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Chabuca Granda

MarĂ­a Isabel Granda Larco, plus connue sous le nom de Chabuca Granda, nĂ©e Ă  Cotabambas dans la rĂ©gion d'ApurĂ­mac au PĂ©rou le , et morte le Ă  Miami aux États-Unis, est une chanteuse, guitariste et compositrice pĂ©ruvienne.

Maria Isabel Granda Larco
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Chabuca Granda chantant
Informations générales
Surnom Chabuca Granda
Naissance
Cotabambas, Drapeau du PĂ©rou PĂ©rou
DĂ©cĂšs (Ă  62 ans)
Miami, Drapeau des États-Unis États-Unis
Activité principale chanteuse, compositrice
Activités annexes poÚte
Genre musical musique péruvienne (criolla)

Biographie

Sa jeunesse

María Isabel Granda Larco est née le dans la ville miniÚre de Cotabambas, dans la région d'Apurímac au Pérou[1].

Son pÚre Eduardo Granda y Esquivel, né à Lima, travaillait comme ingénieur à la mine tandis que sa mÚre, Teresa Larco Ferrari, était originaire de Trujillo. Elle se fait baptiser à Lima mais passe les trois premiÚres années de sa vie dans les Andes.

MalgrĂ© son Ă©ducation dans une Ă©cole catholique, puis Ă  l'Institut FĂ©minin d'Études SupĂ©rieures de l'UniversitĂ© Catholique Pontificale du PĂ©rou, et sa participation dans le chƓur (puisqu'elle en devint mĂȘme la chef de chƓur), elle cĂŽtoie aussi la musique populaire. D'abord dans la ville balnĂ©aire de Barranco, oĂč elle vĂ©cut de 1925 Ă  1931, Ă  cause de problĂšmes de santĂ© (elle faisait de l'asthme), ensuite Ă  Lima, quand elle vĂ©cut Ă  la Plaza Dos de Mayo, quartier oĂč les musiques noire et crĂ©ole fleurissaient. Sa famille se lia avec une autre, oĂč travaillait Victoria Angulo, la femme mĂ©tisse qui inspirera La Flor de la Canela, sa plus cĂ©lĂšbre chanson[2].

Elle prit des cours de guitare avec le compositeur Pablo Casas Padilla, mais cela dura peu, Ă  cause de sa grande impatience. Elle faisait beaucoup de sport, particuliĂšrement du tennis.

Sa carriĂšre musicale

Monument en mémoire de Chabuca Granda.

Chabuca Granda commence sa carriĂšre musicale en chantant des bolĂ©ros et rancheras mexicains dans les fĂȘtes, clubs, etc. D'abord dans le duo nommĂ© "Luz y Sombra" (la LumiĂšre et l'Ombre) avec Pilar Mujica Álvarez CalderĂłn, dĂšs 1937, puis en trio avec les sƓurs Gibson : Martha et Charo. Durant ces jeunes annĂ©es, MarĂ­a Isabel travaillait comme secrĂ©taire, « mais sans jamais dĂ©laisser sa passion pour la musique[3] ».

C'est Ă  la suite de ce trio que lui vient l'idĂ©e de composer elle-mĂȘme des chansons, au dĂ©but exclusivement dans le genre des valses criollos (valses crĂ©oles). Sa premiĂšre chanson, Lima de veras[4] ("vraiment Lima", ou "est-ce la vraie Lima?"), est composĂ©e en 1948, alors qu'elle a 28 ans. D'ailleurs, elle gagne avec cette chanson le premier prix d'un concours organisĂ© par la MunicipalitĂ© du RĂ­mac (district de Lima)[3]. Il y eut deux autres compositions, toujours des valses crĂ©oles, en 1950 [ZaguĂĄn ("vestibule") et Callecita escondida (petite rue cachĂ©e)], avant la crĂ©ation de celle qui deviendra presque un nouvel hymne national pĂ©ruvien, aux cĂŽtĂ©s d' « El CĂłndor Pasa » de Daniel AlomĂ­a Robles, Ă  savoir « La Flor de la Canela », sa composition la plus cĂ©lĂšbre dĂ©jĂ  citĂ©e[5].

