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Col des Charbonniers

Le col des Charbonniers fut pendant des siĂšcles le seul lieu de passage pour les charbonniers vosgiens de la vallĂ©e du mĂȘme nom qui transportaient leur charbon de bois vers les forges d’Oberbruck et de Masevaux en Alsace. Il est aujourd’hui uniquement frĂ©quentĂ© par les touristes randonneurs sur la crĂȘte mĂ©ridionale du massif des Vosges entre le Ballon d’Alsace et le Stiftkopf en passant par la Haute Bers. Il n’y a pas de route asphaltĂ©e qui enjambe la ligne de faĂźte entre la voie historique du col de Bussang au nord et la route plus rĂ©cente du col du Ballon d’Alsace, route dĂ©partementale 465, Ă  l’ouest.

Col des Charbonniers
Image illustrative de l’article Col des Charbonniers
Vue de la structure en selle du col des Charbonniers avant la TĂȘte des Charbonniers et le massif de la Haute Bers en arriĂšre-plan.
Altitude 1 105 m[1]
Massif Vosges
CoordonnĂ©es 47° 50â€Č 01″ nord, 6° 53â€Č 46″ est[1]
PaysDrapeau de la France France
ValléeVallée des Charbonniers
(nord-ouest)
Vallée du Seebach
(sud-est)
Ascension depuisSaint-Maurice-sur-Moselle Oberbruck
Déclivité moy.7,1 % 10,9 %
Déclivité max.11 % 18 %
Kilométrage6,5 km 6,5 km
AccĂšsRoute forestiĂšre et sentier Sentier
Fermeture hivernale aucune
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Col des Charbonniers
GĂ©olocalisation sur la carte : Haut-Rhin
(Voir situation sur carte : Haut-Rhin)
Col des Charbonniers
GĂ©olocalisation sur la carte : Vosges
(Voir situation sur carte : Vosges)
Col des Charbonniers

GĂ©ographie

Topographie

Le col des Charbonniers (1 105 m) n’est pas le point le moins Ă©levĂ© de la ligne de crĂȘte Ă  cet endroit dans le massif du Gresson. Les deux prochains sommets culminent de quelques mĂštres de plus Ă  1 122 m et 1 138 m. Mais il conduit cĂŽtĂ© alsacien vers un replat d’une altitude moyenne de 1 070 m qui fut pratique pour la descente des chariots chargĂ©s de charbon de bois. La pente y est provisoirement moins abrupte qu’à d’autres endroits Ă  l’est et Ă  l’ouest du col oĂč les zones de fractures sont plus nombreuses. La descente continue par la chaume de Gresson[2] et longe le massif vers Oberbruck. CĂŽtĂ© lorrain, il s’agit d’une vallĂ©e en cul-de-sac d’environ km dont la ligne de crĂȘte au sud et Ă  l’est sert de verrou. La communication naturelle est orientĂ©e vers le nord-ouest en direction de la commune principale, Saint-Maurice-sur-Moselle, dont la vallĂ©e entiĂšre et l’écart « Les Charbonniers » sont une annexe.

La route dĂ©partementale 90 relie Saint-Maurice-sur-Moselle Ă  l’écart « Les Charbonniers », puis quitte le vallon pour rejoindre la chaume du Rouge-Gazon entre la TĂȘte du Rouge-Gazon et la TĂȘte des Perches par le massif des Bluets. De la chaume, on peut emprunter la route forestiĂšre du Rouge Gazon qui longe la crĂȘte en contrebas. Au niveau de la Goutte du Gresson, un chemin forestier, puis un sentier monte au col des Charbonniers. On peut aussi rejoindre le col en empruntant la mĂȘme route forestiĂšre en sens inverse, en partant directement de l’écart Les Charbonniers en passant par la Petite Chaume.

Hydrographie

Le cours d’eau s’appelle le « ruisseau des Charbonniers » et il est alimentĂ© par de nombreuses gouttes en amont :

  • la Goutte VerriĂšre ;
  • la Goutte du Gresson ;
  • la Goutte des Cuvottes ;
  • la Goutte de l’Envers (au pied du col) ;
  • la Goutte Valentin ;
  • la Goutte du Grand Girpot ;
  • la Goutte de Morteville ;
  • la Goutte des Fondeurs ;
  • la Goutte Prossenet ;
  • la Grande Goutte ;
  • la Goutte du Rieux.

