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Canal du Lagoin

Le canal du Lagoin est un ouvrage destiné principalement à l'irrigation se situant dans le département des Pyrénées-Atlantiques, dans les cantons de Pau-Sud et de Nay-Est, dans la partie que l'on désigne sous le nom de « plaine de Nay », Batbielle ou Vath Viehla[1]. On utilise également la dénomination « plaine du Lagoin » pour la zone concernée par le canal du Lagoin.

Localisation sur la carte de France
Coarraze

Localisation sur la carte de France

Coarraze.

Au XIXe siècle, l'ouvrage eut un développement beaucoup plus ambitieux avec le creusement du « canal des coteaux » destiné à l'irrigation de la plaine du Pont-Long.

Actuellement cet ouvrage permet également de réalimenter la nappe de la plaine de Nay et de soutenir l'étiage du Lagoin dans lequel les stations d'épuration de Bénéjacq et de la zone Clément ADER à Bordes et Assat rejettent les eaux qu'elles ont traitées.

Description de l'ouvrage

La prise d’eau s’effectue dans le gave de Pau entre Montaut et Coarraze. Le canal d'amenĂ©e longe le Gave et la voie ferrĂ©e, puis pĂ©nètre dans un tunnel de 200 m sous le château de Dufau pour rejoindre le « rĂ©partiteur » de Coarraze oĂą s’opère une bifurcation donnant naissance Ă  deux branches bien distinctes :

  • Le « Lagoin rĂ©alimentĂ© » : au niveau du rĂ©partiteur, une partie des eaux est dirigĂ©e vers le nord-est oĂą elles servent Ă  soutenir le dĂ©bit du Lagoin - qui donne son nom Ă  l’ouvrage.
  • Le « canal de la plaine » (ou canal principal) : l’autre partie des eaux alimente un canal accolĂ© sur une dizaine de kilomètres Ă  la voie de chemin de fer Pau-Lourdes. Ă€ Meillon, le canal s'Ă©carte de la voie ferrĂ©e pour rejoindre le Gave.

Le Lagoin réalimenté et le canal de la plaine ne constituent que l’armature du réseau d'irrigation sur lequel s'embranchent des rigoles secondaires et, depuis 1997, un réseau enterré et sous pression entre Coarraze, Baudreix et Beuste.

« L’expression « canal du Lagoin » renvoie donc à la fois au canal d’amenée, aux deux branches du Lagoin réalimenté et du canal de la plaine et aux réseaux d'irrigations qu'il alimente. »

Le canal du Lagoin est géré par la « Société d'Irrigation de la Plaine du Lagoin » (SIPL) regroupant les irriguants et les treize communes qu’il permet d'arroser : Coarraze, Mirepeix, Baudreix, Boeil-Bezing, Bordes, Assat, Meillon, Aressy, sur la rive droite du Gave et Bénéjacq, Bordères, Lagos, Beuste et Angaïs, le long du Lagoin.

Histoire

La deuxième moitié du XIXe siècle vit naître une multitude de grands projets d’irrigation. Le canal du Lagoin fut un de ces grands travaux réalisés sous le Second Empire, une réalisation ambitieuse pour l’époque.

  • En 1848, quelques propriĂ©taires des cinq communes arrosĂ©es par le Lagoin demandèrent l’ouverture d’un canal reliĂ© au Gave qui apporterait un supplĂ©ment d’eau dans les pĂ©riodes d’étĂ© et d’hiver.
  • Sous le Second Empire, les pouvoirs publics, Conseil gĂ©nĂ©ral et PrĂ©fet, se montrèrent très favorables au projet. D’abord pour des raisons de salubritĂ© : en pĂ©riode de sĂ©cheresse, le Lagoin cessait pratiquement de couler, formant de nombreuses mares, sources d’épizooties pour les animaux, et de « fièvres paludĂ©ennes » pour les hommes. Ensuite pour les besoins de l’agriculture et des moulins.
  • 1859 : après des annĂ©es de tergiversations, et quelques pressions prĂ©fectorales, un dĂ©cret impĂ©rial fonde la « SociĂ©tĂ© d’irrigation de la Plaine du Lagoin » (SIPL), un syndicat intercommunal regroupant neuf[2] puis treize[3] communes et dont l’objectif est la construction et l’entretien de canaux d’irrigation dĂ©rivĂ©s du Gave de Pau.
  • 1860 : dĂ©but des travaux, rĂ©alisation du canal d’amenĂ©e. On creuse le tunnel qui passe sous le château de Dufau Ă  Coarraze et qui conduit Ă  la bifurcation des deux branches prĂ©vues Ă  l’origine : celle de la Plaine et celle du Lagoin. On entreprend aussi la construction d’une branche annexe : la « rigole du pied des coteaux », sur la rive droite du Lagoin, d'une longueur de km entre BĂ©nĂ©jacq et Beuste.
  • En 1865, lourdement endettĂ©, le syndicat n’était dĂ©finitivement plus capable de mener Ă  terme l’entreprise pour laquelle il avait Ă©tĂ© constituĂ©. La compagnie anglaise la « General Irrigation and Water supply Company of France limited » (reprĂ©sentĂ© par Hippolyte Dussard, AmĂ©dĂ©e Sellier et FrĂ©dĂ©rique Marshall et financĂ©e par une banque anglaise d'investissement[4]) demande alors la concession de l’entreprise pour une durĂ©e de soixante-quinze ans.
  • En , la Compagnie a achevĂ© les travaux dans la plaine du Lagoin, mais son objectif principal est d’étendre le rĂ©seau pour irriguer, au nord de Pau, la lande du Pont-Long dont elle a acquis un millier d’hectares[5].
  • 1866-1869 : construction du « canal des Anglais » ou « canal du Pont-Long ».

