Assassinat de Jovenel MoĂŻse
Lâassassinat de Jovenel MoĂŻse, prĂ©sident de la rĂ©publique d'HaĂŻti, survient au dĂ©but de la nuit du Ă PĂ©tion-Ville (Ouest), dans la banlieue de Port-au-Prince, capitale d'HaĂŻti, lorsquâun groupe d'hommes armĂ©s attaque son domicile. LâĂ©pouse du chef de lâĂtat, Martine MoĂŻse, est blessĂ©e par balle.
Assassinat de Jovenel MoĂŻse | |
Jovenel MoĂŻse en 2019. | |
Localisation | PĂ©tion-Ville, HaĂŻti |
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Cible | Jovenel Moïse (président de la République d'Haïti) |
CoordonnĂ©es | 18° 29âČ 55âł nord, 72° 17âČ 51âł ouest |
Date | 1 h 0 |
Type | Assassinat |
Morts | Jovenel MoĂŻse |
Blessés | Martine Moïse |
Auteurs | commandos de mercenaires colombiens |
Contexte
Ălection
Moïse était le successeur désigné du président Michel Martelly[1], à qui la Constitution interdisait de briguer un mandat à l'élection présidentielle de 2015. Selon les résultats officiels, Moïse a reçu 33 % des suffrages exprimés au premier tour, plus que tout autre candidat mais en deçà de la majorité requise pour éviter un second tour des élections. Ces résultats ont été contestés par Jude Célestin arrivé en deuxiÚme position et d'autres personnes dont les partisans ont protesté[2]. Le second tour a été retardé à plusieurs reprises, ce qui a provoqué de nouvelles manifestations violentes[3], et les résultats ont finalement été annulés[1]. AprÚs le mandat expiré de Michel Martelly, le législateur a nommé Jocelerme Privert comme président par intérim avant de nouvelles élections en [4]. Lors de ces élections, Moïse a reçu 56 % du décompte officiel, suffisamment pour éviter un second tour[1]. Moïse a pris ses fonctions le [5].
Trafic de drogue
Dans un entretien donnĂ© au New York Times, un ancien responsable de la DEA Ă Port-au-Prince, Keith McNichols[6] - [7], indique qu'HaĂŻti est devenu une plaque tournante majeure pour les drogues Ă destination des Ătats-Unis. Ce commerce prospĂšre grĂące à « un Ă©ventail de politiciens, d'hommes d'affaires et de membres des forces de l'ordre qui usent de leur pouvoir[7] ». Lâagent dĂ©clare que « la corruption atteint les plus hauts niveaux », y compris dâanciens membres locaux de lâagence amĂ©ricaine. Des trafiquants ont dĂ©clarĂ© Ă la DEA quâ« HaĂŻti Ă©tait devenu une voie de transit privilĂ©giĂ©e pour les passeurs parce que la police les aidait Ă transporter des milliers de livres de drogue pour eux[7] ». Un autre agent de la DEA en HaĂŻti, George Greco, dĂ©clare « des milliers de kilos de cocaĂŻne et d'autres drogues passaient par HaĂŻti sans ĂȘtre dĂ©tectĂ©s depuis des annĂ©es, en route vers les Ătats-Unis[8] ». Le sĂ©nateur de Floride Marco Rubio a dĂ©clarĂ© qu'il existe « une quantitĂ© substantielle de cocaĂŻne Ă destination de la Floride qui traverse HaĂŻti en toute impunitĂ© alors que les trafiquants sud-amĂ©ricains recherchent des routes Ă©vitant l'AmĂ©rique centrale et le Mexique[8] ».
Dimitri HĂ©rard, lâhomme de confiance du prĂ©sident Jovenel MoĂŻse, qui lâa trahi, fait lâobjet dâinvestigations de lâagence anti-drogue amĂ©ricaine depuis 2014. Ă lâĂ©poque, il appartenait Ă la garde prĂ©sidentielle de lâancien prĂ©sident Michel Martelly. En avril 2014, le cargo MV Manzanares, battant pavillon panamĂ©en, est dĂ©chargĂ© de son sucre sur un quai privĂ© de Port-au-Prince. Lors du dĂ©chargement, de la cocaĂŻne s'Ă©chappe d'un colis dĂ©chirĂ© par les dockers. Ceuxâci se prĂ©cipitent sur la drogue, mais des gardes tirent en lâair pour les Ă©loigner. Deux vĂ©hicules de la garde prĂ©sidentielle arrivent avec des agents en uniforme. IIs chargent les colis de drogue (800 kg de cocaĂŻne et 300 kg dâhĂ©roĂŻne). Selon un rapport de la police haĂŻtienne, Dimitri HĂ©rard est vu leur donnant des ordres[8]. Le prĂ©sident Michel Martelly ne donne pas suite aux demandes dâenquĂȘte de la police haĂŻtienne et de la justice[7]. Câest Dimitri HĂ©rard que le prĂ©sident Jovenel MoĂŻse choisit pour diriger sa garde prĂ©sidentielle.
Troubles politiques
Pendant le mandat de MoĂŻse, les troubles politiques et la violence de gang sont frĂ©quents, tout comme diverses manifestations violentes contre le gouvernement. Il a Ă©tĂ© affirmĂ© que son mandat avait pris fin en fĂ©vrier 2021, mais MoĂŻse considĂ©rait que son quinquennat qu'il n'avait commencĂ© qu'en 2017 se terminerait en 2022. De nombreuses manifestations ont eu lieu dans la capitale oĂč les gens ont exigĂ© sa dĂ©mission plus tĂŽt cette annĂ©e[9] - [10] - [11].
