AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Coefficient de pression

Le coefficient de pression est un coefficient aĂ©rodynamique adimensionnel facilitant l’étude et la reprĂ©sentation graphique de la distribution des pressions autour de corps placĂ©s dans un Ă©coulement de fluide.

DĂ©finition

Le coefficient de pression [alpha 1] est un coefficient aĂ©rodynamique adimensionnel de pression facilitant l’étude et la reprĂ©sentation graphique de la distribution des pressions autour de corps placĂ©s dans un Ă©coulement de fluide.

Dans l’air, ou tout autre fluide dont la masse volumique est suffisamment faible[alpha 2], il s'Ă©crit :

oĂč :

p est la pression statique mesurée au point considéré,
la pression statique de l’écoulement (c.-Ă -d. Ă  l’écart des perturbations crĂ©Ă©es par le corps),
la vitesse de l’écoulement loin du corps,
la masse volumique du fluide (l’air, par exemple).

Les coefficients de pression sont utilisĂ©s, dans tous les travaux de mĂ©canique des fluides, depuis les Ă©coulements incompressibles jusqu’aux Ă©coulements hypersoniques[1].

Dans certain cas, la pression du vent sur un corps peut ĂȘtre visible, comme, par exemple, la pression du vent autour du point d’arrĂȘt de ce ballon sensĂ© ĂȘtre sphĂ©rique[alpha 3].

Dans un Ă©coulement incompressible, le au point d’arrĂȘt (ou aux points d’arrĂȘt lorsqu’il y en a plusieurs) vaut toujours 1 et c’est la plus forte valeur existant dans l’écoulement[2] - [alpha 4] ; au culot des corps, mĂȘme profilĂ©s, existe une zone oĂč le coefficient de pression est nĂ©gatif, mais en beaucoup d'autres endroits d'un Ă©coulement les sont nĂ©gatifs.

Écoulements incompressibles et courbe de distribution des pressions

L’équation de Bernoulli (qui est valide en dehors de la couche limite sur les corps) permet de lier mathĂ©matiquement les coefficients de pression mesurĂ©s localement autour d’un corps Ă  des coefficients de vitesse [alpha 1] qui reprĂ©sentent la vitesse locale du fluide au-dessus de sa couche limite. NdBP : Par chance, la pression statique au-dessus de la couche limite se transmet jusqu’à la surface du corps oĂč elle peut ĂȘtre mesurĂ©e Ă  l’aide de petits orifices.

Les libellĂ©s des et naissent naturellement de l’équation de Bernoulli pour les gaz[alpha 5] lorsqu’on applique celle-ci Ă  deux points de la mĂȘme ligne de courant, le deuxiĂšme de ces points Ă©tant pris loin du corps (Ă  l’infini amont, par exemple) :

En recombinant différemment cette égalité on peut écrire :

En divisant les deux membres de l’égalitĂ© par la pression dynamique on obtient finalement :

On reconnaĂźt dans le premier membre de cette Ă©galitĂ©. Si l’on dĂ©finit Ă  prĂ©sent le deuxiĂšme terme du deuxiĂšme membre comme le carrĂ© d’un coefficient de vitesse :

On obtient :

Cette Ă©galitĂ© trĂšs simple constitue la variante adimensionnelle de l’équation de Bernoulli. Elle n'est valide qu'en dehors de la couche limite pour les Ă©coulements stationnaires incompressibles[3].

Contrairement Ă  ce que leur libellĂ© peut laisser penser, ces coefficients adimensionnels de pression et de vitesse et sont extrĂȘmement intuitifs et reprĂ©sentent bien les pressions et les vitesses qui intĂ©ressent les MĂ©caniciens des Fluides ; ceci explique pourquoi ils apparaissent dans tous les rapports d’essais en souffleries.

Trois représentations du autour de la sphÚre et du Tube de Pitot.

L’image ci-contre montre trois prĂ©sentations possibles du coefficient de pression autour de la sphĂšre isolĂ©e et d’un corps hĂ©misphĂ©ro-cylindrique tel que le tube de Pitot (ou Antenne de Prandtl), ce coefficient de pression Ă©tant calculĂ© ici thĂ©oriquement (en non visqueux, c-Ă -d sans couche limite).

