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Charles Ier de Cossé

Charles Ier de Cossé, comte de Brissac (1505- ), est un militaire et aristocrate français du XVIe siècle. Il est élevé à la dignité de maréchal de France en 1550. Pour le distinguer de son frère cadet Artus de Cossé-Brissac, lui aussi maréchal de France, appelé le Maréchal de Cossé, il est surnommé « Maréchal de Brissac ».

Charles Ier de Cossé
Comte de Brissac
Charles Ier de Cossé
Portrait de Charles de Cossé, comte de Brissac, vers 1537 (crayon noir, sanguine), Chantilly, musée Condé.

Surnom Maréchal de Brissac
Naissance
DĂ©cès (Ă  58 ans)
Origine Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Arme Artillerie
Grade Maréchal de France Maréchal de France
Commandement Grand maître de l'artillerie de France
Gouverneur militaire de Paris
Conflits Guerres de religion
Distinctions Ordre de Saint-Michel
Autres fonctions Grand panetier et
Grand Fauconnier de France
Famille Maison de Cossé-Brissac

De sable, à trois fasces d'or dentelées en partie basse.

Emblème

Biographie

Origines et jeunesse

Il est né dans la famille angevine de Cossé-Brissac, fils de René de Cossé, seigneur de Brissac et de Cossé en Anjou, grand fauconnier, et de Charlotte Gouffier de Boisy, sœur du duc de Roannais Artus Ier Gouffier ; il est d'une complexion délicate. Il supplée aux forces qui lui manquent par l'adresse qu'il acquiert dans ses exercices ; il l'emporte souvent sur les plus robustes, par son habileté à manier une lance et une épée.

Enfant d'honneur de François, dauphin, fils aîné de François Ier, ce jeune prince le fait son premier écuyer. Envoyé au siège de Naples, en 1528, il est attaqué par les Espagnols à la descente des galères ; ses troupes reculent jusqu'au bord de la mer : seul, à pied, sans casque, sans cuirasse, sa seule épée à la main, il se défend contre un cavalier armé de toutes pièces et le fait prisonnier. Il commande cent chevau-légers à la prise de Veillane et à celle du château de Suse (Italie) en 1537.

Carrière militaire

Grand fauconnier de France en 1540, il est nommé, en 1542, colonel général des gens de guerre français, à pied, de là les monts. Au siège de Perpignan, sous le dauphin (futur Henri II), tandis que la jeune noblesse de l'armée, livrée au plaisir et au jeu sous les tentes du prince, veille peu aux mouvements des assiégés, ceux-ci font une sortie, comblent les tranchées et se portent sur le parc de l'artillerie ; Brissac, lui douzième, s'avance une pique à la main, reçoit tout le feu des ennemis, et, malgré une blessure à la cuisse, entretient le combat jusqu'à l'arrivée de l'infanterie qui le dégage. Le dauphin lui dit en l'embrassant

« qu'il voudrait être Brissac, s'il n'était pas dauphin. »

Il commande en 1543 toute la cavalerie légère en Piémont, suit la même année le roi en Flandre, bat un corps considérable des impériaux, et leur fait 600 prisonniers. L'alarme se répand dans le reste de l'armée ennemie ; elle abandonne l'attaque de Bohain, le siège de Guise, et se retire en désordre sur le Quesnoy. Brissac attaque son arrière-garde, en défait une partie, et prend François d'Este, frère du duc de Ferrare et général de la cavalerie impériale. L'armée française se retire : Brissac, pour faciliter la marche du roi et assurer sa retraite, se charge de l'arrière-garde, et y court les plus grands dangers. Investi avec douze cavaliers qui raccompagnent le roi, il fait de prodigieux efforts pour se dégager ; quelques Français accourent à son secours : on lui avait arraché ses brassarts, son hausse-col ; ses habits étaient en pièces ; un Allemand fort et vigoureux l'enlève de dessus son cheval ; Brissac se débat encore avec le tronçon de son épée ; enfin les gens d'armes attachés à sa personne l'arrachent aux ennemis. Il saute sur un cheval frais, et regagne le gros de l'armée. Il y arrive couvert de sang et de poussière. L'armée lui devait son salut ; le roi lui présente à boire dans sa coupe, l'embrasse, et le fait chevalier de son ordre. L'empereur apprend alors que Landrecies, dont il voulait faire le siège, était pourvue de munitions et de vivres, et que l'armée française s'était retirée auprès du Cateau-Cambrésis ; il poursuit l'arrière-garde commandée par Brissac qui le repousse.

