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Cheikou Cissé

Cheikou Cissé (Chorboze, 1890 - Nouméa, 1933) est un tirailleur sénégalais, né au Soudan Français actuel (Mali en 1918) et mort au bagne en Nouvelle-Calédonie, ayant été condamné à une peine de déportation en 1918. Cissé a été le dernier bagnard de Nouvelle-Calédonie, les autres ayant été transférés en Guyane française.

Cheikou Cissé
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité

Biographie

En , Cheikou CissĂ© est recrutĂ© et incorporĂ© au 4e rĂ©giment de tirailleurs sĂ©nĂ©galais[1]. Il participe Ă  la Première Guerre mondiale : après avoir rejoint le front en Europe, il est trois fois blessĂ© au Maroc et aux Dardanelles[1]. En , il est rapatriĂ© au SĂ©nĂ©gal[1]. Les autoritĂ©s le contraignent Ă  y rester, malgrĂ© ses demandes de rejoindre sa famille au Soudan français (actuel Mali). Le , il est arrĂŞtĂ© Ă  Dakar pour « complot contre la sĂ»retĂ© de l'État » et « excitation Ă  la guerre civile »[1]. Il est traduit devant le 1er conseil de guerre permanent du SĂ©nĂ©gal, sĂ©ant Ă  Dakar[2]. Le , celui-ci le condamne Ă  la dĂ©portation « simple »col. 1_3-0">[3] - [4] Ă  perpĂ©tuitĂ©[1] et Ă  la dĂ©gradation militaire[2] pour « avoir participĂ© Ă  un complot ayant pour but d'exciter Ă  la guerre civile »[2] et « s'ĂŞtre rendu complice d'un vol de 19 fusils appartenant Ă  l'État, vol commis Ă  l'aide d'effraction extĂ©rieure »[2]. Il passe quatre ans Ă  la prison de Dakar[1] - col. 1_3-1">[3] puis deux ans Ă  celle de Barberousse Ă  Alger[1] - col. 1_3-2">[3]. Il est ensuite transfĂ©rĂ© « par erreur »[1] - § 33_5-0">[5] Ă  l'Ă®le du Diable en Guyane[1]. Il y reste vingt-deux moiscol. 1_3-3">[3]. Fin , il est transfĂ©rĂ© au bagne de Nouvelle-CalĂ©donie[1]. Cinq recours en grâce sont rejetĂ©s : le premier le , par dĂ©cision du prĂ©sident de la RĂ©publique, Alexandre Millerand[2] ; les quatre autres — les , , et — par dĂ©cisions ministĂ©rielles[2]. Lorsque la loi du dĂ©saffecte dĂ©finitivement la Nouvelle-CalĂ©donie comme lieu de dĂ©portation, il est le seul « dĂ©portĂ© politique » Ă  y ĂŞtre dĂ©tenu§ 33_5-1">[5]. Il est alors transfĂ©rĂ© en Guyane§ 33_5-2">[5]. N'ayant pas bĂ©nĂ©ficiĂ© de l'amnistie de , il ne bĂ©nĂ©ficie pas davantage de celle de col. 1_6-0">[6].

Cheikou Cissé devient alors l'objet d'une campagne visant à sa libération, organisée par la gauche, les associations anticolonialistes, le Secours rouge international[7] et le député André Marty (membre du Comité central du Parti communiste français). Le ministre de la Guerre Paul Painlevé, membre de la Ligue des droits de l'homme, rejette par une lettre du la requête en grâce formulée par André Marty. En , à Moscou, le Secours rouge international (SRI) nomme par acclamation comme présidents d'honneurs Cheikou Cissé, Gorki et Heywood[1].

