Château d'Allinges-Vieux
Le château d'Allinges-Vieux est un ancien château fort, du Xe siècle, centre d'une sénéchaussée du Faucigny, dont les ruines se dressent, dans le Chablais, sur la commune d'Allinges dans le département de la Haute-Savoie, en région Auvergne-Rhône-Alpes.
Château d'Allinges-Vieux | |||
Une vue des ruines d'Allinges-Vieux. | |||
Période ou style | Médiéval | ||
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Type | Château fort | ||
Début construction | Xe siècle | ||
Propriétaire initial | Famille d'Allinges | ||
Destination initiale | RĂ©sidence seigneuriale | ||
Propriétaire actuel | Propriété de la commune | ||
Destination actuelle | Ruiné | ||
Protection | Classé MH (2011)[1] | ||
Coordonnées | 46° 19′ 57″ nord, 6° 28′ 01″ est[2] | ||
Pays | France | ||
Anciennes provinces du Duché de Savoie | Chablais | ||
RĂ©gion | Auvergne-RhĂ´ne-Alpes | ||
DĂ©partement | Haute-Savoie | ||
Commune | Allinges | ||
GĂ©olocalisation sur la carte : France
GĂ©olocalisation sur la carte : Haute-Savoie
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Les ruines se partagent l'éminence d'une colline, dite « butte des châteaux », avec celles d'Allinges-Neuf, dont-elles sont distantes de seulement 150 mètres. Le château possédait également un bourg castral ceint de murailles.
L'enceinte castrale dans son ensemble comprenant l'enceinte haute et l'enceinte du bourg avec ses dispositifs d'accès (portes, poternes) et ses tours, les vestiges de la tour maîtresse, les vestiges de bâtiments situés dans la cour haute du château, les vestiges de la chapelle castrale, les ruines des bâtiments du bourg castral, font l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par arrêté du [1].
Situation
Les ruines du château d'Allinges-Vieux sont situées dans le département français de la Haute-Savoie sur la commune d'Allinges, à l'est d'une colline culminant à 712 mètres d'altitude. Il dominait, avec Allinges-Neuf, d'une hauteur de 200 mètres le village d'Allinges. De cette éminence, les occupants des châteaux jouissaient d'une vue dominante sur Thonon-les-Bains et le lac Léman. Les deux châteaux étaient séparés par un petit col surcreusé de deux fossés[3].
Histoire
Le site a été fortifié très tôt, probablement par les Burgondes au Ve siècle.
Allinges-Vieux est restauré au Xe siècle par le roi de Bourgogne Rodolphe II, qui édifie alors Allinges-Neuf[Note 1].
Allinges-Vieux appartient à la famille d'Allinges, branche distincte de celle qui est en possession d'Allinges-Neuf[Note 2], et au fil du temps, échoue vers la fin du XIIe siècle[4] entre les mains des seigneurs de Faucigny, qui y placent une garnison sous les ordres d'un sénéchal ; Allinges-Neuf étant alors une possession des comtes de Savoie.
Vers le milieu du XIIIe siècle, Pierre II de Savoie ,par son mariage avec Agnès de Faucigny, réunit les deux châteaux d'Allinges.
À la mort de ce dernier, survenue en 1268, la rivalité qui oppose la Savoie dans la lutte de succession avec les dauphins de Viennois, héritiers des Faucigny, jusqu'à la première moitié du XIVe siècle, fait que pendant près de 70 ans les garnisons des deux châteaux sont en conflit permanent. Le château est occupé vers 1269 par les dauphins de Viennois. En 1291, 1292 et 1302[3], leurs machines de sièges endommagent Allinges-Neuf. En 1305[3], les deux châteaux subissent un violent bombardement. Lors du traité de paix entre le comte de Savoie et la Grande Dauphine Béatrice d', les châteaux de Faucigny, de Bonne, de Monthoux, de Bonneville, du Châtelet du Crédoz, d'Alinge-le-Vieux et de Lullin, avec leurs mandements et juridictions[5].
Vers 1320[3], on y fait à nouveau de grosses réparations. Les deux garnisons s'affronteront régulièrement jusqu'en 1355, date à laquelle le Faucigny est incorporé aux États de Savoie par le traité de Paris. La fin de la lutte entre les deux châteaux sonne le glas d'Allinges-Vieux qui est abandonné à la fin du XIVe siècle[3]. Les habitants du bourg, qui s'étaient vus dotés de franchises peu après sa création, tout comme ceux d'Allinges-Neuf, se transportèrent dans la plaine.
En 1536[4] il est pris, comme Allinges-Neuf, par les Bernois et occupé jusqu'en 1567[4]. Il est de nouveau occupé lors des invasions de 1690 et en 1703[6] Victor-Amédée II fera démanteler les deux forteresses.