Celle-ci est une valse pĂ©ruvienne (on dit un vals peruano, au masculin, en AmĂ©rique hispanique), que l'on ne doit pas confondre avec une chanson homonyme : La flor de la canela de Domingo NĂșñez y Mariano Escobedo, un Huayno pĂ©ruvien de 1913. Ce titre, —« la Fleur de la Cannelle » en français—, est en espagnol une expression consacrĂ©e tombĂ©e en dĂ©suĂ©tude, mais parfois encore employĂ©e au PĂ©rou, que l'on utilisait pour dire le caractĂšre exquis ou excellent d'une chose, d'une action ou d'une personne, et que l'on pourrait plutĂŽt traduire comme « le fin du fin » ou « la fine fleur », cĂ©lĂ©brant ce qui est parfait, le meilleur absolu, selon Covarrubias dans son Tesoro de la Lengua Castellana o Española [TrĂ©sor de la langue Castillane ou Espagnole] en 1611[3]. Dans la chanson l'expression dĂ©signe la beautĂ© d'une femme mĂ©tisse de "couleur cannelle" qui lui sert Ă  Ă©voquer « le souvenir de cette Lima bucolique, pleine de verdure et de senteurs, et traversĂ©e par le pas de cette belle femme, la Fleur de la Cannelle qu’elle nous invite Ă  suivre sur le chemin du souvenir[6] » et de la nostalgie pour sa Lima natale aujourd'hui bien transformĂ©e.

MarĂ­a Isabel Ă©tait Ă  l'Ă©poque (Ă  trente ans) dĂ©jĂ  introduite dans le cercle trĂšs fermĂ© des meilleurs chanteurs et musiciens de Lima par son amie MarĂ­a Isabel SĂĄnchez Concha. Celle-ci la mĂšne chez Victoria Angulo, qui habite une petite ferme sur les bords du RĂ­mac, centre de toute l'activitĂ© musicale, d'origine noire, qui se faisait Ă  l'Ă©poque. Victoria Ă©tait la sƓur des FrĂšres Augusto et Elias Ascuez, les principaux chanteurs de Marinera. C'est ainsi qu'elle eut l'idĂ©e de crĂ©er une chanson en hommage Ă  Victoria, pour la remercier de son chaleureux accueil. Elle travaillait alors comme conseillĂšre pour la marque Helena Rubinstein dans la principale pharmacie de Lima, Ă©crivant petit Ă  petit sa chanson dans ses moments de libertĂ©. C'est Ă  l'occasion de l'anniversaire du chanteur JosĂ© Moreno, que Chabuca ouvre les fenĂȘtres et s'exclame, s'adressant aux passants : « DĂ©jame que te cuente, limeño » ce qui veut dire « Laisse-moi te conter, habitant de Lima ». Elle tenait le dĂ©but de sa chanson. Elle chante cette chanson devenue fameuse, « La Flor de la Canela », pour la premiĂšre fois le , jour des 48 ans de Victoria. C'est Ă  cette Ă©poque que MarĂ­a Isabel adopte "Chabuca Granda" comme nom d'artiste[3].

Puis elle continue à composer, influencée par les gens qui croisaient sa route. En 1963, son pÚre meurt et pour l'occasion elle crée la chanson Fina Estampa. Armando Manzanero en parle dans son autobiographie Con la musica adentro.

Son art

Ses compositions furent transformées par les grands guitaristes de l'époque qui, sans en trahir l'essence, améliorÚrent l'harmonie. Il faut dire que son style de chansons est d'inspiration afro-péruvienne, principalement la valse, mais aussi le tondero, la copla ou le lando.