En raison de son encaissement dans le massif, la vallĂ©e se caractĂ©rise par la pluviomĂ©trie annuelle la plus Ă©levĂ©e des Vosges, notamment au Ballon d’Alsace, qui dĂ©passe les 2 000 mm de prĂ©cipitations[3] par an pour une altitude modeste de 1 247 m.

Milieu naturel

Le massif de Saint-Maurice et Bussang oĂč sont situĂ©s les cols des Charbonniers et de Bussang est un site Natura 2000 de type B[4] sur la façade lorraine[5] dont le niveau de conservation est notĂ© comme bon pour l’habitat forestier dominant et excellent pour l’évaluation globale des forĂȘts de pentes et Ă©boulis.

Présence du lynx dans les Vosges méridionales

Les informations Ă©cologiques de la fiche du site font apparaĂźtre que le secteur se situe Ă  84 % en forĂȘt mixte[6] dans les hĂȘtraies Ă  luzule, ou encore hĂȘtraies du Luzulo-Fagetum, no 9110 de la Directive « l’habitat-faune-flore » de l’Inventaire national du patrimoine naturel[7]. En raison de l’altitude du col des Charbonniers, cette hĂȘtraie Ă  luzule est fortement associĂ©e au sapin blanc et Ă  l'Ă©picĂ©a commun typiques des rĂ©gions de moyenne montagne de l’est de la France. Il n’y a plus aujourd’hui de pelouses subalpines utilisĂ©es pour l’estive directement au niveau du col. La « Petite Chaume » en contrebas du col et les vestiges d’un gazon Ă  la TĂȘte des Charbonniers illustrent la reconquĂȘte par la forĂȘt des anciennes chaumes d’origine anthropique.

Grand TĂ©tras

SituĂ© Ă  l’extrĂ©mitĂ© mĂ©ridionale des Vosges, le col des Charbonniers clĂŽt donc, cĂŽtĂ© lorrain, un espace montagneux composĂ© de petits vallons encaissĂ©s (nommĂ©s localement basses ou gouttes) et de versants forestiers sur un socle granitique[6]. Traditionnellement, mais aussi en raison des difficultĂ©s d’exploitation, l’exploitation de la forĂȘt se fait en futaie jardinĂ©e [8]. On y a constatĂ© la prĂ©sence occasionnelle du lynx [9].

CĂŽtĂ© alsacien, le col des Charbonniers ouvre sur le site Natura 2000 dĂ©signĂ© « Vosges du Sud » [10] Ă©galement situĂ© dans l’habitat global des hĂȘtraies du Luzulo-Fagetum, majoritairement hĂȘtraies-sapiniĂšres ou hĂȘtraies d’altitude. Le col mĂšne Ă  la chaume du Gresson qui est toujours en activitĂ© et qui rappelle les pratiques agropastorales sĂ©culaires des pĂątres alsaciens des Vosges du Sud[11], y compris sur le versant lorrain. Les landes issues de cette tradition d’estive recouvrent les crĂȘtes du Gresson et de Haute Bers, mais on a aussi des prairies d’estive plus basses en altitude dans le massif du Baerenbach juste en dessous du col des Charbonniers. Le site « Vosges du Sud » est inscrit Ă  l’inventaire des zones importantes pour la conservation des oiseaux (ZICO), notamment pour le grand tĂ©tras et la gĂ©linotte des bois [11]. Parmi les autres espĂšces animales, on y trouve aussi le lynx, le castor ou le chamois[12]. Le col des Charbonniers surplombe les lacs des Grand et Petit Neuweiher, traces tangibles des derniĂšres glaciations dans les Vosges, notamment celle de WĂŒrm. Ce sont des biotopes intĂ©ressants qui comportent de nombreuses espĂšces vĂ©gĂ©tales et animales protĂ©gĂ©es en Europe. Par ailleurs, tout le massif de Saint-Maurice-Bussang et les Vosges du Sud, cĂŽtĂ© alsacien, font partie du parc naturel rĂ©gional des Ballons des Vosges.

