Charrier (eau minérale)
Charrier est une eau minérale naturelle plate française issue de la source La Bouna Font (« la bonne fontaine ») et nommée Charrier depuis 1933. La source se situe en Montagne bourbonnaise, à Laprugne[1], commune du sud-est du département de l'Allier. Cette eau, faiblement minéralisée, fut exploitée commercialement de 1933 à 1996.
Charrier | |
Étiquette d'une bouteille d'eau minérale Charrier de 50cl | |
Pays d’origine | France |
---|---|
Ville d’origine | Laprugne |
Société | Société des mines de Charrier (1925-1959) Groupe Perrier |
Conditionnement | 20 cl - 50 cl - 1 litre |
Slogan | Bébé aime Charrier |
Date de création | 1925 |
Date de fin | 1996 |
Type | eau plate minérale naturelle |
Couleur | transparente |
Localisation
La source jaillit à 887 m d'altitude[2] en terrain granitique, en bordure du massif forestier de l'Assise[3], dans la Montagne bourbonnaise, à Laprugne, commune à l'extrême sud-est du département de l'Allier et limitrophe de celui de la Loire. La source se situe à environ 600 m au nord-est du hameau de la Burnolle[2], non loin de la route menant à La Loge des Gardes (45° 59′ 51″ N, 3° 46′ 51″ E). Le hameau de Charrier qui a donné son nom à la société minière puis à la source[1] se trouve en contrebas, à environ 1,5 km au sud-ouest à vol d'oiseau et abrite l'ancienne usine d'embouteillage (45° 59′ 11″ N, 3° 45′ 47″ E).
Histoire
La source est connue depuis plusieurs siècles sous le nom de La Bouna Font (« la bonne fontaine »)[4]. En 1925[4], elle est acquise par la Société des mines de Charrier[Note 1] pour abreuver ses ouvriers[1]. Il semble qu'une première étude de l'eau est été faite par la faculté de médecine en 1930 et de premières recommandations thérapeutiques en 1931[3].
Après des analyses légales, l'État accorde en 1933 à la société minière l'autorisation de la commercialiser et elle prit alors le nom de Charrier[5]. Dans les années suivantes, l'eau fait l'objet de plusieurs communications médicales sur son usage[6] - [Note 2]. Sa radioactivité fut également étudiée[Note 3]. L'eau de Charrier est alors recommandée pour son action diurétique mais également pour combattre la colibacillose[3].
En 1958, la société minière signe une convention avec la SNCF pour le « trafic des eaux minérales en bouteilles, demi-bouteilles, quarts de bouteilles, huitièmes de bouteilles expédiées des gares de Cusset, Roanne et Vichy à destination de toutes les gares de la Société nationale des chemins de fer français »[7]. Mais son développement s'accélère vraiment l'année suivante, en 1959, quand elle est rachetée par le groupe Perrier[1] - [4]. Celui-ci va moderniser la production avec l'installation d'une chaine d'embouteillage qui permet de conditionner 16 000 bouteilles à l'heure[4] - [1].
L'eau minérale Charrier va connaitre le succès au tout début des années 1960 grâce à ses campagnes publicitaires. L'une restera célèbre et contribuera au succès de la marque comme eau pour les nouveau-nés avec le slogan « BÉBÉ aime Charrier »[1]. Une première campagne d'affichage un peu énigmatique est lancée avec juste ce slogan et un point d'interrogation, suivie d'une deuxième toujours avec le même slogan mais sans le point d'interrogation mais avec un bébé et la bouteille d'eau Charrier sur l'affiche. La campagne jouait sur la très forte notoriété et les rumeurs sur le couple Brigitte Bardot (BB) et Jacques Charrier qui venait d'avoir un enfant[8] - [Note 4]. L'imitateur Claude Véga, très actif dans les années 1960, s'emparera de cette campagne dans un de ses sketches, prenant la voix de Brigitte Bardot, il demandait si on pouvait lui « charrier douze caisses d'eau minérale »[9]. Le couple fera un procès à la marque[5] - [Note 5] mais sans succès. L'eau de Charrier devient l'eau minérale numéro 1 dans les maternités. et l'entreprise va alors employer jusqu'à 160 personnes[4].
Mais dès le milieu des années 1960, les ventes baissent et l'entreprise licencie une partie de son personnel[4]. En 1968, des machines moins puissantes remplacent les anciennes et l'usine d'embouteillage va tourner au ralenti[4]. En 1981, la production est tombée à quelques milliers de bouteilles et l'usine ne compte plus que 7 salariés[4]. Puis au début des années 1990, elle ne tourne plus que par intermittence avec seulement deux employés permanents et se sont des salariés de l'usine de Saint-Yorre qui montent deux fois par an pour embouteiller l'eau, la Société des eaux minérales du bassin de Vichy ayant repris la source et la marque[4]. En 1996, celle-ci décide d'arrêter la production[4].