Objectifs des conjurés
Lâassassinat du prĂ©sident Jovenel MoĂŻse est organisĂ© pour des motifs politiques, et pour rĂ©aliser un « casse. » Câest ce qui rĂ©sulte du rapport dâenquĂȘte de la RNDDH (RĂ©seau National de DĂ©fense des Droits Humains) ex « National Coalition for Haitian Refugeesâ (NCHR), crĂ©Ă©e Ă New York en 1982[12]. Câest confirmĂ© par des entretiens rĂ©alisĂ©s par la chaĂźne de tĂ©lĂ©vision colombienne Caracol avec quatre mercenaires (GermĂĄn Rivera GarcĂa ex-capitaine, Jheyner Carmona Florez ex-sous-lieutenant, Ăngel Yarce Sierra ex-sergent, et Naiser Franco Castañeda)[13] - [14]. Les motifs politiques tiennent Ă la prolongation du mandat du prĂ©sident Jovenel MoĂŻse en dehors de toute Ă©lection ; et ils tiennent aussi Ă une hostilitĂ© de la magistrature, notamment de la Cour de Cassation depuis que Jovenel MoĂŻse a rĂ©voquĂ© certains de ses membres pour complot dans les derniers mois. Le « Casse » concerne la rĂ©cupĂ©ration de plusieurs millions de dollars cachĂ©s dans la chambre de Jovenel MoĂŻse[14]. Martine MoĂŻse nâaurait pas dĂ©clarĂ© ce vol (entre 18 et 45 millions de dollars selon un des mercenaires arrĂȘtĂ©).
Lâobjectif dâune partie des conjurĂ©s est dâarrĂȘter le prĂ©sident ; câest-Ă -dire dâexĂ©cuter un ancien mandat dâarrĂȘt de 2019 quâils nâosent pas exĂ©cuter. Il aurait dĂ» en rĂ©sulter la nomination de Christian Emmanuel Sanon comme PrĂ©sident. Mais la personnalitĂ© terne de celui-ci a conduit les conjurĂ©s Ă envisager son remplacement par Windelle Coq-ThĂ©lot, ancien juge Ă la Cour de cassation. Lâobjectif dâune autre partie des conjurĂ©s est dâassassiner le prĂ©sident, et toute sa famille, y compris le chien, pour voler lâargent cachĂ© par Jovenel MoĂŻse et faire disparaĂźtre tous les tĂ©moins.
La mise en place des objectifs a rĂ©uni tous les conjurĂ©s avec la complicitĂ© active de deux responsables de la sĂ©curitĂ© prĂ©sidentielle, Dimitri HĂ©rald et Jean Laguel Civil. Lâun a dĂ©sorganisĂ© la sĂ©curitĂ© prĂ©sidentielle, lâautre a diminuĂ© lâarmement et les munitions disponibles dans la rĂ©sidence prĂ©sidentielle. Sur un effectif thĂ©orique de 647 agents de la garde prĂ©sidentielle, vingt-trois sont en service Ă la rĂ©sidence le jour de lâassassinat. Un chef dâĂ©quipe nâest pas lĂ pour convenance personnelle. Les agents se sont entrainĂ©s au tir une fois en deux ans et demi en tirant vingt-cinq cartouches dont trois au but. Pour armement, ils disposent de cinq fusils dâassaut et de revolvers. Certains dâentre eux rĂ©sistent Ă lâassaut des mercenaires, puis se rendent, ou fuient, Ă court de munitions, dâautres se rendent sans combattre. Les mercenaires colombiens surclassent la sĂ©curitĂ© prĂ©sidentielle en motivation, en efficacitĂ© et en armement[12].
Lâobjectif du changement politique a Ă©tĂ© en partie rempli. Lâobjectif du casse a Ă©tĂ© complĂštement rempli. Au moins Joseph FĂ©lix Badio et John JoĂ«l Joseph, associĂ©s aux gangs de Port-au-Prince, sont en fuite avec lâargent et des documents probablement compromettants.
Chronologie
1 h 00 environ
- Un groupe de 28 hommes comportant trois policiers haĂŻtiens[15] et au moins 21 mercenaires colombiens et 2 AmĂ©ricano-haĂŻtiens sâest prĂ©sentĂ© le vers 1 h du matin (5 h UTC) au domicile du prĂ©sident Jovenel MoĂŻse Ă bord de six vĂ©hicules louĂ©s (2 vans et 4 pick up)[16]. Selon Martine MoĂŻse, Ă©pouse de Jovenel, il y a entre 30 et 50 gardes dans la rĂ©sidence[17]. Dans la rĂ©alitĂ©, il n'y en a que vingt trois, et un chef d'Ă©quipe (Jeanty Hubert) est absent[12].
- 1er véhicule
- Les trois policiers haĂŻtiens, les mercenaires John Jairo RamĂrez GĂłmez et Manuel Antonio Grosso MartĂnez. Leur objectif Ă©tait de neutraliser les postes de garde du domicile prĂ©sidentiel[18].
- 2e véhicule
- Les mercenaires Mauricio Javier Romero Medina, Mario Palacios, VĂctor Albeiro Pineda Cardona, Naiser Franco Castañeda et Juan Carlos Yepes Clavijo. Leur objectif Ă©tait dâentrer dans le pĂ©rimĂštre du domicile[18].
