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Chien dans la mythologie chinoise

Les chiens sont des motifs importants dans la mythologie chinoise'.

L’immortel dieu Zhang (en) tirant sur le Tiāngǒu

Ces motifs peuvent ĂȘtre par exemple un chien particulier qui accompagne un hĂ©ros, le chien comme l’une des douze crĂ©atures totem du calendrier chinois, un chien donnant les premiĂšres graines qui ont permis Ă  l’agriculture d’ĂȘtre ce qu’elle est aujourd’hui, ou encore, certains groupes ethniques affirment avoir un chien magique parmi leurs ancĂȘtres.

Mythe versus Histoire

La mythologie chinoise est celle que l'on retrouve dans la zone gĂ©ographique appelĂ©e Chine, qui a bien sĂ»r Ă©voluĂ© et changĂ© tout au long de son histoire. Cela comprend les mythes en chinois et en d’autres langues, transmis par les Hans Ă  d’autres groupes ethniques (dont cinquante-six sont officiellement reconnus par l’administration chinoise)[1].

Lors de l’étude de la culture historique chinoise, plusieurs des histoires qui ont Ă©tĂ© racontĂ©es au sujet de personnages et d’évĂ©nements relatĂ©s par Ă©crit ou oralement dans un lointain passĂ©, ont une double tradition : l’une prĂ©sente une version plus historique, tandis que l’autre prĂ©sente une version plus mythologique[2]. Ceci est Ă©galement vrai pour quelques rĂ©cits Ă  propos de chiens mythologiques chinois.

Des rĂ©cits historiques et des anecdotes sur les chiens de la Chine antique et de plus tard apparaissent dans des Ɠuvres littĂ©raires telles que le Shiji de Sima Qian. L’étude archĂ©ologique fournit des connaissances supplĂ©mentaires Ă  cet Ă©gard.

Noms dans la comparaison interculturelle

Wolfram Eberhard met en Ă©vidence que, comparĂ©e aux autres cultures, la littĂ©rature chinoise donne rarement des noms aux chiens[3]. Cela signifie que dans le cas de la mythologie chinoise, un chien jouera souvent un rĂŽle important, mais on ne lui donnera pas un nom propre, on l’appellera plutĂŽt « chien ».

Étant donnĂ© que la grammaire chinoise ne requiert pas l’utilisation d’articles dĂ©finis ou indĂ©finis, ou ne fait pas la diffĂ©rence du singulier et du pluriel, il existe des ambiguĂŻtĂ©s lorsque l’on fait rĂ©fĂ©rence Ă  « chien » qui peut signifier « Chien » (en tant que nom propre), « les chiens », « un chien », « le chien », « quelques chiens » ou encore « des chiens ».

Le signe du zodiaque du chien

La statue du Chien est l’une des 12 crĂ©atures du zodiaque chinois, visible dans le parc de Kowloon Walled City Ă  Kowloon City, Hong Kong.

Pendant des milliers d’annĂ©es, un cycle de douze annĂ©es nommĂ©es selon des animaux rĂ©els ou mythiques Ă©tait utilisĂ© en Asie du Sud-Est. Ce cycle, parfois associĂ© au zodiaque chinois met en relation chaque annĂ©e en cours avec une crĂ©ature, dans un ordre fixĂ© de douze animaux Ă  la suite de quoi, le cycle reprend du dĂ©but avec le Rat. La onziĂšme place du cycle est occupĂ©e par le Chien.

Une lĂ©gende raconte que l’ordre des animaux de ce cycle est dĂ» Ă  leur ordre d’arrivĂ©e dans une course, comprenant la traversĂ©e d’une riviĂšre, appelĂ©e la Grande Course. La raison pour laquelle le Chien finit avant-dernier alors qu’il est un nageur talentueux est expliquĂ©e par sa nature joueuse : le Chien a jouĂ© et a folĂątrĂ© tout le long du chemin, perdant ainsi du temps sur le parcours et retardant son passage de la ligne d’arrivĂ©e.
À partir de 2012, la prochaine annĂ©e du Chien dans le calendrier chinois dĂ©butera le 16 fĂ©vrier 2018 jusqu’au 4 fĂ©vrier 2019 (annĂ©e du Chien de terre). Les personnes nĂ©es pendant l’annĂ©e du Chien, selon les croyances populaires, sont supposĂ©es partager certains traits de caractĂšre associĂ©s au Chien comme la loyautĂ© ou l’exubĂ©rance. Cependant, les caractĂšres peuvent ĂȘtre diffĂ©rents lors de la prise en compte des autres influences de l’astrologie chinoise, par exemple l’influence du mois, de la journĂ©e, ou encore de l’heure de naissance. Selon le systĂšme traditionnel des branches terrestres, chaque animal est aussi associĂ© Ă  un mois de l’annĂ©e et Ă  une pĂ©riode de la journĂ©e (et de la nuit) exprimĂ©e en heure double.