« Sans mĂŞme attendre le dĂ©cret de concession – seulement dĂ©livrĂ© en - on creuse un nouveau canal, long de trente-sept kilomètres : c’est la « branche des coteaux », appelĂ©e aussi « canal des Anglais » ou « canal du Pont-Long ». Ce canal est ouvert Ă  flanc des coteaux au nord du Lagoin, depuis Coarraze. Sa construction entraĂ®ne la disparition de la « rigole du pied des coteaux ». En pente très faible, il Ă©pouse les sinuositĂ©s du coteau, presque en ligne de niveau. On construit de nombreux aqueducs pour franchir les ruisseaux, et tous les chemins sont Ă©quipĂ©s de ponts pour traverser le canal. Le canal franchit l’interfluve au Hameau de Ousse, par un tunnel de 250 m. Toujours presque horizontal, il traverse la vallĂ©e de l’Ousse Ă  Nousty puis rejoint la partie amont de la plaine du Pont-Long entre Artigueloutan et Sendets.
Il se scinde alors en deux branches :

  • la branche nord destinĂ©e Ă  soutenir le dĂ©bit de l'Oussère, de l'Aygue Longue et du Luy de BĂ©arn ;
  • la branche sud, un simple amĂ©nagment d'un petit affluent de l'Ousse -le ruisseau d'Ouinda - longeant au sud la route de Pau Ă  Tarbes, pour les besoins en eau de l’hĂ´pital Saint-Luc, des villas de Trespoey et du ruisseau du HĂ©das qui draine une partie des Ă©gouts de la ville de Pau.

Le montant total des investissements pour la rĂ©alisation des diverses branches du canal du Lagoin fut d'environ 2 000 000 de francs (7 480 000 â‚¬, valeur en 2005). Le canal du Pont-Long fut mis en eau en . Et l’échec de l’entreprise fut immĂ©diat : la pente trop faible du canal ne permettait pas d’assurer un dĂ©bit suffisant, le sol trop permĂ©able absorbait l’eau. La compagnie ne parvint pas Ă  satisfaire ses clients. Elle revendit les terres du Pont-Long dès 1878. »

  • 1882 : la Compagnie est mise en faillite et le « Service hydraulique » du Conseil gĂ©nĂ©ral assure dĂ©sormais la gestion du canal.
  • 1905 : après une procĂ©dure longue de vingt ans, la dĂ©chĂ©ance de la Compagnie est enfin prononcĂ©e. La SIPL reprend alors en main la gestion du canal.
  • 1914 : la branche des coteaux est dĂ©finitivement dĂ©saffectĂ©e. La SIPL n’eut plus Ă  gĂ©rer que le pĂ©rimètre originellement prĂ©vu : la « Plaine du Lagoin ».
  • 1997 : rĂ©alisation d’un rĂ©seau sous pression enterrĂ© entre Coarraze, Baudreix et Beuste.
  • 2009 : après un diagnostic technique de l'Ă©tat de son patrimoine, la SIPL lance d'importants travaux de sauvegarde : le mur d'entrĂ©e du canal (entre la prise d'eau sur le gave de Pau et les vannes de dĂ©charge) a Ă©tĂ© Ă©tanchĂ© et renforcĂ© par projection de bĂ©ton sur 350 m.

Sources

  • Rapports et dĂ©libĂ©rations du Conseil gĂ©nĂ©ral des Basses-PyrĂ©nĂ©es, 1848-1920.
  • J.L. Gazzurelli, Un exemple d’hydraulique rurale, XIXe- XXe siècle, le canal du Lagoin, l’irrigation dans la plaine de Nay, MĂ©moire de maĂ®trise de l’environnement, UniversitĂ© de Pau et des Pays de l'Adour, 2002.
  • Émile Pujolle. « Le Lagoin », « Le canal du Lagoin », « Le canal des coteaux », L'Arrebigne, 2004-2005, no 44-49, Bulletin interassociatif d'Assat, trimestriel. Mairie d'Assat.

Notes et références

  1. La communauté de communes du Pays de Nay inclut le territoire de la Vath Vielha stricto sensu.
  2. Coarraze où devait être construite la prise d’eau sur le Gave et le répartiteur, les cinq communes situées le long du Lagoin - Bénéjacq, Bordères, Lagos, Beuste, Angaïs - et trois communes riveraines du Gave, Mirepeix, Baudreix et Bordes.
  3. Le 30 janvier 1860, Boeil, Assat, Meillon et Aressy rejoignaient le syndicat.
  4. Phillip Cottrell, Investment Banking in England 1856-1881(RLE Banking & Finance), 2013, p. 264
  5. 1018 ha, soit le quart des landes du Pont-Long, vendus Ă  la Compagnie par le syndicat du Bas-Ossau.
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