Le , le SRI expĂ©die, depuis Paris, un colis Ă  l'attention de Cheikou CissĂ©col. 1_8-0">[8]. Le , le colis revient au SRI avec la mention « DĂ©cĂ©dĂ© »col. 1_8-1">[8]. Le journal Le Cri des nègres annonce alors la mort de CissĂ© en titrant : « Cheikou CissĂ© est mort »[1] - [N 1]. Le , L'HumanitĂ© lui consacre un article[9] rappelant son parcours et s'interrogeant sur son dĂ©cès. Par une lettre datĂ©e du , le dĂ©putĂ© Lucien Monjauvis s'enquiert du sort de Cheikou CissĂ© auprès du directeur de l'administration pĂ©nitentiaire Ă  Cayennecol. 3_11-0">[10]. Par une lettre datĂ©e du datĂ©e du , celui-ci lui rĂ©pond que « Cheikou-CissĂ©, autorisĂ© Ă  rĂ©sider Ă  Cayenne par dĂ©cision du gouverneur en date du , s'y trouve encore actuellement. Il jouit d'une bonne santĂ© et se tient bien. »col. 3_11-1">[10]. Il serait mort le , selon les Archives nationales d'outre-mer[4].

Notes et références

Notes

  1. Le Cri des nègres, no 1, -.

Références

  1. Kamian 2001, p. 143.
  2. ANOM, registre des matricules.
  3. col. 1-3" class="mw-reference-text">Marty 1926, p. 2, col. 1.
  4. ANOM, informations.
  5. § 33-5" class="mw-reference-text">Barbançon 2006, § 33.
  6. col. 1-6" class="mw-reference-text">Chauvet 1932, p. 2, col. 1.
  7. http://www.secoursrouge.org/histoire-du-secours-rouge Histoire du Secours rouge international
  8. col. 1-8" class="mw-reference-text">Chauvet 1933a, p. 2, col. 1.
  9. Chauvet 1933.
  10. col. 3-11" class="mw-reference-text">Chauvet 1933b, p. 3, col. 3.