En 1832[4] les ruines sont achetées par Mgr Rey, évêque d'Annecy.
Description
La partie sommitale est occupée par un donjon quadrangulaire des XIe – XIIe siècle de 18 × 20,50 mètres de côté, haut de 25 mètres, comme l'atteste sa façade sud, conservée jusqu'au créneaux. Ses murs, construits en petit appareil, ont une épaisseur de 3 à 4 mètres. Les angles étaient renforcés par des contreforts, et une cage d'escaliers carrée lui est accolée dans l'angle est. L'enceinte haute, en partie romane et en partie du XIIIe siècle, est renforcée par deux tourelles pleines à la base. Elle est précédée d'une enceinte basse datant des XIIIe – XIVe siècles, à laquelle on accède par une porterne refaite au XIVe siècle.
Bourg castral
Une petite rue permettait de circuler dans le bourg et d'accéder à la résidence seigneuriale. De petites habitations rectangulaires étaient réparties le long de cette rue. Elles occupaient des parcelles de 6 à 10 mètres de long sur 4 à 5 mètres de large perpendiculairement à la rue avec une entrée directe et accueillaient des ateliers au premier niveau. Les murs de 60 à 90 cm permettaient de construire un étage d'habitation accessible par des escaliers de bois. La base des murs et les sols étaient en partie taillés directement dans le rocher de la colline. Aux alentours, des carrières fournissaient le grès utilisé dans la construction des maisons et des fortifications. Ces carrières produisaient aussi les meules des moulins.
Châtellenie des Allinges-vieux
Sous le contrôle des sires de Faucigny, le château est le centre d'un mandement donné à un sénéchal, appartenant à la famille d'Allinges[7].
Le château d'Allinges-Vieux devient le centre d'une châtellenie de 1268 à 1355[8]. Relève de la châtellenie, une partie de la paroisse d'Allinges, ainsi que celles du Lyaud, d'Armoy, de Trossier, de Maugny, de Brecorens, de Perrignier, de Brenthonne, etc.[8].
Les châtelains de l'administration delphinale, connus, sont[8] :
- 1289 : Humbert de Lucinge ;
- 1315-1319 : Thomas de Compey ;
- 1317 : Humbert de Viry ou Virieux ;
- : Nicolas de Fernay
Voir aussi
Bibliographie
- Christian Regat et François Aubert, Châteaux de Haute-Savoie : Chablais, Faucigny, Genevois, Éditions Cabédita, , 193 p. (ISBN 978-2-8829-5117-5), p. 13.
- Georges Chapier, Châteaux Savoyards : Faucigny, Chablais, Tarentaise, Maurienne, Savoie propre, Genevois, Éditions La Découvrance, coll. « L'amateur Averti », , 410 p. (ISBN 978-2-8426-5326-2), p. 68-70.
- Louis Blondel, Châteaux de l'ancien diocèse de Genève, vol. 7, Société d'histoire et d'archéologie de Genève (réimpr. 1978) (1re éd. 1956), 486 p., p. 299-.
- Abbé Jean-François Gonthier (1847-1913), Les Châteaux et la chapelle des Allinges, Annecy, impr. de J. Niérat (Ancienne imprimerie Burdet), , 136 p. (lire en ligne)
Articles connexes
Liens externes
Notes et références
Notes
- Un des châteaux des Allinges est cité en 1073, D'Agostino L., Chevalier M., Guffond C., Les châteaux du Moyen Âge en Haute-Savoie, entre recherches et mises en valeur. État de la question et perspectives, actes du colloque de clôture du projet AVER tenu à Aoste les 29,30 novembre et 1er décembre 2012, Aoste, 2012, p. 75.
- Peut être une branche cadette. La famille d'Allinges était étroitement liée aux Rodolphiens et à l'abbaye de Saint-Maurice-d'Agaune.
Références
- « Domaine des châteaux d'Allinges ou des Allinges », notice no PA00118339, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Coordonnées trouvées sur Géoportail.
- Charles-Laurent Salch, Dictionnaire des châteaux et des fortifications du Moyen Âge en France, Strasbourg, Éditions Publitotal, , 28e éd. (1re éd. 1979), 1304 p. (ISBN 2-86535-070-3, OCLC 1078727877), p. 24.
- Christian Regat - François Aubert 1999, p. 12-13.
- Traité de paix fait à Montmélian entre le comte de Savoie et la Dauphine du (REG 0/0/1/1625).
- Georges Chapier 2005, p. 68-70.
- Blondel 1956, p. 359.
- Gonthier 1881, p. 18 (lire en ligne).