Accueil🇫🇷Chercher

Camp Humphreys

Le camp Humphreys (nom officiel : United States Army Garrison-Humphreys (USAG-H)) est une vaste installation militaire de l'armée de terre des États-Unis située sur la commune de Pyeongtaek en Corée du Sud.

Armoiries du Camp Humphreys.
Carte simplifiée de la ville de Pyongtaek. Le camp Humphreys se situe au sud de la commune.

Pyeongtaek est une ville nouvelle sud-corĂ©enne de 406 000 habitants en 2008 situĂ©e Ă  une soixantaine de kilomètres au sud de SĂ©oul, Ă  proximitĂ© de la mer Jaune, sur la cĂ´te occidentale de la CorĂ©e, face Ă  la Chine.

Il existe un total de trois bases militaires sur le territoire de cette commune, Osan Air Base utilisé conjointement par les Pacific Air Forces et l'armée de l'air sud-coréenne, Camp Humphreys utilisé par l'United States Army et une base navale de la marine de la République de Corée.

Histoire du camp Humphreys

Hélicoptères CH-47 Chinook dans le camp Humphreys.
Construction d'immeubles d'habitations en 2011.

La situation stratégique de Pyongtaek a été perçue par l'Armée impériale japonaise qui en 1919 installèrent une base militaire dans cette zone alors agricole. Située à proximité de la Chine et en particulier de Pékin, cette zone deviendra une base aérienne lors de la guerre sino-japonaise permettant de mener des raids sur toute la côte orientale chinoise ainsi que de surveiller le sud de la Sibérie.

Avec la chute de l'empire du Japon en août 1945, la base sera maintenue et deviendra par la suite le Camp Humphreys.

En 1950, la tension entre les États-Unis et l'Union soviétique dégénère en guerre ouverte sur le sol coréen, la zone sera occupée par l'Armée populaire de Corée dont les éléments blindés seront bombardés par la Fifth Air Force le [1]. Elle fut reconquise lors de la contre-offensive des Nations unies menée par le général Mac Arthur, et lorsque l'armée populaire de libération chinoise bouscula les forces alliés les contraignant à une retraite, elle se retrouva le point d'appui sur la côte ouest de la ligne de défense D à peu près le long du 37e parallèle nord entre le et jusqu'à une contre-attaque menée par le général Matthew Ridgway repoussant à la fois les Nord-coréens et leurs alliés sur ce qui deviendra la Zone coréenne démilitarisée.

Les États-Unis décident de renforcer leur présence aérienne et s'installent sur l'ancienne base japonaise renommée K-6[2] qu'ils agrandissent en 1951. Elle abritera un Marine Air Group et le 614th Tactical Control Group.

L'armistice signé en 1953 se traduit par un maintien de la présence militaire américaine en Corée du sud. La base sera nommée Camp Humphreys en 1961.

La principale unité de combat actuellement positionnée est la brigade d'hélicoptères de la 2e DIUS.

Dans les années 2010, le Quartier Général des United States Forces Korea, de la VIIIe Armée américaine, ceux du Commandement des Nations unies en Corée et la 2e division d'infanterie américaine dont les bases militaires situées trop près de la Zone coréenne démilitarisée qui sépare la Corée du sud de la Corée du Nord sont repositionnés à Pyongtaek à partir de 2008. Le QG des forces des États-Unis en Corée est inauguré sur cette base le 29 juin 2018.

Cette relocalisation a le double avantage d'offrir un délai supplémentaire en cas d'offensive terrestre venue du nord et de positionner les avions face à la Chine qui fait figure d'adversaire potentiel.

L'installation dĂ©pendant du United States Army Installation Management Command couvre dans les annĂ©es 2000 une superficie de 1 210 acres. Dans le cadre du plan de cette rĂ©installation, elle augmente de 2 328 Ă  3 538 acres en faisant la grande base militaire des États-Unis Ă  l'Ă©tranger avec près de 500 immeubles et entrepĂ´ts[3].

Avec les familles des militaires, on comptera en 2013 dans les Ă©coles du camp 1 700 Ă©lèves sud-corĂ©ens et amĂ©ricains[4].

En 2019, il est décidé le transfert du ROK/US Combined Forces Command (en) (Commandement des forces combinées de la République de Corée/États-Unis) chargé des opérations en cas de guerre de Séoul a Camp Humphreys[5].

Urbanisation

Les autorités sud-coréennes fondent en 1986 une ville nouvelle portuaire qui se veut un pôle économique international dans cette zone qui s'est très rapidement urbanisée, l'agriculture ne représentant qu'une fraction de l'économie de cette région désormais densément peuplée.

