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Association de la presse présidentielle

L’Association de la presse présidentielle (APP) est une association française fondée en 1928, ayant vocation à regrouper les journalistes accrédités auprès de la présidence de la République française. L’histoire de cette association est symptomatique de l’évolution des relations entre le sommet de l’État en France et les médias.

Association de la presse présidentielle
Logo de l’association
Cadre
Forme juridique Association loi de 1901
But développer des relations de bonne confraternité entre les journalistes accrédités à l’Elysée, défendre leurs intérêts, et faciliter l’exercice de leur activité
Fondation
Fondation 1928
Identité
Président Olivier Bost
Vice-présidente Alison Tassin
Trésorier Philippe Harrouard
Secrétaire générale adjointe Gaëtane Morin
Trésorière adjointe Laurence Benhamou
Site web www.pressepresidentielle.fr

Rôle de l’association

Cette association s’est donné pour rôle de développer des relations de bonne confraternité entre les journalistes accrédités au palais de l'Élysée, de défendre leurs intérêts, et surtout de faciliter l’exercice de leur activité.

Historique

Émergence de l'association

Dès le début du XXe siècle, dans un paysage politique français où le régime de la troisième République semblait désormais bien ancré, la relation entre le pouvoir politique et le contre-pouvoir de la presse passent par des rites spécifiques, dont, notamment, la politique d’accréditation de journaliste d’une part, et l’organisation des voyages officiels en province ou à l’étranger, d’autre part. L’accréditation de journalistes et l’autorisation d’accompagner les voyages permettent de fidéliser un groupe de journalistes qui, selon Nicolas Rousselier, maître de conférences à Sciences Po, contribuent de fait à construire l’image d’une présidence au centre du discours patriotique et national, même si le Président a essentiellement un rôle représentatif dans la constitution en vigueur[1].

L’historien Nicolas Mariot qui s’est intéressé aux voyages présidentiels (leur consacrant une thèse, Conquérir unanimement les cœurs : usages politiques et scientifiques des rites : le cas du voyage présidentiel en province 1888-1998, puis d’autres travaux et ouvrages) donne l'exemple du voyage d’Emile Loubet en Russie en 1902, et des tensions à cette occasion entre le cabinet présidentiel et les journalistes. Une cinquantaine de journalistes avaient eu droit à des faveurs officielles, avec une place dans un train, des repas, des logements, et des possibilités d’accès aux membres du cortège officiel. Mais en dehors de ces 50, le ministre de l'intérieur avait accordé des autorisations sur ce déplacement exceptionnel à plus de 200 autres journalistes qui se sont plaints, logiquement, d'être moins bien traités que les premiers. Pour consolider les possibilités des journalistes autorisés, sans que le pouvoir ne privilégie certains par des facilités spécifiques, la nécessité d’une association dédiée apparaît. Il s’agit également de faire reconnaître par la Présidence l’ensemble des journalistes accrédités comme des interlocuteurs indispensables, et de leur donner des moyens d’exercer leur activité[2].

Une telle société met quelques décennies à émerger et est créée finalement en 1928, à l’époque de la présidence de Gaston Doumergue. Cette association est plus spécialisée que les groupements de journalistes existants, et n’est ni tout à fait une organisation corporatiste, ni une organisation syndicale. Elle veut agir sur l’efficacité professionnelle des journalistes, tout en prenant en compte la nature de leur travail et en étant vigilant sur la liberté de la presse[3].

Troisième et Quatrième République

Jean Rogier, journaliste du Petit Parisien, en est le premier prĂ©sident. Le monde des mĂ©dias commence Ă  la mĂŞme Ă©poque Ă  Ă©voluer avec l’apparition des radios puis des tĂ©lĂ©visions, s’ajoutant Ă  la presse traditionnelle. En 1932, l’hebdomadaire satirique Bec et ongles se moque dans une de ses pages de Jean Rogier qui aurait oubliĂ© de faire part au prĂ©sident Lebrun des rĂ©criminations des journalistes accrĂ©ditĂ©s. Comme on lui en faisait reproche, Jean Rogier aurait rĂ©pondu, selon ce journal satirique : « J’ai obtenu mieux », et devant son interlocuteur interloquĂ©, de prĂ©ciser « Le PrĂ©sident accepte la prĂ©sidence d’honneur de notre sociĂ©tĂ© ! »[4]. L’association est mise en sommeil pendant la Seconde Guerre mondiale.

