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Charles Chenevier

Charles Chenevier, né le à Montélimar et mort le à Saint-Cloud, est un policier ainsi qu'un résistant français[1]. Il a terminé sa carriÚre en 1960 au poste de sous-directeur des affaires criminelles à la Sûreté nationale.

Charles Chenevier
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Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  81 ans)
Saint-Cloud
Nom de naissance
Charles Jean Chenevier
Nationalité
Activité
signature de Charles Chenevier
Signature

Il est connu pour avoir dirigĂ© plusieurs enquĂȘtes policiĂšres retentissantes, dont celles relatives Ă  la recherche et l'arrestation des malfaiteurs Émile Buisson et Abel Danos. Il est l'auteur de plusieurs livres de souvenirs, dont L'Affaire Dominici et La Grande maison.

Biographie

DĂ©buts dans la police

Fils d'un sous-officier mort en 1917 des suites de blessures infligĂ©es Ă  Verdun, Charles Chenevier entre dans la vie active Ă  17 ans comme courtier en publicitĂ©. En 1922 il devient journaliste Ă  la Revue de France, puis au Quotidien. En 1925 il postule au corps d'inspecteurs affectĂ©s Ă  la surveillance du rĂ©seau ferroviaire. En 1928 il est affectĂ© Ă  la Brigade mobile de la police judiciaire couvrant les dĂ©partements limitrophes de Paris. En 1936 il rĂ©ussit le concours de commissaire. Il intĂšgre les services de police criminelle dirigĂ©s par l'inspecteur gĂ©nĂ©ral Pierre Mondanel[2].

Affaire Prince

En fĂ©vrier 1934, avec son supĂ©rieur le commissaire Pierre Belin, il est missionnĂ© par le ministre de l'IntĂ©rieur Albert Sarraut pour enquĂȘter sur la mort du conseiller Albert Prince, dont le corps a Ă©tĂ© retrouvĂ© le 20 fĂ©vrier sur la voie ferrĂ©e Paris-Dijon. Prince, chef de la section financiĂšre du Parquet de la Seine, devait tĂ©moigner le lendemain auprĂšs du prĂ©sident de la Cour de cassation dans l'affaire Stavisky. Il doit produire les preuves qu'il affirme dĂ©tenir contre l'ex-procureur Pressard, qui aurait permis Ă  Stavisky d'Ă©chapper Ă  la justice. La presse croit Ă  la thĂšse de l'assassinat. À l'issue de leur enquĂȘte, Belin et Chenevier concluent Ă  la thĂšse du suicide dĂ©guisĂ© en meurtre. Ils ont mis en Ă©vidence plusieurs incohĂ©rence dans le comportement du conseiller[3].

Assassinat du roi de Yougoslavie

En octobre de la mĂȘme annĂ©e, il est chargĂ© de l'enquĂȘte sur l'assassinat, Ă  Marseille, du roi Alexandre de Yougoslavie et du ministre des Affaires Ă©trangĂšres Louis Barthou. L'assassin, abattu au cours de l'attentat, porte au bras un tatouage formĂ© des lettres ORIM. Chenevier mĂšne des investigations dans les milieux nationalistes serbes et croates de France et identifie une organisation d'activistes croates Ă  laquelle font partie l'assassin et trois de ses complices : l'Oustacha, dirigĂ©e par Ante Pavelic. Il se rend en Italie, en Serbie et en Hongrie - oĂč se trouve un camp d'entrainement des Oustachis - pour obtenir l'extradition de Pavelic et de son adjoint Kvaternick, sans succĂšs. Les deux hommes sont condamnĂ©s Ă  mort par contumace et trois complices de l'assassin sont condamnĂ©s aux travaux forcĂ©s Ă  perpĂ©tuitĂ©[4].

Arrestation de Gu MĂ©la

En mai 1939, Chenevier et ses inspecteurs arrĂȘtent Ă  Lamorlaye, non loin de Senlis, le cĂ©lĂšbre malfaiteur Auguste MĂ©la, surnommĂ© Gu le Terrible. Ce dernier est l'auteur de plusieurs vols Ă  main armĂ©e qui ont fait plusieurs victimes. En septembre 1938, il a pris part Ă  l'attaque du train de l'or, non loin de Marseille, au cours duquel 180 kg d'or et de bijoux en provenance du Congo belge ont Ă©tĂ© dĂ©robĂ©s[5].