Histoire

Origine du col

Meule de charbonnier

La simple observation suffit pour remarquer que le cours d’eau, la vallĂ©e, le sommet au fond du cul-de-sac, le col et l’écart portent tous le terme Ă©vocateur des « charbonniers » dont l’organisation spatiale du travail a laissĂ© une empreinte durable sur le paysage. Comme dans d’autres rĂ©gions miniĂšres et mĂ©tallurgistes d’Europe centrale au Moyen Âge, la forĂȘt, souvent vierge, Ă©tait au service exclusif des mines autour desquelles les citĂ©s des mineurs et charbonniers donnaient naissance aux agglomĂ©rations qui existent encore aujourd’hui. Le phĂ©nomĂšne n’est pas spĂ©cifique Ă  la vallĂ©e des Charbonniers, mais il montre, en revanche, l’étendue de la province miniĂšre germanique des pays slaves Ă  la France de l’est : des colons germanophones vivaient et travaillaient dans des rĂ©gions qui dĂ©pendaient du Saint-Empire romain germanique, mais ne parlaient pas forcĂ©ment l’allemand. L’ouvrage[13] de Deffontaines sur les mineurs et charbonniers de Slovaquie montre comment sont nĂ©es les premiers Ă©tablissements humains Ă  partir des villages des charbonniers fournissant le combustible tirĂ© des forĂȘts pour les fourneaux et les forges. Il explique, en effet, que les mineurs attirent les agriculteurs qui nourrissent la population ouvriĂšre : « L’association hĂȘtre et minerai fit la prospĂ©ritĂ© de la Slovaquie jusqu’au XVIIIe siĂšcle »[14]. C’est exactement ce qui s’est produit Ă  l’extrĂ©mitĂ© occidentale de la province miniĂšre germanique, dans la vallĂ©e de la Haute Moselle.

Au XVIe siĂšcle, l’activitĂ© miniĂšre dĂ©marre, en effet, dans la vallĂ©e de la Haute-Moselle[15] du Thillot Ă  Bussang. La seule fonderie pour tout le ban de Ramonchamp se trouve Ă  mi-chemin entre les eux, Ă  Saint-Maurice-sur-Moselle[16]. Les ducs de Lorraine octroient des franchises et privilĂšges Ă  tous ceux qui veulent venir s’installer et travailler dans et autour des mines ou des fonderies situĂ©es dans une rĂ©gion trĂšs boisĂ©e et peu peuplĂ©e. Comme les Vosges forment l’extrĂ©mitĂ© occidentale de la grande province miniĂšre germanique[17], les peuples spĂ©cialisĂ©s dans les mines, la forge et les charbonniĂšres sont au Moyen Âge les Saxons, les Tyroliens et les SuĂ©dois[16]. On les retrouve Ă©galement dans le massif jumeau des Vosges, la ForĂȘt-Noire. Ce sont des SuĂ©dois[18] qui s’installent majoritairement dans un vallon perpendiculaire Ă  la vallĂ©e de la Moselle qui est encore inhabitĂ©, voire inhospitalier. L’activitĂ© industrielle et artisanale des charbonniers cohabite avec celle des verriers et des bĂ»cherons qui se partagent les forĂȘts[19]. Il s’agit d’une population itinĂ©rante cosmopolite qui n’est pas en trĂšs bons rapports avec les censitaires et les familles sĂ©dentaires qui habitent la commune principale[20]. Dans certains secteurs comme ceux de Fresse, Bussang ou le Thillot, les groupes de travailleurs allogĂšnes se sont progressivement intĂ©grĂ©s Ă  la population locale[18] dont il faut savoir qu’elle ne parle toujours pas la mĂȘme langue, ni ne possĂšde la mĂȘme religion. Les Vosgiens sont romanophones et catholiques.

