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Château de Cormatin

Le château de Cormatin est situé sur la commune de Cormatin en Saône-et-Loire, dans une île de la rivière Grosne. Construit au début du XVIIe siècle, il conserve des détails d'origine rares comme son escalier et la décoration de certaines pièces. Le château est classé monument historique en 1862 et 1903 et diverses parties du parc sont inscrites en 2019[1].

Château de Cormatin
Image illustrative de l’article Château de Cormatin
PĂ©riode ou style Renaissance
Architecte Guillaume Tabourot
Jacques Gentillâtre
DĂ©but construction 1606 ou 1607
Propriétaire initial Antoine du Blé d'Uxelles
Destination initiale Demeure de plaisance
Destination actuelle Habitation privée
Protection Logo monument historique ClassĂ© MH (1862, 1903)
Logo monument historique Inscrit MH (2019)
CoordonnĂ©es 46° 32′ 35″ nord, 4° 41′ 03″ est
Pays Drapeau de la France France
Région Bourgogne-Franche-Comté
DĂ©partement SaĂ´ne-et-Loire
Commune Cormatin
GĂ©olocalisation sur la carte : SaĂ´ne-et-Loire
(Voir situation sur carte : SaĂ´ne-et-Loire)
Château de Cormatin
GĂ©olocalisation sur la carte : Bourgogne
(Voir situation sur carte : Bourgogne)
Château de Cormatin
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Château de Cormatin
Site web http://www.chateaudecormatin.com

Description

Seuls subsistent, encadrant une cour d'honneur, le corps de logis principal et une aile disposée en retour d'équerre. Sur ses trois angles extérieurs, l'ensemble est flanqué de pavillons demi-hors œuvre eux-mêmes flanqués sur leurs angles intérieurs de tourelles en surplomb sans valeur défensive. Le corps de logis principal ouvre sur la cour d'honneur par une porte inscrite dans une travée dorique couronnée d'un édicule que surmonte un fronton encadrant un buste décapité. On y accède par un perron de cinq marches. Ce corps de logis comprend au centre de sa façade occidentale un avant-corps d'une travée. L'aile en retour d'équerre ouvre sur la cour par une porte inscrite entre deux pilastres ioniques.

Au milieu de l'aile nord, l'escalier à cage vide est le plus ancien de ce type conservé en France[2]. Au rez-de-chaussée, les pièces (appartements de la Marquise d'Uxelles notamment) ont conservé leurs cheminées de bois sculpté, leurs lambris encadrant des panneaux de cuir de Cordoue, leurs plafonds à la française délicatement peints, leur mobilier, leurs tableaux attribués à Claude Gellée, Lesueur, Mignard, Nattier, Rigaud, Van de Velde et Velasquez. L'un des plus anciens plafonds est celui, « à ciel », du cabinet des curiosités ; le lapis-lazuli et les dorures du cabinet Sainte-Cécile facilitent le reflet des bougies et donc la lecture.

Le domaine comporte un parc de douze hectares avec parterres fleuris, grand labyrinthe de buis s'organisant autour d'un pavillon central depuis 1991, époque de le recréation des jardins du château (1990-1993). La coupole en fer forgé coiffant le pavillon est l'œuvre des artistes Michel et J.-Y. Bouillot (1990) ; elle est constituée de deux cœurs entrelacés et rappelle l'union des âmes dans l'amour de Dieu[3] et potager à l'ancienne. Un jardin ordonné a existé dès 1620, soit à l'époque de la construction du château actuel. Simplifié au début du XVIIIe siècle, paysagé vers 1785 avec plantation d'arbres rapportés d'Amérique par Pierre Desoteux après la guerre d'Indépendance (tulipiers, cyprès chauves, etc.). Le jardin est détruit vers 1815 pour trouver la terre nécessaire au comblement des douves. Il a été recréé à partir de 1990 après remise en place des terrains.

