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Clemenceau (PA 28)

Le Clemenceau (PA 28) est un projet de porte-avions léger destiné à la Marine nationale française. Premier exemplaire d'une série de quatre bâtiments, sa construction, décidée en août 1947, pour un lancement en 1951, a été finalement abandonnée en mars 1949 avant sa mise en chantier, alors que des commandes de matériel avaient déjà été passées et réceptionnées.

Clemenceau
Autres noms PA 28
Type Porte-avions léger (CVL)
Histoire
Commanditaire Drapeau de la France France
Chantier naval Brest
Commandé 1947
Armé Prévu septembre 1952
Statut Abandonné en 1949
Équipage
Équipage 119 officiers, 349 officiers mariniers, 1 334 quartiers-maĂ®tres et matelots
Caractéristiques techniques
Longueur 215 mètres
Maître-bau 25 mètres
Tirant d'eau 6,5 mètres
DĂ©placement 15 700 tonnes (lège), 20 110 tonnes (pleine charge)
Propulsion 2 x turbines Ă  vapeur
4 x lignes d'arbre
Puissance 105 000 ch (78,3 MW)
Vitesse 32 nœuds
Caractéristiques militaires
Armement 8 x canons doubles de 100 mm
8 x canons de 57 mm
Rayon d'action 7 700 milles Ă  18 nĹ“uds, 4 700 milles Ă  24 nĹ“uds
AĂ©ronefs 27 chasseurs SE582 et 22 bombardiers-torpilleurs NC.1070 ou 22 chasseurs SE582 et 22 bombardiers-torpilleurs N.1500

Contexte historique

Ă€ la fin de la seconde guerre mondiale, la France ne possède plus qu'un parc hĂ©tĂ©roclite de 306 navires de guerre, jaugeant un total d'environ 365 000 tonnes, en provenance des marines alliĂ©es et de prises de guerre. Leur Ă©tat et leur disparitĂ© font que les deux tiers devront ĂŞtre retirĂ©s du service dès 1950. Sur les trois porte-avions français de l'immĂ©diat après-guerre, un seul est rĂ©ellement opĂ©rationnel :

  • Le BĂ©arn, seul porte-avions français durant la guerre, dĂ©passĂ© et trop lent, ne peut servir qu'au transport d'avions.
  • Le Dixmude (A609), ex Biter dĂ©sarmĂ© après la bataille de l'Atlantique et louĂ© aux États-Unis. Remis en Ă©tat le mais trop lent, il sera lui aussi reconverti en transport d'avions dès le printemps 1947.
  • L'Arromanches (R95), ex Colossus, d'abord louĂ© Ă  la Grande-Bretagne pour cinq ans, puis achetĂ©. Mis en service après sa remise en Ă©tat en 1946, il sera le seul PA français opĂ©rationnel jusqu'Ă  l'arrivĂ©e du Clemenceau fin 1961, avant d'ĂŞtre transformĂ© en porte-hĂ©licoptère d'assaut en 1962 puis dĂ©moli en 1976.

À ce moment, la France est encore à la tête de nombreuses colonies outre-mer et, de ce fait, éprouve le besoin urgent de reconstituer rapidement des « Forces Navales d’Intervention » dont les porte-avions seront un axe majeur avec les cuirassés.

Le retour de la paix voit émerger des projets de constructions de PA aussi ambitieux qu'irréalistes : pas moins de quatre porte-avions de combat, quatre porte-avions d'escorte et un porte-avion école en janvier 1946[1]. Le manque de possibilités budgétaires et de moyens de construction, très endommagés par la guerre, impose rapidement de revenir à des objectifs beaucoup plus modestes.

Possibilités et choix

Plusieurs hypothèses sont envisagĂ©es pour disposer rapidement de porte-avions, Ă  commencer par la conversion de bâtiments lourds existant type cuirassĂ©s ou croiseurs, ou encore celle du porte-hydravions Commandant Teste. Autre piste Ă©tudiĂ©e, la relance de la construction des deux bâtiments de type PA 16 (classe Joffre) de 18 000 tonnes dont la rĂ©alisation, initiĂ©e en 1936, avait Ă©tĂ© commencĂ©e en 1938 et interrompue en juin 1940, avant d'ĂŞtre reprise puis dĂ©finitivement stoppĂ©e en 1942. En 1946, le Joffre n'Ă©tait rĂ©alisĂ© qu'au quart et le PainlevĂ© jamais mis sur cale. Après Ă©tude et analyse toutes ces possibilitĂ©s sont dĂ©finitivement abandonnĂ©es.