Voir aussi

Bibliographie

  • [Barbançon 2006] Louis-JosĂ© Barbançon, « La loi de dĂ©portation politique du : des dĂ©bats parlementaires aux Marquises », Criminocorpus. Revue hypermĂ©dia : histoire de la justice, des crimes et des peine, dossier « Les bagnes coloniaux »,‎ (lire en ligne).
  • [Kamian 2001] Bakari Kamian, Des tranchĂ©es de Verdun Ă  l'Ă©glise Saint-Bernard : 80 000 combattants maliens au secours de la France, -18 et -45, Paris, Karthala, coll. « Tropiques », , 1re Ă©d., 468-[8], ill., 1 vol., 13,5 Ă— 21,5 cm, br. (ISBN 2-8458-6138-9, EAN 9782845861381, OCLC 468675678, BNF 37650311, SUDOC 059038861, prĂ©sentation en ligne, lire en ligne), Le martyre de Cheikou CissĂ©, p. 143.
  • Articles parus dans L'HumanitĂ© :
    • AndrĂ© Marty, « La JournĂ©e des torturĂ©s », L'HumanitĂ©, vol. 22, no 7862,‎ , p. 4 (lire en ligne).
    • Secours rouge international, « Pierre Kovaes mort au bagne », L'HumanitĂ©, vol. 22, no 9791,‎ , p. 2 (lire en ligne).
    • [Marty 1926] AndrĂ© Marty, « Les crimes de la IIIe RĂ©publique », L'HumanitĂ©, vol. 23, no 9910,‎ , p. 1-2 (lire en ligne).
    • ComitĂ© exĂ©cutif du Secours rouge international, section française, « Le Secours rouge dit : « Luttons contre la rĂ©pression » », L'HumanitĂ©, vol. 23, no 10011,‎ , p. 2 (lire en ligne).
    • Secours rouge international, « Le SRI : un aperçu des tâches Ă  accomplir », L'HumanitĂ©, vol. 23, no 10117,‎ , p. 4 (lire en ligne).
    • « CondamnĂ©s pour dĂ©lit politique aux colonies », L'HumanitĂ©, vol. 23, no 10196,‎ , p. 2 (lire en ligne).
    • « Cheikou CissĂ©, dĂ©portĂ© perpĂ©tuel », L'HumanitĂ©, vol. 24, no 10264,‎ , p. 1 (lire en ligne).
    • Georges Altman, « Après huit ans, le Secours rouge a fait libĂ©rer Sbiber, communiste hongrois », L'HumanitĂ©, vol. 24, no 10442,‎ , p. 2 (lire en ligne).
    • « Ceux qu'il faut libĂ©rer : Cheikhou CissĂ© », L'HumanitĂ©, vol. 25, no 10831,‎ , p. 2 (lire en ligne).
    • Fernand Fontenay, « Derrière le dĂ©cor de Vincennes : le calvaire du Soudanais Cheikou, « soldat du droit » ... et dĂ©portĂ© ! », L'HumanitĂ©, vol. 28, no 11841,‎ , p. 1-2 (lire en ligne).
    • « Amnistie gĂ©nĂ©rale Ă  tous les lutteurs contre la guerre impĂ©rialiste et contre la guerre de rapines coloniales ! : ceux qu'il faut arracher Ă  la rĂ©pression », L'HumanitĂ©, vol. 29, no 12346,‎ , p. 1 (lire en ligne).
    • [Chauvet 1932] Jean Chauvet, « Debout pour ceux qu'on veut exclure de l'amnistie ! : le martyre de Cheikou-CissĂ© », L'HumanitĂ©, vol. 29, no 12374,‎ , p. 1-2 (lire en ligne).
    • « Voici ceux qu'après 8 mois, malgrĂ© les promesses, la majoritĂ© de « gauche » n'a pas amnistiĂ©s », L'HumanitĂ©, vol. 29, no 12425,‎ , p. 1 (lire en ligne).
    • « Discours de Ramette », L'HumanitĂ©, vol. 30, no 12450,‎ , p. 1 (lire en ligne).
    • Jean Barthel, « Contre la rĂ©pression militaire qui sĂ©vit fĂ©rocement : jeunes soldats et marins entre les mains de chaouchs galonnĂ©s », L'HumanitĂ©, vol. 30, no 12631,‎ , p. 4 (lire en ligne).
    • Fernand Fontenay, « Premier aoĂ»t de lutte : la loi d'amnistie de Blum-Daladier », L'HumanitĂ©, vol. 30, no 12641,‎ , p. 1-2 (lire en ligne).
    • [Cahuvet 1933a] Jean Chauvet, « Cheikou-CissĂ© est-il mort ? », L'HumanitĂ©, vol. 30, no 12713,‎ , p. 1-2 (lire en ligne).
    • « OĂą est Cheikou-CissĂ©, monsieur Daladier ? », L'HumanitĂ©, vol. 30, no 12717,‎ , p. 2 (lire en ligne).
    • [Chauvet 1933b] Jean Chauvet, « De Cayenne, on reçoit enfin des nouvelles de Cheikou-CissĂ© », L'HumanitĂ©, vol. 30, no 12798,‎ , p. 3 (lire en ligne).
    • « EmprisonnĂ©s et dĂ©portĂ©s pour leur action antiimpĂ©rialiste », L'HumanitĂ©, vol. 31, no 12994,‎ , p. 6 (lire en ligne).
    • M. Cordier, « Arrachons les emprisonnĂ©s des bastilles capitalistes : libĂ©ration immĂ©diate de Planque et Cheikou-CissĂ© », L'HumanitĂ©, vol. 31, no 12995,‎ , p. 6 (lire en ligne).
    • AndrĂ© Marty, « Amnistie gĂ©nĂ©rale », L'HumanitĂ©, vol. 33, no 13679,‎ , p. 1-2 (lire en ligne).

Articles connexes

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