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Combat de la Shannon et de la Chesapeake

Le combat de la Shannon et de la Chesapeake, parfois appelĂ© bataille de Boston Harbour, est une bataille navale livrĂ©e le , au large de Boston, pendant la guerre anglo-amĂ©ricaine de 1812. Durant ce bref affrontement, plus de 80 hommes sont tuĂ©s. Il s'agit du seul affrontement de la guerre entre deux frĂ©gates de mĂŞme taille.

Combat de la Shannon et de la Chesapeake
Description de cette image, également commentée ci-après
Le combat de la Shannon et de la Chesapeake par Christoffer Wilhelm Eckersberg (1836).
Informations générales
Date
Lieu au large de Boston
Issue Victoire britannique
Commandants
Capitaine Philip BrokeCapitaine James Lawrence †
Forces en présence
HMS Shannon
• 38 canons
• 330 hommes
USS Chesapeake
• 38 canons
• 379 hommes
Pertes
HMS Shannon endommagée
23 tuĂ©s
56 blessĂ©s
USS Chesapeake capturée
~48 tuĂ©s
~99 blessĂ©s

Guerre anglo-américaine de 1812

Batailles

m Batailles navales :

  • USS Essex et HMS Alert (en)
  • USS Constitution et HMS Guerriere (en)
  • HMS Frolic et USS Wasp (en)
  • USS United States et HMS Macedonian
  • USS Constitution et HMS Java
  • USS Hornet et HMS Peacock (en)
  • Bataille de la rivière Rappahannock (en)
  • HMS Shannon et USS Chesapeake
  • Capture du HMS Dominica (en)
  • USS Argus et HMS Pelican
  • HMS Boxer et USS Enterprise (en)
  • Capture de l'USS Frolic
  • HMS Epervier et USS Peacock (en)
  • USS Wasp et HMS Reindeer (en)
  • USS Wasp et HMS Avon (en)
  • Bataille de Fayal (en)
  • Capture de l'USS President (en)
  • HMS Cyane, HMS Levant et USS Constitution (en)
  • HMS Penguin et USS Hornet (en)
  • Nautilus et USS Peacock (en)
CoordonnĂ©es 42° 39′ 02″ nord, 70° 33′ 56″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : Massachusetts
(Voir situation sur carte : Massachusetts)
Combat de la Shannon et de la Chesapeake
Géolocalisation sur la carte : États-Unis
(Voir situation sur carte : États-Unis)
Combat de la Shannon et de la Chesapeake

La frĂ©gate amĂ©ricaine USS Chesapeake (38 canons) commandĂ©e par le capitaine James Lawrence quitte le port de Boston pour aller affronter la frĂ©gate britannique HMS Shannon (38 canons) du capitaine Philip Broke, qui croise au large. La Chesapeake subit très vite de lourds dĂ©gâts : des boulets emportent sa barre et la drisse du hunier de misaine, la rendant impossible Ă  manĹ“uvrer. Le capitaine Lawrence est mortellement blessĂ© et descendu au pont infĂ©rieur. L'Ă©quipage, malgrĂ© le dernier ordre de son capitaine (« N'abandonnez pas le navire ! ») est submergĂ© par l'abordage ennemi. La bataille est particulièrement intense mais de courte durĂ©e, durant de 10 Ă  15 minutes, pendant lesquelles 252 hommes sont tuĂ©s ou blessĂ©s. Le capitaine de la Shannon est grièvement blessĂ© durant l'abordage. La Chesapeake et son Ă©quipage sont remorquĂ©s Ă  Halifax, en Nouvelle-Écosse, oĂą les marins sont emprisonnĂ©s ; le navire est rĂ©parĂ© et entre en service dans la Royal Navy. En 1819, il est revendu Ă  Portsmouth, en Angleterre, puis dĂ©moli. Certaines de ses poutres sont utilisĂ©es pour construire le moulin Ă  eau de Chesapeake Mill Ă  Wickham, qui peut ĂŞtre visitĂ© de nos jours. La Shannon est quant Ă  elle revendue pour dĂ©molition en 1859.

Prélude

Philip Broke et l'artillerie

Gravue en noir et blanc d'un homme en costume d'officier de la marine
Le capitaine Philip Broke.

Durant sa longue pĂ©riode aux commandes de la Shannon, le capitaine Philip Broke de la Royal Navy apporte de nombreuses amĂ©liorations Ă  ce qu'il appelle ses « grands canons ». Il fait poser des mires Ă  l'avant de ses canons longs de 18 livres qui amĂ©liorent substantiellement la visĂ©e en compensant la courbure extĂ©rieure du canon. Il utilise aussi un système de coins placĂ©s sous la culasse pour marquer les diffĂ©rents degrĂ©s de hausse afin de pouvoir tirer horizontalement malgrĂ© la gĂ®te du navire. Les caronades subissent les mĂŞmes modifications, les marques de hausse Ă©tant elles faites Ă  la peinture. Les ponts des navires de l'Ă©poque Ă©tant concaves de l'avant vers l'arrière, Broke fait tailler les roues situĂ©es vers le haut de la pente afin que tous les affĂ»ts soient horizontaux. Il fait aussi graver sur le pont, Ă  cĂ´tĂ© de chaque emplacement d'artillerie, diffĂ©rentes valeurs d'azimut afin que chaque peloton puisse tirer mĂŞme s'il ne voit pas la cible. Cela permet aussi de concentrer le tir de tous les canons sur un mĂŞme point[1].

