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Capital social (sciences sociales)

Le capital social est la possibilité de mobiliser à travers ses réseaux sociaux des ressources en tout genre. Plus le capital social d'une personne ou d'une organisation est grand, plus elle est privilégiée dans les dynamiques sociales. Certains groupes sociaux ont un capital social vu comme plus faible, il s'agit des groupes marginalisés ou dans la précarité. Il en va de même dans le cadre des échanges entre des institutions sociales, comme les marchés. La notion de capital social sous-tend que les structures sociales sont hiérarchisées.

Le capital social est généralement considéré comme une forme de capital qui profite aux divers groupes sociaux qui en possèdent, et qui peut manquer à d'autres.

Le capital social a été utilisé pour expliquer la performance accentuée de différents groupes, la croissance des entreprises, les hautes performances managériales, la qualité des chaînes d'approvisionnement, la valeur créée grâce à des alliances stratégiques, et l'évolution des communautés. Au cours des années 1990 et des années 2000, le concept est devenu de plus en plus populaire dans un large éventail de disciplines des sciences sociales et aussi en politique[1] - [2].

Origine du concept

Le terme de capital social a été utilisé ponctuellement à partir de 1890 environ, avant de devenir largement utilisé dans la fin des années 1990[3].

Les observations d'Alexis de Tocqueville sur la vie américaine, réalisées dans la première moitié du XIXe siècle, semblent apporter une première description et définition du capital social. L'auteur a observé que les Américains étaient très enclins à participer à un grand nombre de réunions pour discuter de l'ensemble des problèmes liés à l'État, l'économie ou au monde qu'ils pouvaient observer. Le haut niveau de transparence résultant de ces rencontres fut selon Tocqueville la cause d'une plus grande participation du peuple et donc d'un meilleur fonctionnement démocratique. Il souligna également que le niveau de participation à la vie sociale (capital social) dans la société américaine était directement lié la question de l'égalité[4].

On trouve une des premières occurrences du terme Capital social (utilisé en référence à la cohésion sociale et à l'investissement personnel dans un collectif) dans un article de Lyda Judson Hanifan publié en 1916 traitant de la question des soutiens locaux aux écoles rurales[5]. Par contraste avec les biens matériels, Hanifan définit le capital social comme les relations sociales qui servent à améliorer les conditions de vie[6] :

« Je ne me rĂ©fère pas aux biens fonciers, Ă  la propriĂ©tĂ© individuelle ou Ă  l'argent liquide, mais plutĂ´t Ă  ce qui fait que ces substances tangibles deviennent essentielles pour la vie de tous les jours, Ă  savoir la bienveillance, l'amitiĂ©, la sympathie mutuelle, et les relations sociales au sein d'un groupe d'individus, d'une famille, qui forment une unitĂ© sociale. Si un individu peut entrer en contact avec son voisin, et ceux-ci avec leurs autres voisins, il y aura une accumulation de capital social qui pourra satisfaire immĂ©diatement ses besoins sociaux et qui peut reprĂ©senter un potentiel social suffisant pour amĂ©liorer substantiellement les conditions de vie de la communautĂ© entière. La communautĂ© dans son ensemble bĂ©nĂ©ficie de la coopĂ©ration de chacune de ses parties, et l'individu trouvera dans ces associations des avantages : l'aide, la sympathie, et l'amitiĂ© de ses voisins. »

En 1900, John Dewey utilise le terme dans sa monographie intitulĂ©e « l'École et la SociĂ©tĂ© Â» mais n'apporte aucune dĂ©finition du concept.

Jane Jacobs a Ă©galement utilisĂ© le terme au dĂ©but des annĂ©es 1960. Elle ne dĂ©finit pas explicitement le terme de capital social, mais il se rĂ©fère Ă  la valeur des rĂ©seaux. Dans son article « An Exchange Theory of Interest Groups Â» publiĂ© dans le Midwest Journal of Political Science, le politologue Robert Salisbury mentionne le capital social comme une composante critique pour la formation des groupes d'intĂ©rĂŞt. Le sociologue Pierre Bourdieu a utilisĂ© le terme en 1972, dans son Esquisse d'une ThĂ©orie de la Pratique, et a clarifiĂ© le terme quelques annĂ©es plus tard en le distinguant du capital culturel, du capital Ă©conomique et du capital symbolique. Les sociologues James Coleman, et Barry Wellman & Scot Wortley ont adoptĂ© la dĂ©finition proposĂ©e par Glenn Loury en 1977 pour dĂ©velopper et vulgariser le concept. Ă€ la fin des annĂ©es 1990, le concept gagne en popularitĂ©, il est au centre d'un programme de recherche de la Banque Mondiale et fait l'objet de plusieurs livres grand public, notamment Bowling Alone de Robert Putnam et Better Together de Lewis Feldstein.

