Calixto GarcĂa
Calixto GarcĂa Íñiguez fut un gĂ©nĂ©ral cubain, acteur des conflits ayant menĂ© Ă l'indĂ©pendance de Cuba.
Nom de naissance | Calixto GarcĂa Íñiguez |
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Alias |
Simón Suárez (pseudonyme) |
Naissance |
HolguĂn, Cuba |
Décès |
New York, États-Unis |
Nationalité | Cubaine |
Profession |
Général |
Biographie
Calixto GarcĂa Íñiguez est nĂ© Ă HolguĂn, le . Autodidacte, il ne suit aucune formation universitaire supĂ©rieure. La majeure partie de son Ă©rudition personnelle fut notamment acquise lors de ses annĂ©es d'exil en Espagne (1874-1878 et 1880-1885), oĂą il Ă©tudia surtout l'art de la guerre, du fait de sa potentielle utilitĂ© pour les luttes indĂ©pendantistes en cours Ă Cuba contre le pouvoir colonial espagnol.
Guerre des Dix Ans
Calixto GarcĂa se joint Ă la guerre des Dix Ans, soulèvement qui contamine dans la rĂ©gion de HolguĂn aux premiers mois de 1869. Pour continuer le mouvement lancĂ© par les gĂ©nĂ©raux Thomas Jordan, Máximo GĂłmez et Modesto DĂaz, et devant l'impossibilitĂ© d'Ă©tendre les actions de Vicente GarcĂa (retranchĂ© dans le camp de Las Tunas) dans cette zone, la prĂ©sence d'un officier d'envergure Ă©tait en effet devenue nĂ©cessaire, et GarcĂa remplit ce rĂ´le. Il soumit alors les diffĂ©rentes troupes mambises, jusque-lĂ dispersĂ©es, Ă une discipline de fer, ce qui lui permit de maintenir en Ă©chec les troupes espagnoles dans les rĂ©gions autour des villes de HolguĂn, Banes, Gibara, MayarĂ, Ă©tendant par la suite son autoritĂ© jusqu'Ă Moa, alors que Maceo menait Ă bien sa campagne de Guantánamo. Une de ses principales tâches fut de protĂ©ger les dĂ©barquements des bateaux chargĂ©s d'armes et de patriotes, lesquels n'Ă©taient malheureusement ni assez nombreux ni coordonnĂ©s comme il l'eĂ»t fallu.
En 1874, alors qu'il tentait de couper court aux pourparlers de paix qu'avaient entamĂ©s les reprĂ©sentants espagnols avec plusieurs chefs cubains des rĂ©gions de Manzanillo et de Bayamo, discussions qui n'avaient pas Ă©tĂ© autorisĂ©es par le Gouvernement de la RĂ©publique Cubaine en armes, le major gĂ©nĂ©ral Calixto GarcĂa fut surpris le avec une petite troupe par une colonne ennemie Ă San Antonio de Baja. Dans un combat inĂ©gal, et devant la possibilitĂ© d'ĂŞtre fait prisonnier, il prĂ©fĂ©ra lutter jusqu'Ă la dernière cartouche, appliquant le principe du « tiro de la vianda », avant de se suicider. Se tirant une balle de revolver dans le palais, il se loupa toutefois et fut fait prisonnier par les Espagnols, grièvement blessĂ©. Conduit tout d'abord Ă Veguitas, oĂą les mĂ©decins espagnols lui sauvèrent la vie, il fut emmenĂ© ensuite Ă Manzanillo, puis plus tard Ă Santiago de Cuba, et Ă La Havane.
Peu de jours après sa capture, les autoritĂ©s espagnoles, qui exerçaient dĂ©jĂ une surveillance très rapprochĂ©e sur sa mère LucĂa Íñiguez, l'informent que son fils a Ă©tĂ© fait prisonnier. Apprenant la nouvelle, elle aurait rĂ©pondu : « Ce n'est pas mon fils[1] !» Mais quand on lui apprit que le prisonnier avait tentĂ© de se suicider avant de se faire prendre, alors elle aurait rĂ©pondu, tremblante mais convaincue : « Ah… C'est bien mon fils ! »[2].
Après une courte convalescence, il fut envoyĂ© en Espagne comme prisonnier politique, oĂą il reste en exil jusqu'en 1878, oĂą il retrouve la libertĂ© Ă la suite de l'amnistie dĂ©crĂ©tĂ©e par le gĂ©nĂ©ral espagnol Arsenio MartĂnez Campos pour les combattants de la guerre (Pacte de ZanjĂłn). Il se rend alors aux États-Unis, y retrouvant l'Ă©migration patriote.