- 3e véhicule
- Les AmĂ©ricano-haĂŻtiens James Solages et Joseph Vincent, les mercenaires GermĂĄn Alejandro Rivera GarcĂa et Duberney Capador. Leur objectif Ă©tait dâentrer dans le pĂ©rimĂštre du domicile[18].
- 4e véhicule
- Les mercenaires Jheyner Alberto Carmona FlĂłrez (ex sous-lieutenant), Francisco Eladio Uribe, Alejandro Giraldo et GersaĂn Mendivelso Jaimes. Leur objectif Ă©tait le contrĂŽle du pĂ©rimĂštre extĂ©rieur de la maison et du 1er Ă©tage[18].
- 5e véhicule
- Les mercenaires Carlos Giovanni Guerrero (ex-lieutenant-colonel), Edwin Enrique Blanquicet, Enalber Vargas GĂłmez et John Jairo SuĂĄrez AlegrĂa. Leur objectif Ă©tait le contrĂŽle du pĂ©rimĂštre extĂ©rieur de la maison[18].
- 6e véhicule
- Les mercenaires Ăngel Mario Yarce Sierra (ex-sergent), Neil DurĂĄn CĂĄceres, John Jader Andela, Miguel Guillermo GarzĂłn et Alex Miller Peña. Leur objectif Ă©tait le contrĂŽle de lâarriĂšre du domicile. Ăngel Mario Yarce Ă©tait chargĂ© de la neutralisation de la tĂ©lĂ©surveillance[18].
- Les assaillants passent sans encombre plusieurs points de contrĂŽle de la police avant dâatteindre la rue PĂšlerin 5 Ă PĂ©tion-Ville, lieu de rĂ©sidence de Jovenel MoĂŻse. Ils viennent d'un quartier haut (Laboule 22) situĂ© Ă 3 km.
- Les assaillants dĂ©barquent devant le domicile de Jovenel MoĂŻse Ă©quipĂ© de fausses casquettes de lâagence amĂ©ricaine anti-drogue (DEA). Ils Ă©taient lourdement armĂ©s (fusils d'assaut 5,56 mm et 7,62 mm dont un Galil, et un fusil Ă pompe calibre 12)[19].
- Les assaillants forcent lâentrĂ©e du domicile prĂ©sidentiel sans difficultĂ©, le lourd portail Ă©tait dĂ©bloquĂ©[18]. Il nây a pas eu de rĂ©sistance des premiers postes de garde. Mais, il y a des premiers tirs de riposte venant de la rĂ©sidence[12](§64). Il nây a ni morts, ni blessĂ©s Ă ce moment-lĂ [20].
- Le mercenaire Juan Carlos Yepes Clavijo indique quâil y avait un complice Ă lâintĂ©rieur qui donne le signal de lâopĂ©ration[18]. Les trois policiers haĂŻtiens et deux mercenaires neutralisent quatre hommes du premier poste de la garde prĂ©sidentielle[18]. Un second poste de garde est neutralisĂ© de la mĂȘme maniĂšre[18].
- En chemin, vers la chambre de Jovenel MoĂŻse, les assaillants dĂ©couvrent au 1er Ă©tage, dans un bureau, quatre Ă cinq hommes allongĂ©s au sol, avec des armes prĂšs dâeux. Ils demandent Ă ĂȘtre Ă©pargnĂ©s. Ils sont menottĂ©s[14](CARMONA). Ensuite, les assaillants trouvent une femme de chambre, et un garçon dâĂ©tage, les bĂąillonnent et les enferment dans l'une des chambres[16] - [20]. Selon les autoritĂ©s colombiennes, sept mercenaires colombiens sont entrĂ©s. Ils sont identifiĂ©s par le journal colombien « Semana » (Duberney Capador, Mauricio Romero, Juan Carlos Yepes Clavijo, VĂctor Albeiro Pineda, Mario Palacios, Carlos Giovanni Guerrero Torres et Naiser Franco[18]). Les autres mercenaires, dirigĂ©s par GermĂĄn Rivera[18], restent dehors[21].
1 h 30 environ
- Le prĂ©sident Jovenel MoĂŻse est rĂ©veillĂ© par des tirs Ă l'extĂ©rieur de sa chambre. Il appelle Ă lâaide le chef de la garde prĂ©sidentielle Dimitri HĂ©rald Ă 1h34. Puis il appelle Jean Laguel Civil qui entend des tirs au tĂ©lĂ©phone. Celui-ci rappelle Dimitri HĂ©rald, puis Paul Eddy Amazan responsable de la force dâintervention rapide[22] - [23] - [24].
- La femme du prĂ©sident Martine MoĂŻse se rend dans les chambres de ses enfants. Ils sont mis Ă lâabri, avec leur chien, dans une salle de bain sans fenĂȘtres de la chambre du fils[17]. Martine MoĂŻse revient dans la chambre prĂ©sidentielle et sâallonge au sol Ă la demande de son mari[17].
- Deux mercenaires (Naiser Franco Castañeda et Mario Palacios) se prĂ©sentent devant la chambre dâun des enfants dont la porte est ouverte. Ils lancent une grenade offensive Ă lâintĂ©rieur[25] - [26].