Reste Ă  envisager des constructions totalement nouvelles. Dès 1938, il existait un projet PA 19, sorte de PA 16 agrandi. Durant l'occupation, le Conseil supĂ©rieur de la Marine avait planchĂ© sur un nouveau modèle, le PA 25. Lui succĂ©deront les projets du PA 28 (15 700 t), puis du PA 29 (26 130 t) et enfin du PA 31 (38 000 t)[2].

Après de nombreuses hésitations et remises en cause, le projet du PA 28, soutenu par le ministre de la Marine Louis Jacquinot, est adopté par l'assemblée nationale le . La construction de quatre bâtiments de ce type est votée le , le premier, baptisé provisoirement « Clemenceau » devant être réalisé en trois ans, entre 1949 et 1951.

Caractéristiques

Dimensions, propulsion et Ă©quipage

Long de 215 mètres et large de 25 mètres, le PA 28 dĂ©place 15 700 tonnes lège et 20 110 tonnes en charge, avec un tirant d'eau de 6,50 mètres. Il est propulsĂ© Ă  32 nĹ“uds par deux turbines Ă  vapeur, dĂ©veloppant une puissance de 105 000 chevaux. Les effectifs prĂ©vus Ă  son bord sont de 119 officiers, 349 officiers mariniers et 1 334 hommes d'Ă©quipage, soit 1 802 hommes. Ses caractĂ©ristiques sont comparables Ă  celles des deux porte-avions de combat lĂ©gers des États-Unis de la classe Saipan.

Protection et armement

Contrairement Ă  certains porte-avions de la seconde guerre mondiale qui avaient pour base des coques blindĂ©es de cuirassĂ©s ou de croiseurs, le PA 28 est dĂ©pourvu de protections. Par contre, selon l'usage de l'Ă©poque, il doit pouvoir assurer sa propre dĂ©fense et est, pour ce faire, Ă©quipĂ© d'une artillerie considĂ©rable : huit affuts doubles de 100 mm et huit de 57 mm.

Aviation

Pour lancer ses appareils, il est Ă©quipĂ© de deux catapultes et de deux ascenseurs d'une capacitĂ© de 12 tonnes, ainsi que d'une grue de mĂŞme force desservant un hangar unique. Il peut embarquer de 44 Ă  49 appareils dont une partie doit ĂŞtre suspendue au plafond du hangar quand il est Ă  pleine charge.

Les escadrilles envisagĂ©es se rĂ©partissent entre 22 avions torpilleurs de type NC1070 ou N1500, prototypes prĂ©sentĂ©s au Salon de l’aviation au Grand Palais Ă  Paris le Ă  cĂ´tĂ© d'une maquette du PA 28. Pour ce qui est des 22 Ă  27 chasseurs Ă  rĂ©action prĂ©vus, le choix reste ouvert entre SNCAC NC.1080, Arsenal VG 90 et Nord 2200. Finalement, tous ces avions, torpilleurs ou chasseurs, ne dĂ©passeront jamais le stade de prototypes.

Abandon du projet et conséquences

Dès 1948, il apparait que les crédits dévolus à la construction du bâtiment seront notoirement insuffisants, avec pour conséquence l’allongement de la réalisation et le dépassement du coût initialement prévu. À ce moment les plans définitifs ont été établis, des commandes de matériel notifiées et partiellement réceptionnées, mais la mise en chantier n'a pas encore débuté. Face à cette situation, Paul Ramadier, ministre de la Défense nationale du Gouvernement d'Henri Queuille décide de l'abandon définitif du projet PA 28 le .

En 1949, la France ne dispose donc que d'un seul porte-avions : l'Arromanches sans nouvelle construction planifiée. Le , les États-Unis prêteront gratuitement à la France l'USS Langley rebaptisé La Fayette sans condition de fin puis, le , l'USS Belleau Wood rebaptisé Bois Belleau, initialement pour la durée de la guerre d'Indochine, puis pour cinq ans.

À l'arrivée en service du Clemenceau (1961) puis du Foch (1963), l'Arromanches sera transformé (en 1962) en porte-hélicoptères d'assaut, en porte-avions ASM et en porte-avions école (dédié à la qualification des pilotes embarqués). Le Bois Belleau et le La Fayette seront, eux, restitués aux États-Unis, respectivement en et en .

Références

  1. Étude d’un plan d’armement pour les premières années d’après-guerre, Service historique de la Défense, 3BB8/CSM, .
  2. Projet titanesque : le Clemenceau et le Foch ne dĂ©placeront « que » 24 200 tonnes et il faudra attendre le Charles de Gaulle, lancĂ© presque 50 ans plus tard, pour dĂ©passer ce tonnage.

Annexes

Bibliographie

  • Philippe Masson, La Marine française en 1946, in Revue d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, no 110, avril 1978, pp. 79-86

Articles connexes

Liens externes

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