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Clémentine Delait

Clémentine Delait, née Clémentine Clattaux le à Chaumousey (Vosges) et morte le à Épinal, est une tenancière de bar française qui fut connue pour être une femme à barbe.

Clémentine Delait
Clémentine Delait en 1923.
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  74 ans)
Épinal
SĂ©pulture
Nom dans la langue maternelle
Clémentine Deleau
Nom de naissance
Clémentine Clatteaux
Surnom
« La femme à barbe »
Nationalité
Activités

Biographie

Clémentine Clattaux naît le [1] à Chaumousey, dans le département des Vosges, de parents agriculteurs[2]. Son enfance est marquée par les travaux des champs[2]. À partir de la puberté, sa pilosité commence à se développer plus que la normale en ce qui concerne une jeune fille, notamment au niveau de la lèvre supérieure dont elle rase fréquemment le duvet[2].

Le [3], à vingt ans, elle épouse à Chaumousey Joseph Delait, boulanger à Thaon-les-Vosges, et sert les clients de la boulangerie[2]. La clientèle est nombreuse et la barbe rasée de Clémentine ne serait pas étrangère à cette affluence[2]. Cependant, Joseph est atteint de rhumatismes et ne peut continuer son métier de boulanger[2]. Toujours à Thaon-les-Vosges, le couple ouvre alors un débit de boisson et Clémentine est derrière le comptoir à servir les clients[2]. Tout comme à la boulangerie, la clientèle est alors nombreuse[2]. Femme de caractère et charpentée, Clémentine est apte à tenir son bar et à en sortir les clients turbulents[2].

C'est Ă  partir de 1901, Ă  l'âge de 36 ans, que ClĂ©mentine se laisse pousser la barbe[2]. Le couple se rend Ă  la foire de Nancy et se faisant alpaguer par un bonimenteur, ils assistent Ă  l'exhibition d'une femme Ă  barbe[2]. Cette dernière ne peut s'empĂŞcher de remarquer Ă  voix haute l'abondante pilositĂ© de ClĂ©mentine malgrĂ© le rasage[2]. Racontant l'anecdote Ă  son bar, elle accepte le pari d'un des clients qui lui promet vingt-cinq louis (soit 500 francs[4], forte somme Ă  l'Ă©poque, environ 5 000 â‚¬ actuels) si elle se laisse pousser la barbe[2]. Elle cessera de se raser bien qu'elle n'ait jamais touchĂ© l'argent promis[2]. Dès lors, elle arbore une barbe frisĂ©e qui se dĂ©double en deux panaches[2]. AttirĂ©e par le bouche-Ă -oreille, la clientèle se presse au cafĂ© des Ă©poux, renommĂ© « Le cafĂ© de la Femme Ă  Barbe », pour y admirer ClĂ©mentine[2]. Profitant de l'engouement, elle pose contre rĂ©munĂ©ration pour des photographes qui Ă©ditent une quarantaine de cartes postales dont elle est la vedette et sur lesquelles elle signe des autographes Ă  ses clients[2]. Lors de ces poses variĂ©es, en calèche, promenant son chien ou lisant le journal, ClĂ©mentine reste coquette dans des robes très fĂ©minines[2]. Elle obtient mĂŞme la permission de travestissement, autorisation obligatoire pour une femme s'habillant en homme ; elle pose alors en tenue masculine, un cigare Ă  la bouche et une chope de bière Ă  ses cĂ´tĂ©s[2].

  • Mises en scène de Madame Delait (cartes postales Homeyer & Ehret).
  • Dans son salon.
    Dans son salon.
  • Dans son jardin.
    Dans son jardin.
  • En promenade.
    En promenade.
  • En gentleman.
    En gentleman.
  • En aĂ©roplane.
    En aéroplane.

Sa célébrité prend une ampleur nationale lorsqu'elle s'enrôle dans la Croix-Rouge durant la Première Guerre mondiale et devient la mascotte des Poilus[2]. Au lendemain de la guerre, le couple accompagné de Fernande, une orpheline de guerre adoptée à cinq ans, ouvre une mercerie à Plombières, Joseph étant trop malade pour tenir à nouveau un bar[2]. Comme lors de ces précédents métiers, la clientèle se presse[2]. C'est à cette période que Phineas Taylor Barnum, le célèbre directeur de cirque spécialisé dans les phénomènes de foire, propose à Clémentine de le rejoindre pour la somme de trois millions de francs, offre qu'elle décline[2]. Elle commence à effectuer des déplacements en Europe où de nombreuses personnalités la réclament : le prince de Galles dans les années 1920 à Londres ou encore le Chah de Perse à Vittel[2]. Devenue veuve en 1928, Clémentine se consacre désormais pleinement à sa célébrité tout en rouvrant un bar à Thaon-les-Vosges[2]. Là, elle propose des spectacles de cabaret dont elle est la vedette, déguisée et accompagnée de sa fille et d'un perroquet[2]. Les clients viennent alors de la France entière et même d'Angleterre et d'Irlande pour la voir[2].

Elle meurt à Épinal le d'une crise cardiaque[2]. Son épitaphe, comme elle l'a souhaité, est[2] :

« Ici gît Clémentine Delait, la Femme à Barbe »

Notes et références

  1. « Acte de naissance de Clémentine Clattaux » (consulté le )
  2. Jean-Michel Cosson, Les Mystères de France : Histoires insolites, étranges et extraordinaires, Sayat, De Borée, , 382 p. (ISBN 978-2-84494-963-9), p. 149-154
  3. « Acte de mariage de Marie Joseph Paul Delait et Clémentine Clattaux » (consulté le )
  4. Pasky, Clémentine, une femme au poil, Le Village du Jouet, (ISBN 978-2-917978-00-9).

Annexes

Bibliographie

  • Jean Nohain et François Caradec, La Vie exemplaire de la femme Ă  barbe : ClĂ©mentine Delait 1865-1939, La Jeune Parque,
  • Patrick Pasky, ClĂ©mentine. Le roman de la femme barbe, Publibook,
  • Bruno ThĂ©veny, Femmes illustres des Vosges dans l'histoire, Chaumont, Liralest-Éditions Dominique GuĂ©niot, , 192 p. (ISBN 978-2-87825-003-9 et 2-87825-003-6, OCLC 1236003913, lire en ligne), p. 71-76
  • ClĂ©mentine Delait, femme Ă  barbe dans PĂ©nĂ©lope Bagieu, CulottĂ©es 1 - Des femmes qui ne font que ce qu'elles veulent, Paris, Gallimard, , 141 p. (ISBN 978-2-07-060138-7)
  • Un poil diffĂ©rent.e, de HĂ©lène Michel-BĂ©chet, de Sancho&co et France TĂ©lĂ©visions [prĂ©sentation en ligne] : 0 h 52 min

Liens externes

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