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Az-Zumar

Az-Zumar (arabe : ŰłÙˆŰ±Ű© Ű§Ù„ŰČÙ…Ű±, français : Les groupes) est le nom traditionnellement donnĂ© Ă  la 39e sourate du Coran, le livre sacrĂ© de l'islam. Elle comporte 75 versets. RĂ©digĂ©e en arabe comme l'ensemble de l'Ɠuvre religieuse, elle fut proclamĂ©e, selon la tradition musulmane, durant la pĂ©riode mecquoise.

39e sourate du Coran
Les groupes
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Informations sur cette sourate
Titre original ŰłÙˆŰ±Ű© Ű§Ù„ŰČÙ…Ű±, Az-Zumar
Titre français Les groupes
Ordre traditionnel 39e sourate
Ordre chronologique 59e sourate
PĂ©riode de proclamation PĂ©riode mecquoise
Nombre de versets (ayat) 75
Nombre de subdivisions (rukus) 8
Ordre traditionnel
Ordre chronologique

Origine du nom

Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donné comme nom à cette sourate Les groupes[2] en référence aux versets 71 et 73 parlant des gens allant au Paradis ou en Enfer :

« 71. Et ceux qui avaient mĂ©cru seront conduits par groupes Ă  l’Enfer. Puis quand ils y parviendront, ses portes s’ouvriront et ses gardiens leur diront : “Des messagers [choisis] parmi vous ne vous sont-ils pas venus. vous rĂ©citant les versets de votre Seigneur et vous avertissant de la rencontre de votre jour que voici ?” Ils diront : si, mais le dĂ©cret du chĂątiment s’est avĂ©rĂ© juste contre les mĂ©crĂ©ants. »

« 73. Et ceux qui avaient craint leur Seigneur seront conduits par groupes au Paradis. Puis, quand ils y parviendront et que ses portes s’ouvriront, ses gardiens leur diront : “Salut Ă  vous ! Vous avez Ă©tĂ© bons : entrez donc, pour y demeurer Ă©ternellement”. »

Historique

Il n'existe Ă  ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. NĂ©anmoins selon une chronologie musulmane attribuĂ©e Ă  ÇŠaÊżfar al-áčąÄdiq (VIIIe siĂšcle) et largement diffusĂ©e en 1924 sous l’autoritĂ© d’al-Azhar[3] - [4], cette sourate occupe la 59e place. Elle aurait Ă©tĂ© proclamĂ©e pendant la pĂ©riode mecquoise, c'est-Ă -dire schĂ©matiquement durant la premiĂšre partie de l'histoire de Mahomet avant de quitter La Mecque[5]. ContestĂ©e dĂšs le XIXe par des recherches universitaires[6], cette chronologie a Ă©tĂ© revue par Nöldeke[7] - [8], pour qui cette sourate est la 80e.

Les auteurs ont Ă©tĂ© en dĂ©saccord sur l’origine mecquoise ou mĂ©dinoise de la sourate[Note 1]. Neuwirth divise cette sourate en trois parties. Mais cette structure a subi plusieurs ajouts et modifications. Cela est visible dans l’irrĂ©gularitĂ© des rimes ou la variabilitĂ© de la longueur des versets[9]. Il est complexe de dĂ©terminer le contexte exact de cette sourate qui possĂšde un fort contexte biblique, juif et chrĂ©tien mais aussi des Ă©lĂ©ments zoroastriens. Certains Ă©lĂ©ments datent visiblement d’aprĂšs la mort de Mahomet[9].

Interprétations

Verset 23 : une autoréférence

Le verset 23 est une autorĂ©fĂ©rence, le Coran se dĂ©crivant lui-mĂȘme. NĂ©anmoins, il possĂšde des Ă©lĂ©ments peu clairs ayant fait l’objet d’interprĂ©tations. Le Coran se dĂ©finit ici (ce qui est peu courant) comme une parole-hadith.  Il se dĂ©crit ici comme kitaban, traduit par « sous forme de livre ». Or cela signifie moins l’aspect livresque que sa volontĂ© de s’inscrire comme « Écriture sacrĂ©e » au mĂȘme titre que la Bible[9].

Un terme particuliĂšrement complexe est mathani qui n’apparaĂźt que deux fois dans le Coran. Pour les exĂ©gĂštes musulmans, ce terme dĂ©signe certaines parties du Coran, sans qu’il n’y ait de consensus ni sur l’usage du terme, ni sur les parties dĂ©signĂ©es. Ces hĂ©sitations laissent supposer que ce terme est un emprunt, ce que pensent la plupart des universitaires. Pour eux, il dĂ©rive, en effet, de « Mishna », peut-ĂȘtre via le judĂ©o-aramĂ©en.

Ce terme mishna dĂ©signe dans le judaĂŻsme l’enseignement oral de la tradition en opposition avec la miqra, la Torah Ă©crite.  Il serait anachronique d’imaginer cet usage comme une transcription islamique d’une dichotomie Coran/Sunna, cette derniĂšre Ă©tant un concept tardif. Le ou les auteurs du corpus coranique ont probablement utilisĂ© ce terme pour octroyer aux textes du Coran une connotation hĂ©braĂŻque. Une autre solution serait de voir dans ce terme une erreur de scribe (n changĂ© en l) en l’absence de point diacritique (plusieurs lettres Ă©tant dans ce cas lĂ  Ă©quivalentes). Ce terme Ă©voquerait alors une rĂ©citation orale[9].


  • Texte de la sourate (Coran datant de 1874)

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • A.S. Boisliveau, "Sourate 39", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1293 et suiv.
  • R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 2].

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Les islamologues ont utilisĂ© plusieurs approches pour tenter de dater les diffĂ©rentes sourates du Coran. Paret et Neuwirth appartiennent Ă  l’« Ă©cole allemande » qui, Ă  la suite de Nöldeke, s’appuie sur la chronologie traditionnelle et sur un rĂ©cit « laĂŻcisĂ© » des traditions musulmanes. Autrefois dominant dans les Ă©tudes islamologiques, ce paradigme nöldekien n'est plus qu'« en partie prĂ©sent ». Les auteurs du Coran des historiens appartiennent davantage Ă  l’autre courant (dit « sceptique ») qui prend davantage en compte une critique des sources traditionnelles. Voir : Historiographie de l'islam et du Coran
  2. En 2019, seuls deux ouvrages peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publiĂ© en 1991 (aujourd'hui datĂ©) et du Coran des historiens publiĂ© en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de BlachĂšre, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate

Références

  1. A. Chouraqui, Le Coran, traduction et commentaires, 1990, p. 15.
  2. (en) « Le Coran/Sourate 39 : Les groupes (Az-Zumar) - Bibliowiki », sur biblio.wiki (consulté le )
  3. G.S. Reynolds, « Le problÚme de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p.477-502.
  4. R. BlachĂšre, Introduction au Coran, p.244.
  5. R. BlachĂšre, Le Coran, 1966, p. 103.
  6. M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation »
  7. G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus n°95, 2011, p. 247-270.
  8. E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorùns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p.13.
  9. A.S. Boisliveau, "Sourate 39", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1293 et suiv.
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