Petite Guerre
Ă€ la suite de la protestation de Baraguá, menĂ©e par Antonio Maceo dans le but de mettre Ă bas les termes du Pacte de ZanjĂłn et de continuer la lutte jusqu'Ă l'indĂ©pendance, Calixto GarcĂa s'avĂ©ra ĂŞtre le plus Ă mĂŞme de prendre la tĂŞte du nouveau mouvement indĂ©pendantiste, notamment de par son engagement et ses compĂ©tences. Il accepta cette fonction, et s'attela Ă la tâche avec une grande ardeur. Il rassemble de nouvelles troupes, rallie les grands chefs mambises qui lui assurent appui et soutien.
Sous sa présidence, le Comité Révolutionnaire Cubain de New York publie en octobre 1878 un manifeste posant les bases et l'organisation que cette nouvelle étape vers l'indépendance, qui sera par la suite connue sous le nom de « Petite Guerre », du fait de sa courte durée. Il organisa donc le mouvement conspirateur parmi l'émigration et à Cuba. Il fait un voyage en Amérique latine et y réalise un énorme travail d'unification des oppositions, créant des clubs secrets et usant de pseudonymes pour ses combattants de la clandestinité, le sien étant Simón Suárez.
Les 25 et 26 aoĂ»t 1879, la Petite Guerre Ă©clate sous son instigation, avec le soutien et l'aide active de personnalitĂ©s importantes comme JosĂ© Maceo, GuillermĂłn Moncada, QuintĂn Banderas ou Limbano Sánchez. Ne pouvant pas se rendre Ă Cuba, il ressent nĂ©anmoins ce qui cause rapidement l'essoufflement de l'insurrection : dĂ©faut de commandement dans l'est de l'Ă®le, corruption, dĂ©sinformation et espionnage en profondeur de l'ennemi. Les principaux chefs sont pris et dĂ©portĂ©s, tandis que d'autres continuent Ă rĂ©sister, espĂ©rant l'arrivĂ©e de GarcĂa appuyĂ© d'une forte troupe.
La lutte ne se déroula pas vraiment sous les meilleurs auspices. Ainsi, sur l'envoi de 82 révolutionnaires prévu le 26 mars 1880, seule une grosse vingtaine réussit à quitter le New Jersey. Une escale à la Jamaïque fut l'occasion d'égarer encore quelques hommes. Finalement, ce sont dix-neuf hommes qui débarquent à Aserradero, le 7 mai 1880. Minés par la fatigue et la faim, ils tentèrent d'entrer en contact avec leurs compatriotes, mais échouèrent. Ils furent poursuivis et harcelés, certains furent fait prisonniers et d'autres tombèrent au combat, mais d'autres ne se rendirent pas, continuèrent la lutte jusqu'au 4 août 1880, lorsqu'ils reçurent de la part des autorités espagnoles les garanties nécessaires à leur reddition. Le pouvoir espagnol leur laissa la vie sauve mais les déporta en Espagne.
Guerre d'indépendance cubaine
Calixto GarcĂa passe alors cinq annĂ©es en mĂ©tropole, et après un sĂ©jour aux États-Unis, il se rallie Ă la Guerre NĂ©cessaire, comme l'appelait JosĂ© MartĂ. Après plusieurs tentatives infructueuses, il dĂ©barque sur l'Ă®le en mars 1896, alors qu'il se trouve encore souffrant d'une infection pulmonaire. NĂ©anmoins, il opère un important travail d’organisation et de stratĂ©gie avec les forces indĂ©pendantistes des dĂ©partements de l'est de l'Ă®le, notamment Ă HolguĂn et Ă Santiago de Cuba. En parvenant Ă maintenir un lien Ă©troit entre Cuba et les envois d'armes et de matĂ©riels, il parvint Ă donner Ă ses troupes un niveau d'Ă©quipement supĂ©rieur Ă toutes celles de l'EjĂ©rcito Libertador, dont les hommes devaient pour la plupart se contenter de vivre sur les prises Ă l'ennemi. Ă€ titre de reconnaissance des services rendus, il est nommĂ© par Máximo GĂłmez, Ă la suite de la mort d'Antonio Maceo et avec l'accord du Gouvernement de la RĂ©publique de Cuba en armes, Lieutenant-gĂ©nĂ©ral de l'EjĂ©rcito Libertador. En 1897, il dirige les campagnes offensives contre les villes et villages des provinces orientales, et après avoir pris quelques canons Ă l'ennemi, il fut le premier gĂ©nĂ©ral mambise Ă utiliser l'artillerie lors du siège de la ville d'HolguĂn.