- Quatre mercenaires sont entrĂ©s dans la chambre du prĂ©sident (Juan Carlos Yepes, Victor Albeiro Pineda, Mauricio Javier Romero et Duberney Capador Giraldo[18]). Il y a de nombreux coups de feu. En entrant dans la chambre Victor Albeiro Pineda tire avec un fusil dâassaut M4 sur Jovenel MoĂŻse et sa femme[26] - [14](CASTANEDA) Martine MoĂŻse est blessĂ©e et fait la morte. Le prĂ©sident est blessĂ© aussi[27]. Duberney Capador Giraldo arpente la chambre prĂ©sidentielle au tĂ©lĂ©phone pendant que dâautres fouillent[28]. Ils trouvent le ou les documents quâils cherchent, et les emportent[17]. Ils trouvent lâargent quâils cherchaient, rangĂ© dans plusieurs valises et des cartons[12](§139). Selon les mercenaires, il y a plus de dix millions de dollars[25] - [26]
- Un des assassins donne au tĂ©lĂ©phone une description de Jovenel Moise : « Il est grand, fin et noir ». Celui-ci est alors achevĂ© par des tirs mortels au revolver[27]. Dehors, un des AmĂ©ricains-haĂŻtien (James Solages) annonce au haut parleur, en crĂ©ole et en anglais, quâil sâagit dâune opĂ©ration anti-drogue et que personne ne doit quitter sa maison[29]. Vers 1h30 les assaillants quittent le domicile du prĂ©sident[16]. Ils criblent de balles les vĂ©hicules prĂ©sents dans la cour pour les rendre inutilisables[30] laissant de nombreuses douilles et points dâimpact. Ils descendent Ă pied vers le palais prĂ©sidentiel. Les vĂ©hicules partent avec les seuls chauffeurs emportant de lourdes valises exfiltrĂ©es du domicile prĂ©sidentiel[18]. Une partie des vĂ©hicules partent par le haut, avec les policiers haĂŻtiens, les deux valises et trois cartons avec l'argent[14](RIVERA), et quelques mercenaires. Lâavis de recherche pour assassinat et vol Ă main armĂ©e lancĂ© contre Joseph Pierre Ashkard[31] semble confirmer que la valise contenait des valeurs[32]. Jean Laguel Civil a dĂ©clarĂ© que venant dâau-dessus de la rĂ©sidence prĂ©sidentielle, il avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© par le groupe de mercenaires « montants »[24].
- Des forces de police conventionnelles, dont Dimitri HĂ©rard, arrivent sur les lieux. Elles voient partir les mercenaires et les vĂ©hicules « descendants » quâelles laissent passer craignant quâil y ait prise dâotage. Ces vĂ©hicules sont bloquĂ©s deux kilomĂštres plus bas Ă la hauteur du commissariat de police de PĂ©tion-Ville. Il y a une force de police dâenviron 100 hommes. Les mercenaires quittent les vĂ©hicules en laissant une partie des armes. La plupart se rĂ©fugient dans un magasin abandonnĂ© de deux Ă©tages. Ils ont deux otages issus de la garde prĂ©sidentielle[33].
- Jovenel Moïse est retrouvé mort, sa femme est blessée (bras, main, abdomen), deux de ses enfants présents (Jomarlie 24 ans, et Jovenel junior) sont physiquement indemnes[16].
2 h 30 environ
- Martine MoĂŻse, la femme de Jovenel est trouvĂ©e assise sur lâescalier devant la porte de sa chambre. La femme de chambre lui a apportĂ© une cravate de son mari pour faire un garrot au bras droit[34]. Puis, elle reçoit les premiers soins de ses enfants[35] - [17]. Lâinspecteur gĂ©nĂ©ral AndrĂ© Jonas Vladimir Paraison est le premier sur les lieux[12](§70). Il organise l'Ă©vacuation de Martine MoĂŻse vers un hĂŽpital local puis, par un avion mĂ©dicalisĂ© (Trinity Air Ambulance)[16] vers un hĂŽpital de Miami (Jackson Memorial Hospital)[36]. Martine MoĂŻse prĂ©cise que lors de son Ă©vacuation de la rĂ©sidence, elle ne voit aucun des gardes qui auraient dĂ» ĂȘtre prĂ©sents[27].
- La police haĂŻtienne est informĂ©e que les mercenaires dĂ©tiennent au moins deux otages qui sont des membres de la garde prĂ©sidentielle. Il est dĂ©cidĂ© dâattendre le jour avant de donner lâassaut[33].
- Deux personnes venues Ă moto avec une camĂ©ra sâentretiennent avec les mercenaires, et sâen vont[18].
8 h 00 environ
Un mercenaire, Duberney Capador Girald, tĂ©lĂ©phone Ă sa sĆur Jenny Capador pour lui dire quâil y a des Ă©changes de coups de feu avec la police haĂŻtienne[33]. Les autres mercenaires communiquent au tĂ©lĂ©phone avec ArcĂĄngel Pretel de CTU qui leur promet dâarranger la situation[14](YARCE).
10 h 00
- Le juge Carl Henry Destin est arrivĂ© vers 2h, mais ce nâest quâĂ 10h que la police lâautorise Ă entrer pour les constatations. Ces policiers ne portent ni insignes, ni uniforme selon le juge. Il ne sait pas vraiment qui ils sont[24]. Le juge de paix de PĂ©tion-Ville constate que Jovenel MoĂŻse gĂźt dans sa chambre Ă lâĂ©tage, sur le sol, dans une mare de sang, qu'il a reçu une balle dans le front, une dans chaque mamelon, trois dans la hanche, une dans lâabdomen, lâĆil gauche exorbitĂ©. Plusieurs fractures seront constatĂ©es. Il est vĂȘtu dâun pantalon bleu et dâune chemise blanche. La chambre et le bureau attenant ont Ă©tĂ© mis Ă sac. 12 balles seront retrouvĂ©es dans le corps, de calibre 9 mm et dâun calibre plus Ă©levĂ©[16] - [19].
