Chatte (bateau)
Une Chatte (ou moins fréquemment Chat) était un type de voilier connu entre le XVIe siècle et XIXe siècle.
Chatte (bateau) | |
Une "chatte" non-amphidrome sous pavillon d’un pays nordique à la fin du XVIIIe siècle. | |
Fonction | transport, peche |
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Gréement | carrée |
Caractéristiques techniques | |
Longueur | 10–14 m |
Maître-bau | 3,5–4 m |
Tirant d'eau | 1,2 m |
Lest | pierres |
Vitesse | 8 nœuds[1] |
Caractéristiques commerciales | |
Capacité | 2,38 m3 |
On peut différencier deux grands usages du terme « Chatte » dans ce sens: un plus grand, généralement un navire à deux mâts utilisé comme allège pour les cargaisons lourdes, telles que les canons ou les ancres, ou comme caboteur et un plus petit, typiquement un trois-mâts utilisé comme allège ou pour la pêche mais avec la particularité d'être amphidrome, avec un gouvernail pouvant être attaché à une extrémité ou l'autre et un gréement symétrique qui permettait un changement rapide de direction sans avoir à se virer de bord[2].
Étymologie
L'origine du nom est incertaine. Selon Le Petit Larousse, le nom dérive de celui d'une embarcation d'origine néerlandaise, le Kat[3]. D'autres auteurs suggèrent une origine du portugais fundo chato, ('fond plat'). Lacroix a suggéré que le nom pourrait dériver du nom des vaisseaux scandinaves de formes similaires, le chatt, mais Gilles Fortineau note que cela n'a aucune base scientifique[2].
Traces
Il n'existe aucune trace archéologique connu d'un bateau d'origine, ni morceaux d'épave. Les descriptions historiques écrites sont limitées, ainsi que les plans, images ou maquettes[2].
Chatte non-amphidrome
Définitions dans les dictionnaires publiés à partir de 1680 la terme "Chatte" était utilisé pour désigner certains navires de 60 tonneaux ou plus utilisés comme allège pour des objets lourds tels que des canons ou des ancres.
Antoine Furetière, par exemple, en 1690 a décrit
« Chatte, en termes de marine, est une barque d'environs 60 tonneaux ronde de hanches & des espaules, qui est rase et sans aucun accastillage qui n'as que deux masts dont les voiles portent des bonnettes maillées[4] »
Chatte amphidrome
Description
Les définitions du dictionnaire d'une "Chatte" beaucoup plus petite et notamment amphidrome, ont commencé à apparaître à partir de 1825. Vice-amiral Willaumez et puis Jules Lecomte définissent la Chatte comme un type de grappin mais décrivent ensuite la Chatte amphidrome[2] - [5] - [6].
Des descriptions plus complète sont celles de Louis Lacroix. Éditant en 1942 et 1957, bien après la disparition de la dernière Chatte, Lacroix puise dans la mémoire des derniers marins locaux qui s'en sont souvenus[2] - [7].
Ses chattes sorte d'allège qui servait notamment au transport des marchandises dans les ports, mais aussi pour la pêche au chalut, le long de la côte atlantique des baies du Morbihan à la Vendée, et notamment dans la baie de Bourgneuf (ou « baie de Bretagne ») et dans le Marais breton (en Loire-Atlantique et Vendée). Sa particularité est d'être amphidrome — de n'avoir ni d'avant ni d'arrière - ni proue ni poupe — afin de manœuvrer plus facilement dans les étiers étroits[2] - [7] - [8].
Il apparaît au XVIe siècle[1]. Il y a disparu de l'usage à la fin du XIXe siècle avec le déclin du commerce lié à l'envasement de la baie et l'expansion des réseaux ferroviaire et routiers[2] - [7].
Coque
Les coques sont à fond plat avec une longueur d'environ 12 mètres, large de 4 mètres et d'un tirant d'eau de moins d'un mètre à pleine charge y compris 3 tonnes de lest de pierres. Il est pointu à l'avant comme à l'arrière. Le gouvernail d'environ 2 mètres de long peut se monter indifféremment à une extrémité ou une autre. Il restait idéal pour naviguer dans les dédales des étiers, pour charger et décharger rapidement et échapper aux gabelous et un outil très prisé des contrebandiers locaux[1].
Gréement
Le mât central a un gréement à voile carrée d'environ 72 m2. Les deux autres mâts, dites de misaine, un tiers plus petits que le mât central et a 8 pieds (2,44 m) des deux étraves, sont légèrement inclinés vers le centre et gréés avec voiles au tiers[7]. Souvent seuls deux mâts étaient utilisés à la fois, au centre et à l'avant. Lors du changement de direction, la misaine était abaissée, le gouvernail déplacé vers l'extrémité opposée du bateau et l'autre voile d'artimon hissée sur l'autre misaine. Le bateau pouvait ainsi changer de direction sans virer de bord[1] - [7].
Notes et références
- Émile Boutin, La Baie de Bretagne at sa contrebande : sel, vin, tabac, indiennes, Laval, Siloë, (ISBN 2908924250) p. 115–116
- Pauline Dupont, Les caboteurs amphidromes du XVIe au XIXe siècle en contexte atlantique (Mémoire de master 1), Université de Nantes, (lire en ligne)
- « chatte », dictionnaire Larousse (consulté le )
- Antoine Furetière, Dictionnaire universel, contenant généralement tous les mots françois tant vieux que modernes, et les termes de toutes les sciences et des arts, (lire en ligne)
- Jean-Baptiste Philibert Willaumez, Dictionnaire de marine p. 148 (Chatte), Paris, Bachelier, , 590 p. (présentation en ligne)
- Jules Lecomte, Dictionnaire pittoresque de marine, Paris, (OCLC 457820196, lire en ligne) pp. 109–110
- Bernard Imbert, « Les Chattes de la Bernerie », La Garzette, Association Patrimoine Marche de Bretagne Marais Breton (P2MB) des Moutiers en Retz, no 35,‎ (lire en ligne)
- Auguste Jal, Archéologie navale, t. I, Paris, A. Bertrand, (lire en ligne)
- « Vers la construction d'une chatte, bateau de la baie de Bourgneuf », Ouest France,‎ (lire en ligne)
- « Exposition : la Chatte de la Baie de Bourgneuf », Ouest France,‎ (lire en ligne)
- « Le projet », Association pour la reconstruction d’une Chatte, bateau amphidrome de la baie de Bourgneuf (ARCAB) (consulté le )