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Bataille de Zwinin

La bataille de Zwinin est une bataille de la premiĂšre Guerre mondiale sur le Front de l’Est, entre l’Empire russe et les Empires centraux. Elle prolonge la bataille des Carpates qui prĂ©sente la particularitĂ© d’ĂȘtre une guerre de tranchĂ©es en haute montagne.

Bataille de Zwinin
Informations générales
Date du au
Lieu Zwinin (Ukraine)
Issue Victoire allemande
Forces en présence
7e corps d’armĂ©e
34e, 65e et 78e divisions
2e division de cosaques du Kouban
1re division allemande
3e division de la Garde
55e division austro-hongroise

PremiĂšre Guerre mondiale

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Historique

Prélude

Le mont Zwinin photographié par l'armée allemande en 1915
Cosaques du Kouban en 1915

AprĂšs avoir remportĂ© la bataille de Lemberg, l’armĂ©e russe Ă©tait en mesure d’avancer de plus de 150 km dans les Carpates et de menacer l’Autriche-Hongrie. La forteresse de Przemyƛl a Ă©tĂ© encerclĂ©e et assiĂ©gĂ©e durant plus de 100 jours. De grandes parties de la Galicie et de la Bucovine, avec ses champs de pĂ©trole Ă  Drohobycz, sont tombĂ©s aux mains des Russes. L’empire allemand, ayant perdu la bataille de la Vistule, ne pouvait pas soulager le front de l’Est du nord au sud. Durant le deuxiĂšme siĂšge de Przemyƛl, plus de 100 000 soldats austro-hongrois Ă©taient assiĂ©gĂ©s.

Dans cette situation critique, l’Empire allemand dĂ©cide d’aider son alliĂ© austro-hongrois en envoyant deux divisions (1re division d'infanterie et 3e division de la Garde) en soutien. Les divisions allemandes et autrichiennes arrivent rapidement Ă  Moukatchevo avec les chemins de fer hongrois. Le , l’armĂ©e du Sud est crĂ©Ă©e et se trouve entre deux armĂ©es autrichiennes. À l’est l’armĂ©e de von Pflanzer avait pour objectif de reprendre la Galicie orientale et la Bucovine tandis qu’à l’ouest la 3e armĂ©e autrichienne devait venir en aide Ă  la forteresse assiĂ©gĂ©e de Przemyƛl. L’armĂ©e du Sud devait, en passant par le col de Verecke - aussi appelĂ© le « Chemin de Magyars », emprunter la vallĂ©e de la Latorica entre Lviv et Moukatchevo pour prendre position dans la vallĂ©e du StryĂŻ. Dans la montagne, l’armĂ©e du Sud se partage en trois corps :

Dans la rĂ©gion de la Stryi, l’armĂ©e russe se compose de la 78e Division d’infanterie (309e, 311ee et 312e rĂ©giments d’infanterie) renforcĂ©e par le 260e RĂ©giment d’Infanterie de la 65e Division d’infanterie. Le passage d’Uszok Ă©tait gardĂ© par la 65e Division d’infanterie (257e, 258e et 259e rĂ©giments d’infanterie) et la 2e Division de cosaques du Kouban, renforcĂ©s par 310e RĂ©giment d’Infanterie de la 78e Division. Le gĂ©nĂ©ral V.N. Nikitine dirigeait cette troupe, qui avait Ă©tabli son quartier gĂ©nĂ©ral Ă  Sambor, prĂšs des lignes de chemin de fer menant de Przemyƛl Ă  Moukatchevo, sur la Stryj et la vallĂ©e de Laborcz. Sur la frontiĂšre entre la Hongrie et la Galicie, les troupes autrichiennes avaient lors de leur retraite, pour ralentir l’avance russe, dĂ©truits tous les ponts de chemin de fer et tunnels, ce qui compliquait maintenant l’avance de l’armĂ©e du Sud.

Le plan Ă©tait de forcer le passage dans les 14 jours. À partir les cols furent capturĂ©s en succession rapide : du 25 au , engagement des troupes Ă  Vezerszallas, du 29 au , combats au col de Verecke et du au combats au col de Lysa. Les troupes Ă©taient alors au pied du Zwinin.

RĂ©gion

La crĂȘte de Zwinin couvre environ 10 km du sud-est au nord-ouest et est, Ă  plus de 800 mĂštres d’altitude. Les trois points les plus Ă©levĂ©s sont Ă  1 109 m, 1 091 m et 992 m. Plus Ă  l’est, Ă  proximitĂ© de la chaĂźne de montagnes d’Ostrog (936 m) et Ostry (1 026 m), se trouve une voie de transit Ă  partir d'Oryava Koz’ova et Ă  Skole. Le Zwinin se situe Ă  environ km en amont au sud, presque parallĂšle Ă  la chaĂźne de montagnes de Dauzki, haute d’environ 1 000 m. Dans la vallĂ©e boisĂ©e de l’autre cĂŽtĂ© du Zwinin se trouvent des scieries et des usines ainsi que des routes relativement larges et des connexions ferroviaires Ă  Skole, facilitant ainsi l’approvisionnement des troupes russes.