En revanche, bien que les mineurs et charbonniers ne soient pas toujours intĂ©grĂ©s Ă  la population locale, il existait une unitĂ© corporative sur tout le massif des Vosges mĂ©ridionales leur permettant de bouger d’une mine Ă  une autre sans rencontrer le moindre problĂšme de communication, de technique de travail ou d’assimilation au nouvel environnement. Comme la rĂ©fĂ©rence technique provenait des mĂȘmes centres miniers de Saxe (Freiberg) ou du Tyrol (Schwaz), les ouvriers des sites vosgiens utilisaient les mĂȘmes unitĂ©s de mesure, les mĂȘmes outils, la mĂȘme langue allemande pour le vocabulaire spĂ©cialisĂ© et la mĂȘme hiĂ©rarchie. Une seule communautĂ© prĂ©fĂ©ra vivre selon ses coutumes d’origine sachant que les lieux oĂč ils habitaient leur donnaient la possibilitĂ© matĂ©rielle de s’isoler et de vivre en vase clos[16]. La consĂ©quence fut que tous les autochtones associaient cette vallĂ©e aux charbonniers comme si les lieux n’avaient jamais portĂ© de nom avant le XVIe siĂšcle.

Sous l’Ancien RĂ©gime, on ne s’intĂ©ressait pas vraiment aux groupes marginaux qui vivaient au fond des bois ; on Ă©tait mĂȘme enclin Ă  les laisser en paix tant qu’ils fournissaient le prĂ©cieux matĂ©riau de chauffage[19] si difficile Ă  fabriquer. Il existe effectivement peu d’informations dans les archives sur cette population avant la RĂ©volution française. La communautĂ© nordique des charbonniers qui s’est appropriĂ©, au moins dans les esprits, un petit vallon, dĂ©sert forestier Ă  l’écart de tout, a conservĂ© sa langue, ses coutumes pendant presque deux siĂšcles. Tout changea avec le sens nouveau du territoire national propre Ă  la RĂ©volution. Le premier prĂ©fet des Vosges, le Genevois Henri-Zacharie Desgouttes, souhaita faire le point sur le dĂ©partement qu’on venait de lui confier et rĂ©digea un Tableau statistique des Vosges qui fut Ă©ditĂ© plus tard en 1894[21]. Le prĂ©fet demanda qu’on lui expliquĂąt de quel droit cette vallĂ©e ne suivait pas les lois de la RĂ©publique comme partout sur le territoire national. À dĂ©faut de prĂ©senter un quelconque titre prouvant que les occupants de la vallĂ©e en Ă©tait les hĂ©ritiers de droit ancien, le sous-prĂ©fet de Remiremont fut enjoint par son supĂ©rieur de faire respecter la loi partout sur « le terrain qui est national » [22]. Ce furent les agents forestiers qui eurent Ă  gĂ©rer les conflits sanglants avec la communautĂ© charbonniĂšre quand on remit en cause sa vie en autarcie dĂšs 1800[23]. Paradoxalement, ce passĂ© germanique pourtant si proche est oubliĂ©, la population allogĂšne s’est intĂ©grĂ©e plus vite qu’on aurait pu le penser. Les patronymes ont Ă©tĂ© romanisĂ©s et il faut parcourir les ouvrages anciens et les archives pour dĂ©couvrir le passĂ© peu banal de cette vallĂ©e du XVIe siĂšcle au XVIIIe siĂšcle.

L’intĂ©rĂȘt commercial du col pour les charbonniers

À l’origine, au XVIe siĂšcle, la vallĂ©e de la Moselle est une voie de transit entre la Lorraine et l’Alsace. Mais le col ancestral est celui de Bussang, il mĂšne vers l’est et la vallĂ©e de la Thur. Quand les dĂ©bouchĂ©s offerts par les forges et fonderies lorraines locales, Ă  l’origine de l’installation des charbonniers dans la vallĂ©e voisine, s’amoindrissent de plus en plus, la rĂ©action des charbonniers peut ĂȘtre dĂ©crite en termes contemporains par une recherche de diversification de leurs activitĂ©s pour Ă©viter la faillite. Le charbon de bois sera transportĂ© beaucoup plus loin[24] vers les hautes vallĂ©es alsaciennes juste de l’autre cĂŽtĂ© de la crĂȘte, mais aussi vers la manufacture royale de Bains-les-Bains en Lorraine.