Cependant, la notion sur laquelle repose le capital social a une histoire plus longue. Les penseurs qui ont explorĂ© la relation entre la vie associative et la dĂ©mocratie ont utilisĂ© des concepts similaires dès le XIXe siècle, en se basant sur les travaux d'auteurs comme James Madison (Les Federalist Papers) ou Alexis de Tocqueville (de la DĂ©mocratie en AmĂ©rique) et intĂ©grĂ© les concepts de cohĂ©sion sociale et de connectivitĂ© dans la tradition pluraliste des sciences politiques amĂ©ricaines. John Dewey pourrait avoir fait le premier usage « mainstream Â» du concept de capital social dans L'École et dans la SociĂ©tĂ© en 1899, bien qu'il n'apporte pas sa dĂ©finition.

L'importance des formes de gouvernance communautaires a été soulignée par de nombreux philosophes, de l'antiquité au 18e siècle, d'Aristote à Edmund Burke en passant par Thomas d'Aquin. Mais cette vision de la société est fortement remise en cause au 18e siècle avec le développement de l'idée de l'Homo Economicus, puis avec la théorie du choix rationnel. Ces théories deviennent dominantes dans les siècles suivants, mais de nombreux penseurs interrogent alors la relation complexe entre la société moderne et l'importance des anciennes institutions, en particulier la famille et les communautés traditionnelles. Le débat opposant la communauté à la modernisation et à l'individualisme a été l'un des sujets les plus discutés parmi les fondateurs de la sociologie (Tönnies, 1887; Durkheim, 1893 ; Simmel, 1905 ; Weber, 1946). Ils étaient convaincus que l'industrialisation et l'urbanisation transformaient les relations sociales de façon irréversible. Ils ont observé la rupture des liens traditionnels et le développement progressif de l'anomie et de l'aliénation dans la société.

Après les travaux de Tönnies et Weber, la rĂ©flexion sur les liens sociaux dans la sociĂ©tĂ© moderne a continuĂ© dans les annĂ©es 1950 et 1960, en particulier avec la thĂ©orie de la sociĂ©tĂ© de masse (Bell, 1962 ; Nisbet, 1969 ; Stein, 1960 ; Whyte, 1956). Les auteurs de cette Ă©poque reprennent des thèmes similaires Ă  ceux des pères fondateurs, avec un accent plus pessimiste en ce qui concerne le dĂ©veloppement de la sociĂ©tĂ© (Ferragina, 2010: 76). Pour citer Stein (1960:1) : « Le prix Ă  payer pour maintenir une sociĂ©tĂ© qui encourage la diffĂ©rence culturelle et l'expĂ©rimentation est sans aucun doute l'acceptation d'un certain degrĂ© de dĂ©sorganisation Ă  la fois au niveau individuel et social Â». Ces rĂ©flexions ont contribuĂ© remarquablement au dĂ©veloppement du concept de capital social dans les dĂ©cennies suivantes.

La conceptualisation moderne du capital social renouvelle le débat en faisant le lien entre l'importance de la communauté pour développer la confiance généralisée, et l'importance de la liberté de choix individuel, dans le but de créer une société plus cohésive (Ferragina, 2010 ; Ferragina, 2012) C'est pour cette raison que le capital social a généré beaucoup d'intérêt dans le milieu universitaire et le monde politique (Rose, 2000).

