Claude Cormier
Claude Cormier ( - ) est un architecte paysagiste québécois. Il est l'un des membres de sa profession les plus influents au Canada. On retrouve notamment plusieurs de ses réalisations à Montréal et à Toronto.
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Biographie
Les origines de Claude Cormier déterminent d’une façon inusitée son parcours professionnel. Son enfance se déroule sur une ferme, soit dans une nature nécessairement ennuyante pour qui la vit au quotidien, et qui se trouve donc à l’opposé de la version idéalisée, bucolique ou romantique, chère aux citadins. À ses yeux, la nature s’offre en tant que ressource, et non pas comme une expérience du sublime. En aucun cas, cette nature ne représente pour lui un lieu d’évasion.
À l'âge adulte il décide d'aller étudier l’agronomie à l’université de Guelph en Ontario. Ce qu’il a en tête à cette époque, c’est de créer une nouvelle fleur par croisement. Baccalauréat en poche, il constate que ce n’est pas la génétique des plantes qui l’intéresse, mais plutôt la manière de rendre la nature plus ludique. Ses études en sciences, axées sur les possibilités d’inventer de nouvelles formes, lui seront utiles plus tard lorsqu’il appliquera au paysage urbain ses connaissances portant sur le métissage ou l’hybridation. Claude Cormier poursuit alors ses études en architecture du paysage à l’université de Toronto. Muni d’un nouveau diplôme, il travaille quelque temps pour diverses firmes d’architectes en paysage, tels Gerrard & Mackars. Il décide ensuite de rentrer au Québec pour s’installer à Montréal, où il va travailler pour le Groupe Lestage, une firme d’architecture et de design urbain qui élargit sa pratique en offrant, grâce à son apport, des services d’architecture en paysage.
À 33 ans, il décide de compléter ses études en s'inscrivant en maîtrise d'histoire et de théorie du design à la Graduate School of Design de l'université Harvard. Le choix de cette université relève en partie d'un concours de circonstance mais aussi de la présence de Martha Schwartz, son mentor de toujours et une figure phare dans le domaine de l’architecture en paysage, qui enseigne dans cette institution. Tout au long de ses études à Harvard, Claude Cormier travaillera dailleurs pour le bureau de Martha Schwartz. Ce sera l’occasion pour lui d’explorer et de préciser les idées et les concepts auxquels il réfléchit depuis un moment. Après Harvard, il revient à Montréal et, en 1995, y fonde sa propre firme - Claude Cormier Architectes Paysagistes Inc. qui deviendra Claude Cormier et Associés Inc. puis CCxA Architectes paysagistes Inc.
Depuis, l'entreprise a eu le privilège de travailler sur des projets de grande envergure à Montréal, Toronto et aux États-Unis et a remporté une centaine de prix et mentions. Au printemps 2010, la Graduate School of Design de l’Université Harvard a présenté une exposition exclusive de l’ensemble de son œuvre intitulée « Erratics« . En 2009, il est reçu chevalier de l’Ordre national du Québec, la plus prestigieuse distinction accordée par le gouvernement du Québec. En 2005, il est sélectionné en tant qu’Emerging Voice for North America par The Architectural League of New York et choisi par l’influente revue new-yorkaise Fast Company comme l’un des quatorze designers internationaux qui propulsent le design. Plus récemment, la firme a été sélectionnée par les éditions ''Phaidon Press'' pour une publication réunissant 30 architectes paysagistes reconnus mondialement pour le caractère innovant de leur pratique. Serious Fun - The Landscapes of Claude Cormier, premier ouvrage entièrement consacré à la pratique de Claude Cormier, écrit par Marc Treib et Susan Herrington paraitra en juillet 2021 aux éditions Oro.
Influences
Claude Cormier fait partie de la seconde génération des architectes en paysage dits « conceptualistes », Martha Schwartz agissant comme chef de file de ce mouvement. Concomitante avec l’architecture postmoderne et dans la foulée de l’art conceptuel, cette approche se distingue par la prédominance accordée au concept ou à l’idée maîtresse qui donne naissance au projet et qui l’articule dans ses moindres aspects du début à la fin. Ajoutons que cette démarche « conceptualiste » tranche radicalement avec les impératifs fonctionnalistes du modernisme.
Au sein de cette mouvance, la pratique de Cormier et de son équipe se distingue, quant à elle, par son insistance à fouiller les strates historiques, économiques, botaniques, écologiques et socioculturelles — enfouies et manifestes —, qui composent les lieux sur et avec lesquels ils travaillent. En effet, chaque projet se tisse à partir d’un réseau de sens complexe tout en restant clair. Ce « tissage » résulte de la conjugaison, ou du croisement, de divers éléments conceptuels, matériels et historiques. De cet exercice émerge une densité sémantique qui singularise leurs réalisations. Cormier puise son inspiration autant dans l’art contemporain qu’en s’imprégnant de l’énergie de la ville. Ce qui lui importe avant tout, c’est d’être à l’écoute du contexte qui s’offre à lui, de plonger dans la mémoire du lieu pour en extraire des éléments susceptibles de créer une forme de narration. Même si ce récit n’est pas toujours finalement apparent, il n’en constitue pas moins la trame sur laquelle reposent la conception et l’élaboration du projet.