La pĂ©riode du Chien s’étend de 19 h Ă  21 h et il est associĂ© au neuviĂšme mois lunaire.

Panhu

Il existe plusieurs mythes et lĂ©gendes prĂ©sents dans diffĂ©rents groupes ethniques qui affirment ou qui ont affirmĂ© avoir un chien divin parmi leurs ancĂȘtres. L’une d’entre elles est l’histoire de Panhu. Le lĂ©gendaire souverain chinois Di KU aurait possĂ©dĂ© un chien nommĂ© Panhu (en). Panhu l’a aidĂ© Ă  gagner une guerre en tuant le gĂ©nĂ©ral ennemi et en lui rapportant sa tĂȘte, il finit par Ă©pouser la fille de l’empereur comme rĂ©compense.

Le chien a emmenĂ© sa femme dans la rĂ©gion montagneuse du sud, oĂč ils donnĂšrent naissance Ă  de nombreux descendants. À cause de leur propre identification en tant que descendants de ces ancĂȘtres originaux, Panhu a Ă©tĂ© vĂ©nĂ©rĂ© par le peuple Yao et le peuple She, souvent appelĂ© roi Pan, et la consommation de la viande de chien Ă©tait taboue[4]. Ce mythe ancestral a Ă©galement Ă©tĂ© retrouvĂ© parmi les peuples Miao et Li[5]. Une premiĂšre source documentaire du mythe des origines de Pan-hu est Ă©crite par l’auteur Gan Bao, de la Dynastie Jin (265-420). Il parle de ce mythe originel pour un groupe ethnique du sud (qui est le sud du Fleuve YangtsĂ©) faisant rĂ©fĂ©rence a un « Homme » (è »)[6].

Variations

Il y a diverses variantes Ă  la mythologie de Panhu. Selon l’une d’elles, l’empereur avait accordĂ© la main de sa fille comme rĂ©compense Ă  celui qui lui rapporterait la tĂȘte du gĂ©nĂ©ral ennemi. Au vu des difficultĂ©s apparentes du mariage d’un chien avec une femme humaine (en particulier une princesse impĂ©riale), le chien proposa de se transformer en humain, grĂące Ă  un procĂ©dĂ© qui nĂ©cessitait qu’il reste sĂ©questrĂ© sous une cloche pendant 280 jours.

Cependant, l’empereur curieux, n’a pu se retenir, et a soulevĂ© la cloche le 279e jour : le sortilĂšge s’est brisĂ© avant la transformation complĂšte, et, bien que tout le corps se soit transformĂ© en humain, la tĂȘte ne le fut pas[7].

Interprétations relatives à la culture

Victor Mair Ă©met l’idĂ©e que d’ĂȘtre descendant des chiens peut avoir une ou des connotations pĂ©joratives, que ce soit liĂ© ou non Ă  la relation des chiens par rapport aux humains[8].

Le chien d’Erlang

Erlang, personnage surnaturel et hĂ©roĂŻque, souche de la culture chinoise et connu pour ses prouesses martiales, est un personnage de « La PĂ©rĂ©grination vers l'Ouest ». Erlang est souvent reprĂ©sentĂ© avec son chien. Dans les rĂ©cits de « La PĂ©rĂ©grination vers l'Ouest », le chien d’Erlang l’aida lors de son combat contre le Roi des singes Sun Wukong, en mordant sĂ©vĂšrement ce dernier Ă  la jambe.

