Bataille de Xingshi
La bataille de Xingshi (chinois simplifiĂ© : ć Žćżäčæ ; chinois traditionnel : èćąäčæ° ; pinyin : ) est une tentative d'invasion du Royaume de Shu par son voisin et rival, le Royaume de Wei. Cette bataille a lieu au mont Xingshi[2] en 244, pendant la pĂ©riode des Trois Royaumes de l'Histoire de la Chine et se conclut par un Ă©chec du Wei.
Date | 244 |
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Lieu | Mount Xingshi (situé au nord de l'actuel Xian de Yang, Shaanxi), Chine |
Issue | victoire du Royaume de Shu |
Royaume de Wei | Royaume de Shu |
Cao Shuang Guo Huai | Fei Yi Wang Ping |
60,000+[1] | 30,000 soldats sous les ordres de Wang Ping and Liu Min le nombre de soldats sous les ordres de Fei Yi est inconnu |
lourdes, chiffre exact inconnu | minimes |
Guerres des Trois Royaumes
Batailles
Yiling/Xiaoting - Campagne contre le Wu - Campagne du Sud - Hefei (231) - Hefei (233) - Expéditions de Zhuge Liang - Hefei (234) - Shiting - Liaodong - Offensive du Wu - Xingshi - Koguryo - Gaoping - Expéditions de Jiang Wei (Didao) - Dongxing - Hefei (253) - Shouchun - Cao Mao - chute du Shu - Zhong Hui - Chute du Wu
Situation avant le début du conflit
Lorsque Cao Rui, l'empereur du Wei, meurt en 239, c'est son fils Cao Fang qui monte sur le trÎne. Comme Fang est alors agé de 8 ans, ce sont deux tuteurs impériaux choisi par le défunt, Cao Shuang et Sima Yi, qui dirigent de facto le royaume. TrÚs vite, Shuang écarte Yi du pouvoir en le nommant à un poste prestigieux et dénué de tout véritable pouvoir, avant de se mettre à agir en maßtre absolu du Wei et de tomber dans la luxure et la dépravation.
Fang sait qu'il y a de nombreux opposants Ă sa politique au sein du royaume et, pour renforcer son emprise sur la Cour, il dĂ©cide de lancer une invasion du Shu, un royaume voisin et ennemi du Wei. En effet, en , Shuang apprend que Jiang Wan, le gĂ©nĂ©ral en chef des forces armĂ©es du Shu, procĂšde Ă un repli de ses soldats depuis Hanzhong vers le Xian de Fu(æ¶Ș瞣). Il en conclut que, grĂące Ă sa supĂ©rioritĂ© numĂ©rique, l'armĂ©e du Wei peut facilement conquĂ©rir Hanzhong avant l'arrivĂ©e des renforts du Shu. Il pense Ă©galement que, mĂȘme si ensuite il n'arrive pas Ă annexer complĂštement le Shu, la chute de Hanzhong sera un exploit suffisant pour renforcer son influence Ă la cour du Wei.
MĂȘme si de nombreux membres de la cour du Wei s'opposent Ă son projet, Cao Shuang est persuadĂ© que son plan d'invasion est viable.