Éntrée du palais de l'Élysée

Elle est rĂ©activĂ©e en 1954/1955, alors que la Quatrième RĂ©publique se meurt.  Plusieurs personnes concourent Ă  revitaliser cette organisation, Ă  la fois au sein des services Ă©lysĂ©ens et au sein de la presse. L’une de ces personnes est Georges Reynal. Ce fonctionnaire a Ă©tĂ© chargĂ© de la censure sous le rĂ©gime de Vichy et a Ă©tĂ© directeur du Service central photographique  (SCP) du cabinet du marĂ©chal PĂ©tain. Mais il a Ă©tĂ© dans la mĂŞme pĂ©riode membre de la RĂ©sistance. Avec son concours, le SCP est ainsi mis Ă  contribution pour renseigner les armĂ©es alliĂ©es et fournir des informations sur les troupes allemandes, leurs implantations, leurs mouvements et l'emplacement de leurs terrains d'aviation. Ă€ la suite d'une dĂ©nonciation, il est arrĂŞtĂ© par les Allemands en et dĂ©portĂ©[5]. De retour en France, il entre en 1947 au service du PrĂ©sident de la RĂ©publique Vincent Auriol. Dès , il crĂ©e le Service de presse de la prĂ©sidence de la RĂ©publique et s'emploie Ă  amĂ©liorer la gestion par les services Ă©lysĂ©ens des relations avec la presse. En 1954, il est nommĂ© chef de bureau hors classe chargĂ© de mission au service information de l'ÉlysĂ©e. De 1954 Ă  1958, il occupe les mĂŞmes fonctions pour le deuxième et dernier prĂ©sident de cette Quatrième RĂ©publique, RenĂ© Coty. En 1954, avec l'appui du prĂ©sident Coty, il relance l'Association de la presse prĂ©sidentielle[5], avec le concours d’un journaliste de l’AFP, Lionel-Raoul Duval, accrĂ©ditĂ© auprès du prĂ©sident de l'AssemblĂ©e de l'Union française et du marĂ©chal de France Alphonse Juin, puis, depuis 1955, accrĂ©ditĂ© auprès de la PrĂ©sidence de la RĂ©publique française. Lionel-Raoul Duval est le nouveau prĂ©sident de l’Association de la presse prĂ©sidentielle, et est conviĂ© Ă  ce titre Ă  participer aux cĂ©rĂ©monies marquant le dĂ©part de RenĂ© Coty, en [6].

Cinquième République

L’avénement de la Cinquième République déplace encore un peu plus le pouvoir vers le palais de l’Elysée et renforce l’importance de l’association. La présidentialisation du régime s’accompagne de rites nouveaux dans les modes de communication. En plus des vœux à la presse, où l’association est systématiquement conviée, Charles de Gaulle introduit à destination des journalistes les conférences de presse, exercice que reprendra chacun de ses successeurs, chacun avec son style[7]. L’accompagnement des voyages présidentiels et les contacts à ces occasions entre le Président et les journalistes accrédités restent bien entendu usités, avec des moments off, de vrais ou de fausses confidences. L’Association de la presse présidentielle invite également les présidents, mais n’obtient pas toujours des réponses. Valéry Giscard d’Estaing accepte l’invitation et une visite d’une exposition organisée par l’APP pour le cinquantième anniversaire de l’association, en 1978[8]. François Hollande, qui aime les échanges avec les journalistes, participe en 2013, un an après son arrivée au pouvoir, à un dîner avec l’APP[9].

La relation entre la PrĂ©sidence française et les mĂ©dias est modifiĂ©e profondĂ©ment Ă  la fin du XXe siècle et dĂ©but du XXIe siècle. Le Ministère de l’information, qui s’était mĂŞme appelĂ© dans l’entre-deux-guerres, le Ministère de la Propagande, est supprimĂ© dĂ©finitivement par ValĂ©ry Giscard d’Estaing en 1974. Mais surtout, au-delĂ  de cette dĂ©cision symbolique, les radios puis les tĂ©lĂ©visions gagnent en diversitĂ© et en autonomie sous les septennats de son successeur, François Mitterrand : les PrĂ©sidents français perdent leur « chose Â». Puis la gĂ©nĂ©ralisation d’internet et l’usage des rĂ©seaux sociaux complexifient encore la situation, y compris pour les mĂ©dias dits « traditionnels Â»[10]. L’APP maintient dans ce contexte son action pour que les journalistes puissent faire leur travail dans de bonnes conditions, soient reconnus et respectĂ©s. Elle intervient aussi lorqu’un journaliste semble mis Ă  l’écart, s’en dĂ©solant sans grande possibilitĂ© d’action lorsque c’est un choix dĂ©libĂ©rĂ© d’un État Ă©tranger, lors d’un voyage officiel[11], mais se montrant ferme lorsque la discrimination est le fait du PrĂ©sident français, comme Mireille Lemaresquier intervenant lorsque Nicolas Sarkozy tente d’écarter Anna Bitton des dĂ©placements officiels, Ă  la suite d'un ouvrage de celle-ci sur son Ă©pouse, CĂ©cilia[12].