DĂ©finitions

Le capital social a de multiples dĂ©finitions, interprĂ©tations et usages. Thomas Sanders le dĂ©finit comme « la valeur sociale que reprĂ©sente l'ensemble des rĂ©seaux sociaux (l'ensemble des gens qu'une personne connait), ainsi que l'inclinaison qui fait pression dans ces rĂ©seaux pour que chacun se rende la pareil (normes sociale et rĂ©ciprocitĂ©) ». Avec cette dĂ©finition, le capital social est ce qui permet de produire « des bĂ©nĂ©fices spĂ©cifiques qui dĂ©rivent de la confiance, de la rĂ©ciprocitĂ©, de l'information et de la coopĂ©ration liĂ©e aux rĂ©seaux sociaux ». Il « crĂ©e de la valeur pour les individus qui sont connectĂ©s, ainsi que pour les Ă©ventuels passagers clandestins ». Parallèlement, des normes nĂ©gatives de rĂ©ciprocitĂ© dissuadent les comportements nĂ©fastes ou violents.

Selon David Halpern, la popularitĂ© du concept de capital social au sein des dĂ©cideurs politiques est liĂ©e Ă  la notion sa dualitĂ© : « rĂ©solument Ă©conomique tout en rĂ©affirmant l'importance du social ». Parmi les chercheurs, le terme est populaire notamment en raison du grand nombre de phĂ©nomènes qu'il peut expliquer. Les multiples usages du terme ont menĂ© Ă  de multiples dĂ©finitions. Le capital social a Ă©tĂ© utilisĂ© pour expliquer entre autres la performance managĂ©riale, la croissance des entreprises, l'amĂ©lioration de la performance de groupes ayant des fonctions variĂ©es, la valeur obtenue Ă  partir d'alliances stratĂ©giques, et l'amĂ©lioration des relations au sein des chaĂ®nes d'approvisionnement.

Baker (1990, p. 619) dĂ©finit le capital social comme « une ressources que les acteurs tirent de certaines formes de structures sociales et utilisent pour servir leurs intĂ©rĂŞts ; elle est crĂ©Ă©e par les changements dans les relations entre acteurs.

Selon la définition de l’OCDE, le capital humain recouvre les connaissances, les qualifications, les compétences et les autres qualités d’un individu qui favorisent le bien-être personnel, social et économique[7].

Chez Bourdieu

Dans Les formes de capital (1986), Pierre Bourdieu distingue quatre formes de capital : capital Ă©conomique, capital culturel, capital symbolique et capital social. Il dĂ©finit le capital social comme « l’ensemble des ressources actuelles ou potentielles qui sont liĂ©es Ă  la possession d’un rĂ©seau durable de relations plus ou moins institutionnalisĂ©es d’interconnaissance et d’inter-reconnaissance »[8]. Selon lui, le capital social ne saurait suffire pour expliquer la hiĂ©rarchie sociale : son rĂ´le est principalement un rĂ´le de dĂ©multiplicateur pour les deux autres capitaux. Pour filer la mĂ©taphore Ă©conomique, le rĂ´le du capital social est de faire fructifier le capital Ă©conomique (par exemple, l'entrepreneur qui « possède un rĂ©seau Â» et grâce Ă  celui-ci accroĂ®t ses profits, qui lui permettent d'Ă©largir plus encore son rĂ©seau…) et le capital culturel (par exemple, un professeur qui, en assistant Ă  de multiples confĂ©rences, accroĂ®t son aptitude Ă  la rĂ©flexion en la confrontant Ă  d'autres interlocuteurs…).

Chez Putnam

Selon le politologue amĂ©ricain Robert Putnam, auteur de Bowling Alone: The Collapse and Revival of American Community (2000) et le principal partisan du concept (mais non son crĂ©ateur), le capital social « se rĂ©fère Ă  la valeur collective de tous les « rĂ©seaux sociaux Â» et les inclinations qui rĂ©sultent de ces rĂ©seaux pour faire des choses l'un pour l'autre ». Selon Putnam et ses disciples, le capital social est une composante clĂ© de l'Ă©tablissement et du maintien de la dĂ©mocratie. Putnam estime que le capital social a diminuĂ© aux États-Unis Ă  partir de la deuxième moitiĂ© du XXe siècle. Ceci se manifeste par une baisse de la confiance dans le gouvernement et de la participation civique. Putnam indique Ă©galement que la tĂ©lĂ©vision et l'Ă©talement urbain ont jouĂ© un rĂ´le significatif en Ă©loignant les AmĂ©ricains les uns des autres. Bien que sa thèse soit critiquĂ©e pour l'utilisation de sources disparates[9], son concept a Ă©tĂ© relayĂ© par la Banque mondiale puis l'OCDE et elle a pu ĂŞtre transposĂ©e en France (l'INSEE rĂ©alise en 1982 EnquĂŞte contacts entre les personnes puis la refait en 1997 sous le nom relations de la vie quotidienne : ces enquĂŞtes semblaient montrer les mĂŞmes rĂ©sultats mais furent contredites par le dĂ©veloppement des mĂ©dias sociaux[10]).