En 1544, il est envoyĂ© avec sa cavalerie lĂ©gère et 2 000 fantassins Ă  Vitry-en-Perthois ; de lĂ  il harcèle l'armĂ©e impĂ©riale, enlève ses fourrageurs, coupe ses convois : l'empereur dĂ©tache sur lui 4 000 hommes avec un train d'artillerie ; la partie est trop inĂ©gale ; Brissac l'abandonne, et se retire vers Châlons. Dans une vive escarmouche, il est pris deux fois et deux fois dĂ©livrĂ© par ses troupes. La paix se fait en septembre avec l'empereur. En 1545, il dĂ©fait les Anglais sur la terre d'Oye, situĂ©e en Boulonnais ; la paix se conclut avec l'Angleterre en 1546. On Ă´te la charge de Grand maĂ®tre de l'Artillerie Ă  Jean de Taix, qui s'Ă©tait permis quelques discours imprudents, et elle est donnĂ©e en 1547 Ă  Brissac,

« le seigneur de la cour le plus aimable, dit Mézeray, et aussi le plus aimé de Diane de Poitiers. »

Charles Ier de Cossé, comte de Brissac, école de Jean Clouet, vers 1550.

On l'appelait communĂ©ment « le beau Brissac Â». Il eut la mĂŞme annĂ©e la charge de Grand panetier. MarĂ©chal de France en 1550, il se rend en PiĂ©mont, dont le roi lui donne le gouvernement gĂ©nĂ©ral ; cette province devient alors une Ă©cole militaire oĂą la garde rĂ©gulière des places, les frĂ©quents exercices dans les plaines, et de petits combats aguerrissent le soldat et tirent l'officier de l'inaction oĂą il Ă©tait mollement plongĂ©. Ce qui fait le plus d'honneur au marĂ©chal de Brissac, c'est qu'il rĂ©tablit dans son armĂ©e une si exacte discipline que le soldat, mĂŞme en pays de conquĂŞte, n'osait rien prendre que de grĂ© Ă  grĂ©. Il a fait rĂ©gler les rançons de part et d'autre, selon la fonction et la charge de ceux qui Ă©taient faits prisonniers. On ne faisait point la guerre aux villageois ni aux marchands, mais seulement Ă  ceux qui portaient les armes, et le paysan labourait sans crainte entre les deux camps. Pour rĂ©primer la fureur des duels, qui Ă©tait portĂ©e Ă  l'excès, il imagine de les permettre, mais d'une façon si pĂ©rilleuse qu'il en Ă´te bientĂ´t le dĂ©sir ; il ordonne que ceux qui auraient dĂ©sormais querelle la dĂ©cideraient sur un pont entre quatre piques, et que le vaincu serait jetĂ© dans la rivière, sans qu'il soit permis au vainqueur de lui donner la vie.

Brissac, en 1551, se rend maître de Chieri et de plusieurs autres villes en Piémont ; ces succès obligent Gonzague à lever le siège de Parme. En 1553, il prend, par escalade, Verceil, et la livre au pillage. Les meubles précieux, les pierreries et le trésor du duc de Savoie sont enlevés : ce prince les avait fait transporter dans cette place qu'il regardait comme imprenable. Brissac n'a point assez de canon pour forcer la citadelle ; il se retire, toujours suivi par les ennemis, et ne perd rien du butin qu'il emporte. Gonzague, redoutant les entreprises de Brissac, double toutes ses garnisons et affaiblit son armée. C'était ce que désirait le maréchal. Presque toujours sans argent, il n'est point en état de tenir la campagne ; le peu de troupes qui lui restent depuis qu'il avait envoyé des détachements en France, ne sont point payé et ne se soutiennent que par son attachement pour son général.