Lorsque les États-Unis commencèrent Ă prendre part au conflit en 1898, bien qu'ayant d'abord exprimĂ© son dĂ©saccord quant Ă confier le commandement des opĂ©rations aux amĂ©ricains, Calixto GarcĂa accepte la dĂ©cision du gouvernement cubain en armes et soumet ses forces Ă la direction des gĂ©nĂ©raux Shafter et Lawton. Devant l'incompĂ©tence manifeste de Shafter pour les opĂ©rations terrestres, qui se rĂ©vĂ©la dĂ©sastreuse dans les montagnes au-dessus de Santiago de Cuba, le commandement effectif fut assurĂ© par le gĂ©nĂ©ral Lawton, qui sut bien mieux tirer parti des qualitĂ©s de guĂ©rilleros des mambises. Ainsi, les troupes cubaines sauvèrent plus d'une fois la mise aux troupes amĂ©ricaines dĂ©barquĂ©es, mieux Ă©quipĂ©es mais inexpĂ©rimentĂ©es, et trouvant face Ă elles un ennemi aguerri, qui connaissait bien le terrain et commandĂ© par des officiers de valeur.
Après la dĂ©faite navale de l'amiral espagnol Cervera dans les eaux de Santiago de Cuba et la chute de la ville après un siège de plusieurs semaines par les mambises, le gĂ©nĂ©ral Shafter demanda Ă son Ă©tat-major que ses troupes interdisent l'entrĂ©e de la ville aux troupes de Calixto GarcĂa. Ce dernier Ă©crivit une lettre de protestation, pleine de dignitĂ© et de patriotisme, dans laquelle il dĂ©ment que les troupes mambises allaient s'adonner Ă des exactions sur les Espagnols qui s'Ă©taient rendus. Cette lettre, ainsi que son attitude digne et patriote devant les Ă©videntes intentions de domination de l'Ă®le par les troupes amĂ©ricaines, le firent figurer parmi les personnalitĂ©s Ă mĂŞme de contrarier les desseins impĂ©rialistes de New York sur Cuba.
Disparition
Il fut appelé par Tomás Estrada Palma pour être le délégué de l'Ejército Libertador lors des discussions entre le Gouvernement de la République de Cuba en armes et le gouvernement américain. Durant un banquet donné en son honneur à New York, le , il fut victime d'une crise d'apoplexie foudroyante. Son corps fut remis aux autorités cubaines, mais du fait du froid intense qui régnait alors, il fut enterré hâtivement lors du lever du jour suivant, ce qui alimenta les soupçons, jamais confirmés, d'un empoisonnement.
Avec sa mort, disparaissait le dernier des généraux politiciens de l'indépendance cubaine. Après celles de Martà () et de Maceo (), il ne restait plus à Cuba de ces éminentes personnes qui à la fois avaient su conduire la lutte pour l'indépendance, tout en percevant avec clairvoyance la dimension impérialiste qu'étaient en train de prendre les États-Unis.
Postérité
- Calixto GarcĂa a inspirĂ© le rĂ©alisateur amĂ©ricain George Marshall, qui rĂ©alisĂ© en 1936 le film Message Ă Garcia.
- Il donne Ă©galement son nom au stade de l'Ă©quipe de baseball des Sabuesos de HolguĂn, le Calixto GarcĂa Íñiguez Stadium.
- Calixto GarcĂa, une municipalitĂ© de la province de HolguĂn, porte son nom.
Notes et références
- « ¡Ese no es mi hijo! »
- « ¡Ah... ese sà es mi hijo! »
- Harper's Encyclopædia of United States History, Vol. IV, p. 11, Harper & Brothers.
- (es) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en espagnol intitulĂ© « Calixto GarcĂa » (voir la liste des auteurs).
Annexes
Bibliographie
- (es) Jorge Castellanos, Encuentro en 1898 : tres pueblos y cuatro hombres : España-Cuba-Estados Unidos : Cervera-Roosevelt-Calixto GarcĂa-Juan Gualberto GĂłmez, Ediciones Universal, Miami, Fla., 2006, 525 p. (ISBN 978-1-593-88072-9)