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Bois gras

Le bois gras (en anglais fatwood, fat lighter, lighter wood, rich lighter, pine knot[1], lighter knot, heart pine or lighter'd [sic], en russe ĐŸŃĐŒĐŸĐ»Đ°, osmola) est un bois imprĂ©gnĂ© de rĂ©sine, souvent le bois de cƓur des pins. La souche (et la racine pivotante) laissĂ©es dans le sol aprĂšs la chute ou la coupe d'un arbre est la principale source de bois gras, ce bois de cƓur imprĂ©gnĂ© de rĂ©sine devient dur et rĂ©sistant Ă  la pourriture aprĂšs le dĂ©cĂšs de l'arbre. D'autres endroits, tels que l’articulation (aisselle) des branches avec le tronc, peuvent Ă©galement ĂȘtre collectĂ©s. Bien que la plupart des pins rĂ©sineux puissent produire du bois gras, dans le sud-est des États-Unis, le bois gras est gĂ©nĂ©ralement associĂ© Ă  Pinus palustris, qui Ă©tait historiquement trĂšs prisĂ© pour sa forte production de rĂ©sine.

Morceaux de bois gras utilisés pour allumer des feux.
L'utilisation de torches en bois gras, tout en travaillant. Olaus Magnus 'Historia de gentibus septentrionalibus 1555.
Vendeur de bois gras. Gravure de David Herrliberger
Bruleur à bois gras fait d'argile avec morceau de souche de bois gras, région du Bas-Rhin, Allemagne, 18e ou 19e siÚcle.
Support pour petit-bois, paroisse de KÀllsjö, Halland - Musée nordique, Stockholm.

Histoire

Le bois gras de pin Ă©tait apprĂ©ciĂ©s par les anciens pour son caractĂšre inflammable; ce que l'on retrouve dans la divergence de sens du terme latin taeda qui peut dĂ©signer le pin et une torche. Philibert Monet parle de Torche de tede ou torche de tie[2], le bois se transforme en tede, soit en bois gras: tede, teze, teie, tie dĂ©signe la substance ligneuse fort grasse en laquelle se transmue le tronc des arbres rĂ©sineux, ou de soi-mĂȘme, par excessive abondance de rĂ©sine ou par le soin de ceux qui dĂ©pouillant de tels arbres de leur Ă©corcĂ© procurent telle transmutation. « Il n'est aucun arbre qui ait le nom et la nature de Tede, quoique Pline ait Ă©crit le contraire[3] ». Les procĂ©dĂ©s employĂ©s dans l'antiquitĂ© sont connus de Pline, et de ThĂ©ophraste dans son Historia Plantarum[4] : « A ce que racontent les habitants de l'Ida, quand ils ont ĂŽtĂ© l'Ă©corce du tronc (ils l'enlĂšvent du cĂŽtĂ© exposĂ© au soleil, sur deux ou trois coudĂ©es Ă  partir du sol), il faut un an au plus pour que la rĂ©sine afflue et imprĂšgne le bois mis Ă  nu; puis, un nouvel Ă©clat de bois Ă©tant enlevĂ© Ă  la hache, on recommence l'opĂ©ration l'annĂ©e suivante, puis la troisiĂšme annĂ©e ; aprĂšs quoi, du fait des entailles, l'arbre pourrit et est abattu par le vent ; on extrait alors le cƓur, qui est trĂšs rĂ©sineux, ainsi que celui des racines (celles-ci aussi sont riches en rĂ©sine, comme nous l'avons dit) ». ThĂ©ophraste nomme le bois gras, ÎŽÎŹÏ‚ (das). C'est ce mĂȘme bois qui sert Ă  l'extraction de la poix[5].

Composition

La rĂ©sine des conifĂšres (rĂ©sine de pin, rĂ©sine de mĂ©lĂšze, etc.) est un liquide visqueux (appelĂ© gemme, puis tĂ©rĂ©benthine) contenant du terpĂšne, un hydrocarbure volatil. Au fil du temps, l’évaporation du terpĂšne modifie l’état de la rĂ©sine; elle devient lentement plus Ă©paisse jusqu'Ă  ce qu'elle durcisse en rĂ©sine (rĂ©sine de tĂ©rĂ©benthine). Le bois gras neuf laisse couler la sĂšve collante, tandis que dans le bois gras vieilli, la sĂšve durcie n'est plus collante. À chaque Ă©tape du processus de vieillissement, le bois gras brĂ»lera facilement, mĂȘme lorsqu'il est mouillĂ©.

Bois d'allumage et amadou

En raison de l'inflammabilitĂ© du terpĂšne, le bois gras est trĂšs prisĂ© pour ĂȘtre utilisĂ© comme allume-feu. Il s'allume rapidement mĂȘme lorsqu'il est mouillĂ©, rĂ©siste trĂšs bien au vent et brĂ»le suffisamment pour allumer des morceaux de bois plus gros. Un petit morceau de bois gras peut ĂȘtre utilisĂ© plusieurs fois, et remplacer l'amadou par grattage de petits copeaux qui peuvent enflammer d'autres amorces plus grosses. Le bois trempĂ© dans le goudron produit une fumĂ©e grasse et suintante, et il est recommandĂ© de ne pas cuisiner sur un feu tant que tout ce bois n'est pas complĂštement brĂ»lĂ©[6]. Des kits de survie sont proposĂ©s dans le commerce avec le fameux firesteel suĂ©dois, quelquefois le bois gras des forĂȘts scandinaves (Pinus sylvestris) y est remplacĂ© par Pinus montezumae qui produit un bois gras rĂ©putĂ© au Mexique.