Broke entraîne son équipage de manière intensive, le faisant tirer régulièrement sur des cibles telles que des tonneaux flottants. Ces entraînements se transforment souvent en compétitions entre pelotons, cherchant à atteindre la cible en premier. Il les entraîne même « à l'aveugle », les marins ayant les yeux bandés et n'ayant pour seule information que la hausse du canon, sans aucune vue sur la cible[2].

En plus de ces manœuvres, Broke aime préparer des scénarios fictifs afin de tester son équipage. Par exemple, après avoir appelé l'équipage à son poste de combat, il lui annonce une attaque fictive afin de voir comment il réagit pour défendre le navire. Bien que l'utilisation d'armes blanches à l'entraînement soit proscrite, l'habileté à l'épée est travaillée grâce à la pratique régulière du singlestick : un bâton de bois est utilisé en lieu et place d'une arme tranchante ; les coups, bien que douloureux, ne sont pas dangereux. De nombreux membres de l'équipage développent ainsi leurs réflexes et leur rapidité, devenant experts dans cet art[3] - [4].

James Lawrence

portrait d'un homme brun de trois-quarts portant un costume d'officier de marine
Le capitaine James Lawrence.

Le capitaine James Lawrence de l'United States Navy revient quant à lui d'une croisière couronnée de succès, durant laquelle il a coulé le sloop HMS Peacock. Il est promu capitaine pour cette victoire, et reçoit le commandement de l'USS Chesapeake. Lawrence est peu satisfait de cette affectation, ayant espéré commander une frégate plus importante comme l'USS Constitution. Il se rend alors à Boston[5] pour prendre ses quartiers sur son navire, et découvre que la majorité de l'ancien équipage est parti à la suite d'une dispute sur les parts de prise et qu'il a été remplacé depuis ; son équipage est ainsi composé de bons marins, mais ils n'ont pas l'habitude de travailler ensemble, ce qui affecte grandement leur efficacité[6]. De plus, sa récente expérience du combat lui donne de mauvais a priori sur la Royal Navy. En effet, lors de l'affrontement contre la Peacock, l'équipage se bat avec bravoure, mais l'artillerie britannique est catastrophique[7]. Ces deux facteurs vont jouer lors de l'affrontement contre la Shannon.

Le défi

Impatient d'en découdre avec l'une de ces frégates américaines qui ont vaincu tant de navires britanniques en combat singulier, Broke se prépare et recherche un tel affrontement. L'USS President a déjà quitté le port sous couvert du brouillard et évité les Britanniques. La Constitution quant à elle subit de lourdes réparations et n'est pas prête à reprendre la mer dans un futur proche. La Chesapeake, prête à appareiller depuis Boston où elle a été radoubée, devient alors la cible idéale : Broke décide de la défier en combat singulier. Alors qu'elle patrouille au large, la Shannon intercepte et capture plusieurs navires américains qui essaient de rejoindre Boston. Après en avoir envoyé deux à Halifax avec un équipage de prise, Broke se rend compte que cela réduit dangereusement le nombre de marins à son bord. Il décide alors de brûler ses prises suivantes afin de garder son équipage au complet, anticipant un combat singulier avec la Chesapeake. Les chaloupes des navires brûlés sont ainsi envoyées à Boston, porteuses d'une invitation orale, destinée à Lawrence, à venir combattre le navire anglais. Broke éloigne alors la HMS Tenedos, pensant que cet équilibrage de la situation pousserait les Américains à sortir, mais en vain. Il décide finalement d'envoyer une missive[8], adoptant une idée qu'avait eue son adversaire plus tôt durant la guerre : Lawrence, alors capitaine de l'USS Hornet, avait envoyé une invitation écrite au capitaine du sloop-of-war britannique HMS Bonne Citoyenne afin de le provoquer en combat singulier. Ce dernier avait décliné l'offre[9].

« As the Chesapeake appears now ready for sea, I request you will do me the favour to meet the Shannon with her, ship to ship, to try the fortune of our respective flags. The Shannon mounts twenty-four guns upon her broadside and one light boat-gun; 18 pounders upon her maindeck, and 32-pounder carronades upon her quarterdeck and forecastle; and is manned with a complement of 300 men and boys, beside thirty seamen, boys, and passengers, who were taken out of recaptured vessels lately. I entreat you, sir, not to imagine that I am urged by mere personal vanity to the wish of meeting the Chesapeake, or that I depend only upon your personal ambition for your acceding to this invitation. We have both noble motives. You will feel it as a compliment if I say that the result of our meeting may be the most grateful service I can render to my country; and I doubt not that you, equally confident of success, will feel convinced that it is only by repeated triumphs in even combats that your little navy can now hope to console your country for the loss of that trade it can no longer protect. Favour me with a speedy reply. We are short of provisions and water, and cannot stay long here. »

