Camille Le Tallec
Camille Le Tallec, né le à Paris et mort le à Charenton-le-Pont[1], est un céramiste et décorateur sur porcelaine français.
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Biographie
Origines et formation
Camille Le Tallec naît rue Piat dans le quartier de Belleville à Paris, d'un père breton issu d'une famille de Keryado (rattaché en 1901 à Lorient) près de Plœmeur peintre sur porcelaine et d'une mère picarde[2]. Il fait ses études au lycée Voltaire, puis vit de petits métiers. Il est diplômé de l'École du Louvre où il soutient en 1929 une thèse sur la porcelaine de Nast au XVIIIe siècle[3] - [4]. Il reprend ensuite en 1930, le petit atelier familial de décoration sur porcelaine de Limoges fondé par ses parents vers 1905 dans le 20e arrondissement de Paris, au 13, villa Faucheur. Rapidement, Camille Le Tallec décide de perpétuer fidèlement la tradition de décoration sur porcelaine de la manufacture de Sèvres en transformant l'entreprise artisanale familiale en atelier de céramique moderne d'une trentaine de peintres dépositaires de la tradition et du savoir-faire français de la peinture sur porcelaine du XVIIIe siècle et du XIXe siècle[3] - [5]. L'atelier Le Tallec aura pour devise : « Ni copies, ni pastiches, simplement du travail bien fait[6]. »
L'atelier Le Tallec
De 1930 à 1960, l'atelier Le Tallec prend de l'ampleur et sa renommée s'étend aux tables les plus prestigieuses avec notamment des commandes réalisées pour la reine Élisabeth II d'Angleterre, les rois Mohammed V et Hassan II du Maroc, la reine de Hollande Juliana, le prince du Qatar Abdelaziz bin Ahmed Al Thani, le Shah d'Iran Mohammad Reza Pahlavi, la République française, la Ville de Paris, et quelques grandes fortunes ou artistes[4] - [7] - [8]. Il crée également à cette époque des décors spéciaux pour la chocolaterie La Marquise de Sévigné, le parfumeur Marcel Rochas ou la maison d'orfèvrerie Puiforcat. En 1961, Camille Le Tallec entame une longue collaboration avec le joaillier américain Tiffany & Co[9] qui aboutira en 1990 à l'achat et à l'intégration de l'atelier Le Tallec au sein de l'entreprise[4].
Vers 1975, la zone villa Faucheur-rue Piat est l'objet d'un important plan municipal d'aménagement urbain destiné à créer un parc immobilier de type HLM aboutissant à la destruction des maisons et ateliers anciens. Avec l'aide de Jacques Chirac qui vient d'être élu maire de la ville, Camille Le Tallec décide de transférer en 1978 l'atelier de la villa Faucheur dans des locaux annexes de l’école Boulle au 67, rue de Reuilly (cour d'Alsace-Lorraine) dans le 12e arrondissement[10]. Ce déménagement dans des locaux plus adaptés ouvre une nouvelle époque de modernisation dans les processus de réalisation des décors avec l'utilisation de nouveaux fours électriques et créations de nouveaux décors contemporains. En contrepartie de cette aide municipale, Camille Le Tallec s'est chargé d'organiser l'animation d'un centre de l'Association pour le développement de l'animation culturelle (ADAC), présent dans la cour d'Alsace-Lorraine, où sont donnés des cours de dessins et de peinture sur porcelaine[10].
Camille Le Tallec, au cours de ses soixante ans de carrière de « céramiste », comme il se définissait lui-même[3] (bien que littéralement inapproprié), a ainsi maintenu la tradition française de la décoration sur porcelaine en revisitant, transmettant et préservant les techniques de réalisation de quelque 375 décors historiques et originaux signés aux marques Le Tallec[11]. Camille Le Tallec n'a que très peu effectué lui-même les décors sur porcelaines qu'il concevait, se limitant à imaginer et dessiner leurs esquisses qui étaient ensuite réalisées par les peintres de l'atelier[4]. Toutefois, il réalise seul sur des plaques de lave le chemin de croix de l'église Notre-Dame-de-la-Paix à Saint-Étienne[12] d'après les dessins des vitraux réalisés par Théo Hanssen[3] - [13]. Après sa mort en 1991, l'atelier est entièrement géré par Tiffany & Co, qui a créé de nouvelles séries de décors originaux, ainsi que transféré l'atelier, en 1995 pour sa troisième époque, sous le Viaduc des Arts de l'avenue Daumesnil.
À la fin des années 2000, l'atelier Le Tallec subit les conséquences de la crise financière mondiale et voit son activité, très liée au marché américain et au taux de change dollar/euro en raison de ses liens avec Tiffany, baisser[14] - [15]. En 2014, à la suite de la décision de Tiffany de se séparer de l'atelier, et en l'absence de repreneur ou de solution viable, il ferme définitivement après près de 90 ans d'activité continue[15].
