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Clos aux galées

Le Clos aux galĂ©es, ou Clos des galĂ©es, est au Moyen Ă‚ge le chantier naval et l'arsenal de Rouen. Une galĂ©e, nom qui donnera « galère Â», dĂ©signait un type de bateau de l'Ă©poque. Un clos aux galĂ©es existait aussi Ă  Harfleur.

Clos aux galées
Navire Ă  clins
Présentation
Type
Construction
Activités
construction navale
GĂ©ographie
Pays
Commune
Philippe le Bel, désireux de se donner une marine, établit le Clos des galées près de Rouen à partir de 1292. Recueil des rois de France, vers 1550.
Chantier naval médiéval. Le Clos est chargé de construire toutes sortes de navires. (Miniature de la fin du XVe siècle).
Une bataille navale au début du XIVe siècle. Le Clos lance de nombreux bâtiments qui participent à la guerre de Cent Ans.

Situation et fonctions du clos aux galées de Rouen

Jusqu'Ă  la fin du XIIIe siècle, les rois de France ne disposaient pas de force navale nationale. Lorsque le besoin s'en faisait sentir, en cas de guerre, ou de croisade, il leur fallait recourir Ă  l'achat, Ă  la location ou au prĂŞt de navires Ă©trangers avec tous les inconvĂ©nients que comportait ce système[1]. Le premier souverain Ă  rĂ©agir fut Philippe le Bel. Après avoir lui aussi louĂ© des nefs au roi de Norvège, aux villes hansĂ©atiques, au roi d'Aragon, Ă  GĂŞnes, il se dĂ©cida Ă  crĂ©er une flotte « nationale Â», ce qui supposait de lui donner d’abord une infrastructure[1].

C'est ainsi que fut Ă©tabli, Ă  partir de 1292, sur la rive gauche de la Seine, en aval d'un pont reliant l'Ă®le Lacroix Ă  Rouen, le « clos Â» (ou parc) des GalĂ©es. Il s'agit du plus ancien arsenal du royaume de France[2]. Son Ă©tablissement fut menĂ© Ă  bien grâce Ă  l'assistance technique de constructeurs gĂ©nois qui s’inspirèrent des rĂ©alisations vĂ©nitiennes et espagnoles[1]. Le nouvel Ă©tablissement devait rĂ©pondre Ă  plusieurs fonctions :

  • Accueillir, entretenir et construire les vaisseaux du Roi (nefs, galĂ©es, barges), les armer et les grĂ©er.
  • Entreposer vivres (biscuits, harengs, lards, vins) et armes (arbalètes, traits, canons, pavois, engins de guerre…). Ceux-ci n’étaient pas destinĂ©s uniquement Ă  la marine mais Ă©taient aussi envoyĂ©s dans les forteresses royales ou employĂ©s lors des sièges.

En conséquence de ces deux rôles, on avait creusé un bassin (l’estang) et des cales sèches, construit des magasins divers, des ateliers de charpenterie, de couture et de fabrication d’armes. Les forêts voisines de Roumare et de Rouvray approvisionnaient le chantier en bois tandis que le fer venait du pays d'Ouche. Quant au chanvre, qui servait à confectionner les cordes et la voilure, il était filé un peu partout dans les environs.

L’emplacement, qui avait été bien choisi, était à l'abri des attaques surprises. Ce lieu stratégique était aussi bien protégé par une enceinte fortifiée, avec une robuste palissade doublée de part et d'autre de larges fossés et renforcés de tourelles[1].

Le Clos aux galées de Rouen pendant la guerre de Cent Ans

Il connut une forte activité au XIVe siècle, lors de la première partie de la guerre de Cent Ans : il était en effet le seul chantier naval royal capable de construire des navires de guerre. C’était probablement à cet endroit qu’on fabriqua une partie de la flotte qui sombra lors de la bataille de l'Écluse (1340). On arma aussi à Rouen plusieurs flottes pour attaquer les îles Anglo-Normandes et les côtes sud de l’Angleterre (raids sur Portsmouth en 1369, sur Guernesey en 1372).

En 1374, conscient de l’effort maritime nĂ©cessaire pour combattre l’Angleterre, le roi de France Charles V rĂ©organisa la gestion du chantier et arsenal de Rouen. Il nomma un « maĂ®tre et garde du Clos des galĂ©es Â» dont les fonctions Ă©taient, d’une part, de garder les bateaux, d’en assurer l’armement ou l’entretien et d’en construire de nouveaux et, d’autre part, d’acheter et de renouveler les vivres. Auparavant, vivres et navires se gâtaient et pourrissaient par dĂ©faut d’une vĂ©ritable intendance. Avec ces mesures, Charles V Ă©bauchait un service permanent de la marine militaire. Le maĂ®tre et garde du Clos des galĂ©es devait aussi se charger de retenir et de recruter les ouvriers du chantier tels les calfats, les fabricants de rames, les « maĂ®tres de hache Â» et autres charpentiers. Cet officier se trouvait sous le commandement de l’amiral de la mer, en l’occurrence Jean de Vienne.