Plus loin dans la lĂ©gende (au chapitre 63), Sun Wukon et Erlang (Ă  prĂ©sent alliĂ©s) et leurs compagnons d’armes affrontĂšrent un monstre-insecte Ă  neuf tĂȘtes. Une fois encore, le petit chien d’Erlang vint Ă  son secours et mit le monstre en Ă©chec en mordant sa tĂȘte rĂ©tractable qui rentrait et sortait au niveau de son torse : le monstre s'enfuit alors, dĂ©goulinant de sang, vers l'inconnu.

L’auteur de « La PĂ©rĂ©grination vers l'Ouest » indique qu’il s’agit des origines de « l’oiseau sanguinolent Ă  neuf tĂȘtes », dont la caractĂ©ristique fut transmise Ă  ses descendants. Anthony C. Yu, Ă©diteur et traducteur de « La PĂ©rĂ©grination vers l'Ouest », fit le lien entre cet oiseau et le « ts’ang kĂȘng » de la mythologie chinoise[9].

Tiangou

On dit que le Tiangou (« le chien cĂ©leste ») ressemble Ă  un chien ou Ă  une mĂ©tĂ©orite noire, qui chercherait Ă  manger le soleil ou la lune pendant une Ă©clipse, Ă  moins d’ĂȘtre chassĂ©.

Obtention du grain

  • Agriculture (mythologie chinoise) (en)

Selon les mythes des diffĂ©rentes cultures ethniques, un chien aurait apportĂ© aux humains les premiĂšres graines de cĂ©rĂ©ales, et avec elles les connaissances sur les cycles saisonniers de plantation, de moisson et de replantation des plantes de bases, ainsi que sur la conservation de certaines de ces graines pour les replanter. Il s’agit de l’origine de l’agriculture. Cette lĂ©gende est commune dans les cultures Buyei, Gelao, Hani, Miao, Sui, TibĂ©taine, Tujias, et Zhuang[10].

Une version du mythe appartenant au folklore tibĂ©tain du Sichuan raconte que dans l’ancien temps, les graines Ă©taient gĂ©nĂ©reuses et abondantes. Cependant, le Dieu du ciel furieux de voir le peuple utiliser ces dons pour leur hygiĂšne personnelle aprĂšs leurs dĂ©fĂ©cations au lieu d’ĂȘtre reconnaissants, descendit sur terre pour reprendre toutes les graines.

Cependant, un chien se saisit d’une jambe de son pantalon en gĂ©missant piteusement. Ému, le Dieu du ciel laissa quelques graines de chaque type au chien, fournissant ainsi le stock de graines de l’agriculture d'aujourd'hui. On dit donc que, puisque les humains doivent leur possession de semences de cĂ©rĂ©ales Ă  un chien, les gens devraient partager une partie de leur nourriture avec les chiens[11].

Un autre mythe, du peuple Miao, parle d’une Ă©poque lointaine oĂč les chiens avaient neuf queues jusqu’au jour oĂč l’un d’eux alla voler du grain dans le royaume cĂ©leste. Huit de ses queues furent coupĂ©es par les armes des gardiens cĂ©lestes alors qu’il s’échappait, mais il parvint Ă  ramener les graines accrochĂ©es Ă  sa derniĂšre queue. Cette lĂ©gende raconte Ă©galement que lorsque le people Miao cĂ©lĂ©brait le festival des rĂ©coltes, les chiens Ă©taient les premiers Ă  ĂȘtre nourris[12]. Les peuples Zhuand et Gelao ont des mythes similaires qui expliquent pourquoi les Ă©pis de cĂ©rĂ©ales, une fois mĂ»rs bouclĂ©s, touffus et courbĂ©s – Ă  l’image de la queue d’un chien[12].

Les chiens de papier

Dans le nord de la Chine, des images de chiens, faites en papier coupĂ© sont dĂ©posĂ©es dans l’eau lors de la fĂȘte du double cinq (aussi appelĂ©e fĂȘte des bateaux-dragons), cĂ©lĂ©brĂ©e le cinquiĂšme jour du cinquiĂšme mois lunaire, comme un acte apotropaĂŻque devant Ă©loigner les mauvais esprits. Les chiens de papier sont Ă©galement supposĂ©s protĂ©ger les morts[13].

« Foo Dogs »

Statue chinoise de lions en pierre, présentant des traits canins prononcés.