Le château, a été classé Monument historique par liste en 1862 puis par arrêté le . Une partie des jardins, les douves, le terre-plein, le canal et le miroir d'eau, ainsi que le mur de clôture ont été inscrits monument historique le , inscription remplacée le en incluant les communs, la maison du gardien et les jardins du château. C'est une propriété privée qui est ouverte au public. Il est accessible par la ligne no 7 du réseau Buscéphale (les autocars départementaux de Saône-et-Loire)

Historique

  • XIIIe siècle : la famille du BlĂ© est propriĂ©taire du fief.
  • 1605 : Antoine du BlĂ© d'Uxelles, petit noble de la rĂ©gion, devient un chef militaire durant les guerres de religion pendant lesquelles il s'enrichit[4]. Henri IV le nomme gouverneur militaire de Chalon[4].
  • 1606-1612 : Antoine du BlĂ©[5] entreprend la construction de l'actuel château dans le style Renaissance mais en lui donnant un aspect d'architecture militaire (soubassement Ă  bossage, tourelles d'angles, canonnières), inspirĂ© de la citadelle de Chalon[4], affirmant ainsi sa nouvelle position sociale en Bourgogne[4]. Les plus anciens marchĂ©s connus remontent Ă  1608 pour la charpenterie et la couverture de deux pavillons et du grand corps de logis « faiz de trois Ă©tages et planchers » « bastis Ă  neuf au chastel dudit Cormatin ». Ce corps de logis correspond Ă  l'aile sud du château. Le changement de parti pour la rĂ©alisation des pavillons de cette aile a dĂ» ĂŞtre adoptĂ© en 1609 ou 1610, avant le deuxième marchĂ© de couverture du 30 mai 1611. Cette aile devait ĂŞtre terminĂ©e en 1612.
  • 1613-1618 : Un dessin de pont-levis de Jacques Gentillâtre de 1614 montre que la cour est clĂ´turĂ©e Ă  l'est Ă  cette date. Un deuxième dessin de projet de porte de Jacques Gentillâtre porte la mention copiĂ© d'après « M. Tabourot », architecte amateur de Dijon, prĂ©nommĂ© Guillaume (1573-1644), fils d'Étienne Tabourot. Jacques Gentillâtre intervient comme architecte sur le chantier du château de Cormatin Ă  partir de 1614. Il a quittĂ© le chantier en 1622.
  • 1621-1622 : RĂ©alisation de l'aile ouest et du pavillon antĂ©rieur nord
  • 1622-1626 : Fin de la construction du logis nord
  • 1627 : Jacques du BlĂ©, fils du prĂ©cĂ©dent, Ă©poux de Claudine Phelypeaux, proche de la reine Marie de MĂ©dicis[4], rĂ©alise la dĂ©coration intĂ©rieure dans le goĂ»t de l'Ă©poque[4], faisant venir de Paris plus de soixante tableaux.
  • Nuit du 5 au : sĂ©jour au château du roi Louis XIII et du cardinal de Richelieu[6].
  • 1730 : au dĂ©cès du marĂ©chal d'Uxelles, dernier reprĂ©sentant de cette famille, citĂ© par Saint-Simon dans ses MĂ©moires, le domaine passe entre les mains d'Henri-Camille de Beringhen, gouverneur de Chalon.
  • 1766 : celui-ci revend le domaine Ă  Jean-Gabriel Verne dont la fille, d'abord mariĂ©e Ă  Antoine Viard de Sercy, Ă©pouse Pierre Marie FĂ©licitĂ© Dezoteux le 24 avril 1784, qui s'est titrĂ© baron de Cormatin, a participĂ© Ă  la guerre d'IndĂ©pendance amĂ©ricaine puis qui fut mĂŞlĂ©, sous le nom de baron de Cormatin, Ă  la rĂ©volte des Chouans, il est emprisonnĂ© Ă  Cherbourg et revient Ă  Cormatin en 1802 (il est mort en 1812 en Ă©tat de dĂ©mence). Sa fille, Nina Dezoteux est nĂ©e au château en 1786 et s'est mariĂ©e en 1807 avec le comte Antoine de Pierreclau. La situation financière des châtelains va entraĂ®ner des conflits entre les Ă©poux Dezoteux entre 1808 et 1809. Pierre FĂ©licitĂ© Dezoteux quitte le château de Cormatin en 1810 pour s'tablir Ă  Lyon.
