Camp de MĂ©rignac
Le Camp de Mérignac est un camp d'internement ouvert par le régime de Vichy en 1941 au lieu-dit Beaudésert sur le territoire de la commune de Mérignac (Gironde). Y furent internés des nomades, des Juifs, des étrangers, des communistes et des réfractaires au S.T.O..
Camp d'internement de MĂ©rignac | |
Présentation | |
---|---|
Nom local | Camp de Beaudésert |
Gestion | |
Date de création | |
Créé par | Préfecture de la Gironde |
Géré par | Préfecture de la Gironde |
Dirigé par | Monsieur Macq |
Date de fermeture | |
Victimes | |
GĂ©ographie | |
Pays | France |
RĂ©gion | Nouvelle-Aquitaine |
Localité | Mérignac |
Historique
Un camp d'internement fut créé à la demande des Autorités d'Occupation (A.O.) par arrêté préfectoral du . Dans un premier temps, il assura les internements administratifs de populations nomades, mais l’Hôtel des émigrants du 24 quai de Bacalan à Bordeaux s'avérant trop exigu, le camp de Mérignac devint un lieu de détention pour des internés politiques. Dans la continuité du décret du et du décret du dit « décret Sérol »[Note 1], instruments d’une répression anticommuniste : après de la signature du Pacte germano-soviétique les autorités françaises poursuivirent à grande échelle la traque des communistes. Ainsi, le , 148 hommes et femmes suspectés d’activités syndicalistes et communistes furent arrêtés. La mise en service du camp de Mérignac à Beaudésert permit donc l’augmentation du nombre d’internés fut par la suite pour, l’Occupant, un vivier d’otages.
Enfin, en application des accords Bousquet-Oberg de 1942, le camp de Mérignac servit de lieu de regroupement des juifs internés, en amont de leur déportation[1]. Des gendarmes français et des Gardes civils furent affectés à la surveillance du camp qui relevait de l’administration française.
Le régime de Vichy interna ainsi à Mérignac des personnes désignées comme « indésirables » : réfugiés espagnols et autres étrangers, juifs, nomades, militants communistes, etc.
Caractéristiques
Le camp d'internement fut installé au début de la guerre sur le site de Beaudésert, où un projet de construction de cité olympique dans les années 1920 n'avait pas abouti.
Il s'agissait d'un petit camp entouré d'une haute palissade de fils barbelés et de miradors. Le camp était gardé par des gendarmes français. Les conditions de vie y étaient déplorables, sans hygiène ni infirmerie.
Y furent détenus pendant quatre ans, tour à tour ou simultanément, militants politiques et syndicaux, condamnés de droit commun, « indésirables » et étrangers, trafiquants du marché noir, juifs, proxénètes, prostituées, réfractaires au S.T.O., raflés sans papiers, « dissidents » et « terroristes ». Cinq à six cents personnes y étaient surveillées par une soixantaine de gendarmes et de gardes civils.
Un lieu d'internement des juifs
À partir du , des juifs des deux sexes âgés de 16 à 45 ans furent détenus au camp, à l'exception des juifs des nationalités : italienne, espagnole, turque, grecque, bulgare, hongroise, finnoise, norvégienne, anglaise, américaine et mexicaine.
Plus de 2 000 juifs de Bordeaux et de sa région furent internés au camp de Mérignac. Quinze cents d'entre eux furent transférés au camp de Drancy puis déportés vers les centres de mise à mort de Pologne[2]. Une palissade séparait les baraques des juifs des baraques des autres détenus[3].
Les nomades et les juifs détenus au camp de Mérignac furent par la suite transférés au Camp de la Lande de Monts ou au camp de La Morellerie en Indre-et-Loire. De juillet à , 459 juifs internés à Mérignac furent transférés à Drancy puis déportés[4].
Pierre Garat, haut fonctionnaire vichyste, sous la responsabilité de Maurice Papon, secrétaire général de la préfecture de la Gironde, établit les listes, et procède au triage des juifs.
Un lieu d'internement d'opposants politiques
À partir de l'été 1941, une clôture en fils de fer barbelés fut construite pour regrouper les otages[3].
Le camp de Mérignac fut l'une des annexes de la maison d'arrêt de Bordeaux du Fort du Hâ. Le , des détenus du camp furent désignés comme otages et furent fusillés à Souge et à Bordeaux.
Internés célèbres
- Roger Allo, syndicaliste communsiste
- Louis de La Bardonnie, résistant français
- Charles Nancel-Pénard, médecin communiste
- Samy Stourdzé, rabbin résistant
Sur les registres du camp de Beaudésert, on a retrouvé par erreur le nom du neurologue Boris Cyrulnik, dont les parents furent assassinés par la suite au camp d'Auschwitz.
Archives du camp
Les archives du camp de Mérignac sont conservées aux Archives départementales de la Gironde[5].
Bibliographie
- Florent Leruste, Juifs internés à Bordeaux (1940-1944) : Le camp de Mérignac-Beaudésert, Les Éditions du Net, 2014 (ISBN 978-2-312-02293-2)
Articles connexes
Liens externes
- Camp de Mérignac-Beaudésert
- « Le camp d´internement de Mérignac 1940-1944 », sur Peter Gaida (consulté le )
- Archives du camp de MĂ©rignac
Notes et références
Notes
- Le décret du 12 avril 1940 dit « décret Sérol » – du nom du ministre socialiste Albert Sérol dans le gouvernement de Paul Reynaud pendant la Drôle de guerre – visait particulièrement les communistes, dont le Parti avait déjà été dissous par le décret-loi du 26 septembre 1939 sur décision du gouvernement d’Édouard Daladier. Les élus communistes avaient été ensuite déchus de leurs mandats par la loi du 20 janvier 1940.
Références
- Denis Peschanski, La France des camps, l’internement 1938-1946, Paris, Gallimard, 2002, pages 103, 131, 143,193 et 310.
- Florent Leruste, Juifs internés à Bordeaux (1940-1944) : Le camp de Mérignac-Beaudésert, Les Éditions du Net, 2014 (ISBN 978-2-312-02293-2)
- « Repères », sur sudouest.com (consulté le ).
- « Les camps d'internement français entre 1939 et 1945 : Camp de MERIGNAC », sur asso.fr (consulté le ).
- « Camp d'internement de Mérignac-Beaudésert pendant la seconde guerre mondiale », sur Archives départementales de la Gironde (consulté le )