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Boucle d'or et les Trois Ours

Boucle d'or et les Trois Ours, ou Les Trois Ours, est un conte, souvent considéré comme une histoire folklorique anonyme d'origine écossaise, ou comme l'une des créations de la collection des frères Grimm. Sa première édition remonte à 1837, sous la forme d'un texte en prose composé par Robert Southey, paru dans son ouvrage The Doctor. Probablement basé sur une version plus ancienne, il a bénéficié d'une grande notoriété après avoir été édité par Southey, et a été si souvent raconté par la suite que le lien à son auteur a été perdu. Il aborde la question de la place de l'enfant dans la fratrie et celle de la quête de son identité.

Boucle d’or et les Trois Ours
Image illustrative de l’article Boucle d'or et les Trois Ours
Illustration tirée du livre The Three Bears,
édité par Mc Loughlin Bros, New York.
Conte populaire
Titre Boucle d’or et les Trois Ours
Titre original The Story of the Three Bears, puis Goldilocks and the Three Bears Ă  partir de 1918.
Aarne-Thompson AT 171
Folklore
Genre Conte d'animaux
Pays Angleterre (?)
Extension Europe
Amérique du Nord
Époque XIXe siècle
Version(s) littéraire(s)
Publié dans Robert Southey, The Doctor (1837)

Synopsis

L'histoire rapporte la rencontre entre trois ours anthropomorphiques et une petite fille appelĂ©e « Boucles d'or Â» ou « Boucle d'or Â» en raison de sa chevelure blonde.

Une famille de trois ours, composée d'un père, d'une mère et de leur ourson, vit dans une petite maison, dans les bois. Un jour, attendant que leur repas refroidisse, les membres de la famille ours partent se promener. Boucles d'or découvre par hasard la maison vide.

Curieuse, elle entre et visite la maison. Ayant faim, Boucles d'or goûte les bols de gruau et se régale de celui de l'ourson, ni trop chaud, ni trop froid. Prise ensuite de l'envie de se reposer, elle essaie chacun des trois fauteuils, mais casse celui de l'ourson, ni trop dur, ni trop moelleux. Ayant enfin sommeil, Boucles d'or décide d'aller dormir, et, après avoir testé les trois lits, s'assoupit finalement dans celui de l'ourson, juste à sa taille.

Les trois ours reviennent à la maison alors que Boucles d'or est toujours profondément endormie[1]. Ils la réveillent et, selon la version de l'histoire, la tuent ou l'effraient afin de la mettre en fuite.

Dans les versions les plus récentes, les trois ours effraient involontairement Boucles d'or, alors qu'ils ne lui veulent aucun mal. Elle s'enfuit ensuite en courant ; la famille ours reprend son petit déjeuner interrompu, après que le père ours a réparé la chaise de leur enfant. Dans certaines versions, les ours vont jusqu'à indiquer à Boucles d'or le bon chemin pour rentrer chez elle.

L'interprétation de l'histoire peut différer également, mais peut se résumer à l'idée que l'intimité des autres devrait être respectée.

Versions

La version de Southey montre trois ours de tailles diffĂ©rentes, sans plus de prĂ©cision[2]. Ce n’est que plus tard, au dĂ©but du XXe siècle, qu’ils constitueront une famille père-mère-enfant. L’intruse, chez Southey, n’est pas une fillette, mais une mĂ©chante vieille femme. Dans des versions populaires, et peut-ĂŞtre Ă  l’origine, c’est mĂŞme un renard, faisant de ce conte un Ă©lĂ©ment du cycle « ours-renard Â» (oĂą l’ours se fait berner de diffĂ©rentes façons par le renard). Dans les versions anglaises c’est une renarde, en anglais vixen. Comme ce mot dĂ©signe aussi une femme acariâtre, le passage au personnage humain s’est fait naturellement. On retrouve un renard, nommĂ© « Scrapefoot Â», dans une version de 1894 par l’illustrateur John D. Batten.

Le personnage de la petite fille apparaît avec une adaptation du conte de Southey par Joseph Cundall (1849). Elle s’appelle d’abord Silver Hair, Silver-Locks, Golden Hair, Golden-Locks, et c'est finalement Flora Annie Steel qui apportera le nom définitif de Goldilocks en 1918. Dans la version de Sara Cone Bryant, les explications à caractère didactique ont été supprimées, privilégiant ainsi la fluidité de l'histoire et la rapidité de l'action.