En 1554, il prend tout le pays des Langhes, et finit la campagne par la conquĂŞte d'IvrĂ©e, qui ouvre un passage aux troupes auxiliaires des Suisses, et facilite les courses dans le Milanais et sur les terres de Pavie. En 1555, par un coup aussi heureux que hardi, il surprend Casal. Toute la noblesse de l'armĂ©e impĂ©riale, qui s'y Ă©tait rendue pour assister Ă  un tournoi, le gouverneur et ses soldats, n'ont que le temps de se jeter dans la citadelle, la plupart sans habits, et presque tous sans armes. Brissac entre dans la ville, interdit le pillage, attaque la citadelle, dĂ©fendue par un bon fossĂ© et quatre bastions, et se dispose Ă  un assaut gĂ©nĂ©ral. Les ennemis capitulent, promettent de se rendre si, dans vingt-quatre heures, ils ne sont point secourus. La capitulation Ă©tait Ă  peine signĂ©e qu'on a avis que le marquis de Pescaire marche avec 3 000 hommes pour se jeter dans la citadelle ; le marĂ©chal tient ses troupes toute la nuit sous les armes, on avance les horloges, et la citadelle se rend ; il y trouve, comme dans la ville, une artillerie nombreuse, tire de la rançon de cette noblesse allemande, rassemblĂ©e pour le tournoi, Ă©cus qui rĂ©jouissent fort le soldat, mal payĂ©, jusque-lĂ , de ce qui lui Ă©tait dĂ». Henri II accorde au marĂ©chal une faveur bien glorieuse ; il lui fait prĂ©sent de l'Ă©pĂ©e qu'il portait Ă  la guerre. Ce prĂ©sent, dont aucun roi n'avait encore honorĂ© un de ses sujets, est accompagnĂ© d'une lettre oĂą sa valeur, sa diligence, son zèle sont peints avec les plus vives couleurs. Ce prince finit par ce trait flatteur :

« L'idée que j'ai de votre mérite a passé jusque chez nos ennemis, et dernièrement l'empereur avouait qu'il se ferait le monarque du monde, s'il avait un Brissac pour seconder ses armes et ses desseins. »

Le roi lui ordonne de lever un impĂ´t sur le clergĂ©, la noblesse et le peuple du PiĂ©mont ; il se comprend le premier dans cette taxe, et donne 10 000 Ă©cus de son bien. Les maladies qui se rĂ©pandent dans son armĂ©e, par la mauvaise nourriture, ne l'empĂŞchent pas de soumettre encore quelques places qu'il fait raser.

Le maréchal reçoit un renfort de la France. Suivi de plusieurs princes et d'un grand nombre de seigneurs volontaires, il marche au secours de Santhia, assiégée par Ferdinand Alvare de Tolède, troisième duc d'Albe, qui avait remplacé Gonzague, le force de se retirer et de laisser dans son camp 400 malades, ses vivres et une bonne partie de son artillerie. L'armée française forme le siège de Volpian ; Brissac est resté malade à Turin ; ses lieutenants ne savent point se faire obéir ; les jeunes volontaires montent témérairement à l'assaut ; le gouverneur déclare qu'il ne capitulerait qu'avec le maréchal ; Brissac se fait porter à l'armée ; la ville se rend ; il en ordonne la démolition.

Charles Ier de Cossé, comte de Brissac, portrait anonyme, XVIe siècle, Musée d'histoire de l'art de Vienne.