— Philip Broke , Message à Lawrence (édité par James et Chamier[10] - [n 1])

« La Chesapeake semble prête à prendre la mer ; je vous demande de me faire la faveur d'un combat singulier avec la Shannon, afin que chaque drapeau puisse tenter sa chance. La Shannon compte une bordée de vingt-quatre canons ainsi qu'une couleuvrine, des canons de 18 livres sur son pont principal et des caronades de 32 livres sur son pont supérieur et son gaillard d'avant ; elle est manœuvrée par un équipage de 300 marins et mousses, auxquels s'ajoutent trente marins, mousses et passagers provenant de vaisseaux récemment repris. Je vous implore de ne pas imaginer que ce soit par vanité que je souhaite rencontrer la Chesapeake, ou que j'en appelle à votre ambition personnelle pour que vous acceptiez l'invitation. Nous avons tous les deux des raisons nobles. Vous prendrez peut-être comme un compliment le fait que cette rencontre serait le plus grand service que je puisse rendre à mon pays ; et je ne doute pas non plus que vous-même, confiant en votre victoire, soyez convaincu que c'est uniquement en multipliant les victoires à armes égales que votre petite Marine peut espérer réconforter votre pays pour la perte du commerce qu'elle ne peut plus protéger. Une réponse rapide m'obligerait. Nous sommes à court de provisions et d'eau, et ne pouvons rester plus longtemps. »

— Message à Lawrence (édité par James et Chamier[10] - [n 2])

Gravure en couleur représentant un vaisseau de guerre à l'ancre.
La Shannon en 1855.

En fait, le capitaine Lawrence ne reçoit pas la lettre de Broke, et selon l'historien Ian W. Toll, cela n'aurait pas changé grand-chose : Lawrence a l'intention de sortir la Chesapeake dès que le temps lui est favorable[11]. Le fait qu'il ne soit pas dans l'intérêt de son pays de provoquer une frégate britannique à ce moment-là de la guerre n'altère pas son raisonnement. Lorsque l'USS President quitte le port, il aurait dû mener une mission de harcèlement du commerce ennemi, dans l'intérêt national[12]. La moitié des officiers et jusqu'à un quart de l'équipage sont nouveaux sur le bateau. Durant le peu de temps durant lequel Lawrence est commandant de la Chesapeake, il a mené par deux fois des exercices d'artillerie, arpentant le pont et supervisant l'entraînement. Il met aussi en place un signal, un coup de clairon, afin de lancer son équipage à l'abordage d'un navire ennemi. Malheureusement pour les Américains, le seul membre d'équipage capable de produire un son de l'instrument est le jeune William Brown, assistant du chirurgien et quelque peu « lent d'esprit »[13]. Lawrence pense sortir vainqueur de l'affrontement et rédige deux petites notes, l'une au secrétaire à la Marine lui annonçant ses intentions, l'autre à son beau-frère lui demandant de prendre soin de sa femme et de ses enfants dans le cas où l'issue du combat lui serait fatale[11].

Les habitants de Boston et de la région prévoient quant à eux une issue favorable au combat mené par le célèbre Lawrence et son équipage. Les autorités locales réservent un emplacement sur les docks dans l'éventualité où celui-ci capture le navire ennemi ; un banquet est même prévu. Alors que la Chesapeake sort du port, les habitants rejoignent des points de vue afin de pouvoir suivre le combat ; les foules s'agglutinent sur les hauteurs, de Lynn à Malden et de Cohasset à Scituate. Les plus téméraires suivent le navire à bord de chaloupes ; un journal local rapporte même que la baie se couvre d'embarcations de tous types[14].

Peinture représentant un vaisseau de ligne faisant route toutes voiles dehors
La Chesapeake peinte par F. Muller.

La HMS Shannon est au large de Boston depuis 56 jours et commence Ă  ĂŞtre Ă  court de provisions alors que le sĂ©jour prolongĂ© en mer a entamĂ© la rĂ©sistance du navire. La Chesapeake, quant Ă  elle, sort du port après un radoub. Une chaloupe conduite par un prisonnier amĂ©ricain libĂ©rĂ© est envoyĂ©e porter l'invitation ; elle n'a pas encore atteint la rive que la Chesapeake est dĂ©jĂ  en route, sortant du port[15]. Elle hisse trois pavillons amĂ©ricains et un grand drapeau blanc sur le mât de misaine sur lequel on peut voir Ă©crit « Commerce libre et droits des marins »[n 3]. La Shannon emporte alors un Ă©quipage de 276 officiers, marins et Marines, auxquels s'ajoutent huit marins recapturĂ©s et 22 travailleurs irlandais prĂ©sents sur le navire depuis 48 heures et dont seulement quatre parlent anglais[n 4] ; on compte Ă©galement 24 mousses et apprentis, parmi lesquels 13 ont moins de 12 ans. Broke a entraĂ®nĂ© ses pelotons d'artillerie Ă  tirer des bordĂ©es prĂ©cises sur la coque des navires ennemis, dans le but de tuer les pelotons adverses plutĂ´t que d'endommager le navire en tirant sur les mâts et le grĂ©ement, bien qu'il s'agisse de la pratique alors standard dans la Royal Navy ; seule l'efficacitĂ© de Broke lui permet de s'en affranchir. Lawrence, de son cĂ´tĂ©, a confiance en son navire et dans le fait qu'il possède un Ă©quipage plus nombreux. Les victoires rĂ©centes de l'United States Navy sur la Royal Navy le confortent dans son opinion[17].