  • 1809 : ayant divorcĂ© deux fois pour sauver son bien, Geneviève-Sophie Verne finit par vendre ses terres au gĂ©nĂ©ral Étienne Maynaud Bizefranc de Lavaux[7].
  • 1810 : celui-ci cède le château Ă  Joseph-Laurent Salavin, industriel lyonnais qui confie Ă  un certain Girardet, ex-prĂŞtre, la transformation en manufacture d'indienne de l'aile mĂ©ridionale du château ; le bâtiment, Ă©branlĂ© par la destruction de murs porteurs, devra toutefois ĂŞtre dĂ©truit, opĂ©ration dans laquelle l'industriel devait trouver la mort ; le château n'ayant pas Ă©tĂ© payĂ©, il retourne Ă  Étienne Maynaud Bizefranc de Lavaux.
  • Dans les annĂ©es 1810, le poète Lamartine, alors âgĂ© d'une vingtaine d'annĂ©es frĂ©quente Nina de Pierreclau[8], la fille de la propriĂ©taire dont il aura un fils, LĂ©on de Pierreclau, qui est nĂ© au château le [4].
  • 1828 : la fille du gĂ©nĂ©ral, mariĂ©e Ă  Charles Brosse, en hĂ©rite.
  • 1843 : la fille naturelle du prĂ©cĂ©dent, Marguerite Verne, Ă©pouse Pierre-Henri de Lacretelle ; les Lacretelle continuent de recevoir rĂ©gulièrement Lamartine. Celui-ci fera son dernier discours politique sur les marches du château juste avant l'avènement du Second Empire[4].
  • 1888 : naissance au château, le 14 juillet, de l'Ă©crivain Jacques de Lacretelle (dans sa sĂ©rie romanesque Les Hauts Ponts, il s'inspirera de Cormatin et Ă©voquera le drame qu'a Ă©tĂ© la perte du domaine par sa famille, vendu Ă  Raoul Gunsbourg).
  • 1898 : Raoul Gunsbourg fait l'acquisition du château[4], dont il amĂ©nagera certaines pièces dans le style Belle Époque. D'origine roumaine, après avoir dirigĂ© des théâtres Ă  Moscou, Raoul Gunsbourg fut le directeur pendant plus de 50 ans de l'opĂ©ra de Monte-Carlo. Il recevra Ă  Cormatin de nombreux chanteurs d'opĂ©ra qui venaient y rĂ©pĂ©ter[4]. Gunsbourg deviendra le maire du village et donnera chaque annĂ©e un opĂ©ra dans les jardins du château, chantĂ© par de grands tĂ©nors de l'Ă©poque, dont Caruso[4].
  • : Raoul Gunsbourg vend le château Ă  James Plain, industriel (rĂ©cupĂ©rateur d'huiles usagĂ©es Ă  Chalon-sur-SaĂ´ne)[9].
  • 1973 : James Plain revend la propriĂ©tĂ©, avec son mobilier, Ă  M. Loret de Sainte-Croix.
  • 1980 : après son acquisition par des agents immobiliers, le château en partie en ruines, cernĂ©e par la vĂ©gĂ©tation et des prairies marĂ©cageuses[4], est rachetĂ© par Marc Simonet-Lenglart (Ă  l'Ă©poque chargĂ© de mission auprès de Jack Lang, au ministère de la Culture), Pierre Almendros et Anne-Marie Joly qui vont le rĂ©nover et qui en sont aujourd'hui toujours les propriĂ©taires.
  • Ă€ partir de 1981, le prĂ©sident François Mitterrand, amateur de Lamartine, y fera des passages rĂ©guliers[4].
  • : bâtiment inscrit sur la liste des monuments historiques.

