Bataille d'Alarcos
La bataille d'Alarcos, en arabe : معركة الأرك (m'rakat al-Arak), en espagnol : batalla de Alarcos, également désignée par les Espagnols sous le nom de désastre d'Alarcos, se déroule le et oppose les troupes almohades du calife Abu Yusuf Yacub Al-Mansour (Yusuf II) , qui gagne son surnom d'Annasser (« le Victorieux ») à l'issue de cette bataille, à l'armée castillane du roi Alphonse VIII[2]. La bataille a lieu au village d'Alarcos, aujourd'hui proche de la ville espagnole de Ciudad Real. Le royaume de Castille (principal moteur de la reconquête chrétienne) subit une sévère défaite et doit signer un traité de paix de 10 ans avec les Almohades. Par cette victoire, l'Empire almohade consolide ses positions dans Al-Andalus, toutefois, en 1212, lors de la bataille de Las Navas de Tolosa, les almohades sont vaincus par l’armée chrétienne d’Alphonse VIII. Cette victoire a considérablement accéléré le processus de la Reconquête même si le Royaume de Grenade ne tombera définitivement qu'en 1492. Selon l'historien Francisco Javier Simonet, lors de cette bataille, l'armée almohade comportait entre 40 000 et 60 000 soldats tandis que l'armée castillane était composée de 80 000 soldats[3].
Date | |
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Lieu | Alarcos en Espagne |
Issue | Victoire décisive des Almohades[1] |
Changements territoriaux | Prise de la forteresse d'Alarcos et de Calatrava la Vieja et de Trujillo et de Benavente et de Malagón et de Karakol et de Talavera de la Reina et de Cuenca |
Almohades Rebelles castillans | Royaume de Castille Ordre de Santiago Ordre d'Aviz |
Abu Yusuf Yaqub al-Mansur Abou Yahia ben Abou Hafs †Abdellah Ibn Sanadide Pedro Fernández de Castro (es) | Alphonse VIII de Castille Diego López II de Haro |
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- Algésiras (1342)
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- Gibraltar (1411)
- Ceuta (1415)
- La Higueruela (1431)
- Campagne de Grenade (1482-1492) : Lucena - Grenade
Coordonnées | 38° 57′ 10″ nord, 4° 00′ 00″ ouest |
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Contexte
L’effondrement de l’empire almoravide puis l’émergence des deuxièmes taifas , a permis à la Castille d’entreprendre de nombreuses conquêtes sur les terres musulmanes. L’arrivé des almohades sur la péninsule change le rapport de force, mais globalement les rois castillans, aragonais, léonais ou portugais sont dans une grande dynamique offensive. La dernière décennie du XIIe siècle, voit l’intensification des interventions almohades en Andalus. En 1190, le calife almohade Abū Yūsuf Yaʿqūb decide d’entrer dans la péninsule afin de contrecarrer les offensives portugaises. En effet, les Portugais aidés par une escadre de croisés en route vers Jérusalem parviennent s’emparer de Silves en septembre 1189. Le calife ne traîne pas et multiplie les actions en Andalus , il signe une trêve avec la Castille, renouvela l’alliance qu’il avait avec le Léon et défit le roi portugais à plusieurs reprises (Torres Novas d’abord puis reprise d’Alcacer do Sal et de Silves en 1191). Après avoir signé une trêve de cinq ans avec Sanche Ier, Abu Yusuf Yaqub al-Mansur est retourné en Afrique.[4][5] Il avait repoussé la frontière au nord jusqu'au Tage, ne laissant au Portugal qu'une seule forteresse importante au sud, à Évora.[6][7].
Malgré un contexte d’instabilité politique au Maghreb, il décide de retourner dans la péninsule à la suite de la prochaine fin de la trêve avec la Castille et du caractère offensif du souverain castillan. En 1194, les gouverneurs almohades d’al Andalus sollicitèrent l’aide du calife à la suite des multiples agressions castillanes. Abū Yūsuf Yaʿqūb s’avança vers la Castille par la Sierra Morena. Le calife a la tête de son armée rencontra les troupes d’Alphonse VIII au pied de la ville d’Alarcos en cours de construction, le 19 juillet 1195 [8].
La bataille
Les Castillans ont attaqué l'armée almohade à deux reprises, sans succès. Mais la troisième attaque réussit à disperser le noyau de l'armée musulmane. Le commandant général de l'armée almohade, Abou Yahya ben Abi Hafs, fut tué sous l'effet de ce choc, ainsi que de quelques combattants almohades. À ce moment-là , l'aile droite almohade attaqua le noyau de l'armée castillane composé de mille chevaliers autour du roi Alphonse VIII. Ils réussirent à isoler l'avant-garde de l'armée castillane de ses soutiens à l'arrière. Le roi et ses chevaliers se retrouvèrent encerclés et beaucoup furent tués. Lopez de Haro se retire avec 5 000 cavaliers vers la forteresse d'Alarcos, avant de se rendre à l'armée almohade.Les récits sont nombreux et parfois divergents sur le nombre même des troupes réfugiées dans la forteresse d’Alarcos ainsi que leurs sorts. Selon certains récits, on évoque la libération de 5 000 hommes, femmes et enfants, libérés par la seule générosité du calife, d'autres récits, évoquent cette libération en échange d'autant de prisonniers musulmans[8].
Alphonse VIII se retire à Tolède. Le calife Abu Yusuf Yacub Al-Mansour (Yusuf II) s'avance et assiège alors la ville mais les Castillans lui demanderent de negocier et Il leur imposa alors un traité de paix inégal d'une durée de 10 ans.
Conséquences
La bataille d'Alarcos est considérée comme le dernier grand exploit militaire musulman en Espagne. Cependant cette victoire retentissante fera réagir la papauté qui, craignant pour l'existence même des États chrétiens du Nord, lancera un appel à la croisade à la fin du traité conclu par Yusuf II. En 1212, lors de la bataille de Las Navas de Tolosa, les musulmans ont été vaincus par l’armée chrétienne d’Alphonse VIII. Cette victoire conduit la Reconquête presque à son terme, mis-à -part le Royaume de Grenade qui tombera en 1492.
Références
- Battle of Alarcos, Theresa M. Vann, Medieval Iberia: An Encyclopedia, Ed. E. Michael Gerli and Samuel G. Armistead, (Taylor & Francis, 2003), 42.
- « ALARCOS BATAILLE D' (18 juill. 1195) », sur Encyclopædia Universalis (consulté le ).
- Francisco Javier Simonet, Historia de los mozárabes de España, 4: Los últimos tiempos (años 1085 a 1492), p. 514.
- Makki 1994, p. 73–74.
- Slaughter 1968, p. 43.
- Lay 2009, p. 159–160.
- Barroca 2006, p. 980.
- Pascal Buresi, « L’apogée almohade : la bataille d’Alarcos et son contexte historique », dans Averroès et l’averroïsme, Presses universitaires de Lyon, (lire en ligne), p. 99–113