Opposition au développement de la base en 2005/2006

Les paysans de Pyongtaek n'ont pas rĂ©cupĂ©rĂ© les terres dont ils ont Ă©tĂ© expulsĂ©s depuis les annĂ©es 1950. Le rĂ©gime du gĂ©nĂ©ral Park Chung-hee ne permet d'ailleurs aucune contestation ouverte. Les villageois entreprennent au cours des annĂ©es 1960 et 1970 un travail de drainage des marĂ©cages et de la plaine cĂ´tière. Leurs efforts collectifs leur permettent de reconquĂ©rir environ 2 500 hectares de terres qu'ils convertissent en rizières irriguĂ©es. Parallèlement grâce Ă  13 campagnes d'expropriation sans compensation financière la base militaire couvre 660 hectares.

En , le gouvernement corĂ©en avait prĂ©vu de donner environ 1 150 hectares supplĂ©mentaires Ă  la base militaire de Camp Humphreys. En , le comitĂ© gouvernemental d’expropriation des terres approuvait la saisie imminente du domaine du village de Daechuri, rendant ainsi illĂ©gale l’occupation de leurs terres par les paysans.

Les agriculteurs les plus âgés refusent d'être chassés une troisième fois de leur terre. Rapidement un mouvement national de soutien aux paysans de Pyongtaek se met en place. Des personnalités emblématiques de la lutte pour la démocratie dans les années 1980 tel que le père Mun Jeon Hyeon, prennent fait et cause pour les habitants des villages de Paengsong.

Le , une manifestation nationale rĂ©unit plus de 20 000 activistes venus de toute la CorĂ©e pour appuyer les paysans de Pyongtaek. La rĂ©pression très brutale des forces de l'ordre fera plusieurs dizaines de blessĂ©s dans les rangs des manifestants. Le ComitĂ© sud-corĂ©en contre l'extension de la base militaire de Pyongtaek dĂ©cide de se renforcer en prenant contact avec des mouvements pacifistes qui ont luttĂ© ou qui rĂ©sistent encore contre l'extension ou la crĂ©ation de bases militaires.

Des missions sont envoyées au Japon pour rencontrer des activistes pacifistes qui luttent à Okinawa contre la présence américaine. Une autre mission en Europe permet de rencontrer les paysans du Larzac qui se sont opposés victorieusement à l'extension d'une base militaire dans les années 1970.

Le , les habitants du village de Paengsong organisent une rencontre internationale des mouvements d'opposition à la militarisation de la planète. José Bové participe à cette journée et explique les stratégies mises en place dans les années 1970 sur le Larzac pour occuper les maisons vides et empêcher l'arrivée des forces militaires. Les militants d'Okinawa rappellent les victoires qu'ils ont eues contre l'extension de la base navale.

Le , plus de 10 000 activistes venus de tout le sud de la pĂ©ninsule corĂ©enne se rassemblent dans la ville de Pyongtaek, situĂ©e Ă  une dizaine de kilomètres de la base, pour soutenir les habitants de la zone et rĂ©affirmer leur opposition contre une nouvelle militarisation du pays.

Des manifestations Pro-expansion ont également eu lieu mais à une échelle plus petite. Les arguments principaux des pro-expansion étaient que l'immense majorité des protestataires ne sont pas des fermiers du secteur local qui ne représentent que 10 % de ceux-ci mais des activistes politiques originaires de reste du pays.

En octobre 2006, les rĂ©sidents de Daechuri et d'autres petits villages Ă  proximitĂ© de Pyeongtaek sont convenus d'un règlement du gouvernement pour quitter leurs foyers et permettre l'expansion de base. Selon un article du The Korea Herald, le gouvernement a acceptĂ© de fournir aux rĂ©sidents une rĂ©munĂ©ration supplĂ©mentaire en vertu de laquelle ils recevront une subvention de 200 000 Won (soit 230 dollars amĂ©ricains) tous les mois pendant 10 ans avec 8 pyeong (26,4 m2) de terres dans un espace mis de cĂ´tĂ© pour leur rĂ©installation. Les rĂ©sidents ont Ă©galement une compensation d'une somme moyenne de 2 000 000 de $ US chacun, soit, selon le gouvernement, trois Ă  quatre fois la valeur marchande actuelle de leurs propriĂ©tĂ©s.

Dans la fiction

Une scène du film World War Z (2013) s'y déroule[6].

Notes et références

  1. (en) Korean War Timeline
  2. [PDF](en) USAF K-Sites in Korea
  3. The Korea Herald[ Herald, « Moon welcomes Trump at US base »,
  4. (en) Ground broken on new Humphreys high school and elementary school
  5. (en) « The joint command for US, South Korean forces is moving. Will this jeopardize defense? », Defense News,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. « World War Z », setdecorators.org, consulté le 19 avril 2021.

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.