De nombreuses statues chinoises de Lion gardien existent. Elles sont souvent appelĂ©es « Chiens Fu », « Chiens de Foo », « Lions de Fu » « Lions de Fo », ou encore « Chiens-lion ». Les lions d’aujourd’hui ne sont pas originaires de cette partie de la Chine, exceptĂ© peut-ĂȘtre de l’extrĂȘme ouest. Cependant, leur existence Ă©tait bien connue, et le symbolisme associĂ© ainsi que les idĂ©es sur les lions Ă©taient familiers. Toutefois, en Chine, les reprĂ©sentations artistiques des lions ont tendance Ă  ressembler Ă  des chiens. En effet, « le « lion » que l'on voit reprĂ©sentĂ© dans les peintures chinoises et dans la sculpture ressemble peu Ă  l'animal rĂ©el, qui pourtant joue un rĂŽle important dans le folklore chinois[14]. » Les raisons pour lesquelles les « Lions gardiens » sont rĂ©fĂ©rencĂ©s comme « chiens » dans les cultures occidentales sont peut-ĂȘtre obscures, pourtant le phĂ©nomĂšne est bien connu.

Les chiens réels et les chiens légendaires

AprÚs la Dynastie Han, une statue du Sichuan représentant un chien debout.

MalgrĂ© tous les mythes fantastiques de la Chine sur les chiens, les vrais chiens sont connus dans toute la Chine depuis la PrĂ©histoire (contrairement Ă  certains animaux exotiques comme les lions ou autres crĂ©atures, dont les caractĂ©ristiques rĂ©elles n’étaient souvent connues qu’indirectement).

Les chiens figurent Ă©galement dans divers rĂ©cits historiques et lĂ©gendaires que l'on trouve dans les nombreux documents littĂ©raires de la Chine, bien que dans certains cas, il est difficile de savoir oĂč est la frontiĂšre entre le mythe et le rĂ©cit historique. Cependant dans beaucoup de mythes, lĂ©gendes ou autres rĂ©cits sur les chiens dans la littĂ©rature chinoise, les canidĂ©s sont prĂ©sentĂ©s d'une maniĂšre qui n’a pas l'apparence de la fantaisie ou du fantastique (par opposition Ă  la façon dont d'autres crĂ©atures peuvent ĂȘtre typiquement manipulĂ©es dans la mythologie, comme dans le cas des tortues, des serpents, des dragons, ou souvent mĂȘme des chevaux).

Les autres canidés dans la mythologie chinoise

D’autres membres de la famille des canidae figurent Ă©galement dans la mythologie chinoise, notamment les loups et les renards. Leur reprĂ©sentation est gĂ©nĂ©ralement diffĂ©rente de celle des chiens.

La littérature sur les renards, notamment les contes, est particuliÚrement importante. Les renards possÚdent souvent des pouvoirs magiques comme la capacité de se transformer à volonté en humain, de vivre incroyablement longtemps et de posséder de nombreuses queues (neuf la plupart du temps).

Notes et références

  1. Yang 2005 :4
  2. Yang 2005: 12-13
  3. Eberhard 2003:82
  4. Yang 2005:52-53
  5. Yang 2005: 100 et 180
  6. Mair, octobre 1998:3-5 et note 3,31-32
  7. Christie 1968: 121-122
  8. octobre 1998
  9. 1980: Volume III, 441, note 5 au chapitre 63
  10. Yang 2005: 53
  11. Yang 2005: 53-54
  12. Yang 2005: 54
  13. Eberhard, 2003: 80
  14. (Eberhard, 2003: 164

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Anthony Christie, Chinese Mythology, Feltham: Hamlyn Publishing, 1968 (ISBN 0600006379).
  • Wolfram Eberhard, A Dictionary of Chinese Symbols: Hidden Symbols in Chinese Life and Thought, Londres, New York: Routledge, 2003. (ISBN 0-415-00228-1)
  • Lihui Yang et al., Handbook of Chinese Mythology, New York: Oxford University Press, 2005. (ISBN 978-0-19-533263-6)
  • Victor Mair, Canine Conundrums: Eurasian Dog Ancestor Myths in Historical and Ethnic Perspective, in Sino-Platonic Papers 87, New Haven:Yale, octobre 1998.
  • Sima Qian, Records of the Historian: Chapters from the Shih Chi of Ssu-ma Ch'ien, traduit par Burton Watson, New York: Columbia University Press, 1969. (ISBN 978-0231033213).

Liens externes

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