15 h 00 environ
- La police haĂŻtienne lance trois grenades lacrymogĂšnes. Les nĂ©gociations commencent via un des otages. Les deux AmĂ©ricains-haĂŻtiens sortent dâabord (Solage et Vincent). Ils sont suivis des deux otages de la garde prĂ©sidentielle[33].
- Peu de temps aprĂšs lâassaut commence. Les mercenaires rĂ©fugiĂ©s au second Ă©tage se dĂ©fendent par des tirs. Ils lancent une grenade qui nâexplose pas. Les Ă©changes de feu durent deux heures environ[33].
17 h 00 environ
- Lorsque la police pĂ©nĂštre le magasin dĂ©saffectĂ© de "Morne calvaire", il nây a plus que les deux morts (Mauricio Javier Romero et Miguel Guillermo GarzĂłn)[12](§94). Une partie des mercenaires sâest rĂ©fugiĂ©e dans lâAmbassade de TaĂŻwan situĂ©e plus haut[33]. La nuit tombe. GermĂĄn Alejandro Riviera alias âMikeâ[12](§60) rassure les mercenaires en leur disant que des soldats de lâambassade des Ătats-Unis vont intervenir[14](CARMONA).
Dans la journée du 8 juillet
- TĂŽt le matin, Duberney Capador Girald meurt de ses blessures aprĂšs sâĂȘtre rĂ©fugiĂ© sur un toit rue StĂ©nio Vincent, Ă PĂ©tion-Ville[37]. Son dĂ©cĂšs est constatĂ© par le juge FidĂ©lito DieudonnĂ©[20]. Câest un des deux chefs du groupe de mercenaires. Sur son corps, il est trouvĂ© 40 000 dollars pris dans la chambre du prĂ©sident Jovenel MoĂŻse[12](§92-93).
- Deux mercenaires colombiens sont appréhendés par la population dans le bidonville de Jalouzi au lieu-dit « Tchétchénie ». Ils sont remis à la police aprÚs avoir été un peu molestés[38].
- Dans la journĂ©e du , des 28 assaillants, vingt ont Ă©tĂ© capturĂ©s, deux ont Ă©tĂ© tuĂ©s (Mauricio Javier RomeroâŠ), un est mort de ses blessures (Duberney Capador Girald), cinq sont en fuite (Mario PalaciosâŠ). Deux se sont rendus (James Solage et lâinformateur de la D.E.A Joseph Gertand Vincent). Les mercenaires se sont dâabord rĂ©fugiĂ©s dans une maison attenante et ont Ă©changĂ© des coups de feu avec la police. Sept ont Ă©tĂ© finalement arrĂȘtĂ©s[16]. Ensuite, ils se sont rĂ©fugiĂ©s Ă lâambassade de TaĂŻwan, vide, qui les a livrĂ© Ă la police[37]. 13 des 18 Colombiens capturĂ©s sont dâanciens militaires. Ils Ă©taient rĂ©munĂ©rĂ©s 2 700 $ AmĂ©ricains par mois[39]. Mais plusieurs n'ont pas eu le temps de toucher leur « rĂ©munĂ©ration »[28].
- Les mercenaires connus du « sous-groupe » de tueurs sont soit morts (Duberney Capador Girald, Mauricio Javier Romero), soit en fuite (Mario Palacios), soit disent nâĂȘtre pas entrĂ©s dans la chambre prĂ©sidentielle (Juan Carlos Yepes Clavijo, Carlos Giovanni Guerrero), soit sont dĂ©tenus (VĂctor Albeiro Pineda Cardona, Naiser Franco Castañeda).
Préparation
Phase I : Sanon
- Duberney Capador Girald (ex-sergent) Ă©tait le rĂ©fĂ©rent du groupe de Colombiens organisĂ©s dans au moins deux groupes Whatsapp. Il a effectuĂ© mi-mai un voyage de repĂ©rage Ă Port-au-Prince en HaĂŻti avec GermĂĄn Rivera (ex-capitaine). Le groupe de mercenaires qu'il a constituĂ© a Ă©tĂ© recrutĂ© comme agents de sĂ©curitĂ© par « CTU » (Counter Terrorist Unit)[40]. Il sâagit dâune trĂšs petite entreprise couverte de dettes qui a du mal Ă payer son loyer[41]. Elle a obtenu un prĂȘt par lâintermĂ©diaire de « Worldwide capital lending group » comme lâa confirmĂ© un ex-procureur de Floride du sud, Robert N. Nicholson[42].
- Les conjurĂ©s haĂŻtiens, Antonio Enmanuel Intriago Valera de lâentreprise CTU, et Walter Veintemilla de lâentreprise « Worldwide capital lending group », un AmĂ©ricain-Ă©quatorien, se sont rĂ©unis dans un hĂŽtel de Saint Domingue en RĂ©publique Dominicaine avant lâassassinat[43]. La police haĂŻtienne indique quâil sâagit de la prĂ©paration de lâassassinat. Mais, un professeur amĂ©ricain, Parnell Duverger, qui a participĂ© Ă dâautres rĂ©unions, pense quâil peut simplement sâagir dâavoir prĂ©parĂ© une aprĂšs-dĂ©mission de Jovenel MoĂŻse[21].