En 1418, à l’approche des Anglais, les Rouennais brûlèrent le Clos des galées[1]. Il ne fut reconstruit qu’en 1451.

La fondation du port du Havre par François Ier annula probablement l'activité du Clos aux galées. Le dernier bateau construit sortit en 1532.

Le Clos des galées d'Harfleur

Près de l'embouchure de la Seine, à Harfleur précisément, se trouvait un autre clos des galées. Il servait sûrement de refuge et de base de départ pour la flotte royale dans la Manche. Sa construction intervint dans le dernier quart du XIVe siècle, dans le contexte de la guerre de Cent Ans. À l'origine annexe de Rouen, il consistait en un grand bassin fortifié alimenté en eau par la Lézarde avec des quais aménagés au nord et l'est. Des écluses régulaient le niveau de l'eau car la marée étaient ressentie à Harfleur. Le Clos aux galées était entouré d'un rempart flanqué de tours. Une chaîne qui reliait la Petite et la Grosse Tour barrait l'entrée de ce port militaire.

Aujourd'hui ne subsistent plus que quelques murs du rempart. Le bassin, asséché, a été recouvert au fil de l'urbanisation de la ville (quartier de la place d'Armes et la rue d'Oudalle).

Notes

  1. Étienne Taillemite, Dictionnaire d'Histoire maritime (sous la direction de Michel Vergé-Franceschi), coll. « Bouquins », éditions Robert Laffont, 2002, p. 361-362.
  2. La flotte normande à la fin du XIIIe siècle, Élisabeth Lalou.

Bibliographie

  • Charles de Robillard de Beaurepaire Recherches sur l'ancien clos des GalĂ©es de Rouen,
  • Albert Anthiaume, Le Navire. La construction en France et principalement chez les Normands, Paris, Eugène Dumont, 1922.
  • Michel Mollat, Histoire de Rouen, Toulouse, Privat, 1979.
  • Anne Chazelas, Documents relatifs au Clos des galĂ©es et aux armĂ©es de mer du roi de France de 1293 Ă  1418, Paris, Bibliothèque nationale, deux volumes in 8°, tome I, 1977, 352 p. ; tome II, 1978, 352 p. (Collection de documents inĂ©dits sur l'histoire de France. Section de Philologie et d'histoire jusqu'Ă  1610. SĂ©rie in 8.- vol. 11) En ligne sur Gallica.
  • Christian Delabos, "Le clos des GalĂ©es de Rouen : un arsenal Ă  la fin du Moyen Ă‚ge (XIIIe-XVe)", Histoire mĂ©diĂ©vale, 2003, p 72-79. Disponible ici
  • M. de Lafaye, « Le Clos des galĂ©es de Rouen sous Charles V (1364-1380) d’après des documents rĂ©cemment publiĂ©s Â», Revue maritime et coloniale, t. LIV, 1877, p. 685-705 .
  • Éric Rieth, « Le Calfatage des barges et des galĂ©es au Clos des galĂ©es de Rouen (1293-1418) Â», dans : F. Ciciliot (dir.), Navalia Archeologia e Storia, Savone, 1996, p. 55-67.
  • Éric Rieth, « Le Clos des galĂ©es de Rouen, lieu de construction navale Ă  clin et Ă  carvel (1293-1419) Â», Medieval Ships and the Birth of Technological Societies, C. Villain-Gandossi, S. Busuttil, P. Adam (dir.), vol. I, Malte, 1989, p. 71-7.
  • Éric Rieth, « Les Navires de l'Ă©poque du Clos des galĂ©es de Rouen Â», Cols Bleus, 1974, 1321, p. 8-10.
  • Éric Rieth, « La construction navale mĂ©diĂ©vale Ă  clin en Normandie : le tĂ©moignage du Clos des galĂ©es de Rouen (1293-1418) Â», L'hĂ©ritage maritime des Vikings en Europe de l'Ouest, Caen, Ă©d. E. Ridel, Presses universitaires de Caen, 2002, p. 321-334.
  • Michel VergĂ©-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'histoire maritime, Paris, Ă©ditions Robert Lafont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8).

Articles connexes

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