Géographie de la région des combats
Les trois routes permettant d'aller de Hanzhong au Guanzhong passent toutes par des vallĂ©es situĂ©es dans les monts Qinling. La plus longue des trois est celle situĂ©e au nord, qui mesure plus de 330 km, et se termine au sud de Chang'an. La moitiĂ© sud de cette vallĂ©e est nommĂ© vallĂ©e de Zi(ćè°·) et la moitiĂ© nord, vallĂ©e de Wu(ćè°·). C'est un chemin rude et avec de nombreux endroits oĂč l'on peut tendre des embuscades. Ceux qui seraient victimes d'une embuscade dans de tels endroits n'auraient aucune chance de survie, ce qui fait de cette route Ă la fois la plus longue et la plus dangereuse. Cependant, si jamais ce sont les armĂ©es du Shu qui partent en guerre, c'est en passant par cette route qu'elles ont le plus de chance de surprendre les dĂ©fenseurs de Chang'an. C'est pour cela que Wei Yan propose Ă Zhuge Liang de prendre cette route lors des prĂ©paratifs de sa premiĂšre expĂ©dition nordique. De toutes les routes, c'est celle de Baoxie(è€æé), la plus Ă l'ouest des trois, qui offre les meilleures conditions de trajet. Longue de 235 km, la moitiĂ© nord de cette route est nommĂ©e vallĂ©e de Xie (æè°·) et la moitiĂ© sud vallĂ©e de Bao(è€è°·). L'extrĂ©mitĂ© sud de cette route se trouve Ă 25 km au nord de Hanzhong, et l'extrĂ©mitĂ© nord est Ă 15 km de l'actuel Xian de Mei, Shaanxi. Au centre de la route de Baoxie, on trouve une autre vallĂ©e nommĂ©e vallĂ©e de Ji(çźè°·). Si on l'emprunte en prenant l'embranchement qui part Ă l'ouest, puis en tournant vers le nord, on arrive Ă proximitĂ© de Chencang (éłć), une position stratĂ©gique du Wei qui serait en danger en cas d'attaque du Shu. Par contre, si c'est le Wei qui part en guerre et prend ce chemin, le bon Ă©tat de la route permet au Shu d'amener rapidement une armĂ©e sur place et d'attaquer son ennemi avant mĂȘme qu'il puisse sortir de la vallĂ©e.
Enfin, avec ses 210 km de long la route de Tangluo(ć»é§±é) est la plus courte des trois. SituĂ©e au centre par rapport aux deux autres, elle tire son nom de l'endroit oĂč elle se termine. L'extrĂ©mitĂ© sud de cette route se trouve Ă proximitĂ© de la riviĂšre Tangshui(ć»æ°ŽæČł) dans l'actuel Xian de Yang, Shaanxi, et son extrĂ©mitĂ© nord se trouve dans le ravin de Luo(駱ćłȘ) situĂ© Ă l'ouest de l'actuel Xian de Zhouzhi, Shaanxi. La moitiĂ© sud de cette route est nommĂ©e vallĂ©e de Tang (ć»è°·) et la moitiĂ© nord vallĂ©e de Luo (駱谷). C'est cette route que Cao Shuang choisit pour attaquer le Shu, ce qui est une erreur stratĂ©gique majeure. En effet, si cette route est la plus courte, c'est surtout la plus mauvaise des trois; et surtout c'est celle avec la plus longue section sans aucune source pour se ravitailler en eau. D'oĂč une multiplication des problĂšmes de logistique tout au long de l'expĂ©dition, qui s'aggravent au fur et Ă mesure que les bĂȘtes de somme meurent de soif dans la vallĂ©e. Au bout d'un moment, Cao Shuang est obligĂ© d'utiliser des milliers d'hommes pour porter le ravitaillement Ă la place des bĂȘtes mortes. Comme bon nombre de ces « coolies » improvisĂ©s connaissent le mĂȘme sort que les bĂȘtes qu'ils remplacent, le moral des troupes baisse, pendant que le mĂ©contentement contre Cao Shuang monte et ce aussi bien au sein de son armĂ©e que dans le royaume de Wei.
La bataille
En , Cao Shuang promeut Xiahou Xuan au rang de GĂ©nĂ©ral Qui Subjugue lâOuest, et Guo Huai, l'inspecteur de la province de Yong, devient le commandant de l'avant-garde. Ensemble, ils commencent Ă marcher sur Hanzhong en prenant la route de Tangluo. Deng Yang et Li Sheng, les deux protĂ©gĂ©s de Cao Shuang, prennent part Ă l'invasion en tant que membres de l'entourage de Shuang. l'objectif principal de la force d'invasion est le col de Yangping (éœćčłé; situĂ© Ă l'ouest de l'actuelle ville de Wuhou(æŠäŸŻéź), Xian de Mian, Shaanxi).