Sous-types de capital social

Le capital social est un terme élastique avec une variété de définitions dans de multiples domaines[11], donc il est possible de distinguer plusieurs sous-types de capital social.

Bonding et bridging

Putnam distingue deux composantes du concept : les liens « ouverts » (bridging, qui font le pont) et les liens « fermés » (bonding, qui unissent des égaux)[12]. Le capital social qui unit (bonding) agit comme une « colle » sociologique, le capital qui relie (bridging) agit comme un « lubrifiant » sociologique[12].

Les liens forts sont bons pour se ressourcer et se réconforter ; les liens faibles sont bons pour avancer et évoluer.

Bonding, bridging et linking

Selon Daniel Aldrich, il y a trois formes particulières de capital social :

  1. les liens d'attachement (bonding) : les relations qu'une personne entretient avec ses amis et sa famille (la forme la plus forte de capital social) ;
  2. les liens d'accointance (bridging) : la relation entre les amis des amis ;
  3. les liens d’instrumental (linking) : la relation entre une personne et un fonctionnaire ou un autre dirigeant élu.

Bonding, bridging et maintained

Tout comme Putnam, Ellison N., Steinfield C. et Lampe C.[13] distinguent le capital d'accointances (bridging) et le capital d’attachement (bonding), mais ils introduisent la troisième dimension du capital social, le « capital social maintenu » (maintained social capital), qui « parle de la capacité à maintenir des liens précieux au fur et à mesure des changements de vie ».

  1. bonding capital social se trouve entre les individus qui entretiennent des relations Ă©troites et Ă©motionnellement proches, comme la famille et les amis proches ;
  2. bridging capital social ,« liens faibles », les connexions lâches entre des individus qui peuvent se fournir mutuellement des informations utiles ou de nouvelles perspectives, mais généralement pas de soutien émotionnel[14] ;
  3. maintained capital social permet d'évaluer « si les outils de réseau en ligne permettent aux individus de rester en contact avec un réseau social après s'en être déconnecté physiquement ».

En analyse de réseaux sociaux

Le capital social est une notion largement étudiée en analyse des réseaux sociaux[15] - [16]. Elle ne diffère pas sémantiquement du sens bourdieusien, repris ensuite par Coleman et d'autres, mais elle se formalise et s'explore à l'aide de la théorie des graphes[17]. Nan Lin définit le capital social comme étant ; (l')« Investissement dans des relations sociales avec des retours attendus sur le plan économique », ce qui s'accorde avec la conception générale de la notion[18]. Les capitaux sociaux sont des ressources mobilisables, pouvant être intangibles (comme une culture, une identité sociale vue comme prestigieuse ou non, etc.) qui offrent un certain degré de prestige et des avantages ou des inconvénients lors d'interactions sociales. Les capitaux sociaux se trouvent dans des réseaux sociaux ; la mobilisation des capitaux sociaux implique d'avoir (au moins en partie) conscience de leur existence. Ils exigent un certain investissement (dans les relations), mais comme pour les autres capitaux, certains sont structurellement mieux situés dans la hiérarchie sociale que d'autres. Afin de mesurer le capital social dans un réseau, les chercheurs ont recours à des définitions plus formelles.

Processus liés

Le capital social dépend de plusieurs processus.