Galerie

  • AllĂ©e menant Ă  la basse cour.
    Allée menant à la basse cour.
  • La passerelle.
    La passerelle.
  • Cour d'honneur.
    Cour d'honneur.
  • Le potager.
    Le potager.
  • Vue du château depuis le « Tapis vert ».
    Vue du château depuis le « Tapis vert ».
  • Vue arrière du château.
    Vue arrière du château.
  • Sculptures sur buis dans les jardins Ă  la française.
    Sculptures sur buis dans les jardins à la française.
  • Petit bassin dans les jardins Ă  la française.
    Petit bassin dans les jardins à la française.
  • Vue sur le labyrinthe en buis.
    Vue sur le labyrinthe en buis.
  • L'escalier central.
    L'escalier central.
  • Le cabinet Sainte-CĂ©cile.
    Le cabinet Sainte-CĂ©cile.
  • Cuisinière avec ses quatre potagers.
    Cuisinière avec ses quatre potagers.

Lieu de tournage

Une équipe de l'émission Secrets d'Histoire a tourné plusieurs séquences au château dans le cadre d'un numéro consacré à Marie de Médicis, intitulé Marie de Médicis ou l'obsession du pouvoir, diffusé le sur France 2[10].

Notes

  1. Notice no PA00113246, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. « L’architecture | Château de Cormatin », sur chateaudecormatin.com (consulté le )
  3. Michel Pauty, À la recherche des labyrinthes de Bourgogne, revue « Pays de Bourgogne » n° 230 d'octobre 2011, pp. 3-10.
  4. Cormatin, dans la série documentaire Histoire de chateau, réalisé par Michael Kazan, coproduit par Luka Prod et Electron libre Prod, 2004.
  5. Henri-Stéphane Gulczynski 1996, p. 25
  6. Ludovic de Contenson, « Passage de Louis XIII au château de Cormatin (5 février 1629) », Annales de l'Académie de Mâcon, 3e série, t. XXVI,‎ 1928-1929, p. 37-53 (lire en ligne).
  7. « Belle et superbe terre à vendre » précise l'affiche éditée en 1808 pour faire connaître cette vente, document qui précise : « L'enclos, au centre duquel se trouve le château, contient 9 hectares 61 ares (28 journaux) de terre ; les bosquets et les jardins sont superbes ; ils sont environnés d'une belle rivière très-poissonneuse, sur le bord de laquelle est une terrasse plantée en tilleuls, plus longue que celle des Feuillans à Paris. »
  8. Robert Favre, « Souvenirs sur une amie de Lamartine: Nina de Pierreclau », Annales de l'Académie de Mâcon, 3e série, t. XLVI,‎ 1962-1963, p. 111-117 (lire en ligne)
  9. « Un bureau dit "de Lamartine" au Museon Frederi Mistral », article de Robert Testot-Ferry paru dans la revue « Images de Saône-et-Loire » n° 117 d'avril 1999, pages 2 et 3.
  10. « Un numéro inédit de Secrets d'Histoire consacré à Marie de Médicis ce soir. », sur Blogtvnews.com (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Henri-StĂ©phane Gulczynski, « La construction du château de Cormatin. Nouvelles approches sur l'historique des travaux, Ă  propos de documents inĂ©dits relatifs Ă  Guillaume Tabourot », Bulletin monumental, SociĂ©tĂ© française d'archĂ©ologie, no 1,‎ , p. 25-38 (lire en ligne)
  • FrĂ©dĂ©ric Brochot, Histoire de la famille du BlĂ© d'Uxelles et de son château de Cormatin au XVIIe siècle, Mâcon, Groupe 71 & Images de SaĂ´ne-et-Loire, 1989.
  • Tarek Berrada, « Le château de Cormatin. Nouvelles recherches  », Bulletin Monumental, t. 163, no 2,‎ , p. 115-135 (lire en ligne).
  • R. Violot, « Date de construction du château de Cormatin », MĂ©moire de la SociĂ©tĂ© d'histoire et d'archĂ©ologie de Chalon-sur-SaĂ´ne, t. 29,‎ , p. 191-194 (lire en ligne).
  • M. Clergeat, Le château de Cormatin en SaĂ´ne-et-Loire.
  • Alphonse Fargeton, « Lamartine Ă  Cormatin », Annales de l'AcadĂ©mie de Mâcon, Mâcon, 3e sĂ©rie, t. 46,‎ 1962-1963, p. 23-27 (lire en ligne).
  • FrĂ©dĂ©ric Brochot, La construction du château de Cormatin, revue « Images de SaĂ´ne-et-Loire » n° 77 (printemps 1989), pp. 3-7.
  • AndrĂ© Jeannet, Contribution Ă  l'Ă©tude du château de Cormatin, revue « Images de SaĂ´ne-et-Loire » n° 97 (), pp. 2-7.

Articles connexes

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