Câest Wang Ping, le GĂ©nĂ©ral VĂ©tĂ©ran Qui Garde le Nord, qui est responsable de la dĂ©fense de Hanzhong ; mais il n'a pas plus de 30 000 soldats sous ses ordres. Pour faire face Ă une telle infĂ©rioritĂ© numĂ©rique, certains des gĂ©nĂ©raux du Shu suggĂšrent de se concentrer sur la dĂ©fense de Hancheng (æŒąć; situĂ© Ă l'est de l'actuel Xian de Mian, Shaanxi) et de Yuecheng (æšć; situĂ© Ă l'est de l'actuel Xian de Chenggu, Shaanxi). Wang Ping rejette cette idĂ©e car les renforts sont bien trop loin pour arriver Ă temps et ce serait un dĂ©sastre pour le Shu si l'ennemi peut traverser la passe de Yangping sans rencontrer d'opposition. De plus, le seul moyen efficace de stopper l'ennemi est de tirer parti du mauvais Ă©tat de la route qu'il emprunte. Wang Ping donne l'ordre Ă Liu Min(ćæ), le gĂ©nĂ©ral Qui ProtĂšge l'ArmĂ©e, de prendre position au mont Xingshi (èćąć±±)et de planter des drapeaux du Shu sur une longueur de prĂšs d'une centaine de km. Le but de la manĆuvre est de donner l'illusion que les dĂ©fenseurs du Shu sont plus nombreux que ce qu'ils sont vraiment. De son cĂŽtĂ©, Wang Ping prend personnellement la tĂȘte d'une armĂ©e Ă la suite de Liu Min, pour pouvoir contrer une Ă©ventuelle attaque du Wei depuis la vallĂ©e de Huangjin (é»éè°·; situĂ©e Ă l'est du mont Xingshi). En , comme prĂ©vu par Wang Ping, lâarmĂ©e du Wei est repĂ©rĂ©e au mont Xingshi. Les soldats ennemis sont quasiment Ă court de vivres, Ă cause des lignes d'approvisionnement dĂ©mesurĂ©ment longues et de la mort de leurs bĂȘtes de somme. Dans le mĂȘme temps, Fei Yi, le gĂ©nĂ©ral en chef du Shu, est en route depuis Chengdu en direction de Hanzhong avec des renforts. Le Shu allait pouvoir lancer une contre-offensive contre cette armĂ©e d'invasion du Wei aux lignes de ravitaillement dĂ©mesurĂ©ment Ă©tirĂ©es.
Yang Wei (æ„ć), un officier et conseiller de Cao Shuang, rĂ©alise le danger qui plane sur l'armĂ©e du Wei et supplie Shuang d'en rester lĂ et de battre en retraite immĂ©diatement, mais Deng Yang Ă©met une objection et se met Ă argumenter avec Yang, malgrĂ© son manque d'expĂ©rience militaire. Yang Wei n'arrive pas Ă les convaincre et, furieux, laisse exploser sa colĂšre, en disant que Deng Yang et Li Sheng mettent en danger la vie de milliers de soldats, ainsi que la survie de leur royaume et devraient ĂȘtre exĂ©cutĂ©s. ExcĂ©dĂ©, Cao Shuang rejette toutes les suggestions de Yang Wei. Pendant ce temps, Ă Luoyang, la capitale du Wei, Sima Yi, le Grand Tuteur de l'empereur comprend lui aussi Ă quel point la situation est dangereuse pour l'armĂ©e d'invasion. Lui qui s'opposait depuis le dĂ©but Ă cette expĂ©dition Ă©crit Ă Xiahou Xuan pour le prĂ©venir du dĂ©sastre imminent et l'avertir que, bien des annĂ©es plus tĂŽt, Cao Cao lui-mĂȘme, le fondateur de fait du Wei, avait subi Ă Hanzhong une dĂ©faite cuisante contre Liu Bei, le fondateur du Shu. L'armĂ©e du Shu contrĂŽle le mont Xingshi, ce qui empĂȘche les troupes du Wei d'aller plus loin et si une autre armĂ©e du Shu coupe toute possibilitĂ© de retraite du Wei, Cao Shuang et Xiahou Xuan ne vivraient pas assez vieux pour regretter leur dĂ©cision. AprĂšs avoir lu la lettre de Sima Yi, Xiahou Xuan comprend finalement Ă quel point sa situation est dangereuse et se prĂ©cipite pour convaincre Cao Shuang de donner l'ordre de battre en retraite. Guo Huai comprend lui aussi le danger de la situation et fait retirer ses troupes pour Ă©viter la dĂ©route annoncĂ©e.