La premiÚre image de la galerie ci-dessous reprend la distribution théorique des sur la sphÚre, mais en y ajoutant les réellement mesurés en sous-critique et en super-critique[4]. On note que la distribution réelle des est trÚs différente de la distribution théorique, spécialement au premier régime (bas nombre de Reynolds).

L'image suivante de la galerie fait apparaĂźtre visuellement la relation mathĂ©matique entre le coefficient de pression mesurĂ© et le coefficient de vitesse autour d’un trĂšs grand modĂšle du dirigeable Akron Ă  l’incidence nulle (ce modĂšle mesurait m de longueur).

Ainsi pour ce corps profilĂ© 3D, le coefficient de pression est, au point considĂ©rĂ©, la surpression ou sous-pression relative de l’écoulement (relative Ă  la pression dynamique). Ce varie depuis l’unitĂ© (au point d’arrĂȘt du corps, par dĂ©finition) Ă  des valeurs rapidement nĂ©gatives, pour finir Ă  une valeur positive mais nettement infĂ©rieure Ă  l’unitĂ© au culot du corps. Le coefficient de vitesse est, au point considĂ©rĂ©, la vitesse relative de l’écoulement (relative Ă  la vitesse de l’écoulement loin du corps). Ce varie de 0 au point d’arrĂȘt (par dĂ©finition) Ă  une valeur au-dessus de l’unitĂ© en finissant par une valeur lĂ©gĂšrement nĂ©gative au culot du corps.

L'intégration des sur toute la surface du corps donne le de pression ; dans le cas d'un corps profilé, comme ici, ce de pression est trÚs faible, ce qui signifie que le des corps profilés est principalement un de friction.

Si l'on observe ci-dessus la variante adimensionnelle de l'équation de Bernoulli, on constate que le coefficient de pression est lié linéairement au carré du coefficient de vitesse , c'est ce qui explique que dans le rapport NACA no 824 (réf. ci-dessous), ce soit le carré du qui est utilisé pour représenter la pression. L'image suivante de la galerie montre la distribution des pressions dans le plan de symétrie d'une berline routiÚre. On observe qu'il existe sur l'avant du capot moteur et sur le haut du parebrise deux zones dépressionnaires (c.-à-d. que les pressions sur ces deux zones tendent à tirer le véhicule en avant[alpha 6]).

La derniÚre image de la galerie montre les coefficients de pression relevés sur le cÎne de la capsule Apollo (sans sa tour de sauvetage) ainsi que sur son bouclier thermique[5]. Au franchissement des épaules de ce cÎne, les deviennent évidemment négatifs puisque l'écoulement, en cet endroit, est en survitesse (survitesse par rapport à la vitesse de l'écoulement loin du corps).


  • Distribution des pressions (Cp) sur la sphĂšre d'aprĂšs Achenbach.
    Distribution des pressions (Cp) sur la sphĂšre d'aprĂšs Achenbach.
  • Distribution des pressions sur le cylindre infini prĂ©sentĂ© en travers d'un Ă©coulement.
    Distribution des pressions sur le cylindre infini présenté en travers d'un écoulement.
  • Distribution des 
          C
            p
    {\displaystyle C_{p}}
 et 
          C
            v
    {\displaystyle C_{v}}
 autour du dirigeable Akron.
    Distribution des et autour du dirigeable Akron.
  • Distribution des 
          C
            p
    {\displaystyle C_{p}}
 dans le plan de symétrie d'un berline routiÚre DrivAer Fastback.
    Distribution des dans le plan de symétrie d'un berline routiÚre DrivAer Fastback.
  • Distribution des 
          C
            p
    {\displaystyle C_{p}}
 sur le flanc d'un fuselage d'avion.
    Distribution des sur le flanc d'un fuselage d'avion.
  • Distribution des pressions sur le cĂŽne d'Apollo (module de commande) Ă  l'incidence zĂ©ro.
    Distribution des pressions sur le cÎne d'Apollo (module de commande) à l'incidence zéro.
  • Distribution des pressions sur la torpille Mk 25
    Distribution des pressions sur la torpille Mk 25

Exemples d'utilisation de la courbe de distribution des pressions

Sur les vĂ©hicules thermiques Ă  moteur avant, les ouvertures permettant le refroidissement du moteur sont Ă©videmment placĂ©es prĂšs du point d'arrĂȘt (oĂč le vaut , image ci-dessus).