DĂ©but fĂ©vrier, durant l’hiver dans les Carpates, les collines Ă©taient couvertes de neige, jusqu’à trois mĂštres de haut. Le thermomĂštre tombait la nuit en dessous de −20 °C.

DĂ©roulement

Rassemblement de troupes allemandes en avril 1915 sur le mont Zwinin.
Tranchées allemandes en février 1915 sur le mont Zwinin.
Cartes allemandes de 1915 du secteur du mont Zwinin.

Dans la matinĂ©e du , le 41e rĂ©giment d'infanterie (de) atteint le village d’Oryava et entame immĂ©diatement l’ascension des flancs du Zwinin. À mi-chemin le feu nourri de l’infanterie russe le contraint Ă  s’enfouir dans la neige. La mĂȘme situation se reproduit de l’autre cĂŽtĂ© du col oĂč le 1er rĂ©giment de grenadiers doit creuser des tranchĂ©es sur les pentes de l’Ostrog. Le commandant de la Ire division d'infanterie, le gĂ©nĂ©ral Richard von Conta, monte sur les hauteurs en amont pour avoir une idĂ©e de la situation. Les retranchements russes sont visibles sur la crĂȘte des Zwinin. Plusieurs tranchĂ©es successives avec du fil de fer barbelĂ© avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© construites. Dans l’espoir qu’elles ne seraient pas encore terminĂ©es, il dĂ©cide une attaque surprise. Les positions russes sur le cĂŽtĂ© sud-ouest, qui s’élĂšve environ 300 mĂštres au-dessus de la vallĂ©e Orava, sont retranchĂ©es. La Ire division d'infanterie lança une attaque surprise, sur le massif de Zwinin. Mais les postes russes, plus Ă©levĂ©s, avaient une meilleure position. En raison de la neige profonde, les grenadiers et les fusiliers ne peuvent pas s’élancer avec rapiditĂ© et deviennent une cible facile pour les canons ennemis. Les soldats sont retardĂ©s par la neige. En quelques jours, les Allemands tentent trois attaques majeures - le 7, le 9 et le - qui sont toutes repoussĂ©es par les troupes russes. À la fin de la semaine, Conta conclut qu’il n'est pas en mesure de prendre Zwinin sans artillerie lourde. Beaucoup de soldats souffrent d'engelures[1].

Les troupes allemandes commencent Ă  leur tour Ă  construire des tranchĂ©es et des abris. Les deux armĂ©es passent Ă  l’attaque Ă  tour de rĂŽle, sans que la ligne de front ne bouge de façon significative sur la crĂȘte. Du cĂŽtĂ© allemand, l’artillerie est amenĂ©e : mortiers et obusiers, tractĂ©s par des chevaux, dont un obusier de 305 mm, sont positionnĂ©s dans la vallĂ©e. « Pour amener un seul canon Ă  la hauteur de 887 mĂštres, en position de tir, 14 chevaux ont Ă©tĂ© nĂ©cessaires, tous les artilleurs disponibles de quatre batteries et deux compagnies du gĂ©nie, les personnes et les animaux de travail Ă©taient Ă  moitiĂ© morts, et seulement aprĂšs cinq heures d’efforts nous y sommes parvenus » selon une dĂ©pĂȘche du lieutenant Peter Hofmann. Le 7, le 10 et le , trois attaques appuyĂ©es par l’artillerie sont lancĂ©es en toute urgence car la chute de Przemyƛl semble imminente. Le , les Allemands atteignent le sommet de la crĂȘte et prennent possession du mont Zwinin. Dans le brouillard, l’artillerie ne peut plus intervenir et les trouppes s'affrontent principalement Ă  la grenade. Il est alors Ă©voquĂ© de retirer l’infanterie du sommet pour, une fois de plus, recourir Ă  une prĂ©paration d’artillerie intensive, proposition rejetĂ©e de façon catĂ©gorique par l’infanterie : le brouillard rend les projets de pilonnages irrĂ©alisables, ce qui rĂšgle temporairement la question.

