BĂ©guard
Un béguard, bégard[1], béghard, bogard ou béguin est un homme qui appartient à une communauté monastique sans prononcer de vœux perpétuels. Les béguards sont les pendants masculins des béguines.
Historique
Apparu à la fin du XIIe siècle et se développant fortement dans les villes au cours du XIIIe siècle, le mouvement béguinal « couvre un ensemble d'expériences et de formes de vie religieuses d'une très grande diversité, dont l'élément unificateur est le caractère laïc »[2] de ce qui est à envisager comme un véritable courant spirituel du christianisme européen. Il se développe au départ de Liège, où Lambert le Bègue le soutient autour de la collégiale Saint-Christophe.
Au cours du concile de Vienne (1312), les autorités ecclésiastiques condamnent le « bégardisme », dans lequel elles voient une remise en question de la distinction entre laïcs et clercs[3], ainsi que les thèses que le mouvement développe. Bégards et béguines « hétérodoxes », considérés comme hérétiques et suspectés d'appartenir au courant de pensée dit des « Libres-Esprits » sont alors durement frappés par l'Inquisition.
Ordre des BĂ©gards
Les Bégards se sont constitués en ordre, en 1359 en Belgique, quand quelques vieillards ont décidé de vivre en commun de leur métier de tisserand[4]. Ces religieux étaient du Tiers-Ordre de saint François, et leur institut était à peu près le même que celui des Cordeliers en France[4].
Différentes implantations
Les béguins de Languedoc
Les béguins de Languedoc étaient pour la plupart des membres du Tiers-Ordre franciscain, inspirés par les franciscains spirituels dont notamment Pierre de Jean Olivi[5]. Interprétant l'Apocalypse de façon radicale, et convaincus de vivre la fin des temps, ils furent persécutés à partir de 1318 comme hérétiques par l'Église du pape d'Avignon Jean XXII (1316-1334)[6].
Les bégards de Bruxelles
L'église des bégards, à Bruxelles, ne fut achevée qu'en 1718[4]. Plus tard encore, le , la première pierre d'un nouveau couvent fut posée au nom du prince de Hornes[4]. Il y a encore à Bruxelles une rue des Bogards, qui va de la place Fontainas à l'angle des rues de l'Étuve et du Poinçon, où elle devient rue des Alexiens.
Notes et références
- À Liège, au haut Moyen Âge, les débuts du mouvement ont eu des communautés d'hommes. Il existe encore une Tour et une Porte des Bégards proche du Boulevard de la Sauvenière
- Benoît Beyer de Ryke, « Maître Eckhart (1260-1328) : théologien, mystique et prédicateur rhénan », in Les Temps Médiévaux, 8, 2003, p. 36-41
- Voir Réforme grégorienne
- Coup d'œil sur Bruxelles, ou petit nécessaire des étrangers dans cette commune, Imprimerie Adolphe Stapleaux, Bruxelles, 1803, p. 103.
- Louisa Burnham Reliques et résistance chez les béguins de languedoc, Annales du Midi, 2006, vol. 118, no 255 (138 p.), [Note(s) : 353-368, 485 voir aussi la revue en ligne Oliviana
- Raoul Manselli, Spirituels et Béguins du Midi, trad. de l'italien (Spirituali e Beghini in Provenza, Roma, 1959) par J. Duvernoy, Toulouse, Privat, 1989 ; Lucien Dabadie, « Les béguins du Languedoc ont-ils cru au troisième âge de l’Esprit-Saint ? », Médiévales, 2020/2 (no 79), p. 161-188.
Voir aussi
Études
Henri Delacroix, Essai sur le mysticisme spéculatif en Allemagne au XIVe siècle, (1900), Chapitre IV & V : Le libre esprit et les béghards hérétiques, rééd. Éditions localement transcendantes, Puyméras, 2022.
Articles connexes
- BĂ©guine
- BĂ©guinage
- Frère lai
- Maître Eckhart (inspiré par le mouvement béguinal)
- François d'Assise
- Histoire des ordres franciscains
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Benoît Beyer de Ryke, Maître Eckhart (1260-1328) : théologien, mystique et prédicateur rhénan, in Les Temps Médiévaux, 8, 2003, p. 36-41
- Benoît Beyer de Ryke, " Le Moyen Age et ses dissidents religieux : cathares et béguines, XIe-XIVe siècles", Colloque international « Sectes » et « hérésies » de l’Antiquité à nos jours, Le rapport au pouvoir, Université Libre de Bruxelles, Institut d’Étude des Religions et de la Laïcité, Bruxelles, mai 2002