Si l’on veut tenter de caractĂ©riser son art, on peut dire qu’en tant que compositrice elle a innovĂ© « en brisant la structure rythmique conventionnelle du vals peruano ; ses mĂ©lodies, d’ample tessiture, alternaient le nouveau langage qu’elle inventait avec le style traditionnel des valses de salon[3] ». En tant qu’auteure, « son Ă©criture rĂ©vĂšle une Ă©troite relation, une fusion entre les paroles et la mĂ©lodie, qui a Ă©voluĂ© avec le temps vers une tendance poĂ©tique de plus en plus synthĂ©tique[3] », allusive du fait de sa concision, et d’autant plus suggestive que plus elliptique. « Ses textes ont Ă©tĂ© souvent traduits et chantĂ©s par des interprĂštes du monde entier, qui ont vu dans ses compositions une expression fine et sensible de la musique du PĂ©rou[3] » aux racines multiples, ainsi que de son atmosphĂšre d’entre-deux guerres et d’aprĂšs-guerre (europĂ©ens).

Par exemple, sa chanson fĂ©tiche La Flor de la Canela, a Ă©tĂ© interprĂ©tĂ©e par de nombreux chanteurs et groupes parmi lesquels on retiendra : « Flor Silvestre, Irma Dorantes, MarĂ­a Martha Serra Lima, Yma Sumac, MarĂ­a Dolores Pradera, trĂ­o Los Chamas, Lucha Reyes, Eva AyllĂłn, Tania Libertad, Bola de Nieve, Pedro Vargas, Pepe VĂĄzquez, Raphael, Amalia Mendoza, Julio Iglesias, RocĂ­o Jurado, PlĂĄcido Domingo, RaĂșl di Blasio, Gian Marco, Carlos Mancinelli, Lola Flores, Los Calchakis, Altiplano, Alturas, Los Chalchaleros, Los Machucambos, Los Panchos, Savia Andina, Zulma Yugar, Wayanay Inka, Eddy Lima, La Lupe, Óscar ChĂĄvez, Juan Diego Flores, Helenita Vargas ou Caetano Veloso[3] ».

Vie personnelle

Sa vie personnelle est marquĂ©e par son mariage en 1942 avec l'aviateur brĂ©silien Demetrio Fuller da Costa, avec qui elle a trois enfants :  Eduardo Enrique, Teresa MÂȘ Isabel et Carlos Enrique. Mais elle divorce en 1952, ce qui Ă©tait Ă  l’époque encore trĂšs mal vu dans un PĂ©rou trĂšs catholique. Ironie du sort, c’est seulement le divorce une fois consommĂ© que MarĂ­a Isabel a pu commencer Ă  dĂ©ployer son grand talent musical[3].

Elle meurt le Ă  Miami aux États-Unis d'une ischĂ©mie cardiaque.

Elle fut décorée en 1994 à titre posthume de l'ordre du mérite de la femme péruvienne car elle fut un exemple de courage devant les attaques de sa famille qu'elle subit en chantant des chansons populaires.

Notes et références

  1. (es) « Chabuca Granda », sur www.estaciontierra.com (consulté le ).
  2. « La Flor de la Canela (Chabuca Granda) », sur www.lostroveroscriollos.com (consulté le ).
  3. Notre traduction de l'(es) « Chabuca Granda - La flor de la canela », sur MĂșsica Andina (consultĂ© le ).
  4. On pourra lire le texte original de cette chanson ici : (es) « Chabuca Granda, Lima de veras » (consulté le ).
  5. On trouvera les paroles de cette chanson, ainsi que plusieurs interprĂ©tations dont une en vidĂ©o par Chabuca, et une prĂ©sentation en espagnol de la chanson ici : (es) « Chabuca Granda - La flor de la canela », sur MĂșsica Andina (consultĂ© le ). On trouvera une traduction en français du texte et une autre prĂ©sentation (toujours en français) de la chanson avec son enregistrement original ici : « Chabuca Granda – La Flor de la canela », sur Mon PĂ©rou, (consultĂ© le ).
  6. « Chabuca Granda – La Flor de la canela », sur Mon PĂ©rou, (consultĂ© le ).

Liens externes

Ressources

Biographie

Chansons

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