La Shannon et la Chesapeake

Les deux navires ont quasiment les mêmes caractéristiques de taille et de puissance de feu, malgré les disparités nationales de conception et d'armement de l'époque[18]. L'USS Chesapeake (classée comme 38 canons) possède 28 canons longs de 18 livres, exactement comme la Shannon ; toutes deux possèdent un pont de même longueur. La seule différence majeure réside dans la taille de l'équipage, de 379 hommes pour le navire américain contre 330 pour le navire britannique[19].

Comparaison des deux navires (dimensions[20] et armement[18])
HMS Shannon USS Chesapeake
Longueur (pont-batterie) 45,77 m 46,02 m
MaĂ®tre-bau 12,17 m 12,47 m
Tonnage 1 065 long tons (1 082 tonnes) 1 135 long tons (1 153 tonnes)
Équipage 330 hommes 379 hommes
Armement 28 canons longs de 18 livres
16 caronades de 32 livres
2 canons de 9 livres
1 canon long de 6 livres
caronade de 12 livres
28 canons longs de 18 livres
20 caronades de 32 livres
1 pièce de chasse de 18 livres

La bataille

Duel d'artillerie

Aquatinte montrant deux navires Ă  voile se rapprochant l'un de l'autre.
La Chesapeake, Ă  gauche, diminue la toile alors qu'elle fond sur la Shannon. Aquatinte de Robert Dodd, 1813.

Alors que le navire américain approche, Broke harangue son équipage, finissant par sa conception de l'artillerie : « Ne gaspillez pas vos tirs. Visez chaque adversaire. Gardez votre sang-froid. Tirez de manière régulière. Tirez sur les quartiers, du pont principal vers le pont principal, de la plage arrière vers la plage arrière. N'essayez pas de la démâter. Tuez les hommes et le navire est à vous »[n 5].

Les deux navires se rencontrent à 17 h 30, 20 milles marins (37 kilomètres) à l'est de Boston Light, entre le cap Ann et le cap Cod. La Shannon porte un Blue Ensign fatigué, et son aspect délabré après de longs mois de mer laissent présager une proie facile. Observant les nombreux pavillons de la Chesapeake, un marin interroge Broke : « Ne devrions-nous pas porter trois enseignes, comme eux ? », ce à quoi Broke répond : « Non, nous avons toujours été un navire modeste »[n 6]. La Shannon refuse de tirer sur la Chesapeake alors qu'elle s'approche, et celle-ci ne prend pas non plus en enfilade le navire britannique malgré l'avantage du vent. Cette galanterie justifie des éloges qui vont lui être adressés plus tard par des officiers britanniques[23].

Vue de bâbord arrière de deux navires, voilées ferlées, se tirent dessus à bout portant.
Début de l'action : les deux frégates échangent des tirs à bout portant. Lithographie de Louis Haghe, 1830.

Les deux navires ouvrent le feu juste avant 18 h Ă  une distance d'environ 35 mètres, la Shannon faisant mouche la première en touchant les sabords avants de la Chesapeake de deux boulets et de mitraille tirĂ©s par William Mindham, le chef de peloton de la batterie tribord la plus Ă  l'avant[24]. La Chesapeake avançant plus vite que le navire britannique, alors qu'elle passe le long de celui-ci, les dommages infligĂ©s par les coups prĂ©cis et mĂ©thodiques de l'Ă©quipage ennemi progressent vers la poupe du navire ; les pelotons situĂ©s Ă  l'avant subissent nĂ©anmoins les plus lourdes pertes. Cependant, l'Ă©quipage amĂ©ricain est bien entraĂ®nĂ© et malgrĂ© ces pertes, il rĂ©pond avec cĂ©lĂ©ritĂ©. La Chesapeake donne fortement de la bande et nombre de ses tirs touchent l'eau ou la ligne de flottaison de la Shannon, lui causant peu de dommages ; les caronades provoquent cependant de lourds dĂ©gâts au grĂ©ement[25]. C'est ainsi qu'un boulet de 32 livres percute le tas de balles du canon de 12 livres, stockĂ© sur le porte-haubans : celui-ci traverse le bastingage et se rĂ©pand sur le pont-batterie telle la grĂŞle[26].

