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Centre d'études, de recherches et d'éducation socialiste

Le Centre d'études, de recherches et d'éducation socialiste ou CERES, fondé en 1966, est l'un des courants présents à la fondation du Parti socialiste lors du congrès d'Épinay en 1971, animé par Jean-Pierre Chevènement, Alain Gomez, Didier Motchane et Pierre Guidoni.

Centre d'études, de recherches et d'éducation socialiste
Histoire
Fondation
Dissolution
Successeur
Socialisme et République (d)
Cadre
Sigle
CERES
Type
Pays

Le CERES, représente alors l'aile gauche du Parti socialiste et se trouve proche politiquement du Parti socialiste unifié (PSU), avant de devenir, en 1986, « Socialisme et République » (avec une scission du CORIAS, convergence recherches initiative pour une alternative socialiste). En 1991 après la guerre du Golfe, à la suite des divergences de Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de la Défense, avec le sommet de l'État au sujet de l'engagement de la France dans le conflit au Koweït, le courant de pensée décide de prendre son autonomie et de quitter le Parti socialiste pour créer un nouveau parti, le Mouvement des citoyens (MDC), avant le référendum de 1992 sur le traité de Maastricht.

En 2003, consécutivement à l'échec de la candidature de Jean-Pierre Chevènement à l'élection présidentielle française de 2002 et de la stratégie de Pôle républicain qui la sous-tend, le MDC devient le Mouvement républicain et citoyen (MRC).

En 2019, le MRC constitue la Gauche républicaine et socialiste (GRS) avec Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann, alors récents dissidents du Parti socialiste. La GRS s'associe à La France insoumise lors des élections européennes de 2019.

Explication du courant

Fondé à l'origine en 1966 par Jean-Pierre Chevènement, Alain Gomez et Didier Motchane, le CERES est une originalité française puisqu'il est un courant de gauche au sein même de la social-démocratie, ce qui n'existe alors dans aucun autre parti social-démocrate européen (exception faite, peut-être du Parti travailliste britannique). Au cours de l'année 1969, Georges Sarre et la puissante Association des Postiers Socialistes qui comptait sur Paris plusieurs centaines de militants dont les futurs parlementaires Jean Besson et Pierre Carassus viennent à la rencontre du CERES. Un an plus tard, ils conquièrent la Fédération de Paris du NPS (ex SFIO). Dans un texte publié en 1976, le CERES analyse son succès comme étant le résultat de facteurs extérieurs - la crise de l'impérialisme, le besoin d'une Union de la gauche, la faillite de la social-démocratie française devant les guerres coloniales, mai 68 - et de facteurs purement propres au CERES - principalement une analyse à la fois réaliste et originale. Qualifié encore aujourd'hui de courant « marxiste » (cf. le site du PS actuel), le CERES veille à se donner les outils d'analyse et d'action permettant la transition au socialisme. Cette idée de transition au socialisme passant elle-même par trois idées forces que porte le CERES.

La transition doit se fonder sur l'axe politique stratégique que constitue l'Union de la gauche qui repose sur un accord programmatique, en l'occurrence le programme commun de la Gauche devant conjuguer autogestion et nationalisations. De cet accord politique naît l'alliance électorale et de cette alliance doit découler l'unité stratégique. C'est là que le CERES doit jouer un rôle moteur en dotant à la fois la vieille social-démocratie et le mouvement communiste « bolchévique » d'une ligne authentiquement socialiste. L'Union de la Gauche est ainsi défini comme étant un processus dialectique doué d'une certaine autonomie. Il permet de dépasser à la fois le clivage stalinisme/collaboration de classe et la soumission politique de chaque composante majeure à un bloc antagonique de la Guerre froide. Le CERES promeut une politique d'indépendance nationale s'appuyant sur une souveraineté populaire recouvrée et une alliance stratégique avec les forces de gauches européennes notamment euro-méditerranéenne contre le déploiement de l'impérialisme américain et la primauté du capitalisme allemand au sein de la CEE. Le CERES soutient de même les diverses tentatives de dépassement de logique de blocs émanant du tiers-monde.

Il y a au CERES une certaine idée du processus révolutionnaire. Au cœur de cette idée figure l'interaction entre le mouvement de masse, qualifié de front de classe, et le gouvernement de gauche. Au cœur de la transition, la prise de conscience de classe qui change la foule en masse doit influer sur la transition et contribuer à son succès.

Il y a enfin l'idée de l'organisation du mouvement ouvrier. Le CERES pense que le processus amènera les partis membres de l'Union de la Gauche à changer leurs pratiques. Le CERES n'est pas le PSU - celui-ci restant en dehors du PS-SFIO - et son analyse de l'État, du pouvoir diffère de celle véhiculée par les PSUistes - ces derniers adoptant la théories « des pouvoirs » en lieu et place de la critique du pouvoir. Cette conception PSUiste mènera nombre de ses membres à rallier l'aile de droite du PS des années 1980-90 et 2000[1].

Le CERES édite une revue théorique bimestrielle publique intitulée Repères pour le socialisme et d'un bulletin de liaison militant, Volonté socialiste.

