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British Alpine Hannibal Expedition

La British Alpine Hannibal Expedition (« expédition britannique d'Hannibal à travers les Alpes ») fut un essai d'archéologie expérimentale qui se déroula en 1959. L'ingénieur britannique John Hoyte dirigea une expédition qui cherchait à reproduire le déroulement du célèbre passage des Alpes par Hannibal, qui avait eu lieu en 218 av. J.-C. durant la deuxième guerre punique. Le groupe réussit à faire passer Jumbo, un spécimen féminin de l'éléphant d'Asie fourni par le zoo de Turin, de France en Italie par le col du Mont-Cenis.

Arrière-plan historique

Parmi les hypothèses sur l'itinéraire d'Hannibal, trajets possibles par la vallée de l'Arc

Après la dĂ©faite carthaginoise Ă  l'issue de la première guerre punique, Hamilcar Barca avait procurĂ© Ă  Carthage un territoire Ă©tendu dans la pĂ©ninsule IbĂ©rique. Au dĂ©but de la deuxième guerre punique en 218 av. J.-C., son fils Hannibal conduisit une armĂ©e de 50 000 hommes et 37 Ă©lĂ©phants de guerre de la province d'Hispanie (Espagne actuelle) en Italie, oĂą il mena une campagne de 15 annĂ©es contre Rome. Hannibal Ă©vita les itinĂ©raires longeant la cĂ´te, et fit passer son armĂ©e par les Alpes. Son parcours a Ă©tĂ© dĂ©crit par les historiens anciens Polybe et Tite-Live. La route exacte a cependant fait l'objet de nombreux dĂ©bats, sans qu'un consensus ait pu se dĂ©gager. Gavin de Beer rĂ©pertorie en 1955 douze candidats potentiels proposĂ©s par 30 Ă©tudes diffĂ©rentes[1].

L'expédition

En 1955, The Times publia un débat autour de l'itinéraire qu'aurait pu suivre Hannibal à travers les Alpes. Ce débat parvint aux oreilles de John Hoyte, alors étudiant en ingénierie à l'Université de Cambridge[note 1] - [2]. Hoyte s'intéressait à la fois à l'histoire et à l'escalade en montagne, et passa l'été 1956 dans les Alpes avec des amis, à la recherche des routes possibles en adéquation avec les sources anciennes. Le groupe en arriva à la conclusion que le col Clapier était le passage le plus probable, hypothèse encore soutenue par certains historiens modernes[3] - [2].

Quelques années plus tard, un ami suggéra de mettre à l'épreuve cette hypothèse avec un éléphant. Hoyte écrivit aux consuls britanniques à Lyon en France, à Genève en Suisse et à Turin, s'enquérant de la possibilité d'obtenir un éléphant pour une expérience, mais sans espérer réellement de réponse favorable. Cependant, le zoo de Turin venait juste d'acquérir un éléphant d'Asie femelle, Jumbo, qui avait servi comme animal de cirque. Le propriétaire du zoo se porta volontaire et devint le premier sponsor de l'expédition. Hoyte rassembla une équipe de huit personnes, dont Richard Jolly (en) en tant que secrétaire de l'expédition, et le professeur de science vétérinaire à Cambridge John Hickman, qui avait acquis une expérience des éléphants durant la Deuxième Guerre mondiale en Birmanie[4] - [5] - [6]. Le groupe obtint une assurance de Lloyd's of London pour Jumbo et un autre sponsor du magazine Life, qui publia plus tard un reportage photographique de 7 pages[5] - [7].

Le tracé original prévoyait de passer par le Col Clapier.

L'expĂ©dition commença Ă  la fin du mois de juillet 1959 Ă  MontmĂ©lian en France. Elle passa par la vallĂ©e de l'Arc, et monta ensuite jusqu'au col Clapier. Cependant, la route jusqu'au passage Ă©tait devenue Ă©troite et dangereuse Ă  cause d'Ă©boulements[6]. Le groupe redescendit donc dans la vallĂ©e, et traversa le col du Mont-Cenis[5] - [6], autre route possible d'Hannibal qui fut suggĂ©rĂ©e par l'empereur NapolĂ©on lui-mĂŞme[1]. Après dix jours de route, l'expĂ©dition « envahit Â» avec succès Suse en Italie[6].

Les membres de l'expĂ©dition avaient au dĂ©part prĂ©vu d'appeler l'Ă©lĂ©phant (qui pesait 5 700 livres (2 585 kg)) Hannibella ; cependant, comme l'animal ne rĂ©pondait pas Ă  son nouveau nom, il garda son nom d'origine Jumbo[2] - [6]. Jumbo avait 11 ans et Ă©tait Ă©quipĂ©e de bottes de cuir et de tampons aux genoux pour les passages les plus difficiles. Une couche faite sur mesure fut fournie pour la garder au chaud[5]. MalgrĂ© un rĂ©gime composĂ© de 150 livres (68 kg) de foin, 50 livres (23 kg) de pommes, 40 livres (18 kg) de pain, 20 livres (9 kg) de carottes et un supplĂ©ment journalier de vitamine B, elle perdit une masse estimĂ©e Ă  300 livres (136 kg) durant les quatre premiers jours de voyage[1] et presque 500 livres (227 kg) au total. Ă€ son arrivĂ©e en Italie, elle mangea du cake et une grande bouteille de chianti[5].

En 1960, Hoyte publia un compte-rendu de l'expédition sous le nom de Trunk Road for Hannibal: With an Elephant Over the Alps[8] - [9]. Un autre membre de l'expédition, Cynthia Pilkington publie également un livre Elephant Over the Alps en 1961, racontant l'histoire de l'expédition[10].

Notes et références

Notes

  1. Seul Ulrich Boser 2007 indique de façon erronée Oxford. Les autres sources, Hoyte inclus, s'accordent cependant sur Cambridge.

Références

  1. (en) « FRANCE: Elephant Walk », Time,‎ (lire en ligne)
  2. (en) Dean Kahn, « Wash. man celebrates trek over Alps with elephant », The Seattle Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. (en) Anny Jia, « In the Alps, hunting for Hannibal's trail », Stanford Report,‎ (lire en ligne)
  4. (en)Richard Jolly, « Richard Jolly - Biography », Institute of Development Studies, University of Sussex (consulté le )
  5. (en) David Lees et Pierre Boulat, « Alpine Elephant without Hannibal », Life,‎ (lire en ligne)
  6. (en)Josh Witten, « Elephant Directed Research », Science 2.0, (consulté le )
  7. (en) John Hoyte, « In Hannibal's Elephant Tracks », The High Calling, (consulté le )
  8. (en) Norman Hammond, « Hannibal’s real Alpine trunk road to Rome is revealed », The Times,‎ (lire en ligne)
  9. (en) John Hoyte, Trunk road for Hannibal : with an elephant over the Alps, Geoffrey Bles,
  10. (en) Cynthia Pilkington, Elephant over the Alps, Londres, Macmillan, (lire en ligne)

Annexes

Bibliographie

  • (en) Richard Jolly, « Hannibal's pass: results of an empirical test », Alpine Journal, vol. 67, nos 304/305,‎ , p. 243-249 (lire en ligne)

Liens externes

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