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Chactas (peuple)

Les Chactas, ou Choctaws, sont une tribu amérindienne originaire du sud des États-Unis (Mississippi, Alabama et Louisiane). Leur nom historique lors de la colonisation française est Chactas, Tchaktas ou Tchactas. L'appellation Chattas est moins usitée. La variante Choctaws vient de l'anglais.

Chactas
(en) Choctaws
Description de cette image, également commentée ci-après
Portraits de membres du peuple chacta
Populations importantes par région
Drapeau des États-Unis États-Unis 195 764 (2010)[1]
Autres
Langues Chacta

Historique

D'après l'historienne Patricia Galloway, les Chactas n'existaient pas en tant que peuple unifié avant le XVIIe siècle. C'est à cette période que différents peuples issus de la civilisation du Mississippi se sont regroupés pour former le peuple Chacta.

Le premier contact direct attesté entre les Chactas et un Européen a eu lieu avec le Français Pierre Le Moyne d'Iberville en 1699. Des contacts s'étaient sans aucun doute produits auparavant, au moins indirectement, entre les Chactas et les colons du Royaume de Grande-Bretagne par l'intermédiaire d'autres tribus dont les Creeks. Le commerce illégal de fourrure a pu favoriser ces contacts officieux.

Le chef chacta Peter Pitchlynn, peint en 1834, par George Catlin.

Pendant la guerre d'indépendance des États-Unis, les Chactas ont hésité entre un soutien à la Grande-Bretagne et à l'Espagne (qui a déclaré la guerre à la Grande-Bretagne en 1779) mais la majorité des Chactas a soutenu la Grande-Bretagne. Durant la guerre de 1812, sous la conduite de leur chef Pushmataha qui fut alors nommé lieutenant-colonel, ils se sont ralliés à la cause des États-Unis contre l'empire britannique.

Quelques éclaireurs chactas ont servi avec le général de l'Armée américaine Anthony Wayne lors de la guerre amérindienne du Nord-Ouest.

Au XIXe siècle, les Chactas étaient considérés comme l'une des « Cinq tribus civilisées », ainsi dénommées car elles avaient intégré un certain nombre de pratiques culturelles et technologiques des Européens.

Durant l'Ă©pisode de la Piste des Larmes, environ 15 000 Chactas firent l'objet d'une politique d'expulsion forcĂ©e entre 1831 et 1833 du Mississippi vers l’Oklahoma, tandis que leurs terres Ă©taient remises Ă  des colons europĂ©ens, en application de l’Indian Removal Act[2]. Environ 2 500 Chactas moururent durant le trajet[3]. Ă€ Memphis, Alexis de Tocqueville fut tĂ©moin de l'exil des Chactas :

« Les Indiens menaient avec eux leurs familles ; ils traînaient à leur suite des blessés, des malades, des enfants qui venaient de naître, et des vieillards qui allaient mourir. Ils n'avaient ni tentes ni chariots, mais seulement quelques provisions et des armes. Je les vis s'embarquer pour traverser le grand fleuve, et ce spectacle solennel ne sortira jamais de ma mémoire. On n'entendait parmi cette foule assemblée ni sanglots ni plaintes ; ils se taisaient. Leurs malheurs étaient anciens et ils les sentaient irrémédiables. »[4]

L'article 14 du Traité de Dancing Rabbit Creek (1830) permit aux Chactas qui le souhaitaient de rester dans l'état du Mississippi.

Pendant la guerre de Sécession, les Chactas ont combattu du côté des États confédérés d'Amérique.

Les Chactas sont célèbres pour la grande générosité qu'ils ont manifestée en fournissant des vivres pendant la famine irlandaise.

Traités

Carte de la Louisiane et du cours du Mississippi, avec les colonies anglaises, réalisée en 1782. On peut y voir le territoire des Chactas (Chattas).

Bien que de nombreux traités aient été signés avec d'autres nations européennes, seulement neuf l'ont été entre les Chactas et les États-Unis entre 1786 et 1830.

