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Belforti

La famille Belforti (parfois appelée Belfredotti) est une famille noble ancienne originaire de la région de Volterra, en Toscane. Au XIVe siècle, elle donna deux évêques et plusieurs seigneurs laïcs à cette cité.

Histoire

Blason des Belforti, seigneurs de Volterra : D'or, à trois chevrons de sable[1].

Selon Raffaello Maffei[2] les Belforti étaient d'origine germanique. Cependant, cette hypothèse est rejetée par la plupart des historiens modernes[3] qui considèrent que leur origine était autochtone. Ils pourraient avoir tiré leur patronyme du château de Belforte, près de Radicondoli[4].

Fidèles vassaux des évêques de Volterra, les Belforti assistèrent ceux-ci dans l'administration de leur diocèse et dans l'exercice du pouvoir temporel qui leur avait été accordé en 1164 par l'empereur Frédéric Barberousse[5]. Ils leur apportèrent un appui militaire constant. Par ailleurs, ils les soutinrent politiquement au sein des institutions consulaires de la république aristocratique de Volterra, auxquelles ils avaient accès en tant que nobles de la cité. C'est ainsi qu'au commencement du XIIIe siècle, ils combattirent aux côtés des évêques pour défendre les « libertés ecclésiastiques » contre les podestats de la Commune (notamment entre 1212 et 1218). Pour cette raison, ils furent plusieurs fois chassés de la ville et frappés de condamnations par les autorités citadines. Ces sentences furent cependant toujours levées grâce aux interventions des légats pontificaux[6]. Enfin, les Belforti consentirent régulièrement aux évêques des avances d'argent importantes. Par exemple, Belforte di Buonafidanza est mentionné dans un acte de 1214 par lequel il concéda à l'évêque Pagano Pannocchieschi un gros prêt, en rémunération duquel lui fut attribuée avec un autre prêteur la moitié des revenus de la Douane du Sel (Dogana del sale) de Volterra pour 15 années. Dans un acte de 1216, c'est son frère Corrado qui prêta 300 livres à ce même évêque[7]. En échange de tous ces services, les évêques accordèrent aux Belforti leur protection, qui leur permit de devenir riches et influents. Ils leur octroyèrent des fiefs importants et des charges lucratives.

Par la suite les Belforti, devenus guelfes, surent s’émanciper de la puissance épiscopale pour défendre leurs intérêts propres. Ils formèrent même des alliances opportunes avec la république de Volterra contre l’évêque. Ils obtinrent souvent d’importantes fonctions dans le gouvernement de la Commune, et eurent fréquemment un rôle prépondérant dans la magistrature suprême des Anziani. À la fin du XIIIe siècle, l’homme fort de la famille était Belforte di Ranieri. En 1279, les Belforti prirent part aux graves troubles qui opposèrent les Guelfes aux Gibelins et qui causèrent de nombreuses destructions dans la cité. En 1286, alors que Ranieri Belforti[8] était à la tête des Anziani, l’évêque Ranieri II Ubertini, soutien des Gibelins de Volterra et cousin de l’évêque d’Arezzo Guglielmo Ubertini, lui-même champion des Gibelins de la Toscane, fut chassé de la ville et dut se réfugier à Arezzo, où il mourut quelques années après sans jamais avoir pu rentrer d’exil[9]. Il avait en effet tenté de restaurer le pouvoir politique épiscopal sur la cité, avec l’aide de familles gibelines volterranes et de milices arétines, mais avait échoué. Les Belforti soutinrent encore, en 1288 et 1289, le gouvernement guelfe de Florence dans son conflit avec les Arétins, qui fut cause de la bataille de Campaldino le 11 juin 1289, au cours de laquelle Guglielmo Ubertini trouva la mort.

La puissance de la famille Belforti augmenta sensiblement lorsque Ranieri, l'ancien magistrat à la tête des Anziani en 1286, obtint le siège épiscopal de Volterra en 1301. Il le gardera jusqu’en 1320. Pendant ces 19 années, il favorisa grandement ses parents et notamment son frère, Ottaviano. Ce dernier s’empara de la seigneurie de la ville en 1340. Ses fils Roberto et Bocchino lui succédèrent à sa mort comme seigneurs de Volterra, et un autre fils, Filippo, monta sur le siège épiscopal (1348-1358). À cette époque, la famille Belforti était au faîte de son pouvoir.

Mais en 1361, la chute fut brutale. Bocchino Belforti avait tenté de vendre sa seigneurie de Volterra aux Pisans. Il fut chassé du pouvoir par les habitants, qui craignaient de perdre leur indépendance, emprisonné puis décapité sur la Place des Prieurs le 10 octobre. Après cet évènement, les Belforti furent chassés de la cité. Ils ne regagnèrent jamais leur influence passée dans la région.

Membres principaux

Nommé évêque de Volterra par le pape Boniface VIII le 28 septembre 1301, il fut consacré par l'évêque de Pistoia le 3 janvier 1302. Cette attribution du siège épiscopal de Volterra à un Belforti manifesta la volonté du pape de récompenser une famille guelfe qui avait toujours montré des signes de fidélité à l’Église.

Ranieri fut le premier membre de sa famille à occuper une fonction d’importance. Sous son épiscopat, il favorisa grandement ses parents, et notamment son frère Ottaviano, qui fut ainsi vingt ans après lui en position de s’emparer de la seigneurie de Volterra.

Son ministère fut caractérisé par des conflits incessants avec les Communes de Florence, et surtout de Volterra, au sujet des droits temporels sur les châtellenies de son diocèse, et notamment celle de Montecastelli. Il fut marqué également en 1313 par la rupture avec l’empereur, lorsque ce dernier commanda que tous les évêques, abbés, chanoines et vassaux paraissent personnellement devant lui, accompagnés de cavaliers et de soldats, afin de le seconder dans sa lutte contre les Guelfes et lorsque Ranieri refusa d’obéir. Cette position lui coûta tous ses fiefs, juridictions et privilèges impériaux[10]

Il mourut en exil après que la famille Belforti, comme de nombreuses autres familles nobles citadines, fut chassée de Volterra par le gouvernement issu du Popolo.

Sous l’épiscopat de son frère Ranieri, il soutint les luttes de ce dernier contre la Commune et contre le clan adverse des Allegretti. À la mort de celui-ci, en 1320, il tenta de faire élire évêque son propre fils, Benedetto, sans succès. Rainuccio Allegretti fut choisi et Ottaviano et sa famille durent s’exiler de Volterra.

Il revint dans la cité en 1340. À la tête d’une puissante faction décidée à l’en faire seigneur, appuyé de mercenaires, il chassa l’évêque Rainuccio Allegretti. Il transforma les institutions de la Commune à son avantage et exerça une seigneurie de fait avec le titre de capitaine général (capitano generale di Volterra). Il dut céder le pouvoir le 25 décembre 1342 lorsque les habitants de la ville acclamèrent comme leur seigneur le duc d’Athènes, Gautier de Brienne. Il le recouvra cependant le 3 août suivant, lorsque Gautier fut chassé de Florence et renonça à tous ses droits sur les villes toscanes qui s’étaient données à lui.

Ottaviano ne cessa plus jusqu’à sa mort, intervenue vers juillet 1348[11], d’exercer le pouvoir seigneurial. Il s’appuya pour cela non seulement sur sa parentèle, mais aussi sur une clientèle de familles guelfes alliées à la sienne, ainsi que sur le clergé local resté fidèle au parti guelfe.

Il eut la satisfaction peu avant sa mort de voir confirmer deux de ses fils, Bocchino et Roberto comme seigneurs laïcs de Volterra, et un autre fils, Filippo, succéder à Rainuccio Allegretti sur le siège épiscopal de la cité.

  • Bocchino Belforti (Paolo Belforti, dit Bocchino) (première moitié du XIVe siècle-† décapité le 10 octobre 1361), fils aîné du précédent. Succédant à son père vers juillet 1348, il fut co-seigneur de Volterra avec son frère Roberto jusqu'au 5 septembre 1361.

Il fut confirmé comme futur seigneur de Volterra du vivant de son père, pendant l'été 1348. Il lui succéda très peu de temps après, lorsque celui-ci mourut. Son frère Roberto, qui avait également hérité de la seigneurie, n'avait pas de réelles capacités à gouverner. Il s'effaça et laissa Bocchino exercer seul le pouvoir.

Selon le chroniqueur florentin Matteo Villani, il institua une tyrannie. En fait, il essaya de construire une véritable seigneurie héréditaire. Il s’efforça de réduire l’influence des factions internes. Sur le plan extérieur, il mena une politique d’équilibre entre la république de Florence, guelfe, et celle de Pise, gibeline.

Lorsqu’il tenta de s’emparer du château de Monteveltraio, tenu par son cousin Francesco Belforti, les Florentins décidèrent d’intervenir. Bocchino, craignant de perdre sa seigneurie, décida de la vendre aux Pisans contre 32000 florins d’or. Les habitants de Volterra, refusant de perdre leur indépendance, se rendirent à son palais et le jetèrent en prison (5 septembre 1361).

Les VI Réformateurs, magistrature suprême de la cité, décrétèrent sa mort le 18 septembre de cette même année. Il fut décapité sur la Place des Prieurs le 10 octobre suivant.

  • Roberto Belforti (ou, parfois, Uberto) (première moitié du XIVe siècle-?), frère du précédent. Succédant à son père vers juillet 1348, il fut co-seigneur de Volterra avec son frère Bocchino jusqu'au 5 septembre 1361.

Comme Bocchino, il fut confirmé comme futur seigneur de Volterra du vivant de son père, pendant l'été 1348. Il lui succéda très peu de temps après, lorsque celui-ci mourut. Il n'avait cependant pas de réelles capacités à gouverner. Il s'effaça et laissa son frère exercer seul le pouvoir.

Roberto Belforti est mentionné comme ambassadeur de Volterra auprès de l’empereur Charles IV en janvier 1355, lorsque celui-ci descendit en Italie[12].

Après la chute de son frère en 1361, il n’est plus fait mention de lui.

Nommé évêque de Volterra par le pape Clément VI le 10 août 1348, Filippo Belforti se rendit à Avignon pour recevoir la consécration épiscopale. Il revint à Volterra en 1350.

Éprouvant des difficultés financières chroniques, il vendit en 1352 contre 16000 livres ses droits sur le château de Montecastelli à la république de Volterra. Le 23 mai 1355, il obtint par ailleurs de l’empereur Charles IV le renoncement à la perception des 30 marcs d’argent que devaient lui verser chaque année les évêques en échange de l’exploitation des mines d’argent de Montieri.

Cette même année 1355, Filippo émit devant l’empereur, alors à Pise, une protestation solennelle au sujet de ses droits et privilèges impériaux, que la Commune de Volterra avait usurpé au fil des siècles. Charles IV les lui confirma le 23 mai. Il ne put cependant recouvrer un pouvoir temporel effectif sur son diocèse.

Filippo Belforti mourut à Volterra le 20 août 1358 et fut inhumé dans la cathédrale de la ville.

Généalogie

Sources : Lorenzo Fabbri, op. cit. infra; Lorenzo-Aulo Cecina, Flaminio dal Borgo, op. cit. infra.


Buonafidanza
(XIIe-XIIIe siècles)
Belforte
(ment. 1214)
Corrado
(ment. 1216)
Ranieri
Belforte
(ment. 1288 / 1289)
Dino
Bernardo
(† 1359)
Ranieri
(?-† 26 nov. 1320)
évêque de Volterra du 28 sept. 1301 au 26 nov. 1320)
Buonafidanza
Ottaviano
(?-† c. juil. 1348[11])
podestat de Bologne en 1337 et 1338, seigneur de Volterra du 8 sept. 1340 au 25 déc. 1342, puis du 29 juil. 1343 à c. juil.1348
Antonio
Francesco
Musciatto (ou Musciattino)
Guglielmo[13]
Franco (ou Francesco)
Belforte
Agnolo
Niccolò
(† 1340)
Roberto
capitaine de Pérouse en 1345, coseigneur de Volterra de c. juil. 1348 au 5 sept. 1361
Gemma Cavalcanti
(fille de mess. Gaddo dei Cavalcanti da Libbiano)
Benedetto
pléban de Castelfalfi
Filippo
(1319 ou 1320-† 20 août 1358)
évêque de Volterra du 10 juil. 1348 au 20 août 1358)
Paolo, dit Bocchino Belforti
(?-† décapité le 10 oct. 1361)
coseigneur de Volterra de c. juil. 1348 au 5 sept. 1361
Bandecca de'Rossi
(fille de Giovanni di mess. Pino dei Rossi et sœur de Pino de'Rossi, podestat de Volterra en 1341)
Piero (ou Pietro)
Agnola Salimbeni
(fille de mess. Benuccio Salimbeni, de Sienne)
Belforte
?
(une fille, qui épousa un Bonaguidi)
?
(une fille, qui épousa un Picchinesi)
Ranieri
Ricciardo
Granello
Belforte
Stoldo
Pietro
Jacopo
Giovanfilippo[14]
Corsino
Ottaviano
Bartolomeo
Francesco[13]

Notes

  1. Fonds Enrico Ceramelli Papiani relatif à l'héraldique des familles italiennes, édité par l'Archivio di stato di Firenze, consultable en ligne (fascicule 6795 pour les Belforti de Volterra).
  2. Raffaello Maffei il Volterrano, « Commentariorum urbanorum libri octo et triginta », Rome, 1506; cité par Lorenzo Fabbri, op. cit. infra.
  3. Lorenzo Fabbri, op. cit. infra; Ezio Solaini, article « Belforti » in « Enciclopedia Italiana », Rome, 1930 (article consultable en ligne).
  4. Ezio Solaini, op. cit. supra; Emanuele Repetti, article « Belforte di Radicondoli » in « Dizionario Geografico Fisico Storico della Toscana », 6 volumes (volume 1, page 292, pour cet article), Florence, 1833/1846 (1833 pour ce volume) (article consultable en ligne).
  5. Notizie istoriche della città di Volterra, page 15. Cette source cite Scipione Ammirato il Vecchio.
  6. « Dizionario biografico degli italiani », article « Ottaviano Belforti ».
  7. Actes mentionnés par Lorenzo Fabbri, op. cit. infra.
  8. Le futur évêque de Volterra en 1301, selon Raffaello Maffei il Provveditore, op. cit. infra page 283.
  9. Raffaello Maffei il Provveditore, op. cit. infra page 284. Ottavio Banti, dans son article « Ottaviano Belforti » publié dans le « Dizionario biografico degli italiani » (op. cit. infra) indique à tort que l’évêque Ranieri II Ubertini aurait été chassé de Volterra en 1279.
  10. Notizie istoriche della città di Volterra, page 91.
  11. La date exacte de la mort d'Ottaviano Belforti n'est pas connue. Cependant, Lorenzo Fabbri (op. cit. infra) indique qu'en étudiant les registres des délibérations de la république de Volterra, on peut situer sa mort entre le 23 mai 1348 (date d'un acte où il apparaît vivant pour la dernière fois) et le 6 août de cette même année (date d'un acte qui fait référence à sa mort pour la première fois). Par ailleurs, Ottavio Banti, dans son article « Ottaviano Belforti » (op. cit. infra) indique qu'Ottaviano a vu son fils Filippo monter sur le siège épiscopal de Volterra et est mort après cet évènement. Ce dernier ayant été élu le 10 juillet, la mort d'Ottaviano est probablement intervenue entre le 10 juillet et le 6 août 1348.
  12. Ib., page 139. Deux autres ambassadeurs l’accompagnèrent, Francesco di Neri Giudice et Tavena di Giovanni. Ils étaient accompagnés de leur notaire Iacopo di Mannuccio.
  13. Mentionné par les Notizie istoriche della città di Volterra, page 124, qui précisent qu'à la suite du coup de force perpétré par Ottaviano Belforti le 8 septembre 1340, ce dernier fut excommunié, ainsi que ses fils Roberto, Filippo, Belforte, Paolo, dit Bocchino et Pietro, mais aussi d'autres membres de la famille Belforti, à savoir Bernardo, Musciattino, Guglielmo di Belforte, Francesco di Dino, Ranieri di Musciattino et Francesco, fils de celui-ci.
  14. Les noms des quatre fils de Bocchino Belforti sont mentionnés en tant qu'héritiers dans le testament que ce dernier rédigea peu avant d'être exécuté. L'extrait du testament où sont mentionnés ces noms est rapporté par les Notizie istoriche della città di Volterra, page 169, en note.

Articles connexes

Sources et bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (it) Ottavio Banti, articles « Bocchino Belforti », « Filippo Belforti », « Ottaviano Belforti » et « Ranieri Belforti » in « Dizionario biografico degli italiani », 75 volumes en 2011 (volume 7 pour ces articles), Istituto della Enciclopedia italiana, Rome, 1961 (1970 pour ces articles) (articles consultables en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (it) Lorenzo Fabbri, « Un esperimento di signoria familiare: i Belforti di Volterra (1340-1361) », étude publiée dans la Rassegna Volterrana LXXXVIII (2011), pages 161 à 184, éditée dans la Rivista d'arte et di cultura par l'Accademia dei Sepolti (ouvrage consultable en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (it) Raffaello Maffei, dit il Provveditore, « Storia volterrana », vers 1670, publié d'après l'ouvrage autographe conservé à la bibliothèque Guarnacci par Annibale Cinci in « Dall'archivio di Volterra, documenti inediti e rari di storia patria », Tipografia Sborgi, Volterra, 1887 (ouvrage consultable en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (it) Lorenzo-Aulo Cecina, Flaminio dal Borgo, « Notizie istoriche della città di Volterra », Paolo Giovannelli e Compagni, Pise, 1758 (ouvrage consultable en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article


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