Attentats des ambassades américaines en Afrique du 7 août 1998
Les attentats des ambassades américaines en Afrique du se déroulèrent en début de matinée à Nairobi, au Kenya, et à Dar es Salaam, en Tanzanie, prenant pour cibles les ambassades américaines.
Attentats des ambassades américaines en Afrique du 7 août 1998 | |
Ambassade de Nairobi (à gauche) après l'attaque. | |
Cible | Ambassades américaines de Nairobi (Kenya) et de Dar Es Salaam (Tanzanie). |
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Coordonnées | 1° 17′ 21″ sud, 36° 49′ 36″ est |
Date | |
Type | Attentat-suicide, terrorisme, tuerie de masse |
Morts | 224 (213 à Nairobi, 11 à Dar es Salaam) |
Blessés | plus de 4 000 |
Organisations | Al-Qaïda Jihad islamique égyptien |
Mouvance | Terrorisme islamiste antiamericanisme |
Ces attaques-suicides dont les auteurs étaient liés à des membres locaux d'Al-Qaïda, apportèrent à Oussama ben Laden une attention particulière, notamment de la part des États-Unis, qui le placèrent dans la liste des dix fugitifs les plus recherchés du FBI alors que les Talibans avaient démenti ces attaques.
Avec l'attentat du World Trade Center de 1993, l'attentat des Tours de Khobar en Arabie saoudite, et l'attentat contre l'USS Cole au Yémen, les attaques des ambassades américaines en Afrique font partie des attentats antiaméricains les plus importants qui précédèrent ceux du .
Les attentats
Le risque d'attaque sur l'une des deux ambassades était considéré faible selon les autorités diplomatiques américaines, les bâtiments ne bénéficiaient pas de sécurité renforcée à cette époque. Un an auparavant, un mémo avait circulé dans l'administration américaine stipulant que si l'ambassade de Nairobi était attaquée, celle de Dar es Salaam devrait suivre, une menace qui avait alors été identifiée comme faible[1].
Nairobi
Vers 10 h 30 (ou 10 h 35 selon les sources), un pick-up entre dans le parking souterrain de la Cooperative Bank voisine, et se dirige vers la rampe d'accès au garage souterrain de l'ambassade américaine gardée par des agents de sécurité. Des échanges de coups de feu ont été entendus, puis une très forte explosion. L'explosion ne fait pas plier les fondations de l'immeuble mais la déflagration fait beaucoup de destruction dans les étages. L'immeuble adjacent de sept étages, le Ufundi Building, a été complètement détruit par l'explosion, alors que l'immeuble de la Cooperative Bank voisin à celui-ci a tenu droit[2] - [3]. Entendant les coups de feu, des employés de l'ambassade américaine se sont rapprochés des vitres pour comprendre la situation, ce qui leur a été fatal au moment de l'explosion[4].
L'attaque à la voiture piégée contre l'ambassade de Nairobi a tué au moins 213 personnes dont douze Américains - dont deux employés de la CIA[5] -, blessé de 4 000 à 5 500 personnes[6], et détruit plusieurs grands immeubles situés en plein centre-ville[7]. L'explosion a été entendue à quinze kilomètres à la ronde[8]. L'ambassadrice américaine au Kenya Prudence Bushnell a été légèrement blessée[9]. L'économie du Kenya a été ébranlée par les événements[10].
Dar el Salaam
Trente minutes avant l'explosion, les équipes de sécurité de l'ambassade ont procédé à un exercice de sécurité qui comprenait des actes de prévention antiterroriste. Lors de son arrivée aux limites du périmètre de l'ambassade, le véhicule chargé d'explosifs a été bloqué par un camion-citerne (d'eau). Le véhicule explose donc à l'entrée de l'ambassade à 10 h 39. Le camion-citerne a absorbé une partie de la déflagration[1]. Un terroriste est mort dans l'explosion, un autre a pris des photos de l'explosion et s'est enfui[11].
L'attentat contre l'ambassade à Dar el Salaam utilisant le même modus operandi a tué onze personnes (aucune victime américaine[12]) et en blesse 85 autres, les charges explosives étant d'environ 900 kg[13]. Le bâtiment a été fortement ébranle et abîmé, mais n'a pas cédé sous la force de l'explosion. Il n'existe aucun enregistrement vidéo de l'explosion.
Réactions et revendications
Bill Clinton déclare « Nous utiliserons tous les moyens à notre disposition pour mener les responsables devant la justice, quel que soit le temps nécessaire » et Kofi Annan remarque que « c'est un genre de violence qui n'est pas habituel dans cette région du monde »[9]. Le , Les Échos évoque « vraisemblablement des attentats à la voiture piégée ». Les Talibans liés à Oussama ben Laden démentent avoir pris part à ces attentats[14].
Ces actes ont été revendiqués par une organisation disant s'appeler l'Armée islamique de libération des lieux saints, l'attentat de la Ghriba en 2002 a également été revendiqué sous ce nom. Cette organisation revendique notamment le retrait des troupes américaines des villes saoudiennes saintes[15] - [14].
