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Centre d'inertie

Le centre d'inertie d'un objet, ou centre de masse, est le point de l'espace oĂč l'on applique les effets d'inertie, c'est-Ă -dire le vecteur variation de quantitĂ© de mouvement . Si la masse du systĂšme est constante, ce que nous supposerons pour simplifier par la suite, alors , Ă©tant l'accĂ©lĂ©ration. C'est aussi le point oĂč l'on applique le vecteur force d'inertie rĂ©sultant de l'accĂ©lĂ©ration d'entraĂźnement dans le cas d'un rĂ©fĂ©rentiel non galilĂ©en.

Si l'on veut faire tourner l'objet autour d'un axe de direction donnée, alors l'axe pour lequel il faut fournir le moins d'effort est l'axe passant par le centre d'inertie. Si l'axe de rotation ne passe pas par le centre d'inertie, cela génÚre des vibrations dans le systÚme ; il a du « balourd ».

Dans le cas oĂč l'on peut considĂ©rer le champ de gravitĂ© uniforme, le centre d'inertie est confondu avec le centre de gravitĂ©. On le note de fait G.

Importance du concept

Basculement d'un objet soumis à une accélération

Caisse dans un camion constituant le référentiel ; pour déterminer si la force d'inertie provoque le basculement (accélération linéaire ou force centrifuge), il faut connaßtre son point d'application. Dans le cas de droite, les droites d'action des forces ne sont pas concourantes, donc la stabilité en rotation n'est plus assurée.

ConsidĂ©rons un vĂ©hicule muni de suspensions — motocyclette, voiture, autobus
 — qui freine. On voit l'avant du vĂ©hicule plonger. À l'inverse, mĂȘme si c'est moins visible, lorsque le vĂ©hicule accĂ©lĂšre linĂ©airement, l'avant se relĂšve, ce qui permet par exemple aux deux-roues de faire des roues arriĂšre.

Dans un virage, les véhicules à quatre roues s'inclinent vers l'extérieur du virage ; les deux-roues doivent se pencher vers l'intérieur pour éviter la chute.

Si un objet est posĂ© sur le plancher du vĂ©hicule, toute accĂ©lĂ©ration au sens large du terme — augmentation ou diminution de la vitesse, modification de la direction — peut provoquer sa chute.

Pour décrire ces effets en rotation, il faut pouvoir définir un point d'application aux effets d'inertie. En statique analytique, le principe fondamental de la dynamique en rotation s'exprime en général par rapport au centre de masse (puisque l'on a en général le moment d'inertie par rapport à G), cet effet d'inertie est alors masqué puisque son moment par rapport à ce point est nul. Ce n'est pas le cas si l'on considÚre le moment par rapport à un autre point, ou bien si l'on veut utiliser des méthodes de résolution graphiques.

Par ailleurs, pour une étude statique ou dynamique, toute force volumique qui s'exerce de maniÚre uniforme peut se modéliser par un vecteur force s'appliquant au centre d'inertie. C'est le cas par exemple d'un objet en matériau ferromagnétique dans un champ magnétique uniforme.

Mise en rotation autour d'un axe fixe

Axe de rotation centré (gauche) et excentré (à droite)
Force centripÚte qu'exerce l'axe sur le disque excentré

ConsidĂ©rons un disque que l'on veut faire tourner autour d'un axe Δ perpendiculaire Ă  sa face, fixe dans le rĂ©fĂ©rentiel galilĂ©en. Pour crĂ©er une accĂ©lĂ©ration angulaire α donnĂ©e, l'effort Ă  fournir est moindre si l'axe Δ passe par le centre d'inertie (figure de gauche) que s'il est excentrĂ© (figure de droite). Ceci se traduit par le thĂ©orĂšme de Huygens pour le calcul du moment d'inertie.