Monument aux morts sur le mont Zwinin.
La forteresse de Przemyƛl occupĂ©e par les Russes, mai 1915

À la mi-mars les tempĂ©ratures varient de −8 °C la nuit Ă  +8 °C de jour, entraĂźnant la fonte de la neige, des torrents de boue visqueuse recouvrant toutes les routes et sentiers. « Les routes dĂ©jĂ  mauvaises en elles-mĂȘmes sont, par leur utilisation intensive, dans un Ă©tat si dĂ©plorable que les chevaux - 6 Ă  8 par Ă©quipage - s’enfoncent jusqu’au ventre dans la boue. Des forĂȘts entiĂšres disparaissent pour ĂȘtre transformĂ©es en chemin de rondins ». Les troupes manquent de munitions et d’aliments comme les pommes de terre et le pain tandis que le brouillard et la neige empĂȘchent une nouvelle attaque. L’armĂ©e russe, aprĂšs la prise de Przemyƛl, dispose d'une masse de manƓuvre qu'elle peut utiliser sur d'autres points du front. NĂ©anmoins le temps est mis Ă  profit pour Ă©laborer des plans sans se laisser dĂ©stabiliser par une attaque surprise des Russes : les sapeurs russes ont creusĂ© des tunnels sous les premiĂšres lignes lors du 3e rĂ©giment de grenadiers et provoquĂ© par explosion l’effondrement de celles-ci. L’attaque d’infanterie qui suit est repoussĂ©e. Bothmer forme Ă  partir de la 1re division et la 3e division de la Garde, avec des parties de la 38e division de Honved, le corps Bothmer. Toutes les unitĂ©s reçoivent une fonction et un objectif Ă  rĂ©aliser afin d’effectuer une attaque commune bien coordonnĂ©e[2].

Le , la forteresse de Przemyƛl se rend aux mains des Russes. La course contre le temps Ă©tait perdue. Le , l’armĂ©e du Sud regroupe les deux divisions en un corps d’armĂ©e sous le commandement du gĂ©nĂ©ral Felix Graf von Bothmer[3].

En avril, l’artillerie est rĂ©organisĂ©e et attend le beau temps. Des conditions mĂ©tĂ©orologiques favorables sont attendues pour le . La Ire division d’infanterie et la 3e division d’infanterie de la Garde pensent attaquer par surprise mais, encore une fois, les troupes russes rĂ©agissent et profitent des conditions mĂ©tĂ©orologiques pour une attaque surprise sur la 3e division de la Garde sur le Zwinin. L’armĂ©e russe progresse aprĂšs trois vagues d’assaut[4].

Dans le mĂȘme temps, prĂ©cisĂ©ment Ă  7 heures du matin, l’artillerie allemande ouvre un barrage de feu de tous calibres sur le mont Zwinin. La colline est enveloppĂ©e dans une fumĂ©e d'un noir profond et le tonnerre des canons est amplifiĂ© par l’écho de la vallĂ©e. À 8 heures l’artillerie se tait et la premiĂšre vague d’infanterie attaque les tranchĂ©es russes. Les officiers russes considĂšrent l’attaque sur le Zwinin comme une manƓuvre tactique. Le commandant russe, le colonel Moskouli, est convaincu de l’invincibilitĂ© de sa position, jusqu’à ce qu’il soit surpris par les troupes allemandes au cours du thĂ© du matin. La premiĂšre vague pĂ©nĂštre profondĂ©ment dans les dĂ©fenses adverses. À 11 heures, le mont Zwinin est conquis[5].

DĂ©nouement

L’armĂ©e russe se retire du Zwinin au cours de la nuit du . À l’aube du , les patrouilles allemandes remarquent le dĂ©part des forces russes. En consĂ©quence, le , Ostrog et Ostry sont conquis. La conquĂȘte de Zwinin dans le cadre de l’offensive des Carpates prĂ©pare le terrain pour l’offensive de Gorlice-TarnĂłw. Felix von Bothmer est dĂ©corĂ© de l’Ordre militaire de Maximilien-Joseph de BaviĂšre et de l'ordre Pour le MĂ©rite.

Liens externes

Notes et références

  1. Hansch, Johannes ; Wedling, Fritz : Das Colbergsche Grenadier-Regiment Graf Gneisenau (2. Pommersches) Nr. 9 im Weltkriege 1914–1918, Berlin 1929, p. 161
  2. Hansch, Johannes ; Wedling, Fritz : Das Colbergsche Grenadier-Regiment Graf Gneisenau (2. Pommersches) Nr. 9 im Weltkriege 1914–1918, Berlin 1929, p. 162-163
  3. Graf v. d. Schulenburg-Wolfsburg : Geschichte des Garde-FĂŒsilier-Regiments / nach den amtlichen KriegstagebĂŒchern und persönlichen Aufzeichnungen, Berlin 1926, p. 74
  4. Graf v. d. Schulenburg-Wolfsburg : Geschichte des Garde-FĂŒsilier-Regiments / nach den amtlichen KriegstagebĂŒchern und persönlichen Aufzeichnungen, Berlin 1926, p. 75
  5. Mönkeberg, Carl : Unter Linsingen in den Karpathen ; Berlin 1917, p. 44
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