« Alors que la distance diminue, les pelotons d'artillerie et les tireurs de la Shannon maintiennent un feu roulant, et la plage arrière sans protection devient aussi inhospitalière que la surface de la lune[n 7]. »

Le capitaine Lawrence rĂ©alise alors que la vitesse de son navire lui fait dĂ©passer la Shannon et il dĂ©cide de loffer[27], c'est-Ă -dire de rentrer dans le vent pour ralentir le navire. Juste après que la Chesapeake a entamĂ© la manĹ“uvre, une bordĂ©e particulièrement prĂ©cise du navire britannique dĂ©cime les hommes de manĹ“uvre. Les timoniers sont tuĂ©s par un boulet du canon de 9 livres que Broke a fait installer dans ce but sur la plage arrière ; ce mĂŞme canon dĂ©truit la roue du gouvernail peu après[n 8]. Les pelotons amĂ©ricains restants rĂ©ussissent nĂ©anmoins Ă  toucher la Shannon lors de la seconde bordĂ©e, notamment grâce aux caronades qui balaient le gaillard d'avant britannique, tuant trois hommes, en blessant plusieurs autres et dĂ©truisant le canon de 9 livres[28], alors qu'un autre boulet emporte la cloche de la Shannon[29].

Le tournant du combat : la Chesapeake (à droite) dépasse la Shannon et présente son arrière au navire britannique[30].

Au moment où la Chesapeake perd son gouvernail, la drisse de son hunier de misaine est emportée par un boulet, entraînant la chute de la vergue : le navire vient alors au vent. Perdant son erre, la frégate fait une embardée dans le vent avant de se mettre à culer ; l'arrière bâbord percute alors le côté tribord de la Shannon. L'une des oreilles de l'ancre de celle-ci, stockée sur le passavant, accroche ensuite le navire américain : avec le choc, la bôme de sa brigantine pivote au-dessus du pont de la Shannon. Le bosco de Broke, M. Stevens, retient alors celle-ci afin de garder les deux navires bord à bord, perdant un bras dans la manœuvre[31].

Piégée le long de la Shannon dans une position depuis laquelle elle ne peut tirer qu'avec quelques canons et dans l'impossibilité de repartir, la Chesapeake expose sa poupe qui subit alors un tir de traverse. Les canons du navire britannique ayant déjà clairsemé les rangs des canonniers situés à l'avant de la frégate, ravagent maintenant ceux de l'arrière. La situation empire encore lorsqu'un tonneau de cartouches de mousquets entreposé à la base du mât d'artimon explose ; Broke donne l'ordre d'aborder le navire dès que la fumée se dissipe, jugeant le moment opportun. Le capitaine Lawrence donne le même ordre, mais le joueur de clairon, apeuré, ne réussit pas à tirer un son de son instrument, ce qui fait que seuls les marins près de Lawrence entendent ses ordres. Il est à ce moment-là le dernier officier restant sur le pont supérieur, les lieutenants Ludlow et Ballard ayant été blessés. Le lieutenant Cox, montant du pont inférieur avec des hommes près à l'abordage, atteint la plage arrière sur laquelle il trouve le capitaine grièvement blessé par une balle de mousquet : Lawrence est agrippé à l'habitacle afin de rester debout. Cox, ayant servi toute sa vie avec lui, le descend dans l'entrepont avec l'aide de deux marins. Alors qu'il est transporté, Lawrence s'écrie : « Dis aux hommes de tirer plus vite ! N'abandonnez pas le navire[n 9] ! »

Abordage britannique

Impressions contrastées de la prise de la Chesapeake.
  • Gravure en couleur montrant un abordage
    Broke mène l'abordage sur la Chesapeake.
  • Caricature en couleur montrant un abordage
    George Cruikshank présente les Américains comme peureux.

L'atmosphère à bord du vaisseau britannique est complètement différente de la confusion qui règne à bord de la Chesapeake, et la section d'abordage est bien organisée. Un groupe d'hommes, incluant le commissaire M. Aldham et le commis, M. Dunn, et mené par Broke, se précipite à bord du navire américain. Aldham et Dunn sont tués à peine ont-ils franchi le passavant, mais les autres réussissent à aborder la Chesapeake. Le capitaine Broke, à la tête d'une vingtaine d'hommes, saute du plat-bord sur une caronade, puis sur la plage arrière ; aucun officier américain n'est présent sur le pont pour organiser la résistance[33]. Le pont principal de la Chesapeake est presque désert, dévasté par l'artillerie du Shannon : les survivants sont soit partis pour aborder le navire ennemi, soit réfugiés dans les ponts inférieurs. Deux officiers américains, le lieutenant Cox (remonté après avoir amené le capitaine Lawrence au chirurgien) et le midshipman Russell, voyant que les deux canons de 18 livres bâbord les plus à l'arrière pointent sur la frégate britannique, réussissent à faire feu[32].