Par ailleurs, lors de la rotation, si le centre d'inertie n'est pas sur l'axe, cela signifie que l'axe doit exercer une force sur le disque pour crĂ©er une accĂ©lĂ©ration centrale centripĂšte. Cette force tournant avec l'objet, cela crĂ©e des vibrations. Ces vibrations peuvent ĂȘtre crĂ©Ă©es volontairement, par exemple pour les vibreurs, ou bien ĂȘtre involontaires, auquel cas elles sont nuisibles : elles provoquent des bruits, de l'usure prĂ©maturĂ©e, le desserrage d'Ă©lĂ©ments vissĂ©s, un phĂ©nomĂšne de fatigue pouvant amener Ă  la rupture de l'axe, 


Pour un objet en rotation, la connaissance de la position du centre d'inertie est donc capitale pour déterminer l'axe de rotation idéal, notamment aux fréquences de rotation élevées.

DĂ©termination de la position du centre d'inertie

Pour un systĂšme de n points matĂ©riels discrets assortis de leur masse (Mi, mi)1 ≀ i ≀ n , le centre d'inertie est le barycentre des masses

avec m = ∑mi. Il possĂšde donc toutes les propriĂ©tĂ©s d'un barycentre Ă  coefficients de pondĂ©ration strictement positifs, et en particulier :

  • le centre de masse de deux points (M1, m1) et (M2, m2) se trouve dans le segment de droite ouvert ]M1M2[ ;
  • soient trois points matĂ©riels (Mi, mi)1 ≀ i ≀ 3 de centre de gravitĂ© G ; si G1, 2 est le centre de masse de (M1, m1) et (M2, m2), alors G est le centre de masse de (G1, 2, m1 + m2) et de (M3, m3).

Dans un repĂšre orthonormĂ©, en coordonnĂ©es cartĂ©siennes, si l'on note les coordonnĂ©es des points Mi(xi , yi , zi) et G(xG, yG, zG), alors cela donne

Pour un objet continu de masse volumique, uniforme ou non, ρ(M), on a

avec . Si la masse volumique ρ est uniforme, alors

avec . Le centre d'inertie est donc le « centre gĂ©omĂ©trique », c'est-Ă -dire le barycentre en considĂ©rant que tous les points de l'objet ont la mĂȘme pondĂ©ration (isobarycentre).

Certains logiciels de dessin assistĂ© par ordinateur de type modeleur 3D calculent d'eux-mĂȘmes le centre d'inertie de l'objet dessinĂ©, en supposant une masse volumique uniforme. Par exemple :

  • dans SolidWorks Ă©dition 2008, la position du centre de masse, appelĂ© « centre de gravitĂ© », s'obtient avec le menu Outils > PropriĂ©tĂ©s de masse.

Les méthodes de détermination dans des cas simples ainsi que les méthodes graphiques et expérimentales sont décrites dans l'article Centre de gravité#Détermination du centre de gravité, puisque dans la plupart des cas le centre d'inertie est confondu avec le centre de gravité.

Propriétés en dynamique

Soit un systĂšme ÎŁ, qui peut ĂȘtre un ensemble discret ou continu, indĂ©formable ou dĂ©formable. La trajectoire du centre de gravitĂ© G de ce systĂšme est dĂ©terminĂ©e en considĂ©rant les forces extĂ©rieures qui s'exercent sur ÎŁ, c'est-Ă -dire les forces extĂ©rieures Ă  ÎŁ qui s'exercent sur chacun des Ă©lĂ©ments de ÎŁ. Les efforts entre les Ă©lĂ©ments du systĂšme n'interviennent pas. On a donc

oĂč m est la masse totale de ÎŁ.

Ainsi, par exemple si un obus explose en vol et que l'on nĂ©glige le frottement de l'air, alors la trajectoire du centre de gravitĂ© de tous les Ă©clats suit la mĂȘme trajectoire que si l'obus Ă©tait intĂšgre.

