Château de Villeneuve-Loubet
Le château de Villeneuve-Loubet est un château fort construit au XIIIe siècle par Romée de Villeneuve, situé sur la commune française éponyme dans le département des Alpes-Maritimes et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Château de Villeneuve-Loubet | ||||
Période ou style | Médiéval | |||
---|---|---|---|---|
DĂ©but construction | Vers 1234 | |||
Propriétaire initial | Romée de Villeneuve | |||
Propriétaire actuel | Famille Panisse Passis | |||
Protection | Inscrit MH (1986) | |||
Coordonnées | 43° 39′ 35″ nord, 7° 07′ 27″ est | |||
Pays | France | |||
RĂ©gion historique | Provence | |||
RĂ©gion | Provence-Alpes-CĂ´te d'Azur | |||
DĂ©partement | Alpes-Maritimes | |||
Commune | Villeneuve-Loubet | |||
GĂ©olocalisation sur la carte : Alpes-Maritimes
GĂ©olocalisation sur la carte : Provence-Alpes-CĂ´te d'Azur
GĂ©olocalisation sur la carte : France
| ||||
Le château de Villeneuve et son parc font l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le [1]. Le parc, les remparts et la cour intérieure se visitent avec l'Office de Tourisme de Villeneuve-Loubet.
Situation
Le château se situe au sommet de la colline de Villeneuve-Loubet village, au bout de la corniche Notre-Dame, à côté de l'église Saint-Marc. Le château est entouré d'un parc privé.
Histoire
En 1191, la république de Gênes s'est vu accorder la ville et le territoire de Monaco par l'empereur Henri VI. La république a eu alors l'ambition d'étendre ses possessions sur tout le littoral jusqu'au Var. Elle va susciter une rébellion contre les comtes de Provence dans la ville de Nice avec l'appui de quelques aristocrates[2]. Le , le parti d'aristocrates niçois pris le contrôle de Nice et proclama l'indépendance de la ville par rapport au comte de Provence. En 1220, le comte de Provence Raimond Bérenger IV ou V s'est marié avec Béatrix, fille du comte Thomas Ier. La ville de Nice a conclu une alliance avec les villes de Grasse et de Draguignan et a signé une convention avec la république de Pise en . C'est à ce moment-là que l'armée du comte de Provence commandée par Romée de Villeneuve s'est présentée le long du Var. Le parti opposé à l'indépendance de Nice a négocié avec Romée de Villeneuve une capitulation de la ville avec confirmation des conditions du traité passé en 1176 avec Alphonse Ier de Provence, roi d'Aragon, comte de Provence et comte de Barcelone. Cet accord est conclu dans un acte passé le devant le notaire Guillaume Tery de Nice.
En 1230, le comte de Provence Raimond Bérenger V s'est rendu maître du territoire de Vence avec l'aide de Romée de Villeneuve, viguier et baile de Provence[3].
Entre 1231 et 1234, Romée de Villeneuve décide d'édifier en haut de la colline du Gaudelet son château et de créer par la même occasion le village de Villeneuve sur les terres qui lui ont été données par Raimond Bérenger V après la reprise de Nice. Le château a probablement été construit au-dessus d'un ancien castrum datant du XIe siècle.
Ă€ la mort de Raimond BĂ©ranger V, il est le tuteur de BĂ©atrice de Provence jusqu'Ă son mariage avec Charles Ier d'Anjou.
En 1251, le château est vendu pour combler les dettes de Romée de Villeneuve et devient un fief comtal. La Maison de Villeneuve est restée seigneur de Vence.
Yolande d'Aragon donne le château en 1422 à Antoine de Villeneuve, seigneur de Flayosc[4].
Le château est acquis en 1437 par Pierre Lascaris, fils d'Antoine Lascaris, de la Maison de Vintimille, comte de Tende, qui était marié à Catherine Grimaldi, fille de Georges Grimaldi, co-seigneur d'Antibes et de Cagnes[5] - [6]. À sa mort, la seigneurie passe à ses fils, sous la tutelle de leur oncle Honoré Lascaris, comte de Tende, conseiller et chambellan du roi René qui se comporte comme le seigneur du lieu.
En 1460, Honoré Lascaris installe à Villeneuve des habitants de Tende pour repeupler le village. Il donne la seigneurie de Villeneuve à son fils, Jean Antoine, qui devient comte de Tende à la mort de son père, le .
Anne Lascaris, fille unique de Jean Antoine et d'Isabelle d'Anglure, naît en . Elle se marie en secondes noces avec René, grand bâtard de Savoie le .
La nouvelle église paroissiale de Villeneuve, Notre-Dame du Gaudelet, est achevée par les seigneurs de Villeneuve avant 1500.
René de Savoie devient seigneur de Villeneuve à la mort de Jean Antoine Lascaris, le .
Du château originel il ne subsiste que le donjon pentagonal. Les autres bâtiments ont été réaménagés au XVIe siècle dans le style Renaissance. La transformation du château médiéval est terminée en 1533.
Une deuxième enceinte a été construite entre 1516 et 1530. Elle porte en plusieurs endroits les armes de René de Savoie, seigneur de Villeneuve par son mariage avec Anne Lascaris.
Charles Quint réside pendant une semaine au château pendant l'invasion de Provence, en 1536.
En 1538, François Ier y séjourne à l'occasion de la signature de la trêve de Nice avec Charles Quint.