Interprétation

Le pédagogue américain Bruno Bettelheim a étudié les implications psychanalytiques de Boucles d'or et les Trois Ours dans son ouvrage Psychanalyse des contes de fées. Selon lui, il manque à cette histoire quelques-unes des caractéristiques les plus importantes des contes de fées qu'il observe par ailleurs dans son essai : « quand elle se termine, il n'y a ni guérison ni réconfort, aucun conflit n'est résolu et il n'y a pas de conclusion heureuse. » De fait, il considère néanmoins Boucles d'or et les Trois Ours comme une histoire très significative, car certains problèmes majeurs de l'enfance y sont abordés : la lutte au sein des situations œdipiennes, la recherche d'une identité et la jalousie fraternelle[3].

Pierre PĂ©ju[4] ne rejette pas entièrement l'interprĂ©tation de Bettelheim, ce type d'interprĂ©tation Ă©tant selon lui « fait pour marcher Â», mais il regrette l'accusation d'« imperfection » : pourquoi Boucles d'or ne pourrait-elle pas ĂŞtre « nomade Â», non situĂ©e familialement (une « intruse Â») ? Il envisage ce conte comme « un passage, une traversĂ©e Ă©phĂ©mère de la famille ». PlutĂ´t que la stabilisation Ă  laquelle semble aspirer Bettelheim – et qui manque ici, PĂ©ju retient plutĂ´t « l'ouverture Â» finale vers « la forĂŞt, le grand air Â» et « la course droit devant soi Â». Tenant d'une « poĂ©tique du conte Â», il conclut que « nous aimons cet ĂŞtre solitaire et dĂ©tachĂ© (...) qui passe, casse et s'en va ».

Les deux commentaires concernent toutefois la version actuelle du conte (fillette et famille d'ours), et non les versions antérieures.

Sigmund Freud rattache le motif de l'entrĂ©e dans une maison (un lit) momentanĂ©ment abandonnĂ© au fantasme de la « scène primitive Â» (spectacle des rapports sexuels entre les parents, observĂ© ou supposĂ© par l'enfant)[5].

Adaptations modernes

Dans la version récente proposée par Victor Dixen (Animale, La malédiction de Boucle d'or, 2013), la petite fille devient une jeune femme qui disparaît dans les profondeurs de la forêt vosgienne, à l'époque des guerres napoléoniennes.

Galerie

  • Illustration par Arthur Rackham pour l’English Fairy Tales (1918) de Flora Annie Steel.
    Illustration par Arthur Rackham pour l’English Fairy Tales (1918) de Flora Annie Steel.
  • Les Trois Ours, illustrĂ© dans une anthologie de 1927.
    Les Trois Ours, illustré dans une anthologie de 1927.

Références

  1. Cette scène est similaire à une scène du conte de Blanche-Neige des frères Grimm, lorsque les sept nains découvrent que quelqu'un (Blanche-Neige) a pénétré chez eux en leur absence et a utilisé leurs meubles, leur vaisselle, goûté leur nourriture, et s'est endormi dans le lit du septième.
  2. Cette version d'origine figure, sous le titre The Story of the Three Bears, dans The Green Fairy Book, édité par Andrew Lang. Rééd. Dover Publications, 1965 (ISBN 978-0-486-21439-9).
  3. Psychanalyse des contes de fées, Bruno Bettelheim (ISBN 2266095781).
  4. Pierre PĂ©ju, La petite fille dans la forĂŞt des contes, Robert Laffont, 1997 (2e Ă©d.), (ISBN 2-221-08669-4).
  5. Michèle Simonsen, Le conte populaire français (« Que sais-je », n° 1906), Paris, PUF, 1981 (ISBN 2-13-036840-9).
  6. (en) « Goldilocks And The Three Bears », Big Cartoon DataBase (consulté le )
  7. (en) « Goldilocks and the Three Bears (1939) », Internet Movie Database (consulté le )
  8. (en) « Goldilocks And The Jivin' Bears », Big Cartoon DataBase (consulté le )
  9. (en) « Goldilocks and the Jivin' Bears (1944) », Internet Movie Database (consulté le )
  10. (en) « Bugs Bunny And The Three Bears », Big Cartoon DataBase (consulté le )
  11. (en) « Bugs Bunny and the Three Bears (1944) », Internet Movie Database (consulté le )
  12. « Boucle d'Or & les 3 Ours - Simsala Grimm HD », YouTube (consulté le )
  13. Archive.org : https://archive.org/details/storyofthreebear00broo.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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