DĂ©monstrations

Étude du point matĂ©riel (G, m)

On se place dans un rĂ©fĂ©rentiel galilĂ©en Rg de repĂšre . ConsidĂ©rons deux points matĂ©riels discrets (M1, m1) et (M2, m2). Le point M1 subit des forces dont la rĂ©sultante — la somme vectorielle — est notĂ©e ; de mĂȘme, dĂ©signe la rĂ©sultante des forces sur M2. Le systĂšme ÎŁ est l'ensemble des deux points matĂ©riels : ÎŁ = {(M1, m1) ; (M2, m2)} ; l'environnement de ce systĂšme est notĂ© ÎŁ (« complĂ©mentaire de sigma »).

Appliquons le principe fondamental de la dynamique à chaque point matériel :

L'accélération du centre de masse vaut

soit

.

On voit donc que le centre de masse se comporte comme un point matériel de masse m = m1 + m2 qui subirait l'ensemble des forces s'exerçant sur les points matériels du systÚme Σ. Le centre d'inertie permet donc de simplifier l'étude du systÚme.

La résultante des actions s'exerçant sur le point matériel M1 peut se décomposer en :

  • est la rĂ©sultante des actions qu'exerce l'extĂ©rieur du systĂšme ÎŁ sur M1 ; on le note Ă©galement , ou ;
  • est la rĂ©sultante des actions de M2 sur M1 ; il peut s'agir d'attraction gravitationnelle, Ă©lectrostatique, d'action de contact (traction via un cĂąble, poussĂ©e directe ou via une barre, 
) ; on le note Ă©galement .

De mĂȘme, on dĂ©compose . D'aprĂšs le principe des actions rĂ©ciproques (troisiĂšme loi de Newton), on a

.

Il en résulte que

.

La résultante des actions s'exerçant sur le centre de gravité de Σ se réduit aux actions extérieures à Σ. Les forces internes au systÚme Σ, les actions entre M1 et M2, « disparaissent du bilan »

On peut donc simplifier l'étude en étudiant le point matériel (G, m) comme substitut de l'ensemble Σ = {(M1, m1) ; (M2, m2)}. Les actions mécaniques s'exerçant sur (G, m) sont les actions extérieures s'exerçant sur Σ, c'est-à-dire les actions de Σ sur Σ.

L'extension au cas de n points se fait en considérant les propriétés mathématiques du barycentre.

Étude des points matĂ©riels (M1, m1) et (M2, m2) dans le rĂ©fĂ©rentiel du centre de masse

Plaçons nous maintenant dans le référentiel du centre de masse R' de repÚre . Les points matériels subissent des forces d'inertie et . La résultante des forces sur le point matériel M1 s'écrit :

.

Pour le point matériel M2, cela s'écrit :

.

On voit que dans ce rĂ©fĂ©rentiel a priori non galilĂ©en, les points matĂ©riels sont soumis Ă  des forces de rĂ©sultantes opposĂ©es et de mĂȘme intensitĂ© : .

Notons qu'ici,

comme nous étudions « l'intérieur » du systÚme Σ, il est normal que l'on retrouve les actions intérieures à Σ.

Cas d'un solide indéformable

Si les points matĂ©riels sont liĂ©s par une barre indĂ©formable de masse nĂ©gligeable — la distance M1M2 est constante —, alors ÎŁ constitue ce que l'on appelle un « solide indĂ©formable ». Dans le rĂ©fĂ©rentiel du centre de masse R', le solide ÎŁ a un mouvement de rotation autour d'un axe instantanĂ© passant par G, puisque les distances GM1 et GM2 sont elles aussi constantes — l'orientation de l'axe peut varier au cours du temps. On peut donc dĂ©finir un vecteur vitesse angulaire instantanĂ©e tel que la vitesse des points matĂ©riel dans R' vaut :

et le vecteur accélération angulaire instantanée tel que les accélérations, qui se réduisent à leur composante tangentielle, des points matériel dans R' vaut :

et de mĂȘme

.