Distribution

Il existe entre 105 et 125 espĂšces classĂ©es comme pins rĂ©sineux dans le monde. Les essences utilisables pour le bois de feu sont rĂ©parties dans une gamme allant de l’Eurasie aux Ăźles Canaries, de la pĂ©ninsule ibĂ©rique et de l’Écosse jusqu’à l’extrĂȘme-orient russe. Des Philippines, de la NorvĂšge, de la Finlande et de la SuĂšde (pin sylvestre), de la SibĂ©rie orientale (pin nain de SibĂ©rie) et du sud Ă  l’extrĂȘme-nord de l’Afrique. De l’Himalaya et de l’Asie du Sud-Est, avec une espĂšce (le pin de Sumatra) qui va de l’équateur Ă  Sumatra. En AmĂ©rique du Nord, elles vont de 66 ° N au Canada (pin gris) en AmĂ©rique centrale Ă  12 ° N au Nicaragua (pin des CaraĂŻbes). La plus grande diversitĂ© du genre se trouve au Mexique et en Californie. Dans les rĂ©gions subtropicales de l'hĂ©misphĂšre sud, notamment le Chili, le BrĂ©sil, l'Afrique du Sud, l'Australie, l'Argentine et la Nouvelle-ZĂ©lande, les arbres ne sont pas indigĂšnes mais ont Ă©tĂ© introduits. Partout oĂč il y a un pin ou une souche de pin, il peut y avoir du bois mort qui peut ĂȘtre trouvĂ© sur le dessus du sol, mais il est plus concentrĂ© et conservĂ© dans les souches.

États Unis

Aux États-Unis, Pinus palustris, le pin des marais en français, couvrait jadis jusqu'Ă  360 000 km2 (90 000 000 acres), mais sa population a Ă©tĂ© rĂ©duite de 95% Ă  97% en raison des coupe Ă  blanc. Les arbres deviennent trĂšs volumineux (jusqu’à 150 pieds), mettent de 100 Ă  150 ans Ă  mĂ»rir et peuvent vivre jusqu’à 500 ans. Le bois Ă©tait prisĂ© et la coupe a permis de crĂ©er des centaines de milliers de souches trĂšs rĂ©sineuses, qui ne pourrissent pas et finissent par devenir du bois mort. Cela a inaugurĂ© une nouvelle industrie pendant de nombreuses annĂ©es. Il existe encore un marchĂ© pour le bois, mais les approvisionnements sont moins abondants. En raison de la longueur de la pĂ©riode de croissance, le Pinus taeda, Ă©galement appelĂ© pin de Loblolly, l'a remplacĂ© pour la replantation commerciale, avec une maturitĂ© de seulement 38 Ă  45 ans.

Usages industriels

Les utilisations industrielles du bois gras comprennent la production de térébenthine; Lorsque le bois gras est cuit dans un four à feu, le produit de résine le plus lourd qui en résulte est le goudron de pin. La vapeur qui se dégage de ce processus est transformée en un liquide qui devient de l'essence de térébenthine.

Dans les forĂȘts de plantation de certaines parties de l'Europe, les souches laissĂ©es aprĂšs l'abattage des arbres sont maintenant parfois extraites du sol pour fournir du bois de combustible aux centrales Ă  biomasse.

Autres utilisations

Les rĂ©sines d’arbres ou les sous-produits sont utilisĂ©s dans de nombreuses choses diffĂ©rentes incluant :

  • des produits chimiques mĂ©nagers, en particulier pour le nettoyage, tels que l'essence de tĂ©rĂ©benthine et l'huile de pin ;
  • des vernis Ă  ongle ;
  • du matĂ©riel mĂ©dical ;
  • le ciment de coutelier est encore utilisĂ© dans la fabrication des manches de couteaux.

Voir Ă©galement

Références

  1. (en) « An Awesome Pine Knot Wood Spirit », sur stixandstoneswoodcarving.com (consulté le )
  2. Philibert Monet. Abbrégé du Parallele des langues françoise et latine. 1620. Lire en ligne
  3. Contra atque putauit et scripsit Plinius, nulla est arborum, cui ex suo genere insit tedae nomen, ac natura.
  4. Théophraste. Historia PlantarumIX, 2, 7
  5. Vian Francis. L'extraction de la poix et le sens de ÎŽÎŹÎżÏ‚ chez Quintus de Smyrne. In: Revue des Études Grecques, tome 79, fascicule 376-378, Juillet-dĂ©cembre 1966. pp. 655-659. Lire en ligne
  6. « duraflame fatwood Firestarters », Duraflame (consulté le )

Liens externes

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