sentants du peuple en mission et le registre du Conseil exĂ©cutif provisoire, vol. 14, Paris, : « Le ComitĂ© de salut public arrĂȘte qu'il sera destinĂ©, dans la maison dite des Quatre-nations, un local pour y dĂ©poser momentanĂ©ment et provisoirement les personnes mandĂ©es Ă  Paris par le ComitĂ©, et qui, aux termes de l'arrĂȘtĂ© du 30 prairial, doivent ĂȘtre entendues par le commissaire des Administrations civiles, et ce jusqu'Ă  ce qu'il ait Ă©tĂ© statuĂ© par le ComitĂ©. » Il est signĂ© de BarĂšre et de Billaud-Varenne.
  4. Alphonse Aulard, Recueil des actes du Comité de salut public avec la correspondance officielle des Représentants du peuple en mission et le registre du Conseil exécutif provisoire, vol. 14, Paris, : « Le Comité de salut public autorise le commissaire des Administrations civiles à correspondre avec les Comités révolutionnaires de surveillance, pour en prendre, au besoin, des renseignements relatifs aux personnages qu'il est chargé d'interroger. » Il est signé de Carnot, de Billaud-Varenne et de Saint-Just.
  5. Alphonse Aulard, Recueil des actes du ComitĂ© de salut public avec la correspondance officielle des ReprĂ©sentants du peuple en mission et le registre du Conseil exĂ©cutif provisoire, vol. 14, Paris, : « Le ComitĂ© [...] arrĂȘte que la Commission des Administrations civiles conservera l'administration de la Conciergerie, de l'Hospice et de la maison de l'ÉgalitĂ©, rue Jacques; est autorisĂ©e Ă  prendre sur la 1 500 000 livres mises Ă  la disposition de la Commission [...] les fonds nĂ©cessaires pour les subsistances et autres besoins urgents de ces trois maisons. » De la main de BarĂšre et est signĂ© de celui-ci, de Carnot, de Billaud-Varenne et de Collot d'Herbois.
  6. Alphonse Aulard, Recueil des actes du ComitĂ© de salut public avec la correspondance officielle des ReprĂ©sentants du peuple en mission et le registre du Conseil exĂ©cutif provisoire, vol. 14, Paris, : « Le ComitĂ© [...] arrĂȘte qu'il sera fait chaque jour, par la Commission [...], un rapport sur la conduite des dĂ©tenus dans les diverses prisons de Paris. Le Tribunal rĂ©volutionnaire sera tenu, conformĂ©ment Ă  la loi, de juger dans les vingt-quatre heures ceux qui auraient tentĂ© la rĂ©volte et auraient excitĂ© la fermentation. » Il est signĂ© de Saint-Just, de Billaud-Varenne et de Collot d'Herbois.
  7. Ces arrĂȘtĂ©s, en date du 25 prairial (13 juin), du 7 et 17 messidor (25 juin et 5 juillet), se trouvent dans Alphonse Aulard, Recueil des actes du ComitĂ© de salut public avec la correspondance officielle des ReprĂ©sentants du peuple en mission et le registre du Conseil exĂ©cutif provisoire, vol. 14, Paris, .
  8. A.N. BB/4/8.Comptabilité du ministÚre de la Justice. Organisation des bureaux de la Commission des Administrations civiles, police et tribunaux etc.
  9. La Commission des Lois est créée par l'article premier du décret de la Convention nationale le 14 frimaire à la suite de la création du Bulletin des Lois. Composée de quatre membres qui devaient surveiller les épreuves du Bulletin et leur envoi, ces membres étaient personnellement responsables de la négligence et du retard dans leur expédition à toutes les autorités constituées. Elle prit le nom d'Agence d'envoi des Lois à partir du mois de germinal. Elle était composée des citoyens Bernard, Chaube, et Charles Dumont (frÚre du conventionnel, jusqu'à son arrestation le 14 prairial an II).
  10. AN. F/7/4687, arrĂȘtĂ© du ComitĂ© de salut public en date du 14 prairial an II, de la main de Robespierre, portant sur l'arrestation de Charles Dumont : « Le ComitĂ© de salut public arrĂȘte que le nommĂ© Dumont, prĂ©posĂ© Ă  l'envoi des Lois, prĂ©venu d'incivisme et d'une nĂ©gligence coupable dans l'exercice de ses fonctions est destituĂ©, et sera mis en Ă©tat d'arrestation, au secret, aux Carmes ; le scellĂ© sera apposĂ© sur le champ sur ses papiers ».

Bibliographie

  • Julien Boutboul, Un rouage du Gouvernement rĂ©volutionnaire: « La Commission des Administrations civiles, police et tribunaux (germinal an II-brumaire an IV) », Paris, , mĂ©moire de maĂźtrise, sous la direction de Jean-ClĂ©ment Martin et de Françoise Brunel.
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