Activités sous l'Occupation

Sous l'occupation, Charles Chenevier anime un rĂ©seau de rĂ©sistance qui coopĂšre avec les services spĂ©ciaux du colonel Paul Paillole et avec l'OSS (Office of Strategic Services). AprĂšs l'attentat de MontĂ©limar qui a coĂ»tĂ© la vie Ă  Marx Dormoy, le , Charles Chenevier est chargĂ© de l'enquĂȘte par Henry Chavin[6], chef des forces de l'ordre de Vichy et Pierre Mondanel, directeur des services de police judiciaire. ÉpaulĂ© par l'inspecteur Kubler, il parvient Ă  interpeller Yves Moynier et Ludovic Guichard le , puis l'actrice Anne Mourraille le 26 aoĂ»t et Roger Mouraille, des anciens de la Cagoule, liĂ©s au mouvement de Jacques Doriot. Il arrĂȘte Ă©galement Antoine Marchi, qui semble ĂȘtre l'Ă©minence grise de l'assassinat de Dormoy, ancien cagoulard lui-mĂȘme et membre du Groupe de Protection de Georges Groussard[7].

ArrĂȘtĂ© par la Gestapo le , sur ordres du Chef du SIPO-SD de Vichy le SS Hugo Geissler, pour ses activitĂ©s anti-allemandes. Chenevier est placĂ© au secret Ă  Fresnes pendant huit mois et torturĂ© Ă  plusieurs reprises. Il est dĂ©portĂ© au camp de Neuengamme le . Il y est libĂ©rĂ© le par les troupes canadiennes.

À son retour en France, il est accusĂ© d'avoir collaborĂ© et est mis Ă  la retraite d'office par l'arrĂȘtĂ© ministĂ©riel du . On lui reproche d'avoir servi dans la police sous Vichy. Se disant victime d'« une cabale partisane » il est lavĂ© des accusations qui pesaient sur lui et est finalement rĂ©intĂ©grĂ© dans la police nationale Ă  la suite de l'arrĂȘtĂ© du [8].

Affaires criminelles des années 1940 et 1950

Il reprend son poste Ă  la SĂ»retĂ© nationale au grade de commissaire principal. Au sein de la SĂ»retĂ© nationale, le commissaire Charles Chenevier a organisĂ© et dirigĂ© un groupe appelĂ© Brigade de rĂ©pression du banditisme. Outre le commissaire Chenevier lui-mĂȘme, le groupe comprenait le commissaire Gillard, l'inspecteur Leclerc, l'inspecteur Hours et l'inspecteur Borniche.

Chenevier suit les grandes affaires comme la traque d'Émile Buisson en tant que directeur d'enquĂȘte, comme l'Ă©crivait Jean-Baptiste Buisson[9]. Mais c'est son adjoint l'inspecteur Roger Borniche qui procĂšde Ă  l'arrestation surprise du malfaiteur alors qu'il dĂ©jeune dans un restaurant. Charles Chenevier ne pouvait se montrer, Ă©tant connu d'Émile Buisson pour l'avoir dĂ©jĂ  interrogĂ©.

Le commissaire Chenevier prend une part active Ă  la traque d'Abel Danos, surnommĂ© le Mammouth[10]. Ce malfaiteur a fait partie de la Gestapo française de la rue Lauriston, puis du Gang des Traction Avant. Il a quittĂ© la France pour l'Italie, oĂč il a participĂ© Ă  plusieurs braquages sanglants. Il est rentrĂ© en France en novembre 1948 Ă  l'issue d'une fusillade avec la police Ă  Menton. Chenevier fait pression sur les anciens amis de Danos, qui coupent les ponts avec lui. Aux abois, il est contraint de cambrioler les chambres de bonne et il finit par ĂȘtre arrĂȘtĂ© et condamnĂ© Ă  mort en 1949 et 1951.