- Deux mois avant l'assassinat, Christian Emmanuel Sanon et une centaine de ses partisans ont envoyĂ© une lettre Ă Julie Chung (en) au « DĂ©partement d'Ătat » amĂ©ricain demandant Ă reconnaĂźtre Sanon comme dirigeant dâHaĂŻti. Le en Floride, il sâĂ©tait tenu une rĂ©union des « partisans » de Sanon, incluant la sociĂ©tĂ© CTU. Mais il nâaurait pas Ă©tĂ© question de violence. Par contre, il aurait Ă©tĂ© question de saisir les avoirs de trafiquants de drogue. « Steve » qui Ă©tait prĂ©sent, dĂ©clare aussi que la sociĂ©tĂ© de Walter Veintemilla (Worldwide capital lending group), Ă©galement prĂ©sente, nâest pas le financier de lâopĂ©ration[42]. De fait, il sâagit dâune trĂšs petite sociĂ©tĂ© agissant comme intermĂ©diaire (un courtier).
- Les Colombiens ont Ă©tĂ© majoritairement recrutĂ©s par lâentreprise amĂ©ricaine CTU situĂ©e en Floride mais dirigĂ©e par un VĂ©nĂ©zuĂ©lien (Antonio Enmanuel Intriago Valera)[44]. Sur les 21 Colombiens identifiĂ©s, 19 ont voyagĂ© avec des billets dâavion achetĂ©s avec une carte de crĂ©dit de lâentreprise[45]. Câest un agent de CTU, Gabriel PĂ©rez Ortiz, qui remet Ă GermĂĄn Rivera le faux mandat dâarrĂȘt contre le prĂ©sident Jovenel MoĂŻse[18]
- Antonio Enmanuel Intriago Valera sâest rendu de multiples fois en HaĂŻti avant lâassassinat. La police lâaccuse dâavoir participĂ© Ă sa prĂ©paration[45]
- Lâentreprise CTU a Ă©tĂ© contactĂ©e par un HaĂŻtien rĂ©sidant en Floride, Christian Emmanuel Sanon, il sâagissait dâassurer sa sĂ©curitĂ© personnelle pendant environ un an. Mais aprĂšs un certain temps en HaĂŻti, la mission des agents de CTU a Ă©voluĂ© en une mission de mercenaires[46]. La nouvelle mission Ă©tait de procĂ©der Ă lâarrestation du prĂ©sident de la RĂ©publique[47]. Dans un mĂ©moire dâavocat, Antonio Emmanuel Intriago Valera, dĂ©clare ne pas ĂȘtre au courant du projet dâassassinat, mais il reconnaĂźt avoir reçu copie dâun ordre dâarrestation du prĂ©sident Jovenel MoĂŻse, signĂ© par un juge haĂŻtien (Jean Roger NoĂ«lcius) en fĂ©vrier 2019[48] - [12](§52). Selon le prĂ©sident Colombien Ivan Duque, la plupart des mercenaires croyaient vraiment Ă une mission de gardes du corps. Seule une minoritĂ© avait des « objectifs criminels »[49] notamment Duberney Capador Girald et German Rivera[50].
- Christian Emmanuel Sanon a demandĂ© un prĂȘt de 865 000 dollars amĂ©ricains Ă Worldwide Capital Lending Group pour financer son projet. Cette sociĂ©tĂ© Ă©tait prĂȘte Ă sâengager sur 645 000 dollars. La garantie Ă©tait lâargent public haĂŻtien. Aucun contrat nâa finalement Ă©tĂ© retrouvĂ©. Mais, Worldwide Capital aurait quand-mĂȘme dĂ©pensĂ© 200 000 dollars[51]. La RNDDH relĂšve que Walter Veintemilla Ă©tait le principal contributeur financier du complot en contre-partie dâune promesse sur le marchĂ© de lâĂ©lectricitĂ© en HaĂŻti[12](§59).
- Christian Emmanuel Sanon sâest aussi endettĂ© auprĂšs de Maxime Sada, le propriĂ©taire du Maxime Boutique Hotel Ă Port-au-Prince (PĂ©tion-Ville) qui est Ă vendre. Sanon se serait engagĂ©, devant notaire, Ă lâacheter 3,8 M de dollars (la garantie financiĂšre est inconnue). Câest lĂ que le groupe de mercenaires a Ă©tĂ© hĂ©bergĂ© jusquâau 4 juillet quand lâhĂŽtel demande le paiement des factures. Mais, Worldwide Capital Lending Group fait faux-bond ce jour-lĂ [52].
- Les mercenaires colombiens sont arrivĂ©s en HaĂŻti en trois groupes (sans armes). Lâun est arrivĂ© par le Panama et la RĂ©publique dominicaine en mai. Un autre groupe de 11 est arrivĂ© en HaĂŻti de Colombie via la RĂ©publique dominicaine le [53]. Un dernier groupe est arrivĂ© dĂ©but juin dans un vol privĂ© venant de Floride avec Christian Emmanuel Sanon. Celui-ci a Ă©tĂ© logĂ© dans une villa situĂ©e Ă Delmas 60 Ă Port-au-Prince appartenant Ă Samir Handal. Sept mercenaires logent avec lui, les autres sont au Maxime Boutique HĂŽtel de PĂ©tion-ville[12](§46). LâarrivĂ©e dâun quatriĂšme groupe Ă©tait prĂ©vue aprĂšs coup. Deux mercenaires, Salamanque et le frĂšre de Rivera, sont retournĂ©s en Colombie avant lâassassinat[18].