Mesures

La mesure du capital social n'est pas une mesure précise et dépend principalement de la conceptualisation formelle du chercheur[19]. Néanmoins, l'idée centrale est d'employer des mesures de centralité, conçues par des sociologues, dans le cadre de la théorie des graphes. Comme le capital social est vu comme provenant du réseau, la position des entités dans le réseau influe sur l'accès aux ressources au sein du réseau. Ces mesures sont diverses : Degré de prestige, de contrainte, centralité de pouvoir, d'intermédiarité, etc. La centralité implique l'idée d'une hiérarchie sociale, avec des sommets plus centraux et d'autres en périphérie. La façon d'être connecté aux autres sommets sert d'indicateur pour estimer comment circule les ressources dans les réseaux et qui y a accès. L'approche en termes de trou structural permet aussi de rendre compte du capital social[20], tout comme la force de liens faibles chez Mark Granovetter[14].

Aspects qualitatifs des graphes

Graphe de visualisation d'un réseau social

Les graphes s'analysent aussi qualitativement et permettent de visualiser comment les capitaux sociaux circulent dans les réseaux.

Mesure

Il n'y a pas de consensus sur la façon dont mesurer le capital social, ce qui en est l'une de ses principales faiblesses. On peut habituellement percevoir le capital social dans un rapport donné, mais sa mesure quantitative s'avère compliquée.

Ceci a eu comme consĂ©quence l'Ă©tablissement de mesures diffĂ©rentes pour diffĂ©rentes fonctions : Pour mesurer le capital social politique, il est commun de prendre la somme de l'adhĂ©sion de la sociĂ©tĂ© Ă  ces groupes. Les groupes avec une adhĂ©sion plus Ă©levĂ©e (comme les partis politiques) contribuent plus Ă  la quantitĂ© de capital que les groupes avec une adhĂ©sion infĂ©rieure, bien que beaucoup de groupes avec une faible adhĂ©sion (telle que les communautĂ©s) produisent souvent un capital social de meilleure qualitĂ©. Dans une Ă©tude faite par Yankee City (1963), une communautĂ© de 17 000 personnes s'est avĂ©rĂ©e avoir plus de 22 000 groupes diffĂ©rents.

Le niveau de cohésion d'un groupe affecte également son capital social. Cependant, là encore, il n'y a aucune véritable manière quantitative de déterminer le niveau de la cohésion. Celui-ci est entièrement subjectif. Comment un groupe rapporte au reste de la société également affecte le capital social, mais d'une façon différente. Les interactions internes fortes peuvent dans certains cas affaiblir le capital du groupe dans les cas où celui-ci est appliqué au crime, à la méfiance, l'intolérance, la violence ou la haine vers autre. Le Ku Klux Klan et la Mafia sont deux exemples de ce genre d'organismes.

L'impact d'Internet

Ellison, Steinfield et Lampe[13] suggèrent que le capital social créé en ligne est le résultat des relations formées hors ligne et, ainsi, le capital d'accointance est rendu possible par un "entretien" (eng. maintenance) des relations. Ils proposent une distinction entre les liens sociaux, suggérant que les liens, ou les liens forts, sont possibles grâce aux médias sociaux, mais moins probables. Les interactions en ligne n'éloignent pas nécessairement les gens du monde hors ligne, mais au contraire peuvent être utilisées pour soutenir les relations et maintenir le contact. Aussi, il s'est révélé que les sites de réseaux sociaux (i.e., Facebook) semblent être beaucoup moins utiles pour maintenir ou créer du capital social d'attachement. En 2011 les chercheurs ont publié un article[21] dans lequel ils ont constaté que les pratiques de communication sur le site ont un impact sur les résultats du capital social. Donc il est essentiel d'étudier non seulement si les individus utilisent un site particulier, mais aussi ce qu'ils y font et avec qui. Ils ont étudié les pratiques d'amitié ("Amitié" sur Facebook et la façon dont les utilisateurs perçoivent ces relations), ils ont révélé que les utilisateurs font la différence entre les amis sur Facebook et les amis "réels" et que le nombre d'amis réels prédit le capital social d’accointance, alors que le nombre d'amis Facebook seul ne le fait pas. Cependant, les amis (qu'ils soient proches ou non) peuvent être des ressources utiles d'informations et un ensemble de perspectives diverses.

Références

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  10. Pierre Mercklé, Sociologie des réseaux sociaux, éd. La Découverte, 121 p. (ISBN 2-7071-4447-9)
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Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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Liens externes

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