Les représailles : l'« opération Infinite Reach »
Les Américains répliquèrent aux attentats par l'opération Infinite Reach le : une attaque par missile de croisière de la United States Navy frappa plusieurs camps d'entraînement d'al-Qaida en Afghanistan et détruit une usine pharmaceutique du Soudan, à la suite des soupçons selon lesquels l'usine d'Al-Shifa produisait des armes chimiques, et était contrôlée par le terroriste saoudien Oussama ben Laden[16].
Les Soudanais ont toujours démenti ces accusations. Une enquête d'experts en armements chimiques, sous les auspices de l'Organisation des Nations unies (ONU), donna raison à la position soudanaise.
Traque des responsables présumés des attentats
En , les procureurs fédéraux américains déterminent que la bombe ayant explosé en Tanzanie était chargée avec des batteries de voiture et des réservoirs d'oxygène. La justice américaine lie les attaques à Oussama ben Laden et annonce une récompense de cinq millions de dollars pour la capture d'un des 5 des principaux suspects[11].
Le Tanzanien Ahmed Khalfan Gailani est capturé en 2004 au Pakistan et transféré au camp de Guantanamo deux ans plus tard. En juin 2009, il devait être le premier détenu de Guantanamo à être jugé devant une juridiction civile, sur l'accusation d'avoir participé à l'organisation des attentats de 1998[17].
Le , Fahid Mohammed Ally Msalam et Cheikh Ahmed Salim Swedan, deux responsables présumés, sont tués par une frappe américaine au Pakistan[18], un autre responsable, Fazul Abdullah Mohammed, est tué par l'armée somalienne le à Mogadiscio[19]. Anas al-Liby a été arrêté à Tripoli, en Libye, le par des commandos des États-Unis, du FBI et des agents de CIA[20]. D'autres responsables présumés courent toujours comme Abdullah Ahmed Abdullah.
Notes et références
- (en) « Bombings of the US Embassies in Nairobi, Kenya and Dar es Salaam, Tanzania on August 7, 1998 - Dar es Salaam - Discussion and findings », sur Fas.org,
- (en) John Muchangi, « How Nairobi has changed since August 7 bomb blast », sur The-star.co.ke,
- (en) James Mc Kinley Jr, « BOMBINGS IN EAST AFRICA: IN NAIROBI; F.B.I. Sifts Vehicles' Scraps From Debris for Blast Clues », sur Nytimes.com,
- (en) « Bombings of the US Embassies in Nairobi, Kenya and Dar es Salaam, Tanzania on August 7, 1998 - Nairobi: Findigs and discussions », sur Fas.org,
- (en) Associated Press, "Bin Laden raid avenged secret CIA deaths", Japan Times, 30 mai 2011, p. 1.
- Dixième anniversaire des attentats d’al-Qaïda contre les ambassades américaines de Nairobi et Dar-es-Salam Voice of America, 7 août 2008.
- « 10 ans déjà, attentat contre l'ambassade des États-Unis à Nairobi, 1998 », sur Peperuka,
- (en) « World: Africa US embassies hit in African blasts », sur Bbc.co.uk,
- Marie-Laure Colson, « Au moins 81 morts et plus de 1700 blessés dans deux attentats à Nairobi, au Kenya, et à Dar es-Salaam en Tanzanie. L'Amérique deux fois visée au cœur de l'Afrique. Les bombes ont explosé près des ambassades américaines. Aucune revendication pour l'instant », sur Liberation.fr,
- L'économie kényane ébranlée par l'attentat contre l'ambassade américaine de Nairobi Les Échos, 14 août 1998.
- (en) Benjamin Weiser, « Details Given, and 5 More Charged, in Tanzania Bombing », sur Nytimes.com,
- (en) Andrea Koppel et Jennifer Glasse, « Rescuers search for life in rubble of Nairobi bomb attack », sur Cnn.com,
- (en) Page de PBS sur les attentats
- « 200 morts dans les attentats contre les ambassades américaines à Nairobi et à Dar es-Salaam », sur Lesechos.fr,
- La nébuleuse al-Qaida revendique plusieurs attentats RFI, 18 avril 2004
- L’intervention des États-Unis au Soudan du 20 août 1998 Centre de droit international, Université libre de Bruxelles.
- Guantanamo:premier détenu jugé par une cour civile, France 2, 21 mai 2009
- Agence France-Presse, « Le chef d'Al-Qaïda au Pakistan et son lieutenant ont été tués »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?),
- « Une erreur d'orientation », Le Monde.fr, (consulté le )
- (en) « U.S. Raids in Libya and Somalia Strike Terror Targets »,
Voir aussi
Documentaires télévisés
- Attentat à l'Ambassade américaine, 5e épisode de la 3e saison de La Minute de vérité sur National Geographic Channel et sur Direct 8.