Le moment de la force par rapport Ă  G s'Ă©crit :

oĂč est le vecteur directeur unitaire du vecteur moment. Si l'on note R1 = GM1 et R2 = GM2, on a :

et de mĂȘme

.

On appelle moment d'inertie par rapport Ă  l'axe (Δ) = les quantitĂ©s

JΔ1 = m1R12sin((M1M2), (Δ))
JΔ2 = m2R22sin((M1M2), (Δ))

et l'on a donc

Les deux vecteurs ont la mĂȘme orientation, puisque et sont colinĂ©aires et de sens inverse, et que et sont Ă©galement colinĂ©aires et de sens inverses.

Dans le référentiel R', le solide Σ est soumis à un couple total de moment

.

Conclusion

L'étude dynamique du systÚme Σ des points matériels (M1, m1) et (M2, m2) peut se décomposer en deux parties :

  • l'Ă©tude du point matĂ©riel (G, m) dans le rĂ©fĂ©rentiel galilĂ©en Rg, soumis Ă  la rĂ©sultante des forces extĂ©rieurs Ă  ÎŁ ;
  • l'Ă©tude des points matĂ©riels (M1, m1) et (M2, m2) dans le rĂ©fĂ©rentiel du centre de masse R' ;
  • dans le cas oĂč ÎŁ est un solide indĂ©formable, on peut dĂ©finir le moment d'inertie JΔ (en kg⋅m2) par rapport Ă  l'axe d'accĂ©lĂ©ration angulaire instantanĂ©e Δ, qui dĂ©crit la rĂ©partition de la masse de l'objet autour de l'axe, et qui fournit pour la rotation une Ă©quation similaire au principe fondamental de la dynamique en translation :
    .

Exemples

Illustrons la simplification qu'apporte le centre d'inertie par deux cas particuliers.

ProblÚme à trois corps : Soleil, Terre, Lune (l'échelle n'est pas respectée)

Le premier cas est celui du systÚme {Soleil, Terre, Lune} (problÚme des trois corps) dans le référentiel héliocentrique : on peut considérer la Terre et la Lune comme deux points matériels,

  • la Terre est soumise Ă  l'attraction du Soleil, , et Ă  l'attraction de la Lune ;
  • la Lune est soumise Ă  l'attraction du Soleil, , et Ă  l'attraction de la Terre .

Pour simplifier l'étude, on considÚre le systÚme {Terre, Lune} comme s'il s'agissait d'un objet unique. La résultante des forces s'exerçant sur le centre d'inertie du systÚme {Terre, Lune} vaut donc .

Le second cas est celui de deux boules {1 ; 2} reliées par une barre rigide de masse négligeable, dans le référentiel terrestre.

  • La boule 1 est soumise Ă  son poids et Ă  l'action de l'autre boule relayĂ©e par la barre ;
  • la boule 2 est soumise Ă  son poids et Ă  l'action de l'autre boule relayĂ©e par la barre .

Pour simplifier l'étude, on considÚre le systÚme {1 ; 2} comme s'il s'agissait d'un objet unique. La résultante des actions s'exerçant sur le centre de gravité de {1 ; 2} se réduit également aux actions extérieures .

Cas d'un solide continu indéformable

Un solide continu ÎŁ est dĂ©fini par sa masse volumique ρ(M), oĂč M est un point de ÎŁ. On considĂšre l'Ă©lĂ©ment de volume infinitĂ©simal dV autour de M ; il constitue un point matĂ©riel (M, ρ(M)dV). Le centre d'inertie de ÎŁ se dĂ©termine en prenant le centre de masse mathĂ©matique des points (M, ρ(M)dV), qui est une version continue du barycentre :

avec

.

Le principe fondamental de la translation du point matériel (G, m) dans le référentiel galiléen Rg s'écrit

oĂč est la rĂ©sultante des forces extĂ©rieures s'exerçant sur ÎŁ.

Voir aussi

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