Le lieutenant Ludlow, légèrement blessé et présent dans le poste de pilotage pour se faire soigner, retourne alors sur le pont et rallie à lui plusieurs membres d'équipage. Le lieutenant Budd le rejoint avec quelques hommes qu'il a emmenés depuis l'écoutille avant. Ludlow les entraîne alors dans une contre-attaque qui renvoie les Britanniques jusque dans l'habitacle. Cependant, une vague de renforts arrive, et Ludlow reçoit un coup de sabre mortel ; les Américains sont de nouveaux repoussés. James Bulger, l'un des Irlandais de la Shannon, charge ceux-ci en brandissant une pique d'abordage et en hurlant des injures en gaélique. En l'absence d'officier pour les mener (le lieutenant Budd a lui aussi reçu un coup de sabre) et sans soutien des ponts inférieurs, les Américains sont repoussés par les assaillants. Leur résistance est brisée, sauf pour une bande d'irréductibles postés sur le gaillard d'avant et pour les hommes juchés dans les hauteurs du gréement. Nombre d'Américains se bousculent pour essayer de retrouver la relative sûreté de l'entrepont. Voyant ceci, le lieutenant Cox les interpelle : « Maudits fils de pute de lâches ! Pourquoi retournez-vous en bas [n 10]? » À un midshipman lui demandant s'ils doivent les arrêter en les sabrant, Cox répond : « Non monsieur, cela n'est d'aucune utilité »[n 11].

Le combat fait aussi rage dans les hunes : les tireurs embusqués ennemis tirent sur leurs homologues et sur les marins présents, à découvert, sur les ponts. Alors que les deux navires sont bord à bord, les tireurs britanniques, emmenés par le midshipman William Smith, commandant la hune de misaine, déciment les marins postés dans la hune de misaine de la Chesapeake, les tuant tous. Le vent finit par séparer les navires, et pousse la Chesapeake devant la proue de la Shannon par le vent : la cinquantaine d'assaillants britanniques se retrouve coincée sur le navire américain. Cependant, toute résistance à bord de la frégate a presque cessé à ce moment-là[35].

Broke mène la charge contre les quelques Américains qui ont réussi à rejoindre le gaillard d'avant. Trois marins américains descendent, probablement depuis le gréement, et l'attaquent. Pris par surprise, il tue le premier, mais le second le touche d'un tir de mousquet qui l'étourdit, pendant que le troisième lui ouvre le crâne avec son sabre : il s'effondre sur le pont, évanoui. Avant que le marin n'ait pu achever Broke, il est tué à coups de baïonnette, tout comme son camarade, par un Marine nommé John Hill. L'équipage de la Shannon se regroupe autour de son capitaine et continue vers le gaillard d'avant, tuant les Américains restant. Broke s’assied sur l'affût d'une caronade, étourdi et affaibli, et William Mindham utilise son mouchoir pour lui bander la tête. D'après l'un des lieutenants de la Shannon, Provo Wallis, les trois assaillants sont des déserteurs américains, l'attaque brutale et désespérée menée sur Broke ayant été motivée par le fait qu'ils auraient encouru la peine de mort d'après les Articles of War de la Royal Navy en tant que déserteurs[36]. Pendant ce temps, le First lieutenant de la Shannon, M. George T. TL. Watt, essaie de hisser les couleurs britanniques à bord de la Chesapeake, mais dans la confusion il est tué par de la mitraille tirée depuis la frégate britannique[37].

Capture de la Chesapeake

Photo montrant du mobilier en bois dans l'entrepont d'un navire.
Entrepont d'une frĂ©gate de 38 canons.

Les Britanniques ont ainsi éliminé toute résistance sur les ponts supérieurs de la frégate américaine, et la plupart de l'équipage restant s'est réfugié dans l'entrepont. Un coup de feu tiré depuis l'intérieur du navire tue William Young, le Marine britannique qui gardait l'écoutille principale. L'équipage britannique, furieux, commence à tirer au travers des écoutilles sur les Américains entassés en dessous. Le lieutenant Charles Leslie Falkiner de la Shannon, à la tête de l'équipe d'abordage ayant atteint le pont principal, ramène le calme en menaçant d'« exploser le crâne du prochain qui tirera ». Il demande alors aux Américains de faire monter l'homme qui a tué Young, rajoutant que la Chesapeake a été capturée et que « nous avons trois cents hommes à bord. S'il y a une autre manifestation de votre part, vous serez appelés sur le pont un par un, et tués »[n 12]. Falkiner reçoit alors le commandement de la Chesapeake en tant que prise de guerre[38]. Des midshipmen de la Shannon — Smith, Leake, Clavering, Raymond, Littlejohn et Samwell —, seul ce dernier est blessé, faisant de lui le seul autre officier britannique que Broke à avoir été touché durant la bataille ; il meurt quelques semaines après, d'une infection des blessures reçues durant l'assaut. Peu après la fin de l'abordage, Broke, ayant perdu trop de sang, s'évanouit une seconde fois et doit être ramené à la rame à bord de la Shannon afin que le chirurgien de bord s'occupe de lui[39].

La bataille a durĂ© Ă  peine dix minutes selon le journal de bord de la Shannon, ou onze minutes d'après la montre du lieutenant Wallis. Dans son rapport officiel, Broke affirme modestement que l'engagement a durĂ© quinze minutes[40]. La frĂ©gate britannique a perdu 23 hommes, et compte 56 blessĂ©s. La Chesapeake de son cĂ´tĂ© dĂ©plore 48 morts, parmi lesquels quatre lieutenants, le capitaine et la plupart de ses officiers, et 99 blessĂ©s[41]. La Shannon a Ă©tĂ© touchĂ©e par 158 projectiles, la Chesapeake par 362 (en comptant la mitraille). Lors du duel d'artillerie, les AmĂ©ricains ont subi 44 coups de canon, contre 10 ou 11 pour les Britanniques[n 13]. Ainsi, mĂŞme avant l'abordage, la Chesapeake avait largement perdu le duel d'artillerie[42].