Le dernier traité, le plus significatif, est le traité de Dancing Rabbit Creek (1830) qui marque la fin de la souveraineté des Chactas sur leurs terres. L'article 14 a cependant permis à quelques Chactas de demeurer dans l'État du Mississippi :

Article. XIV. Tout chef de famille Chactas qui souhaite rester et devenir un citoyen des États sera autorisĂ© Ă  le faire s'il signifie son intention Ă  l'Agent dans un dĂ©lai de 6 mois Ă  partir de la ratification de ce traitĂ©. Une section de 640 acres de terres lui sera alors rĂ©servĂ©e... cette quantitĂ© sera augmentĂ©e d'une moitiĂ© pour chaque enfant non mariĂ© de plus de 10 ans qui vit avec lui et d'un quart pour chaque enfant de moins de 10 ans. S'ils rĂ©sident sur lesdites terres pendant cinq annĂ©es après la ratification de ce TraitĂ©, et confirment leur souhait de devenir citoyen des États-Unis, alors une concession leur sera octroyĂ©e...

Aide pendant la famine irlandaise

En 1847, au milieu de la pĂ©riode de la famine irlandaise, un groupe de Chactas a rassemblĂ© 170 dollars et les a envoyĂ©s en Irlande pour aider les hommes, les femmes et les enfants irlandais qui mouraient de faim[5].

« Juste 16 ans auparavant, le peuple chacta avait Ă©prouvĂ© « la Piste des larmes » (Ă©pisode d'exode forcĂ©) et avait lui-mĂŞme fait face Ă  la famine. C'Ă©tait un geste extraordinaire. Cette somme pourrait reprĂ©senter aujourd'hui un million de dollars. », selon Judy Allen, rĂ©dactrice au journal de la Nation Chacta d'Oklahoma, Bishinik de Durant. Pour marquer le 150e anniversaire de ce geste de solidaritĂ©, huit Irlandais ont refait le parcours de cet exode forcĂ©[6].

Langage codé

Pendant la Première Guerre mondiale, l'armée américaine utilise des Chactas pour ses communications cryptées, ils sont plus rapides que les machines à coder[7]. La méthode est reprise pendant la Seconde Guerre mondiale, un groupe de Chactas enrôlé dans l'armée utilisait leur langage comme un code. Ils servaient d'éclaireurs pour des Indiens de diverses nations, plus particulièrement des Indiens Navajos, qui étaient opérateurs radio ou chiffreurs de messages codés. Cela a fait gagner de nombreuses batailles. De cette histoire est née le film Windtalkers : Les Messagers du vent avec Nicolas Cage.

Prénoms chactas

Les Chactas ont donné des prénoms qui prennent souvent ancrage dans la nature qui les entoure, dans les forces surnaturelles qu'ils perçoivent, dans les qualités des personnes, ou bien dans d'autres évènements de la vie, souvent liés à la naissance. Tout comme l'ensemble des peuples nord-amérindiens dont l'étymologie des prénoms amérindiens est similaire.

  • Poloma : prĂ©nom fĂ©minin qui signifie « arc ».
  • Coahoma : prĂ©nom fĂ©minin qui signifie « panthère rouge ».
  • Nashoba : prĂ©nom masculin qui signifie « loup ».

Personnes célèbres

Notes et références

  1. (en) « The American Indian and Alaska Native Population: 2010 » [PDF], sur census.gov, US Census Bureau, .
  2. (en) After removal : the Choctaw in Mississippi, Jackson (Mississippi), University Press of Mississippi, , 161 p. (ISBN 0-87805-289-5, lire en ligne), p.5-7
  3. (en) James B. Minahan, Ethnic Groups of the Americas : an encyclopedia, ABC-CLIO, , 411 p. (ISBN 978-1-61069-163-5, lire en ligne), p. 107
  4. Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique I (lire en ligne), deuxième partie, p. 147
  5. « En mémoire de la Grande Famine, les Irlandais au secours des Amérindiens touchés par le Covid-19 », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  6. (en) Mike Ward, Irish Repay Choctaw Famine Gift: March Traces Trail of Tears in Trek for Somalian Relief, American-Stateman Capitol Staff, 1992.
  7. Margot Guillois, « 1914-1918, L'arme insoupçonnée des Américains », Courrier international,‎ (ISSN 1154-516X, lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

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