Échange entre le président Macron et les membres de l'association le 13 février 2018. À côté d'Emmanuel Macron, sur l'estrade, se trouve la présidente de l'association en 2018, Elizabeth Pineau

L’arrivĂ©e au pouvoir en 2017 d’Emmanuel Macron est marquĂ©e, semble-t-il, par une mĂ©fiance entre la nouvelle Ă©quipe Ă©lysĂ©enne et ces mĂ©dias traditionnels. Le nouvel arrivant cherche Ă  rĂ©imaginer les relations entre le pouvoir et la presse. Il dit souhaiter retrouver une certaine solennitĂ© de la fonction prĂ©sidentielle et une raretĂ© de sa parole, mais, pour autant, il a besoin de communiquer. Il se mĂ©fie d’une trop grande proximitĂ©, et projette de sortir les journalistes accrĂ©ditĂ©s de l’enceinte de l’ElysĂ©e, en fermant la salle de presse amĂ©nagĂ©e dans la cour du palais[13] - [14]. Ce projet est finalement amĂ©nagĂ© : la salle Ă  disposition de presse situĂ©e dans la cour du palais prĂ©sidentiel est maintenue mais rĂ©duite de moitiĂ©, et une seconde salle est mise Ă  disposition des journalistes dans un bâtiment annexe[15]. En outre, il se prĂŞte mi- Ă  un Ă©change, deux heures durant, sans camĂ©ra, avec les membres de l’Association de la presse prĂ©sidentielle[16] - [17]. Il rĂ©pond ainsi Ă  la prĂ©sidente de l’APP, Elizabeth Pineau, qui lors des vĹ“ux Ă  la presse, un mois plus tĂ´t, avait soulignĂ© la nĂ©cessitĂ© des journalistes accrĂ©ditĂ©s de pouvoir accĂ©der de façon large Ă  ses actions, Ă  sa parole et Ă  sa pensĂ©e « aussi complexe soit-elle Â», pour faire leur mĂ©tier[18].

Principaux présidents de l’APP

Notes et références

  1. Nicolas Roussellier, La force de gouverner. Le pouvoir exécutif en France, XIXe – XXIe siècles, Éditions Gallimard, (lire en ligne)
  2. Nicolas Mariot, Bains de foule : les voyages présidentiels en province, 1888-2002, Belin, , p. 102
  3. Marc Martin, MĂ©dias et Journalistes de la RĂ©publique, Odile Jacob, (lire en ligne), p. 202
  4. « La presse élyséenne », Bec et ongles,‎ (lire en ligne)
  5. Françoise Denoyelle, La Photographie d'actualité et de propagande sous le régime de Vichy, CNRS Éditions, , p. 95
  6. « Les cérémonies d'installation du général de Gaulle à l'Élysée », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  7. Jim Jarrassé, « Un demi-siècle de conférences de presse présidentielles », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  8. « M. Giscard d'Estaing sera le 21 novembre l'invité de l'Association de la presse présidentielle », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  9. Olivier Picard, « Hollande dîne avec 100 journalistes : un exercice de com' risqué dont il a fait un atout », L’Obs,‎ (lire en ligne)
  10. Joseph Daniel, La Parole présidentielle. De la geste gaullienne à la frénésie médiatique, Le Seuil,
  11. « Pékin refuse son visa au journaliste de " L'Humanité " », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  12. Hubert Coudurier, Amours, ruptures et trahisons, Fayard, (lire en ligne)
  13. AFP, « L'Élysée décide de déménager la salle de presse hors du Palais », Le Point,‎ (lire en ligne)
  14. A.D., « Communication de Macron : une relation ambiguë avec la presse », Le Parisien,‎ (lire en ligne)
  15. Audrey Dumain, « Salle de presse de l'Élysée : une histoire de transparence », France Culture,‎ (lire en ligne)
  16. Nathalie Segaunes, « Confession intime. Macron, première confĂ©rence de presse prĂ©sidentielle », L’Opinion,‎ 14 fĂ©vrier 2018   (lire en ligne)
  17. François-Xavier Bourmaud, « Macron garde ses distances avec les médias », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  18. Matthieu Jublin, « Le "maître des horloges" Macron égratigné par la présidente de l'association des journalistes de l'Élysée », LCI,‎ (lire en ligne)
  19. AFP, « Emmanuel Macron réaffirme sa volonté de réguler les médias face aux fake news », Le Point,‎ (lire en ligne)
  20. AFP  , « Elizabeth Pineau (Reuters) Ă©lue prĂ©sidente de l'Association de la presse prĂ©sidentielle   », L’Expansion,‎ (lire en ligne)
  21. « Alain Barluet (Figaro) nouveau président de l'Association de la presse présidentielle », Challenges,‎ (lire en ligne)
  22. Freddy Mulongo, « Mireille Lemaresquier, réélue présidente de la Presse Présidentielle et lauréate du Gand Prix annuel de la Presse Etrangère 2009 », Réveil FM,‎ (lire en ligne)
  23. Pierre Servent, Les présidents et la guerre, edi8, (lire en ligne)
  24. « Les vĹ“ux de M. Mitterrand Ă  la presse : Le plaisir d'ĂŞtre malade... », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  25. « Le nouveau bureau de la presse présidentielle », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  26. « Ancien journaliste au Monde  et chroniqueur du gaullisme, AndrĂ© Passeron est mort », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  27. Nicolas Roussellier, La force de gouverner. Le pouvoir exécutif en France, XIXe – XXIe siècles, Éditions Gallimard, (lire en ligne)

Liens externes

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