Distribution des pressions sur le poisson tassergal (ou bluefish) d'aprĂšs DuBois et coll.

Les expĂ©rimentations ont rĂ©vĂ©lĂ© que les yeux des poissons sont placĂ©s trĂšs prĂšs du point avant de nul de la courbe de distribution des pressions Ă  leur surface, de sorte qu'ils peuvent nager aux plus hautes vitesses sans que leurs globes oculaires soient distordus par la surpression ou la sous-pression due Ă  la vitesse. De mĂȘme, l'ouverture de leurs ouĂŻes est placĂ©e dans la zone de minimum afin d'activer la circulation d'eau Ă  l'intĂ©rieur des ouĂŻes et le cƓur est placĂ© dans la mĂȘme zone afin d'accroĂźtre sa course d'expansion pendant la nage rapide[6] - [7]

Autres exemples de distribution des pressions

  • Distribution des pressions sur trois corps ellipsoĂŻdo-cylindriques.
    Distribution des pressions sur trois corps ellipsoĂŻdo-cylindriques.
  • Distribution des pressions sur le corps hĂ©misphĂ©ro-cylindrique (tube de Pitot).
    Distribution des pressions sur le corps hémisphéro-cylindrique (tube de Pitot).
  • Distribution des pressions sur le cylindre Ă  tĂȘte plate exposĂ© axialement dans un Ă©coulement.
    Distribution des pressions sur le cylindre Ă  tĂȘte plate exposĂ© axialement dans un Ă©coulement.

Notes et références

Notes

  1. Attention : les symboles et sont souvent utilisés pour désigner des capacités thermiques (respectivement isobare et isochore). Le risque de confusion n'est cependant pas trÚs grand en raison de domaines d'applications différents, et les capacités thermiques sont aussi représentées par des symboles dont l'indice est en majuscule : et .
  2. Dans les fluides dont la masse volumique est trop forte, l'eau par exemple, il faut tenir compte de la pression statique due Ă  la profondeur d'immersion, ce qui complique l'expression de .
  3. Bien sûr, il faut songer que la distribution des pressions sur ce corps n'est plus celle sur un ballon sphérique puisque qu'ici le ballon est déformé (enfoncé). Cependant, lorsque cet enfoncement dynamique est minime, on peut considérer que la distribution des pressions est trÚs proche de celle existant sans enfoncement...
  4. Dans les Ă©coulements de fluides compressibles, par contre, le au point d'arrĂȘt est supĂ©rieur Ă  1.
  5. Pour les gaz, les forces dues à la gravité sont négligeables ; on n'a donc plus à tenir compte de la hauteur h des points dans l'équation de Bernoulli.
  6. C'est ce qui explique que l'avant des véhicules de tourisme développe une traßnée contre-intuitivement trÚs faible.

Références

  1. Anderson 2011, p. 233
  2. Fundamentals of Aerodynamics, John D. Anderson, 5th edition, p. 234
  3. Anderson 2011, p. 307
  4. (en) Elmar Achenbach, « Experiments on the flow past spheres at very high Reynolds numbers », Journal of Fluid Mechanics, vol. 54, no 3,‎ , p. 565–575 (ISSN 1469-7645 et 0022-1120, DOI 10.1017/S0022112072000874, lire en ligne, consultĂ© le )
  5. William C. Moseley, Jr., et B. J. Wells, NASA Technical Note TN-5514 : Wind-tunnel investigation of the aerodynamic pressures on the apollo command module configuration (lire en ligne [PDF])
  6. P. 549, FLUID MECHANICS, Fundamentals and Applications, Yunus A. Çengel, John M. Cimbala, 3d edition, McGrawHill
  7. Arthur B. Dubois, Giovanni A. Cavagna et Richard S. Fox, « Pressure distribution on the body surface of swimming fish », Journal of experimental biology,‎ , p. 581–591 (lire en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

  • Sighard F. Hoerner (en), RĂ©sistance Ă  l’avancement dans les fluides, Paris, Gauthier-Villars Ă©diteurs,
  • A. Bonnet et J. Luneau, AĂ©rodynamique, thĂ©ories de la dynamique des fluides, CĂ©paduĂšs-Éditions,
  • Th. Faure, AĂ©rodynamique appliquĂ©e,
  • (en) John D. Anderson, Fundamentals of Aerodynamics, McGraw-Hill,

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.