Conséquences

Lithographie représentant deux navires à voile de dos, l'un remorquant l'autre.
H.M.S. Shannon menant la frégate américaine Le Chesapeake dans le port de Halifax, lithographie de 1830.
Page de une d'un journal papier
Une de journal annonçant la victoire de la Shannon.

Après la victoire, un Ă©quipage de prise est nommĂ© Ă  bord de la Chesapeake. Son commandant, le lieutenant Falkiner, a des difficultĂ©s Ă  composer avec les AmĂ©ricains, agitĂ©s et surpassant en nombre ses hommes. Certains leaders sont transfĂ©rĂ©s sur la Shannon oĂą ils sont mis aux fers. Ironie de l'histoire, ces fers Ă©taient transportĂ©s par la Chesapeake et devaient servir Ă  attacher les prisonniers britanniques. Le reste de l'Ă©quipage amĂ©ricain est rendu docile par la dĂ©coupe de trous dans le pont principal, sur lesquels sont pointĂ©s deux canons de 18 livres chargĂ©s de mitraille[43].

La Shannon, commandĂ©e par le lieutenant Provo Wallis, accompagne sa prise jusqu'Ă  Halifax, oĂą elle arrive le . Lors de leur entrĂ©e dans le port, les navires Ă  l'ancre se parent de marins, et les orchestres jouent de la musique militaire ; chaque navire que la Shannon passe la salue de vivats[44]. Les 320 survivants amĂ©ricains sont enfermĂ©s sur l'Ă®le Melville en 1813, et leur navire, entrĂ© en service dans la Royal Navy sous le nom de HMS Chesapeake, est utilisĂ© afin de transfĂ©rer des prisonniers de l'Ă®le Melville Ă  la prison du Dartmoor en Angleterre[45]. Plusieurs officiers sont placĂ©s en libertĂ© conditionnelle Ă  Halifax, mais certains d'entre eux provoquent l'Ă©moi en entamant une chanson patriotique sur la dĂ©faite de la Chesapeake[46]. Les conditions sont alors durcies : dès le dĂ©but de 1814, ces officiers doivent participer Ă  un rassemblement mensuel sur l'Ă®le de Melville, et ceux qui violent leur parole sont emprisonnĂ©s[47].

Photo de deux tombes dans un champ, un pont suspendu en arrière-plan.
Tombes des morts de la Chesapeake (gauche) et de la Shannon (droite) Ă  la base des Forces canadiennes Halifax.

Première victoire navale majeure de la guerre, la capture de la Chesapeake redonne courage Ă  la Royal Navy alors dans le doute. Après une brève croisière commencĂ©e le sous les ordres du commandant Teahouse, la Shannon repart pour l'Angleterre le , avec un Broke convalescent Ă  son bord ; elle arrive Ă  Portsmouth le . Grâce Ă  cet abordage couronnĂ© de succès, les lieutenants Wallis et Falkiner sont promus au rang de commander et Etough et Smith sont Ă©levĂ©s au rang de lieutenant. Broke est anobli baronnet dès septembre[48] - [49]. La cour de la Corporation de la CitĂ© de Londres lui remet les clĂ©s de la ville et une Ă©pĂ©e d'une valeur de 100 guinĂ©es. Il reçoit aussi un plateau d'une valeur de 750 livres et une coupe d'une valeur de 100 guinĂ©es. Le capitaine Lawrence est enterrĂ© Ă  Halifax avec les honneurs militaires dus Ă  son rang, six officiers britanniques portant son cercueil. La Chesapeake, après son service dans la Royal Navy, est revendue Ă  Portsmouth en 1819 pour 500 livres, puis dĂ©molie. Quelques poutres de la Chesapeake sont alors utilisĂ©es pour la construction du moulin Ă  eau de Chesapeake Mill Ă  Wickham dans le Hampshire[50] - [51]. La Shannon sert de navire de rĂ©ception Ă  partir de 1831, avant d'ĂŞtre dĂ©molie en 1859[52].

Portrait en couleur représentant un jeune homme en tenue d'officier de marine
Provo Wallis, futur Admiral of the fleet, ramène la Chesapeake à Halifax.

Aux États-Unis, cette capture est vécue comme une humiliation, et contribue à la grogne populaire contre la guerre. De nombreux New Englanders, surnommant le conflit « guerre de Madison » d'après James Madison, appellent dès lors à sa démission de la présidence[53].