À la suite d'un procès engagé par Honorat II de Savoie, marquis de Villars, contre Renée de Savoie concernant la propriété des fiefs, le parlement d'Aix jugea qu'Honorat II était l'ultime possesseur des seigneuries de Villeneuve, Cagnes, La Garde, Loubet, Antibes et les baronnies de Cipières et de Caussols. La contestation a continué concernant la vente du comté de Tende et les terres et seigneuries de Maro et Prela. Cette dernière contestation s'achève après la mort d'Honorat II et l'acceptation, en 1579, par Henriette de Savoie-Villars, fille d'Honorat II, de céder au duc de Savoie le comté de Tende avec la seigneurie de Maro et Prelà et les comptabilités dans le comté de Vintimille et Oneille en échange du marquisat de Miribel, comprenant Monthelier, Sathonay en Bresse et de Loyettes, et leurs dépendances[7].
Le château a appartenu à Charles de Mayenne après son mariage, en 1576, avec Henriette de Savoie-Villars, fille d'Honorat II de Savoie. Dans son testament, Honorat II fait d'Henri de Mayenne l'héritier de ses biens après le décès de sa mère
Le château est acheté en 1644 par Léon Bouthillier, sire de Chavigny. Puis il est acquis en 1678 par Auguste de Thomas, baron de La Garde et Sainte-Marguerite, président à mortier du parlement de Provence en 1662 où il succède à Louis de Cormis[8].
En 1742, la seigneurie et son château entrent par succession de Henri de Thomas, baron de La Garde, marquis de Villeneuve, fils d'Auguste de Thomas[9] - [10], dans la famille Mark-Tripoli de Panisse-Passis[11]. Le fief devient un marquisat.
Le château a été confisqué à la Révolution, et a failli être démoli, mais a été sauvé grâce à sa transformation en hôpital pour les blessés de l'armée d'Italie. Après la tourmente révolutionnaire, en 1802, le château est de nouveau propriété d'Henri de Panisse-Passis (1736-1802) qui a dû le remettre en état.
Son fils cadet, Pierre-Léandre de Panisse-Passis (1770-1842), pair de France, y fait des travaux d'amélioration.
Il a été fortement ébranlé par un séisme de 1887[12]. Henri-Henri de Panisse-Passis (1837-1911) entreprend alors une restauration générale.
Le château porte des traces des bombardements de 1944.
Description
Le château est composé de quatre bâtiments disposés autour d'une cour trapézoïdale. Son donjon, haut de 37 mètres et légèrement penché, est de forme pentagonale.
L'enceinte extérieure comporte cinq tours rondes.
Notes et références
- « Château de Villeneuve et son parc », notice no PA00080925, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Louis Durante, Histoire de Nice: depuis sa fondation jusqu'à l'année 1792 : avec un aperçu des évènements qui ont eu lieu pendant la révolution française à tout 1815 inclusivement, tome premier,p. 192-197, Turin, 1823 Lire en ligne
- Jean-Joseph Expilly, Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France, tome 5, p. 991, Amsterdam, 1768 Lire en ligne
- Eugène Tisserand, Histoire de Vence, cité, évêché, baronnie, de son canton et de l'ancienne viguerie de Saint-Paul du Var, p. 73, Librairie Eugène Belin, Paris, 1860 Lire en ligne
- Note : Georges Grimaldi est le fils de Marc Grimaldi qui avait obtenu avec son frère Luc la seigneurie d'Antibes, entre 1384 et 1386. Georges n'a eu que des filles. Luc Grimaldi est l'origine des Grimaldi d'Antibes.
- Claude-Pierre Goujet,Le Mercier, Nouveau supplément au Grand dictionnaire historique, généalogique, géographique de M. Louis Moreri, p. 876, Paris, 1749 Lire en ligne
- Thierry Cousin, L’autre comté de Nice. Tende d’après l’inventaire du fonds paesi de l’archivio di corte de Turin (XIIe-XVIIIe siècles), p. 13-15 Lire en ligne
- Charles de Grimaldi marquis de Régusse, Mémoires de Charles de Grimaldi: marquis de Régusse, président au parlement d'Aix, p. 148 (note 441), Presses universitaires de Bordeaux, Pessac, 2008 (ISBN 978-2-86781-509-6) Lire en ligne
- Nota : Henri de Thomas avait fait construire Ă Aix-en-Provence l'hĂ´tel de Panisse-Passis, 16 rue Emeric-David.
- Artefeuil,Histoire héroïque et universelle de la noblesse de Provence, tome premier, p. 441, Avignon, 1776 Lire en ligne
- Généalogies historiées et blasonnées : Famille Mark-Tripoli de Panisse-Passis
- Effet du séisme de 1887 sur azurseisme.com
Voir aussi
Bibliographie
- Charles-Laurent Salch, Dictionnaire des châteaux et des fortifications du moyen âge en France, Strasbourg, Editions Publitotal, 4ème trimestre 1979, 1287 p. (ISBN 978-2-86535-070-4 et 2-86535-070-3)Villeneuve-Loubet, p. 1235
- Edmond Rossi, Histoires et légendes des balcons d'azur, p. 142-143, éditions Campanile, 2011 (ISBN 978-2-912366832) ; p. 157
- Meurtrières à redans
- Librairie Hachette et société d'études et de publications économiques, Merveilles des châteaux de Provence, Paris, Collection Réalités Hachette, , 324 p.Préface du Duc de Castries vice-président de l'Association des Vieilles maisons françaises : Basse Provence : Villeneuve-Loubet, À l'abri de son donjon, François 1er négocia la trêve de Nice..., pages 58 à 61
- collectif (dir.), Le patrimoine des communes des Alpes-Maritimes en deux volumes, vol. I : Cantons d'Antibes à Levens, Paris, Flohic Éditions, coll. « Le Patrimoine des Communes de France », , 1077 p. (ISBN 2-84234-071-X)Canton de Cagnes-sur-Mer - Saint-Laurent-du-Var : Villeneuve-Louvet, pp. 212 à 219 : Le château : page 213