Le CERES étudiant

Les années 1970

Au début des années 1970, le CERES étudiant, très influencé par Mai 68, forme un groupe relativement autonome, dirigé par Patrice Finel. Contrairement aux mitterrandiens qui ont choisi de s’allier avec UEC communiste, le CERES préfère un rapprochement avec l’organisation étudiante du PSU, ESU. Cette stratégie leur permet de revendiquer l’héritage de celle-ci lorsqu’en 1971 les ESU décident de se désinvestir le syndicalisme et du mutualisme étudiant. Au congrès de la MNEF tenu à Thonon en 1972, le CERES prend la direction de la mutuelle, dont la présidence revient à Gérard Jacot. Mais cette période correspond aussi à une division interne. La majorité décide de suivre la stratégie socialiste d’union de la gauche et donc de rejoindre l’UNEF-Renouveau[2] dirigée par les communistes. Mais une minorité préfère maintenir des liens avec les autogestionnaires et adhère donc au MARC. La composition du Bureau national de la MNEF reflète donc cet état de fait, puisque sur 36 membres, 27 sont affiliés au CERES dont 2 viennent du MARC.

Le CERES dispose d'une branche étudiante investie dans le syndicalisme sous la dénomination de « Socialisme et Université », qui s'est doté au milieu des années 1970 d'un périodique, humoristiquement intitulé Le crayon entre les dents, dont l'objectif affiché est d'incarner et d'animer l'Union de la gauche en milieu étudiant.

Perte de la MNEF

Mais la direction CERES inquiète la Caisse nationale de l'assurance maladie (CNAM). Cet organisme, via FO qui en a la gestion, subit en effet l’influence de l'Organisation communiste internationaliste, une organisation d’extrême gauche de type trotskiste qui pratique l'entrisme pour s'infiltrer dans les différentes structures sociales. Aussi son organisation étudiante, l’UNEF-US fait tout pour contrecarrer la prédominance du CERES à la MNEF et le marginaliser au sein du mouvement étudiant. Dès 1975, le CERES est évincé de la direction de la MNEF par les étudiants mitterrandiens et la stratégie lambertiste se renforce notablement en 1978 lorsque les mitterrandiens rejoignent l’UNEF-US. Dès lors, ces derniers qui ont déjà évincé le CERES de la direction des MJS passent un accord avec les lambertistes pour prendre la présidence de la mutuelle[3]. En 1979, le président mitterrandien de la MNEF, Serge Lagauche, déstabilisé par cet accord, doit démissionner. Il est aussitôt remplacé par un autre mitterrandien, Jean-Michel Grosz.

Le CERES étudiant se replie sur l’UNEF-Renouveau, devenue UNEF-Solidarité étudiante (UNEF-SE) en 1982. Lors de la création de l'UNEF-ID, le CERES est dès lors un des rares courants de la gauche syndicale étudiante non communiste à ne pas participer à ce mouvement.

Le CERES à l'UNEF-ID

Le passage de la majorité de l’UNEF-ID au Parti socialiste, en 1986 et le succès de ce syndicat dans la gestion du mouvement contre le projet Devaquet conduit le CERES à revoir sa position. Sous la conduite de Didier Leschi, le CERES rejoint l’UNEF-ID au congrès de 1987. Il devient alors une sensibilité de la majorité. Mais il s'accommode mal des pratiques militantes de celle-ci. En outre, les militants du CERES reprochent à l'équipe dirigeante d'être trop proche du Parti socialiste. Ils soutiennent donc à partir de 1989, diverses tentatives déstabilisation de la majorité :

Au milieu des années 1990, le CERES disparaît du paysage syndical étudiant.

Bibliographie

  • Michel Charzat et Ghislaine Toutain, Le CERES, un combat pour le socialisme : préface de Jean-Pierre Chevènement, Calmann-Lévy, coll. « L'ordre des choses », , 279 p. (ISBN 2-7021-0042-2).
  • Collection "Archives du CERES" :

Depuis l'été 2010, une collection "Archives du CERES" est lancée chez l'Éditeur Bruno Leprince. Les textes préfacés par Didier Motchane sont réédités en petits livres thématiques tels que : Jean-François Claudon et Julien Guérin, Cheveux longs et poings levés : Les jeunes du CERES de 1971 à 1981 : préface de Didier Motchane, Paris, Bruno Leprince, , 223 p. (ISBN 978-2-916333-95-3).

Références

  1. source: Association pour la fondation Lucien Herr.
  2. « Pour l'histoire de l'UNEF », sur Pour l'histoire de l'UNEF (consulté le )
  3. Cf. notamment l’article de Michèle Aulagnon "Voyage à l'intérieur d'une MNEF dans la tempête ; - Une participation active à la saga mitterrandienne" publié dans Le Monde du 28 juillet 1998 page 7. Dans cet article l’auteur affirme que le partage des rôles entre mitterrandistes et lambertiste se fait lors «d’une réunion fort discrète […] [à laquelle participe] les dirigeants de FO, dont le secrétaire général André Bergeron et son représentant à la Caisse nationale d'assurance-maladie, Maurice Derlain. À leurs côtés, Pierre Boussel-Lambert, chef de file des trotskistes de l'Organisation communiste internationaliste (OCI) et son représentant de l'UNEF-Unité syndicale (US), Jean-Christophe Cambadélis, ainsi que les quelques rares étudiants socialistes mitterrandistes, parmi lesquels Jean-Marie Le Guen [..]. Le "deal" conclu assure la prédominance des lambertistes dans la création d'un nouveau syndicat d'étudiants, résolument anticommuniste, qui aboutira à la naissance de l'UNEF-ID en 1980. Parallèlement, il remet entre les mains des socialistes le contrôle de la mutuelle dont la présidence est confiée quelques jours plus tard à Jean-Michel Grosz. Cette OPA sera entérinée avec la bénédiction de la FEN, de la Fédération nationale de la mutualité française et surtout de sa branche enseignante, la MGEN qui, depuis quelque temps déjà, assure les fins de mois de la MNEF ».
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