Le nom des gouttes citĂ©es plus haut illustrent les activitĂ©s majeures de la vallĂ©e qui forme un replat Ă  600 m d’altitude en moyenne : on y fabriquait certes du charbon de bois, mais aussi de la soude, de la potasse et du verre. Dans cette vallĂ©e comme ailleurs, en Europe centrale, les charbonniers et autres artisans ont transformĂ© le paysage pour rĂ©aliser des chemins d’accĂšs et de charroi. Ils crĂ©Ăšrent eux-mĂȘmes les chemins vers la façade alsacienne, dont le col des Charbonniers et le col du Stalon. Pour relier les deux parties extrĂȘmes de leur vallĂ©e en contrebas des crĂȘtes, les charbonniers ont amĂ©nagĂ© un sentier qui fait la jonction entre le col du Stalon et le col des Charbonniers en contournant[18] le Ballon d’Alsace dont la route ne sera rĂ©alisĂ©e qu’un siĂšcle et demi plus tard[25]. Ce chemin-sentier existe encore aujourd’hui sous la forme de sentier de grande randonnĂ©e, GR7 ou GR59.

L’analyse faite par Ph. Braunstein[26] sur de nombreuses rĂ©gions miniĂšres et mĂ©tallurgistes comparables en Europe s’applique exactement Ă  la vallĂ©e des Charbonniers concernant son installation et sa lente disparation : « Les sites de miniĂšres et de forges rĂ©vĂšlent un paysage industriel organisĂ© d'abord sur la base d'un dĂ©terminisme gĂ©ographique, puis modulĂ© en fonction de l'organisation du territoire par le peuplement, les pouvoirs, les voies de communication et l'ouverture sur le marchĂ©Ì, affectĂ© enfin par les rĂ©percussions directes ou indirectes de la conjoncture, qu'il s'agisse de la Peste noire ou d'autres Ă©pidĂ©mies, ou de la guerre ».

FrontiĂšres politiques

Bien que le col des Charbonniers n’ait jamais Ă©tĂ© une route publique appartenant Ă  un rĂ©seau ducal, royal ou rĂ©publicain, il n’en demeure pas moins vrai qu’il est situĂ© aujourd’hui sur la limite dĂ©partementale entre les Vosges et le Haut-Rhin et qu’à ce titre, il fut Ă  maintes reprises un passage ou une « frontiĂšre verte » sans douane ou reprĂ©sentation officielle entre les États ou sous-Ă©tats suivants Ă  partir du XVIe siĂšcle :

  • DuchĂ© de Lorraine – Autriche antĂ©rieure (tous les deux dans le Saint-Empire romain germanique). Avec la crĂ©ation du Landgraviat de Haute-Alsace, le col des Charbonniers sert de porte d’entrĂ©e dans le Sundgau, puis l’Autriche antĂ©rieure aux mains des Habsbourg[N 1]. L’Autriche, en la personne de l’archiduc d’Autriche, arrive ainsi aux portes des cols vosgiens mĂ©ridionaux. CĂŽtĂ© vosgien, on entre dans les terres ducales de Lorraine et le temporel de l’Insigne Chapitre de Remiremont. Ce statut de limite territoriale disparaĂźt en 1766 quand la Lorraine ducale est annexĂ©e Ă  la France[27].
  • France – Empire allemand. Un siĂšcle plus tard, le col redevient frontiĂšre d’État entre la France et l’Empire allemand nouvellement crĂ©Ă© en 1871[28]. En 1918, il ne sĂ©pare plus que deux dĂ©partements. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le IIIe Reich ne se contente pas d’occuper l’Alsace-Lorraine, mais la rĂ©intĂšgre dans le Reich[29].

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le col des Charbonniers n’est plus une frontiùre verte entre deux États.

Limites diocésaines

Au spirituel, le col des Charbonniers servit de limite pendant des siĂšcles comme toute la crĂȘte sommitale entre deux trĂšs anciens et vastes diocĂšses qu’il ne faut pas confondre avec les principautĂ©s Ă©piscopales impĂ©riales: celui de Toul dĂ©pendant de la province ecclĂ©siastique ou archidiocĂšse de TrĂšves et celui de BĂąle. En ce sens, il est comparable aux autres cols des crĂȘtes vosgiennes comme notamment le col de Bussang voisin.

FrontiĂšre linguistique

Le col des Charbonniers correspond aussi Ă  la frontiĂšre linguistique entre la Germania et la Romania[30]. Il sĂ©pare le bas-alĂ©manique du sud[31], points d’enquĂȘte no 176[32] et no 177[33], respectivement Ă  Rimbach-prĂšs-Masevaux et Sewen[34] et le vosgien des Vosges mĂ©ridionales Ă©tudiĂ©es par Oscar Bloch, notamment avec son atlas linguistique de cette rĂ©gion[35].

