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Au Nègre joyeux

Au Nègre joyeux est un ancien magasin de cafés de Paris, situé place de la Contrescarpe, dans le 5e arrondissement de Paris. Son enseigne a été retirée au printemps 2018, et est aujourd'hui conservée au musée Carnavalet.

Au Nègre joyeux
Vue générale de l'enseigne.
Présentation
Destination initiale
Marchand de cafés
Destination actuelle
Coordonnées
48° 50′ 40″ N, 2° 20′ 57″ E
Localisation sur la carte de France
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Localisation sur la carte d’Île-de-France
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Localisation sur la carte de Paris
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Description

L'ancien magasin de cafés (et non une chocolaterie[1]), aussi vendeur de chocolats, dragées, boîtes pour baptêmes, poivre, pâtes et tapioca, est situé 14 rue Mouffetard, sur le côté ouest de la place de la Contrescarpe, près de l'angle avec la rue Blainville. L'enseigne en est le seul élément subsistant. Elle comporte aujourd'hui deux éléments : un panneau de bois portant le nom du commerce et un tableau peint à l'huile sur toile (172 x 142 cm). Un troisième élément de bois installé au-dessus des fenêtres du deuxième étage a aujourd'hui disparu, mais est encore visible sur une photographie historique prise par Eugène Atget en 1908, montrant l'ensemble du dispositif publicitaire installé sur la façade[2]. La devanture ainsi que l'étal du marchand sont aussi visibles sur un dessin d'Ilka Kolsky réalisé dans les années 1930[3].

Installé entre les deux fenêtres du premier étage, le tableau dépeint un homme noir et une femme blanche. La scène a été originellement enregistrée comme « marque » par le fondateur du magasin de café, Gaston Lenglet, en 1897. L'enseigne a été peinte la même année. Sa signification et sa datation ont longtemps prêté à confusion : l'image a d'abord été interprétée comme un tableau du milieu du XVIIIe siècle siècle (par confusion avec la date de fondation de la charcuterie voisine) représentant une « femme servie par une miniature de domestique noir », s'inscrivant dans la continuité d'une imagerie esclavagiste[4]. En réalité, l'iconographie est inverse[1] - [5] - [6] : l'homme noir souriant, habillé en gentilhomme du XVIIIe siècle à la mode des noirs libres des Antilles, serviette autour du cou, venant de se lever pour porter un toast, est servi par une servante blanche portant la tenue habituelle des domestiques des maisons bourgeoises au XIXe siècle, tablier, bavette attachée par une épingle et coiffe blanche[7], et lui apportant un plateau d'argent, sur lequel sont placés un sucrier, des gâteaux et une cafetière en argent. Cette inversion des rôles, caractéristique de l'imagerie parodique, relaie la vision stéréotypée de l'homme noir comme emblème publicitaire pour le commerce de produits exotiques importés des colonies (café, chicorée, chocolat).

Au-dessus du tableau, entre les premier et deuxième étages de l'immeuble, un panneau de bois porte le nom du magasin : « Au Nègre joyeux », et au-dessus était indiqué, sur un autre panneau de bois (disparu après 1960) : « Cafés ».

Historique de l'enseigne

Le magasin au « Nègre Joyeux » spécialisé dans la vente de cafés, chocolats et confiseries, rue Mouffetard, est fondé en 1812 mais ne dispose pas encore d'enseigne ornant la façade. C'est en août 1897, lorsque l'épicier Gaston Lenglet (qui travaillait jusqu'alors au faubourg Saint-Antoine) rachète le fonds de commerce, qu'autorisation lui est donnée d'accrocher une enseigne et des panneaux sur la façade de l'immeuble[5]. Le tableau servant d'enseigne est peint la même année. A une date inconnue, il est légèrement rogné dans ses parties supérieures et inférieures. L'enseigne, qui appartenait au syndic de l'immeuble sur lequel elle était accrochée, est donnée à la Ville de Paris en 1988, en échange d'une restauration, qui a eu lieu en 2002[1]. En 2012, l'édifice est occupé par une supérette.

Enseigne Au Nègre joyeux vandalisée à la peinture, Paris (2016).

L'enseigne a d'abord été protégée par une feuille de plexiglas et a subi des jets de pierre[8] et de peinture. Indépendamment, son retrait a été demandé par des associations, lesquelles ont interpellé en 2011 sur ce sujet Frédéric Mitterrand, alors ministre de la Culture.

L'enseigne est parfois décrite comme protégée au titre des monuments historiques. Toutefois, elle est absente de la base Mérimée[8] - [9]. Elle apparaît en revanche sur la base de la Médiathèque de l'architecture et du patrimoine[10], et l'enseigne a fait l'objet de prises de vue en 1986 en vue d'un éventuel classement[11].

À la demande du groupe communiste au Conseil de Paris, le , il est initialement décidé de décrocher l'enseigne. Après restauration, elle devait être conservée au musée Carnavalet, consacré à l'histoire de Paris[12]. Finalement, à la suite de nombreuses protestations, l'œuvre est bien décrochée le 26 mars 2018 mais une nouvelle décision de l'Hôtel de ville indique qu'elle serait remise en place au même endroit en mai après sa restauration. Un texte explicatif devait être également apposé à côté de l'enseigne[12], projet qui demeure sans suites.

Après restauration, le tableau est finalement conservé et exposé dans le parcours permanent du musée Carnavalet depuis sa réouverture au printemps 2021 (après cinq ans de travaux)[13], accroché dans l'une des deux salles « des enseignes », accompagné d'un cartel explicatif rédigé par un comité scientifique constitué en 2018.

Notes et références

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

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