- La femme du mercenaire tuĂ© Mauricio Javier Romero, Giovanna Romero DussĂĄn, a prĂ©sentĂ© un dialogue Whatsapp oĂč son mari dĂ©clare quâil assure la sĂ©curitĂ© de « nombreuses personnes importantes qui vont et viennent sans quâil sache de qui il sâagit »[54].
Phase II : Coq-Thélot
- Selon des mercenaires colombiens, des rĂ©unions de prĂ©paration Ă lâarrestation de Jovenel MoĂŻse se seraient tenues chez Windelle Coq-ThĂ©lot rue Pelerin 5, prĂšs de chez le prĂ©sident[55]. AccusĂ©e dâun complot prĂ©cĂ©dent en fĂ©vrier 2021, cette femme, un des trois magistrats de la Cour de Cassation a Ă©tĂ© mise Ă la retraite dâoffice par le prĂ©sident Jovenel MoĂŻse. Selon lâopposition politique, câest un de ces magistrats de la cour de Cassation qui aurait dĂ» (pu) remplacer le prĂ©sident Jovenel MoĂŻse dont lâextension de la durĂ©e du mandat Ă©tait contestĂ©e. Un recours en annulation a Ă©tĂ© dĂ©posĂ© contre cette dĂ©cision de Jovenel MoĂŻse devant la Cour de Comptes. La direction des ImpĂŽts dont relĂšve cette cour a invoquĂ© son incompĂ©tence[56].
- Windelle Coq-ThĂ©lot est aussi accusĂ©e dâavoir signĂ© des documents pour CTU en relation avec la prĂ©paration directe ou indirecte de lâassassinat[57].
Phase III : Badio
- Le , Christian Emmanuel Sanon a tĂ©lĂ©phonĂ©, dĂ©sespĂ©rĂ©, Ă un ami en Floride, identifiĂ© sous le pseudonyme « Steve » pour sa sĂ©curitĂ©. Il aurait dĂ©clarĂ© que les mercenaires abandonnaient sa protection sâils nâĂ©taient pas payĂ©s. Puis, ils le quittent pour se rendre dans une autre maison (Laboule 22[43] et au numĂ©ro 10 de PĂ©lerin 6[12](§95) Ă PĂ©tion-Ville). Selon Joseph Gertand Vincent, un des AmĂ©ricains-HaĂŻtien qui accompagne les mercenaires, il sâagit dâune maison de Rodolphe Jaar[24]. Câest lĂ quâils reçoivent leurs armes de Joseph Felix Badio. Selon le mercenaire Juan Carlos Yepes Clavijo, elles sont en quantitĂ© insuffisante. LâopĂ©ration est alors reportĂ©e plusieurs fois[18].
- Le , selon la police colombienne, Joseph Felix Badio change les ordres des mercenaires, et leur demande dâassassiner le prĂ©sident Jovenel MoĂŻse[58] - [59].
Mesures judiciaires et d'instruction
- Christian Emmanuel Sanon a Ă©tĂ© incarcĂ©rĂ©[40]. Des boĂźtes de balles de 9 mm ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es chez lui[60]. Il est Ă©tabli que Christian Emmanuel Sanon nâa pas les moyens financiers nĂ©cessaires au paiement du groupe de mercenaire et Ă la location dâun avion privĂ©[60]. En juin, il a dĂ©clarĂ© au professeur dâuniversitĂ© Michel Plancher ĂȘtre envoyĂ© par Dieu pour prendre la prĂ©sidence dâHaĂŻti[61]. Fin 2020 il avait dĂ©clarĂ© au professeur dâUniversitĂ© amĂ©ricaino-haĂŻtien Parnell Duverger quâil souhaitait se prĂ©senter Ă l'Ă©lection prĂ©sidentielle en HaĂŻti[54].
- Le chef de la garde prĂ©sidentielle (USGPN), Dimitri HĂ©rard a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© le [62] aprĂšs avoir Ă©tĂ© placĂ© sous contrĂŽle judiciaire dĂšs le [47]. Il a une activitĂ© parallĂšle de chef dâune entreprise de sĂ©curitĂ© (Tradex HaĂŻti SA). Lâadministration amĂ©ricaine enquĂȘte sur lui depuis le dĂ©but de lâannĂ©e pour « trafic dâarmes »[63]. Le prĂ©sident Jovenel MoĂŻse Ă©tait au courant[64]. La police colombienne enquĂȘte sur ses nombreux voyages en Colombie avant lâassassinat. Aucun lien avec le groupe de mercenaires nâa Ă©tĂ© trouvĂ©[65]. Dimitri HĂ©rard a Ă©tĂ© remplacĂ© dans ses fonctions, le , par CicĂ©ron Cedernier[66]. La dĂ©fense de Dimitri HĂ©rard est supervisĂ©e par son associĂ© dans la sociĂ©tĂ© Tradex, Carl FrĂ©dĂ©ric Martin alias « Kappa ». Ce nâest pas un avocat, mais un AmĂ©ricain-HaĂŻtien ancien militaire de lâUS Navy. Il a reconditionnĂ© des armes pour leur vente[67] (ces armes sont peu traçables). Selon la RNDDH il Ă©tait chargĂ© de âfournir des armes et des munitions aux membres du commando dont des fusils dâassaut, des bonbonnes de gaz lacrymogĂšne, des grenades et des scies Ă©lectriquesâ[12](§58).