Notes et références

Notes

  1. Extrait de la page wikipĂ©dia sur l’Autriche antĂ©rieure : Ulrich III (1310-1324), comte de Ferrette, meurt sans descendant mĂąle. Sa fille Jeanne Ă©pouse Albert II d'Autriche en 1324 et le Sundgau (le sud de l'Alsace) devient ainsi possession des Habsbourg. L'Autriche antĂ©rieure Ă©tait sous la domination du duc d'Autriche jusqu'en 1379. Le 9 septembre 1379, le traitĂ© de Neuberg partage le patrimoine des Habsbourg entre les 3 frĂšres : Rodolphe, Albert (Basse-Autriche) et LĂ©opold (Styrie, Carinthie, Carniole, Tyrol). Albert de Habsbourg devient Albert III, duc d’Autriche. AprĂšs cette date, l'archiduc LĂ©opold III du Tyrol rĂ©gna sur l'Autriche antĂ©rieure. En 1431, la capitale ou le siĂšge du gouvernement de l’Autriche antĂ©rieure fut Ensisheim.

Références

  1. « Carte IGN classique » sur Géoportail.
  2. Aujourd’hui il reste une ferme-auberge, « Ferme-auberge du Gresson », sur Site de la ferme-auberge, (consultĂ© le )
  3. Se reporter au site de MĂ©tĂ©o France, mot-clĂ© Ballon d’Alsace, ou voir les cartes sur « MĂ©tĂ©orologie Ballon d'Alsace », sur MinistĂšre du dĂ©veloppement durable, section Alsace (consultĂ© le )
  4. Code du site FR4100199, date de compilation : 31/12/1995 ; Type pSIC / SIC / ZSC = proposition de site d’importance communautaire, site d’importance communautaire et zone spĂ©ciale de conservation – DerniĂšre base transmise Ă  la Commission europĂ©enne le 09/01/2014 ; « Site Natura 2000 n° FR4100199 », sur INPN MNHN (consultĂ© le )
  5. « Habitats du site Saint-Maurice-Bussang », sur DREAL Lorraine (consulté le )
  6. MEDDE 2014, p. 6.
  7. « habitat type 9110 », sur INPN MNHM (consulté le )
  8. MEDDE 2014, p. 8.
  9. MEDDE 2014, p. 4.
  10. Code du site FR4202002, date de compilation : 31/07/2002 ; Type pSIC / SIC / ZSC = proposition de site d’importance communautaire, site d’importance communautaire et zone spĂ©ciale de conservation – « Site Natura 2000 n° FR4202002 », sur INAPN MNHN (consultĂ© le )
  11. MEDDE 2008, p. 12.
  12. MEDDE 2008, p. 6-11.
  13. Deffontaines 1932.
  14. L’ouvrage de Deffontaines a Ă©tĂ© repris pour extrait dans le Bulletin de l’Association de gĂ©ographes français, annĂ©e 1930, volume 7, numĂ©ro 38, pages 4-6
  15. Fournier 1994.
  16. Pierre 1992, p. 235.
  17. Marie-Christine Bailly-MaĂźtre, Paul BenoĂźt, « Les mines d’argent de la France mĂ©diĂ©vale »,Actes des congrĂšs de la sociĂ©tĂ© des historiens mĂ©diĂ©vistes de l’enseignement supĂ©rieur public, 1997, vol. 28, no 28, p. 21
  18. Fournier 1994, p. 505.
  19. Garnier 2004, p. 520.
  20. Garnier 2004, p. 523.
  21. Desgouttes 1894.
  22. Desgouttes 1894, p. 66.
  23. Fournier 1994, p. 506.
  24. Selon la figure no 14, par E. Garnier et M. Desgardin, Université de Caen, 2001, les charbonniÚres gravitent autour de la fonderie à une distance moyenne de km pour éviter le laborieux transport du matériau sur des routes peu stables.
  25. Garnier 2004, p. 389.
  26. Braunstein 1990, p. 5.
  27. Parisse 2005, p. 43-44.
  28. Kinder et Hilgemann 1980, p. 76-77.
  29. Ploetz 1986, p. 944.
  30. Haubrichs 2007, Chap.II, Article n°7.
  31. Hudlett 2001, p. 46.
  32. Hudlett 2001, p. 70.
  33. Hudlett 2001, p. 71.
  34. « Atlas linguistique d'Alsace », sur Ala.u-strasbg (consulté le )
  35. Bloch 1917.