Collection
Par passion personnelle autant que pour des raisons professionnelles, Camille Le Tallec fut également tout au long de sa vie un collectionneur, entre autres de porcelaines des différentes écoles et manufactures européennes du XVIe siècle au XIXe siècle, qui furent une source perpétuelle d'inspiration et des modèles pour les peintres de l'atelier[3]:
« De documents utiles cette collection s'est ensuite constituée pour le seul plaisir de posséder de beaux objets d'une matière qui [lui était] particulièrement chère. »
De 1935 à 1955 principalement, il a réuni une collection personnelle qui fut dispersée lors d'une vente aux enchères en 1990 par l'étude Tajan[16]. De nombreux musées, dont le Louvre[17], le musée de la Faïence de Marseille, le musée de l'Île-de-France[18] et collectionneurs acquirent les plus belles pièces[4].
Distinctions
À partir de 1952, Camille Le Tallec fut membre de la section française de l'Académie des beaux-arts de Naples. Il reçoit la Médaille de vermeil de la Ville de Paris en 1970 et fut élevé au grade de Chevalier de la Légion d'honneur par Edgar Faure[19] en 1976.
Notes et références
- Camille Le Tallec, MatchID-base Insee, consulté le 24 juillet 2020.
- « Camille Le Tallec, céramiste, peintre sur porcelaine », La Bretagne, 27 octobre 1948, p. 1-2.
- Jean Nicolier, « Camille Le Tallec, un céramiste parle de sa collection », op. cit..
- Keith et Thomas Waterbrook-Clyde, op. cit., p. 7-8.
- Clément Lépidis, Belleville au cœur, éditions Vermet/FeniXX réédition numérique, 1980 (ISBN 9782402151139), p. 152.
- En référence à : « Nous avons connu un honneur du travail exactement le même que celui qui au Moyen Âge régissait la main et le cœur. C'était le même conservé intact en dessous. Nous avons connu ce soin poussé jusqu'à la perfection, égal dans l'ensemble, égal dans le plus infime détail. Nous avons connu cette piété de l'ouvrage bien faite poussée, maintenue jusqu'à ses plus extrêmes exigences. » dans L'Argent de Charles Péguy (1913), édition Bibliothèque de la Pléiade, 1957, p. 1050.
- Janick Arbois et Joshka Schidlow, La Vraie Vie des Français, éditions du Seuil, 1978, (ISBN 9782020048217), p. 173-174.
- « Camille Le Tallec prépare les nouvelles "Grandes heures" de la porcelaine française », La Bretagne, 14 juillet 1950, pp. 1-2.
- The Connoisseur, vol. 216, nos 887 Ă 892, p. 220.
- Maurice Cazaux, « Jacques Chirac réinstalle le dernier peintre sur porcelaine de la capitale dans le 12e », Le Figaro, 1979.
- Keith et Thomas Waterbrook-Clyde, op. cit., p. 10-14.
- Église Notre-Dame sur le site de l'Université du Québec.
- Église Notre-Dame-de-la-Paix sur le site des Journées du patrimoine.
- « Luxe : les fournisseurs d'Ile-de-France réagissent face à la crise », L'Usine nouvelle, 15 juin 2009.
- Tiffany & Co se sépare d’un atelier artisanal français, Le Journal du luxe, 16 mai 2014.
- Georges Lefebvre, « Un collectionneur de céramiques », op. cit..
- Musée du Louvre – Département des objets d'art, Nouvelles acquisitions du Département des objets d'art, éditions de la Réunion des musées nationaux, 1990 (ISBN 9782711832248), p. 274.
- Notice no 04170004236, base Joconde, ministère français de la Culture ; Notice no 04170006538, base Joconde, ministère français de la Culture ; Notice no 04170006539, base Joconde, ministère français de la Culture ; Notice no 04170006540, base Joconde, ministère français de la Culture.
- Edgar Faure et Camille Le Tallec furent camarades de classe au lycée Voltaire à Paris au début des années 1920.
Annexes
Articles connexes
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Jean Nicolier, « Camille Le Tallec : un céramiste parle de sa collection », Connaissance des arts, Paris, no 40,‎ , p. 62-65 (ISSN 2102-5371)
- Georges Lefebvre, « Un collectionneur de céramiques », L'Estampille - L'Objet d'art, Paris, no 239,‎ , p. 76-83 (ISSN 0998-8041)
- François Duret-Robert, « Un céramiste se sépare de ses céramiques », Connaissance des arts, Paris, no 464,‎ , p. 149 (ISSN 2102-5371)
- (en) Richard Rendall et Elise Abrams, Hand Painted Porcelain Plates : Nineteenth Century to the Present, Atglen, Pa., Schiffer Publishing, coll. « Schiffer book for collectors », , 240 p. (ISBN 0-7643-1692-3 et 978-0-7643-1692-0, OCLC 50859021, LCCN 2002152337)
- (en) Keith Waterbrook-Clyde et Thomas Waterbrook-Clyde, Atelier Le Tallec : hand-painted Limoges porcelain, Atglen, Pa., Schiffer Publishing, coll. « Schiffer book for collectors », , 240 p. (ISBN 0-7643-1708-3 et 978-0-7643-1708-8, OCLC 50737452, LCCN 2002015777)