- Le coordonnateur de la sĂ©curitĂ© du palais national Jean Laguel Civil est Ă©galement placĂ© sous contrĂŽle judiciaire[68]. Câest lâancien adjoint dâAndrĂ© Jonas Vladimir Paraison. Ce dernier, a Ă©tĂ© inculpĂ© et dĂ©mis pour un trafic dâarmes dĂ©couvert dans la ville de Saint Marc en 2016[69]. Le 26 juillet, Jean Laguel Civil est incarcĂ©rĂ©[70]. Selon la RNDDH Jean Laguel CIVL Ă©tait chargĂ© de âsoudoyer des agents affectĂ©s Ă la sĂ©curitĂ© du prĂ©sident en vue de permettre une entrĂ©e en douceur du commando dans la rĂ©sidence de Jovenel MOĂSEâ . Il avait en sa possession environ cent mille dollars[12](§58).
- Lâun des mercenaires AmĂ©ricain-HaĂŻtien (Joseph Gertand Vincent[71] ) est un informateur de lâagence anti drogue amĂ©ricaine (D.E.A). Lorsquâil a contactĂ© lâagence, aprĂšs lâassassinat, celle-ci lui a intimĂ© lâordre de se rendre aux autoritĂ©s haĂŻtiennes, et a dĂ©clinĂ© toute implication dans lâaffaire[53].
- John JoĂ«l Joseph alias « Triple J », ancien SĂ©nateur, est en fuite. Le un avis de recherche est lancĂ© contre lui. Il a Ă©tĂ© Ă©lu sous lâĂ©tiquette de lâancien prĂ©sident RenĂ© PrĂ©val (plateforme Inite, Lespwa). On lâaurait remarquĂ© aux cĂŽtĂ©s de Christian Emmanuel Sanon dans une photo publiĂ©e sur les rĂ©seaux sociaux[66]. Des cĂąbles diplomatiques amĂ©ricains de 2009 rĂ©vĂ©lĂ©s par WikiLeaks faisaient Ă©tat de soupçons quant Ă ses liens avec des groupes criminels impliquĂ©s dans des kidnappings[72]. Il Ă©tait rĂ©putĂ© proche de Dread WilmĂ©, un chef de gang du bidonville de CitĂ© Soleil tuĂ© par la police mi-2004[73].
- Joseph Felix Badio, avocat, est en fuite. Le , un avis de recherche est lancĂ© contre lui. Câest un ancien fonctionnaire du MinistĂšre de la Justice qui a Ă©tĂ© affectĂ© Ă lâUnitĂ© de lutte contre la corruption (ULCC) de 2013 Ă 2021. Il en a Ă©tĂ© licenciĂ© en mai pour manquement graves aux rĂšgles dĂ©ontologiques. Une plainte a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e contre lui[74]. Il aurait aidĂ© Ă louer les vĂ©hicules du groupe de mercenaires[75]. Le , Joseph Felix Badio a Ă©tĂ© dĂ©signĂ© par le chef de la police colombienne comme celui qui a donnĂ© lâordre aux chefs mercenaires (Capador et Rivera) de tuer le prĂ©sident Jovenel MoĂŻse[58] - [59]. Selon la RNDDH, Joseph Felix Badio Ă©tait chargĂ© de « recevoir en temps rĂ©el des informations relatives auxfaits et gestes de la victime ». Pour cela, il a louĂ© un appartement en face de la maison du prĂ©sident et Ă©tait en contact permanent avec Marie Jude Gilbert DRAGON ex-commissaire de police[12](§58).
- Rodolphe Jaar alias « Whiskey », homme dâaffaires, est en fuite. Le , un avis de recherche est lancĂ© contre lui. Avec Joseph et Badio, il fait partie des cinq recherchĂ©s du groupe d'assaillants de Jovenel Moise[76]. Il appartient Ă une riche et ancienne famille de commerçants de Port au Prince. En 2015, il a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă quatre ans de prison en Floride pour trafic de drogue. Sa peine a Ă©tĂ© allĂ©gĂ©e en raison de sa coopĂ©ration avec lâagence anti drogue[77]. Il a permis Ă la police amĂ©ricaine de rĂ©cupĂ©rer 270 kg de cocaĂŻne, alors que lui rĂ©cupĂ©rait lâautre moitiĂ© des 425 kg[72] - [78]. Câest un ami et partenaire d'affaire de lâancien prĂ©sident Michel Martelly, le chanteur, qui a introduit Jovenel MoĂŻse pour lui succĂ©der[79]. En 2015, Claude Thelemaque, un ancien commandant de la police haĂŻtienne est condamnĂ© Ă 16 ans de prison en Floride pour trafic de drogue. Ses complices colombiens, Francisco Anchio-Candelo et Jairo Jaimes-Penuela dĂ©crivent, au procĂšs, Claude Thelemaque comme le « bras droit » de Rodolphe Jaar. Claude Thelemaque assurait la sĂ©curitĂ© des atterrissages en HaĂŻti, des avions venant de Colombie et du Venezuela, qui transportaient Ă chaque fois 6 tonnes de cocaĂŻne entre 2005 et 2012[78].
- Reynaldo Corvington, un HaĂŻtien, a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© le . Il est accusĂ© dâavoir fourni un hĂ©bergement au groupe de mercenaires, et de lui avoir fourni des sirĂšnes de police. Il possĂšde une entreprise de sĂ©curitĂ© "Corvington Courier & Security Service". 8 fusils Ă pompe 12 mm, 9 armes de poing, un fusil dâassaut AR-15, et 3 grenades ont Ă©tĂ© trouvĂ©s Ă son domicile[45] - [80].
- Gilbert Dragon , HaĂŻtien, ancien officier de police a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© le . