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Bataille du cap Bon (468)

La bataille du cap Bon s'est dĂ©roulĂ©e dans le cadre d'une expĂ©dition militaire conjointe de l'Empire romain d'Occident et de l'Empire romain d'Orient dirigĂ©e par Basiliscus contre la capitale vandale de Carthage en 468, ou 470[2]. L'invasion du royaume des Vandales a Ă©tĂ© l'une des plus grandes opĂ©rations militaires amphibies de l'AntiquitĂ©. Elle engagea plus d'un millier de navires et plus de 50 000 hommes. Le but de l'opĂ©ration Ă©tait de punir le roi Vandale GensĂ©ric de la mise Ă  sac de Rome en 455, Ă©pisode qui avait vu l'ancienne capitale de l'Empire romain d'Occident saccagĂ©e, et l'impĂ©ratrice Licinia Eudoxia (veuve de l'empereur Valentinien III) et ses filles prises en otages[3].

Bataille du cap Bon (468)
Description de l'image Cap Bon.jpg.
Informations générales
Date 468
Lieu Cap Bon (Tunisie)
Issue Victoire vandale décisive
Forces en présence
Inconnues100 000 hommes (Procope)
50 000 hommes (sources modernes)
1 113 navires (Cedrenus)
Pertes
Inconnues10 000 hommes
100 navires[1]

DĂ©clin de l'Empire romain d'Occident

Batailles

Alors qu'elle essayait de dĂ©barquer près de Carthage, au niveau du cap Bon, la flotte romaine est dispersĂ©e par une attaque de navires incendiaires vandales[1]. La flotte vandale poursuivit son action et coula plus de 100 navires romains. Quelque 10 000 soldats romains et marins moururent pendant la bataille[1]. Trop Ă©parpillĂ©e, l'expĂ©dition romaine fut ensuite incapable de dĂ©barquer des troupes Ă  terre, ce qui conduisit Ă  son Ă©chec complet[1].

La bataille de Cap Bon met fin aux dernières chances de survie de l'Empire romain d'Occident[4]. Sans accès possible aux ressources de l'ancienne province romaine d'Afrique, l'Empire ne peut maintenir sur pied une armée suffisamment puissante pour vaincre ses nombreux ennemis[4].

Contexte

Le plan de l'invasion du royaume vandale est le fruit d'une concertation entre l'empereur romain d'Orient LĂ©on, l'empereur romain d'Occident Anthemius, et le gĂ©nĂ©ral Marcellinus, qui jouit d'une certaine indĂ©pendance en Illyrie. L'ordre est donnĂ© Ă  Basiliscus de faire voile vers Carthage. Marcellinus doit par ailleurs attaquer et prendre la Sardaigne, tandis qu'une troisième armĂ©e, commandĂ©e par HĂ©raclius d'Édesse, doit dĂ©barquer sur la cĂ´te libyenne Ă  l'est de Carthage en progressant rapidement. Il semble que les forces combinĂ©es aient Ă©tĂ© rassemblĂ©es en Sicile, d'oĂą les trois flottes auraient fait voile Ă  diffĂ©rentes pĂ©riodes.

Procope rapporte que Basiliscus, le beau-frère de l'empereur LĂ©on, a Ă©tĂ© choisi comme gĂ©nĂ©ral par l'empereur, dans l'espoir qu'il serait un contre-poids Ă  l'influence croissante du magister militum alain Aspar qui cherchait Ă  contrĂ´ler LĂ©on. Toutefois, Basiliscus chercha Ă  se rapprocher d'Aspar dans sa quĂŞte personnelle pour accĂ©der au trĂ´ne. Aspar « exhorta Ă  plusieurs reprises Basiliscus d'Ă©pargner les Vandales et GensĂ©ric[5]. Â»

Les historiens modernes et classiques fournissent des estimations diffĂ©rentes du nombre de navires et de troupes commandĂ©es par Basiliscus, ainsi que concernant les frais de l'expĂ©dition, bien que le nombre et les sommes engagĂ©es aient Ă©tĂ© de toute Ă©vidence Ă©normes.

Selon les Ă©crits de l'historien Priscus, 100 000 navires ont Ă©tĂ© rassemblĂ©s, bien que les Ă©rudits modernes aient ramenĂ© ce chiffre Ă  environ 1 100 navires, ce qui est plus proche de l'estimation de l'historien byzantin Georges CĂ©drène qui fait Ă©tat de 1 113 navires[6]. Peter Heather estime que l'expĂ©dition comprenait 30 000 soldats et 50 000 hommes au total, en incluant les marins et les forces de Marcellinus et HĂ©raclius[7]. Les estimations quant Ă  l'argent dĂ©pensĂ© pour l'expĂ©dition varie de 1 300 centaria d'or d'après les Ă©crits de Priscus et Procope (130 000 livres romaines), Ă  64 000 livres d'or et de 700 000 livres d'argent d'après Jean le Lydien Ă  65 000 livres d'or et 700 000 d'argent selon Candidus[8].

Bataille

La Sardaigne et la Libye sont rapidement conquises par Marcellinus et Héraclius, puis Basiliscus jette l'ancre au large du cap Bon, face à la Sicile, appelé par les Romains Promontorium Mercurii (« Promontoire de Mercure ») à environ quarante milles de Carthage. Genséric demande à Basiliscus de lui accorder cinq jours afin de négocier les conditions d'une paix, à la suite de premières défaites sur terre et sur mer infligée par les envahisseurs[2]. Procope indique que Genséric aurait appuyé sa demande de trêve avec un pot-de-vin. Durant les négociations, Genséric rassemble ses navires puis brusquement attaque la flotte romaine. Les Vandales remplissent de nombreux navires avec du matériau combustible. Durant la nuit, ils y mettent le feu et projettent ces navires incendiaires contre les navires sans surveillance des Romains peu méfiants. Les commandants romains essayent de sauver certains navires de la destruction, mais leurs manœuvres sont bloquées par l'attaque d'autres navires vandales. Basiliscus décide de fuir dans le feu de la bataille.

Au milieu de cette défaite navale, certains romains font preuve d'héroïsme. Malgré la situation désespérée, le lieutenant de Basiliscus, Joannes, se bat courageusement contre les Vandales. Procope le décrit comme se tenant « debout sur le pont, tout en frappant de droite à gauche et tuant un très grand nombre de l'ennemi ». Voyant que son bateau est sur le point d'être capturé, il refuse de se rendre à Genso, le fils de Genséric, saute par-dessus bord avec sa lourde armure lourde et se noie. Ses derniers mots sont : « Jamais je ne tomberai entre les mains des chiens impies de Vandales[9]. »

Conséquences

La moitiĂ© de la flotte romaine est brĂ»lĂ©e, coulĂ©e ou capturĂ©e. L'autre moitiĂ© suit Basiliscus dans sa fuite. L'ensemble de l'expĂ©dition a Ă©chouĂ©. HĂ©raclius fait retraite Ă  travers le dĂ©sert de Tripolitaine, se maintenant dans la rĂ©gion pendant deux ans, jusqu'Ă  ce qu'il soit rappelĂ©. Marcellinus se replie sur la Sicile, oĂą il est rejoint par Basiliscus. Marcellinus est cependant assassinĂ©, peut-ĂŞtre Ă  l'instigation du gĂ©nĂ©ral Ricimer, par l'un de ses capitaines. Cette nouvelle provoqua la surprise du roi des Vandales, qui fut satisfait de voir les Romains eux-mĂŞmes le dĂ©barrasser de l'un de ses plus redoutables adversaires.

Après son retour Ă  Constantinople, Basiliscus se terre dans l'Ă©glise Sainte-Sophie afin d'Ă©chapper Ă  la colère du peuple et Ă  la vengeance de l'Empereur. Grâce Ă  la mĂ©diation de Verina, Basiliscus obtient finalement le pardon de l'Empereur, et est condamnĂ© simplement Ă  l'exil Ă  HĂ©raclĂ©e Sintica, en Thrace[10].

Les trĂ©sors de l'Empire romain d'Orient sont dĂ©sormais vides[4]. Pour Peter Heather, l'expĂ©dition Ă©tait la dernière chance de sauver l'Empire romain d'Occident, qui contrĂ´lait encore seulement la pĂ©ninsule italienne et la Sicile. Sans les revenus de l'ancienne province romaine d'Afrique, l'Empire se montra incapable de soutenir une armĂ©e suffisante[4].

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Battle of Cap Bon (468) » (voir la liste des auteurs).
  1. Heather 2007, p. 405.
  2. D'Avezac, Afrique. Esquisse générale de l'Afrique et Afrique ancienne, dans L'Univers. Histoire et description de tous les peuples. Afrique. Carthage. Numidie et Mauritanie. Afrique chrétienne, éd. Firmin Didot frères, Paris, 1844 p. 24 du chapitre 'Histoire des Vandales en Afrique'
  3. William Smith, Dictionary of Greek and Roman Biography and Mythology, Boston, C. Little and J. Brown, , 466 (lire en ligne)
  4. Heather 2007, p. 406.
  5. Procope, De Bello III.6.4; traduit par H.B. Dewing, Procope (Cambridge: Loeb Classical Library, 1979), vol. 2 pp. 55f.
  6. Priscus, fragment 42; traduit par Colin D. Gordon, The Age of Attila: Fifth Century Byzantium and the Barbarians (Ann Arbor: University of Michigan, 1966), p. 120f.
  7. Heather 2007, p. 400.
  8. Procope, De Bello III.6.2; traduit par Dewing, Procope, vol. 2p. 55.
  9. Procopius, De Bello III.6.22-24; traduit par Dewing, Procopius, vol. 2 p. 63
  10. J.B. Bury, History of the Later Roman Empire (Macmillan, 1923), vol. 1 pp. 336f

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

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