Dans une guerre oĂą la vĂ©ritĂ© historique est parfois sacrifiĂ©e au profit du patriotisme, les comptes-rendus de la victoire du Shannon sont parfois biaisĂ©s. Peu de ceux-ci prennent en compte le fait que Lawrence se soit prĂ©cipitĂ© vers un combat difficile avec un Ă©quipage peu entraĂ®nĂ© et mal prĂ©parĂ©. Theodore Roosevelt Ă©tablit par la suite ce fait clairement, critiquant violemment certains « historiens amĂ©ricains » au passage. En moins de 2 minutes, l'Ă©quipage de la Shannon a subi d'Ă©normes pertes mais ne s'est pas dĂ©composĂ©, alors que celui de la Chesapeake l'a fait[54]. Malheureusement pour Lawrence, ce n'est pas une frĂ©gate « habituelle » du conflit qu'il a affrontĂ©, avec un Ă©quipage en sous-nombre composĂ© de marins novices, mais une frĂ©gate manĹ“uvrĂ©e par un Ă©quipage surentraĂ®nĂ©, dirigĂ© par un expert en artillerie navale. Il a ainsi Ă©tĂ© dit de la Shannon qu'« aucun vaisseau de son calibre n'a Ă©tĂ© plus destructeur durant l'histoire de la guerre navale »[n 14].

Broke ne va dès lors plus commander de navire. Sa blessure Ă  la tĂŞte consĂ©cutive au coup de sabre, exposant son cerveau Ă  l'air libre, est si grave que le chirurgien du bord estime qu'elle va lui ĂŞtre fatale. Cependant, Broke survit jusqu'Ă  l'âge respectable de 64 ans malgrĂ© les sĂ©quelles de sa blessure. Il souffre ainsi de migraines et de problèmes neurologiques durant le restant de sa vie[56]. Les pertes sont lourdes durant cette bataille : les Britanniques dĂ©plorent 23 hommes et 56 blessĂ©s, alors que les AmĂ©ricains comptent 48 morts pour 99 blessĂ©s de leur cĂ´tĂ©. Parmi tous ces blessĂ©s, 23 vont mourir des suites de leurs blessures dans les deux semaines suivant l'engagement. Relativement au nombre total d'hommes prĂ©sents ce jour-lĂ , cela en fait l'un des duels les plus sanglants de l'histoire de la navigation Ă  voile[41]. En comparaison, la HMS Victory a perdu moins d'hommes durant la bataille de Trafalgar. L'engagement a durĂ© en tout 15 minutes, tĂ©moignant de la fĂ©rocitĂ© du combat[41].

Postérité

La capture de l'USS Chesapeake par la HMS Shannon occupe une place importante dans Fortune de guerre (1979), le sixième livre de la série de romans historiques des Aubreyades écrite par Patrick O'Brian. Les personnages principaux, après s'être échappés de Boston en tant que prisonniers de guerre, sont à bord de la Shannon pendant l'engagement. La bataille est décrite avec précision par O'Brian, mais ses personnages ne jouent que des rôles mineurs dans le combat.

Des références à la bataille se retrouvent également dans le roman de science-fiction Étoiles, garde-à-vous ! (1959) de Robert A. Heinlein et dans le roman Anne quitte son île (1915) de Lucy Maud Montgomery.

Notes et références

Notes

  1. Cette version est raccourcie. L'intégralité, longue de six paragraphes, peut être lue dans Padfield 1968, p. 144-146.
  2. Cette version est raccourcie. L'intégralité, longue de six paragraphes, peut être lue dans Padfield 1968, p. 144-146.
  3. « Free Trade and Sailor's Rights »[16].
  4. Les Irlandais étaient sur un petit brick capturé par les Américains alors qu'il allait de Waterford vers Terre-Neuve. Libérés ensuite par la Royal Navy, 22 de ces 40 Irlandais se portent volontaires pour servir à bord de la Shannon.
  5. « Throw no shot away. Aim every one. Keep cool. Work steadily. Fire into her quarters – maindeck to maindeck, quarterdeck to quarterdeck. Don't try to dismast her. Kill the men and the ship is yours »[21].
  6. « Mayn't we have three ensigns, sir, like she has? – No, we've always been an unassuming ship »[22].
  7. « As the distance closed, the Shannon's gun crews and topmen kept up a relentless fire, and the unprotected quarter-deck became as uninhabitable as the surface of the moon »[23].
  8. Broke a fait installer deux canons de 9 livres, l'une à la jonction du pont et du gaillard d'avant, l'autre situé de la même façon sur le gaillard d'arrière. Ces canons ont un peloton trié sur le volet et ont pour but de détruire le gouvernail et les voiles d'avant de l'ennemi ; ils ont des affûts spécialement conçus par Broke.
  9. « Tell the men to fire faster! Don't give up the ship! »[32].
  10. « You damned cowardly sons of bitches! What are you jumping below for? »
  11. « No sir, it is of no use »[34].
  12. « We have three hundred men aboard. If there is another act of hostility you will be called up on deck one by one – and shot ».
  13. Ces chiffres ne concernent que les tirs potentiellement dangereux et ne prennent pas en compte certains tirs de la Chesapeake qui ont rebondi sur la coque de la Shannon.
  14. « a more destructive vessel of her force had probably never existed in the history of naval warfare »[55].

Références

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Voir aussi

Bibliographie

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