Une formule traduit avec concision la philosophie de Cormier : Artificiel, mais vrai. Ce qu’il cherche avant tout, c’est une forme d’authenticité, un « vrai faux »; autrement dit, montrer en toute honnêteté la nature construite du paysage. Le projet terminé doit se présenter comme un hymne à la vie grâce à l’utilisation d’une palette de couleurs exubérantes et de matériaux artificiels avec lesquels Cormier innove en les décontextualisant.
Soulignons également cet humour plein d’esprit, et parfois même caustique, qui se dégage de plusieurs projets et qui est même devenu en quelque sorte leur image de marque. Non seulement jouer avec la nature, mais se jouer de la nature en la présentant – en fait, en la représentant – d’une manière inédite, tel pourrait être le credo de Cormier. Les architectes en paysage conceptualistes misent sur l’audace pour stimuler, séduire et amuser tout en jouant avec nos perceptions. Ils cherchent à nous faire voir autrement ce que l’on tient pour acquis. Leurs réalisations agissent souvent comme un marqueur identitaire qui dévoile tout en la transformant la personnalité du site, mais aussi de la ville. En réinventant les paysages urbains, Claude Cormier cherche à susciter des émotions et à produire du sens dans le but de réhabiliter la place publique en brouillant les frontières entre le design et l’art, le naturel et l’artificiel, le réel et le surréel[1].
Projets
Au Canada
- L'Anneau, Place Ville Marie, juin 2022, Montréal[2]
- RioCan Leaside Centre (2020-2024), Toronto
- Leslie Slip Lookout Park (2020-2022), Toronto
- Vaughan Metropolitan Centre (2020-2022), Vaughan
- Pensionnat Saint-Nom-de-Marie (2020-2022), Montréal
- 1 Square Phillips (2019-2023), Montréal
- Siège social de la Banque Nationale (2019-2023), Montréal
- The Well (2013-2023), Toronto
- Canadian Institute of the Blind (2015-2023), Edmonton
- West Don Lands (2018-2022), Toronto
- St-Clair Block Development – Plan d’ensemble (2018-2022)
- Love Park (2018-2022), Toronto
- Garrison Point – Plan d’ensemble (2012–2022), Toronto
- 2-8 Gloucester (2018-2022), Toronto
- 88 Queen St East (2015-2022), Toronto
- RCA-Lenoir (2020- ), Montréal
- 175 Wynford-Don Valley Parkway (2020- ), Toronto
- King and Portland Development (2020), Toronto
- Daniels Waterfront/City of the Arts (2020), Toronto Waterfront
- Musée Pointe-à -Callière – Plan d’ensemble (2019), Montréal
- 592 Sherbourne Street/The Selby (2019), Toronto
- Pôle Champlain – Proposition (2019), Ottawa
- Boules roses/ 18 nuances de gai (2011-2019), Montréal
- 700 St-Jacques (2018- ), Montréal
- Breakwater Park (2018), Kingston
- River City Phase 3 (2018), Toronto
- Square Dorchester et Place du Canada (2008-2018), Montréal
- Collège Ahuntsic (2018), Montréal
- Vaughan Metropolitan Centre – Plan d’ensemble (2018), Vaughan
- Vaughan Metropolitan Centre Bus Terminal Block (2013- ), Vaughan
- The Cat Park (2017 - ), Toronto
- TOM I, II, III, IV (2012-2014, 2017), Musée des beaux-arts de Montréal, Montréal
- Balade pour la paix (2017), Montréal
- Parc Jean-Drapeau – Plan de mise en valeur et réaménagement (2017), Montréal
- Jardin Frédéric Back du Musée des beaux-arts de Montréal (2017), Montréal
- Cité archéologique Place d’Youville, Musée de Pointe-à -Callière (2017), Montréal
- Berczy Park (2017), Toronto
- Monument national de l’Holocauste avec Studio Daniel Libeskind et Edward Burtynsky (2017), Ottawa
- Distillery Ribbon – Plan d’ensemble (2017), Toronto
- Vaughan Metropolitan Centre KPMG Block (2017), Vaughan
- Curtis Block (2016 - ), Calgary
- Scrivener Square (2016 - ), Toronto
- CIBC Commerce Court (2016- ), Toronto
- The Sony Centre for the Performing Arts and L-Tower (2016), Toronto
- 300 Front Street (2015), Toronto
- Performing Arts Centre & Brock University School of Fine and Performing Arts (2015), St. Catharines