À la prise de Vignal, les assiégés se défendaient depuis quelques jours ; un bâtard de la maison de Roissy, âgé de vingt ans, quitte sa troupe, paraît sur la brèche, tire un coup d'arquebuse, met l'épée à la main, insulte l'ennemi ; ses camarades volent à son secours et combattent avec valeur ; le maréchal est forcé de les soutenir : on se bat longtemps, les Français emportent la brèche et la ville, qui est rasée. Le maréchal n'estimait point les conquêtes faites au mépris de la discipline ; il n'aurait point laissé au siège de Volpian l'indocilité des troupes impunie, si les premiers coupables n'eussent été des princes du sang : il met Roissy au conseil de guerre et le fait conduire à Turin. On procède à son jugement ; le maréchal prononce qu'ayant défendu qu'on quittât son rang avant le signal, Roissy avait violé cet ordre, et que sa désobéissance méritait la mort : et le conseil opine comme le maréchal. On lit à Roissy sa sentence, et l'on se dispose à le conduire au supplice ; Brissac ordonne à ses troupes de se retirer :

« Approchez, dit-il à Roissy ; j'ai pitié de votre jeunesse ; j'estimerai un jour votre valeur quand elle sera dirigée par l'obéissance je vous rends aux vœux et aux prières de l'armée. Portez, pour l'amour de moi, cette chaîne d'or que je vous donne, recevez des mains de mon écuyer un cheval et des armes avec lesquelles désormais vous combattrez auprès de moi. »

Il avait puni auparavant, suivant toute la rigueur des lois militaires, un officier, qui, malgré son ordre, avait quitté l'armée sans congé. Le conseil de guerre le déclare

« privé d'armes, d'honneur, de condition, sujet à la taille, et ses enfants roturiers. »

Le roi approuve d'abord cet acte de justice ; mais, sur les instances des dames de la cour, il fait grâce à l'officier, ce qui ne contribue pas peu à nourrir l'esprit d'indiscipline dans les troupes.

Brissac bat partout les ennemis lorsqu'il apprend la défaite des Français à Saint-Quentin, reçoit l'ordre de faire partir cinq mille Suisses, quatre compagnies de gendarmerie, autant de cavalerie légère, et de se tenir en Piémont sur la défensive. Le roi le nomme, en 1560, gouverneur et lieutenant général de Picardie, sur la démission de l'amiral de Coligny. Investi tout à coup par ses propres soldats, qui lui demandent, les armes à la main, de quoi payer leurs dettes, il devient leur victime, s'il n'avait trouvé dans la générosité des Suisses un remède au mal qu'il ne pouvait guérir seul. Il vend ce qui lui reste d'argenterie et de bijoux, en joint le prix à la somme que lui prêtent les Suisses, et distribue le tout aux soldats.

Pendant les troubles suscités par les calvinistes, Charles IX le nomme, en 1562, commandant à Paris, où il réussit à entretenir le calme. Il commande en 1563 en Normandie, d'où il va se mettre à la tête de l'armée devant Orléans, après l'assassinat du duc de Guise. La cour, en paix avec les calvinistes, entreprend de chasser les Anglais de la Normandie ; le maréchal de Brissac commande sous le roi et le connétable au siège du Havre, qui capitule au bout de huit jours : ce fut sa dernière expédition. Il meurt à Paris au mois de décembre suivant, avec la réputation d'un des plus illustres capitaines et des plus grands hommes de son siècle. On trouve l'histoire de ses campagnes en Italie dans les mémoires de du Villars (voir: Mémoires du sieur François de Boivin, baron de villars).

Mariage et descendance

Il Ă©pousa Charlotte Le Sueur d'Esquetot, fille de Jean Le Sueur, seigneur d'Esquetot, Buglise et Ricarville et de Madeleine Le Picart, dame d'Estelan et Mesnil Hatte. De cette union naissent :

Notes et références

    Voir aussi

    Bibliographie

    • Charles Marchand, Charles Ier de CossĂ©, comte de Brissac et marĂ©chal de France, 1507-1563, Paris, Champion, , XV-619 p. (lire en ligne).

    Articles connexes

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