En 1949, Chenevier participe Ă  l'enquĂȘte sur les bijoux de la BĂ©gum, qui a Ă©tĂ© prise en main par Georges Valantin, directeur de la police judiciaire, avec les commissaires Truchi et MattĂ©i. Il fait arrĂȘter un receleur et rĂ©cupĂšre le cĂ©lĂšbre diamant "la Marquise" qui a fait partie des bijoux volĂ©s. En dĂ©cembre 1955, il est chargĂ© par le ministre de l'IntĂ©rieur François Mitterrand d'une contre-enquĂȘte sur le crime de Lurs, avec le commissaire Gillard. Plus de trois ans auparavant, un couple de touristes anglais Jack Drummond et sa femme ainsi que leur fille ont Ă©tĂ© assassinĂ©s. La premiĂšre enquĂȘte a conclu Ă  la culpabilitĂ© de Gaston Dominici, un cultivateur qui rĂ©side Ă  proximitĂ© avec sa famille. Il a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  mort par la cour d'assises des Basses-Alpes en novembre 1954. Il a fait ensuite des rĂ©vĂ©lations qui ont conduit Ă  l'ouverture de cette contre-enquĂȘte. Celle-ci aboutit Ă  un non-lieu l'annĂ©e suivante, faute d'Ă©lĂ©ments prĂ©cis permettant de dĂ©montrer l'existence de complicitĂ©s dont aurait pu bĂ©nĂ©ficier Gaston Dominici. Charles Chenevier Ă©crira plus tard sa conviction que le triple crime a Ă©tĂ© commis par Gaston Dominici, son fils Gustave et le neveu de celui-ci Roger Perrin[11].

Lorsqu'il quitte la police nationale, Charles Chenevier se reconvertit dans le privé, rachetant un cabinet de détectives, Goron SA, créé par un autre policier célÚbre, Marie-François Goron[12]. Il est l'auteur de trois livres de souvenirs.

Il préside de 1966[13] à 1983 la Fédération des amicales des réseaux Renseignement et évasion de la France combattante.

Références

  1. « CHENEVIER Charles Jean », sur www.afmd-allier.com (consulté le ).
  2. NĂ©aumet, p. 35-37/569.
  3. NĂ©aumet, p. 77-84/569.
  4. NĂ©aumet, p. 90-165/569.
  5. Marcel Montarron, « Le train de l'or », Historia spĂ©cial n°376 bis « Escrocs de haut vol et millionnaires du hold-up »,‎ 1er trimestre 1978, p. 78
  6. (en) Gayle K. Brunelle et Annette Finley-Croswhite, Assassination in Vichy, Marx Dormoy and the Struggle for the Soul of France, University of Toronto Press, (ISBN 978-1-4875-8837-3)
  7. Philippe Bourdrel, "Cagoulards dans la guerre" Ă©ditions Albin Michel, 2009
  8. Jean-Marc BerliÚre, Policiers français sous l'occupation, Paris, Tempus Perrin, , 468 p. (ISBN 978-2-262-02978-4, présentation en ligne)
  9. Le Dernier Mandrin de Jean-Baptiste Buisson et Maurice Frot chez Grasset 1977
  10. Marcel Montarron, « Les truands sous l'occupation », Historia hors sĂ©rie n° 31,‎
  11. Charles Chenevier, La Grande Maison, Paris, Presses de la Cité, , 283 p. (ISBN 2-258-00157-9), p. 211-216
  12. « M. Charles Chenevier est mort », Le Monde,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne)
  13. « FĂ©dĂ©ration des Amicales de la France combattante », Paris Presse-L'Intransigeant,‎ , p. 5 (lire en ligne)

Annexes

Écrits

  • Charles Chenevier, De la Combe aux fĂ©es Ă  Lurs : Souvenirs et rĂ©vĂ©lations, Paris, Flammarion, (OCLC 718295004)
  • Charles Chenevier, L'Affaire Dominici, Paris, Productions de Paris-N.O.É, (OCLC 805538)
  • Charles Chenevier, La Grande maison, Paris, Presses de la citĂ©, (OCLC 3538453)

Bibliographie

  • Jean-Émile NĂ©aumet (prĂ©f. Philippe Bourdrel), Les Grandes enquĂȘtes du commissaire Chenevier : de la Cagoule Ă  l'affaire Dominici, Paris, Albin Michel, , 347 p. (ISBN 2-226-07985-8).

Liens externes

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