- 117 Peter Street (2015), Toronto
- Jardin de sculptures du Cirque du Soleil (2015), Montréal
- Au grand dam (2015), Ville LaSalle
- Complexe Sportif (2015), Ville St-Laurent
- Garrison Point / Ordnance Street – Plan d’ensemble (2015), Toronto
- 5e Quai – Entrepôt frigorifique (2014), Montréal
- Royal Ontario Museum (2014), Toronto
- One The Esplanade (2014), Toronto
- Silo Site – Plan d’ensemble (2014), Toronto
- Tiffany, Evergreen Brickworks (2013), Toronto
- Appartements Le Château (2013), Montréal
- 3C Waterfront – Plan d’ensemble (2013), Toronto
- Jardin de bâtons bleus (1999–2013), Métis sur mer, Montréal, Winnipeg
- Four Seasons Hotel and Residences (2012), Toronto
- Cirque du Soleil (2012), Montréal
- Vieux-Port de Montréal – Plan d’ensemble (2012), Montréal
- Plage de l’Horloge (2012), Montréal
- Parc Hydro-Québec (2012), Montréal
- Université de Montréal – Étude de faisabilité (2011)
- Cirque du Soleil – Étude de faisabilité (2011), Montréal
- Leslie Nymark (2011), Toronto
- Vieux-Port de Montréal (2011), Montréal
- Centre Canadien d’Architecture (1992-2010), Montréal
- Sugar Beach (en) (2010), Toronto
- Evergreen Brickworks (2010), Toronto
- Prairie urbaine (2010), Gatineau
- Benny Farm (2010), Montréal
- École de pharmacie et de médecine de l’Université de Waterloo (2009), Kitchener
- Viger DMC (2009), Montréal
- Vieux-Port de Montréal – Plan directeur d’horticulture (2009), Montréal
- Place d’Youville (2008), Montréal
- Collège Ahuntsic (2008), Montréal
- Université McGill, Complexe des Sciences de la vie (2007), Montréal
- Institute of Advanced Medecine de l’Université du Manitoba (2007), Winnipeg
- HTO Park (en) (2007), Toronto
- Flora International (2006), Montréal
- Jackie Gleason Theatre – Plan d’ensemble (2006), Miami Beach
- Entrepôt Frigorifique – Plan d’ensemble (2006), Montréal
- Église St-James (2006), Montréal
- Waterfront Park – Étude (2005), Otterburn Park
- Université du Quebec à Montréal, Complexe des sciences Pierre-Dansereau (2005), Montréal
- Commissioners Park – Concept (2004), Toronto
- Place des Arts – Plan d’ensemble (2003), Montréal
- Carrefour Parc/Pins –Analyse urbaine (2002), Montréal
- Collège Ahuntsic – Plan d’ensemble (2002), Montréal
- Nature légère et esplanade du Palais des congrès (2002), Montréal
- Falaise Sainte-Geneviève – Plan de revitalisation (1999), Québec
- Blue Lawn, Centre canadien d’architecture (1997), Montréal
Aux États-Unis et ailleurs dans le monde
- Lake Shore East (2021), Chicago (États-Unis)
- Buchwald Plaza (2019), Mount Vernon (États-Unis)
- Rice University – Plan d’ensemble (2019), Houston (États-Unis)
- AIDS Memorial – Proposition (2017), Chicago (États-Unis)
- Forêt bleue, Nissan Design America (2007), Detroit et La Jolla (États-Unis)
- Pergola, Biennale d’art contemporain (2006), Le Havre (France)
- Jackie Gleason Theatre – Plan d’ensemble (2006), Miami Beach (États-Unis)
- L’arbre bleu, Cornerstone Festival of Architectural Gardens (2005), Sonoma (États-Unis)
- Jardin des bâtons bleus (2005), Chicago (États-Unis)
- Jardin de bâtons bleus, Hestercombe Gardens (2004), Taunton (Angleterre)
- Moonwalk – MGM Studios/Cirque du Soleil – Plan d’ensemble (2003), Las Vegas (États-Unis)
- Solange (2003), Lyon (France)
- Mosaïcultures Internationales de Montréal – Plan d’ensemble (2003), Dubaï, UAE
- Battersea Power Station – Plan de redéveloppement (2001), Londres (Angleterre)
- Cirque du Soleil – Plan d’ensemble (2000), Hong Kong
- Jardin de Montréal à Shanghai (2000), Shanghai (Chine)
- Red Lawn, Schindler House MAK Center (1999), Los Angeles (États-Unis)
Notes et références
- Jacques Perron, 2008
- Henri Ouellette-Vézina, « Un anneau géant au centre-ville de Montréal », sur La Presse, (consulté le )