Composition
L'eau jaillit à une température moyenne de 8°C[4].
Elle est faiblement minéralisée, sans doute une des moins minéralisées des eaux minérales françaises[10] et légèrement radioactive (elle est présentée comme l'eau minérale la plus radioactive de France)[4] - [Note 6].
- Composition physico-chimique (en mg/l)[10]
Notes
- L'exploitation minière à Laprugne date 1842 avec le plomb argentifère, avant de s'orienter vers l'extraction d'étain et de cuivre. Elle se poursuivit jusqu'en 1953.
- Le professeur Flandrin, chirurgien à l'hôpital Saint-Michel à Paris, recommanda fortement l'usage thérapeutique de l'eau minérale Charrier qui lui aurait soigné une infection colibacillaire aigüe récidivante. Il écrivit ainsi en mars 1935 :« La renommée de la source bienfaisante s'étendit peu à peu et sans publicité sur le flanc ouest des Monts de la Madeleine son point d'émergence dans la région boisée et pittoresque de l'Assise jusque et même au delà des villages avoisinants [...] Après quatre années de collaboration, l'hommage mérité d'un client reconnaissant. »
- Adolphe Lepape (1886-1977), professeur de chimie au Collège de France, vint étudier la source et écrivit « un fait vraiment surprenant est de voir associé à des radioactivité élevées, un débit aussi considérable. Peu de sources hydrothermales doivent présenter ces caractères à un degré aussi exceptionnel. »
Une rumeur locale parle d'une visite de Marie Curie (1867-1934) à la source Charrier pour étudier sa radioactivité mais il n'existe pas de trace ou de documentation de son éventuel passage. - Nicolas-Jacques Charrier est né le , unique enfant de Brigitte Bardot.
- La société de l'eau minérale Charrier était défendue par les avocats Edgar Faure et Pierre July qui argueront que la marque existait depuis 1933 et qu'un de ses principaux marchés, du fait de sa faible minéralité, était les nouveau-nés.
- Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) mène des études sur la présence de tritium dans les eaux minérales de France. En 1995, la source Charrier avec un taux de 9 UT +/-2 (unité tritium) était une des sources les plus radioactives mais pas la plus. Ainsi dans le nord du Massif central, la source Fenestre 2 à La Bourboule avec 17 UT +/-3 ou la source La Chapelle à Royat avec 16 UT +/-3 sont supérieures. Par comparaison, les sources de Vichy, Bellerive-sur-Allier ou Saint-Yorre sont elles toutes inférieures ou égales à 1 UT.
Références
- Jean Gabriel Jonin, Le canton de Mayet-de-Montagne, Saint-Cyr-sur-Loire, éditions Alan Sutton, coll. « Mémoire en images », (ISBN 978-2-8138-0307-8).
- Localisation sur le site du Géoportail
- collectif, Mémoire et échos de la Montagne bourbonnaise, t. III, éditions des Amis de la Montagne bourbonnaise, hiver 2005-2006, « "La bonne fontaine de Charrier" (la bouna font des anciens) par JM Froment », p. 49 et 50.
- Jean-Claude Presles (dépôt légal n°55), Laprugne : mon village natal, éditions des Amis de la Montagne bourbonnaise, , 136 p..
- Le Monde, « B.B. N'AIME PAS LA PUBLICITÉ DE L'EAU DE CHARRIER », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Action de l'eau minérale naturelle vivante Charrier Bonne Fontaine chez les colibacillaires, par les docteurs vichyssois P. Desgeorges et H. Dany, Communication au Congrès national de la colibacillose de Châtel-Guyon (Puy-de-Dôme) des 23 et 24 septembre 1934, publié par le docteur Desgeorges en 1935.
Les docteurs vichyssois Cellerier et Barbat firent aussi une communication sur l'eau de Charrier lors de ce congrès.
L'Eau minérale naturelle vivante Charrier Bonne Fontaine, ses indications thérapeutiques, par P.-R. Flandrin, médecin des hôpitaux de Paris, 1935. - Publication de la convention au Journal officiel de la République française du 5 octobre 1958
- ""Si Bardot avait voulu, sa fortune serait colossale" par Jean-François Arnaud, Challenges, 25 septembre 2014
- Jacques Pessis et Émilie Leduc, Chronique de la chanson française, Éditions Chronique, , 240 p. (EAN 9782205055214)
- Dictionnaire du restaurateur, éditions BPI, , 452 p. (lire en ligne), p. 92
Liens externes
- "Sources minérales, Sources ferrugineuses, Sources thermales et Thermes", blog sur les sources minérales avec des photos de la source et de l'ancienne usine d'embouteillage.