De son cĂŽtĂ©, Fei Yi ne voulait pas laisser Cao Shuang s'en sortir si facilement et dirige ses troupes sur les flancs de l'armĂ©e du Wei pour bloquer leur repli. LâarmĂ©e du Shu sâinstalle en position dĂ©fensive, Ă des endroits oĂč elle bĂ©nĂ©ficie d'un avantage gĂ©ographique indĂ©niable sur l'armĂ©e du Wei, c'est-Ă -dire les trois crĂȘtes de la vallĂ©e de Luo : la crĂȘte de Shen (æČć¶ș), la crĂȘte de Ya (èĄć¶ș), et la crĂȘte de Fenshui (ćæ°Žć¶ș). Cao Shuang et ses officiers s'Ă©chappent de justesse et retournent au Guanzhong aprĂšs que leurs troupes aient subi d'importantes pertes dues Ă la soif, Ă la faim et aux maladies[3].
Conséquences
Comme rĂ©compense de sa victoire, Fei Yi reçoit le titre de « Marquis de Chengxiang » (æéäŸŻ), et reste Ă Hanzhong, jusqu'Ă son retour Ă Chengdu, la capitale du Shu, en . Par contraste, le prestige et la popularitĂ© de Cao Shuang s'effondrent, ce qui ouvre la voie Ă son Ă©chec face Ă Sima Yi dans la course au pouvoir.
Ordre de bataille
Armée du Wei
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Armée du Shu |
Notes et références
- (æŁć§äșćčŽïŒçœäčè„żèłé·ćźïŒć€§çŒćć äžèŹäșșïŒćŸé§±è°·ć „ă) Chen Shou. Chroniques des trois Royaumes, Volume 9, Biographies des membres des familles Xiahou et Cao.
- Cette montagne est située au nord de l'actuel Xian de Yang,Shaanxi, et fait actuellement partie de la "Changqing National Nature Reserve"
- Bien des siĂšcles plus tard Liu Bowen, un stratĂšge militaire au service de la Dynastie Ming, dĂ©crit cette bataille dans son livre Les stratĂ©gies inattendues d'une centaine de batailles (çŸæ°ć„ç„), et l'utilise comme exemple type d'une "guerre de retraite" (éæ°). Cela signifie que si l'ennemi bĂ©nĂ©ficie d'un avantage gĂ©ographique majeur et que vous n'arrivez pas Ă continuer Ă vous battre, une retraite rapide est la seule option viable.
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Battle of Xingshi » (voir la liste des auteurs).
Bibliographie
- Selected Examples of Battles in Ancient China Writing Team, Selected Examples of Battles in Ancient China, 1re Ădition, publiĂ© par Chinese Publishing House et distribuĂ© par New China Bookstore Publishing House Ă Beijing, 1981 - 1984.
- Yuan, Tingdong, War in Ancient China, 1re Ădition, publiĂ© par la Sichuan Academy of Social Science Publishing House et distribuĂ© par New China Bookstore Ă Chengdu, 1988 (ISBN 7-80524-058-2)
- Zhang, Xiaosheng, General View of War of Ancient China, 1re Ădition Ă Xi'an, publiĂ© par Long March Publishing House Ă Beijing & DistribuĂ© par New China Bookstore Ă Beijing, 1988 (ISBN 7-80015-031-3) (set)