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Chevesne

Squalius cephalus

Le chevesne ou chevaine commun (Squalius cephalus) est une espèce de poissons d'eau douce très fréquente en Europe. En France, il est répandu sur tout le territoire hormis la Corse et le Finistère. On le rencontre principalement dans les rivières de deuxième catégorie ainsi que les zones inférieures des rivières de première catégorie. On peut aussi le retrouver jusque dans les fleuves (Rhône...) . On le classe souvent dans le groupe de poissons dits blancs (chevesne, vandoise, barbeau, gardon, ablette...).

Localement il est aussi nommé cabot (en Franche-Comté), cabouòt ou cabeda (dans l'Aveyron), (Cévennes), meunier, dos noir, chevanne...

Description

Nageoire dorsale d'un chevesne.

Chez l'adulte, le corps est épais et robuste, presque cylindrique, de forme nettement allongée, et couvert de grosses écailles. Il est caractérisé par une tête à front plat avec une bouche large. Le dos est généralement foncé (gris-noir) et les flancs brillants ou parfois légèrement dorés. Les plus grands spécimens atteignent 80 cm pour environ kg.

Il peut être confondu avec la vandoise, une espèce protégée en France, et plus accessoirement avec l'aspe, l'ide mélanote, le gardon, le rotengle ou le hotu ; ces poissons assez apparentés partagent souvent son habitat tout en occupant des niches écologiques différenciées.

Habitat

Cette espèce vit principalement dans les eaux courantes de zone tempérée, éventuellement assez lentes.

Le chevesne adulte vit généralement entre deux eaux ou près du fond. En été il est souvent plus près de la surface et proche des berges à la recherche d'insectes alors qu'en hiver il descend vers le fond.

Une étude radiotélémétrique de chevesnes adultes a montré qu'en milieux lotiques (généralement « caractérisés par une forte hétérogénéité spatio-temporelle liée surtout aux fluctuations de débit, le couvert (débris ligneux, excavations sous-berges, blocs) » les zones d'abri sont une composante-clé expliquant la répartition des poissons ; elles sont à la fois des lieux de protection contre les prédateurs (poissons, oiseaux, mammifères, pêche), des lieux permettant l'isolation visuelle et limitant la compétition, et des abris hydrauliques où le poisson économise son énergie.

Les chevesnes (et leurs "assemblages piscicoles" vont utiliser ces abris en fonction de compromis (en tant qu'abri, mais aussi selon leur offre en nourriture) et de manière différente selon le moment du cycle nycthéméral et saisonnier, ou « lors des perturbations hydrauliques majeures ». La force du courant, la pression de prédation et les stratégies d'histoire de vie peuvent aussi réorienter ce « compromis »[1].

Mode de vie

C'est une espèce grégaire, se déplaçant en bancs, souvent composés d'individus de même taille.

Son mode de vie évolue au cours de sa croissance et selon les ressources du milieu où il se développe (« En effet, de régime omnivore, l’espèce est pélagique au stade juvénile puis à dominante benthique au stade adulte » [2], ce qui en fait un animal intéressant pour l'étude de certaines contaminations environnementales. Par exemple une étude faite en aval du site nucléaire de Marcoule a montré que chez le chevesne adulte, la teneur de sa chair en radionucléides est fortement corrélée avec celle du sédiment[2]).

Alimentation

Ce poisson est omnivore. Il est réputé pour manger pratiquement tout : vers, larves, crustacés, mollusques, insectes, mousses de rivières, fruits, pain et petits poissons.

Reproduction

Le frai a lieu d'avril à juin (en fonction de la température de l'eau).

Le mâle a alors à cette époque la tête couverte de petits points blancs.

Intérêt halieutique professionnel et de subsistance

Poisson d'intérêt économique vivrier dans bon nombre de pays européens (Autriche, Pologne, Pays de l'Est, etc.).

Intérêt halieutique de loisir

En captivité (au "Subaqueous Vltava", Prague)

Parce qu'il est omnivore et actif toute l'année, ce poisson peut se pêcher de différentes façons:

  • De manière traditionnelle « au coup »,
  • En été, puisqu'il est souvent proche de la surface, « à la mouche » ou « à la surprise » avec une sauterelle, un petit grillon, une cerise ou une baie de sureau. À cette période (surtout après la période de frai), il est également courant de le prendre en pêchant « à la cuiller » ou « au vif ».
  • À la saison froide, avec du fromage ou alors « au sang ».

La défense du chevesne au bout de la ligne est généralement soutenue mais brève puis il se laisse « amener » facilement. Enfin, même s'il est souvent visible en été, le chevesne est un poisson méfiant, le pêcheur doit souvent ruser pour avoir des chances de le capturer. On peut aussi le prendre au vif ou au leurre.

Intérêt culinaire

Depuis quelques décennies, dans les pays ayant perdu une partie de leur savoir-faire culinaire et tournés vers une alimentation industrialisée, le chevesne possède un intérêt gastronomique limité.
À contrario, d'autres pays le considèrent comme nourriture potentielle où il est largement représenté dans la gastronomie locale.

Pour les gros spécimens, certains l'apprécient farci. Les petits spécimens peuvent être mangés en friture.

Risques sanitaires, écotoxicologie

Dans une eau polluée, le chevesne fait partie des poissons légèrement bio-accumulateurs. En raison de sa propension à bioconcentrer les métaux lourds, certains métalloïdes ou des polluants peu biodégradables tels que les PCB, furanes ou dioxines, il peut dans certains cours d'eau pollués être interdit de pêche, de détention et de toute commercialisation[3].

Voir aussi

Articles connexes

Références taxonomiques

Bibliographie

  • Beaufils, M. (2014). Contribution à l'amélioration des connaissances sur les comportements migratoires de la truite, du barbeau fluviatile et du chevesne dans le cas d'une rivière à régime nivo-glaciaire: l'Arve (Doctoral dissertation).
  • Escroihuela D & Parent J (1998) Évolution du rapport chaine lourde de la myosine sur actine chez la brème et le Chevesne au cours d'un cycle saisonnier et lors d'une vidange. Ichtyophysiologica acta, 21, 27-34.
  • Laroche J, Durand JD, Bouvet Y, Guinand B & Brohon B (1999) Genetic structure and differentiation among populations of two cyprinids, Leuciscus cephalus and Rutilus rutilus, in a large European river Canadian Journal of Fisheries and Aquatic Sciences, 56(9), 1659-1667.
  • Toumanoff C & Durand J.R (1963) Sur une affection bactérienne du chevesne (Leuciscus cephalus var. cabeda (Risso) 1826). In Annales de l'Institut Pasteur (Vol. 105, p. 779-785).

Notes et références

  1. Allouche S (2001) Stratégies d'utilisation de l'habitat par les poissons d'eau courante: rôle du couvert, étude par radiopistage & en rivière expérimentale (thèse de Doctorat en Écologie animale). (résumé)
  2. Beaugelin-Seiller K, Garnier-Laplace J & Gariel J.C (2003) Évaluation du risque écoloique associé à la présence de radionucléides dans l'environnement. Application à l'ichtyofaune rhodanienne en aval de Marcoule ; Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire, DPRE/SERLAB, centre de Cadarache
  3. ARS (Agence régionale de santé Nord- Pas- de- Calais)Arrêté interpréfectoral portant interdiction de consommation, de commercialisation, et de détention de certaines espèces de poissons pêchés dans les cours d'eau des départements du Nord et du Pas-de-Calais. Arrêté n° 2014202-0003 signé par Dominique BUR - Préfet du Nord Denis ROBIN, Préfet du Pas- de- Calais - le 21 juillet 2014]
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