Annexes

Bibliographie

  • Alban Fournier (PrĂ©sident du Club alpin, section Hautes-Vosges) (prĂ©f. Albert Ronsin, ill. Victor Franck et Henri Valentin), Les Vosges du Donon au Ballon d’Alsace, Raon-l’Etape, Louis Geisler, (1re Ă©d. 1901), 539 p.
  • Emmanuel Garnier (prĂ©f. Jean-Marc Moriceau, UniversitĂ© de Caen), Terre de conquĂȘtes : La forĂȘt vosgienne sous l’Ancien RĂ©gime, Paris, Fayard, , 620 p. (ISBN 2-213-61783-X)
  • Henri-Zacharie Desgouttes (PrĂ©fet des Vosges), Tableau statistique du dĂ©partement des Vosges, Paris, Le Clere, Heinrichs, Treuttel et Wurtz,
  • Philippe Braunstein, L'industrie miniĂšre et mĂ©tallurgique dans l’Europe mĂ©diĂ©vale : Approche historique et approche archĂ©ologique, Edizioni All’Insegna del Giglio s.a.s,
  • MinistĂšre de l’Écologie, du DĂ©veloppement durable et de l’Énergie (MinistĂšre chargĂ© de l’Écologie) et Museum d’Histoire naturelle (MNHN – Service du Patrimoine Naturel), « FR4100199 - Massif de Saint-Maurice et Bussang », Natura 2000 – Formulaire standard de donnĂ©es, Journaux officiels Union europĂ©enne (2012) – RĂ©publique française (2009),‎
  • MinistĂšre de l’Écologie, du DĂ©veloppement durable et de l’Énergie (MinistĂšre chargĂ© de l’Écologie) et Museum d’Histoire naturelle (MNHN – Service du Patrimoine Naturel), « FR4202002 – Vosges du Sud », Natura 2000 – Formulaire standard de donnĂ©es, Journaux officiels RĂ©publique française (2008),‎
  • Francis Pierre, « Les Recherches en archĂ©ologie miniĂšre dans le sud des Vosges lorraines », DDMC – Documentations du MusĂ©e du Vivant et du CIRE, DDMC, vol. 70,‎ , p. 233-242 (prĂ©sentation en ligne)
  • Pierre Deffontaines, La vie forestiĂšre en Slovaquie : Approche historique et approche archĂ©ologique, Paris, Institut d'Ă©tudes slave, , 94 p. (ISSN 0079-0028)
  • Michel Parisse, Remiremont : l'abbaye et la ville, UniversitĂ© de Nancy II, Service des Publications de l'UniversitĂ© de Nancy II, coll. « Institut de recherche rĂ©gionale, SociĂ©tĂ© d'histoire locale de Remiremont et de sa rĂ©gion », (1re Ă©d. 1980), 369 p.
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  • (de) Dr. Karl Julius Ploetz, Der große PLOETZ Auszug aus der Geschichte, Freiburg-WĂŒrzburg, Verlag Ploetz, , 1720 p. (ISBN 3-87640-050-3)
  • Wolfgang Haubrichs, L’espace physique, l’histoire, la langue. L’élaboration des zones de contact et des frontiĂšres linguistiques entre Romania et Germania, entre la Suisse et le Luxembourg, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Construction de l’espace au Moyen Âge, Acte SHMESP no 37, 2006 », (prĂ©sentation en ligne)
  • Albert Hudlett, Synopsis GĂ©olinguistique, Continuum des parlers alĂ©maniques et franciques d’Alsace et de Moselle germanophone, Strasbourg, HirlĂ©, , 271 p. (ISBN 2-910048-90-X)
  • Oscar Bloch, Atlas linguistique des Vosges mĂ©ridionales, Paris, H. Champion Editeur, (prĂ©sentation en ligne)

Articles connexes

Liens externes

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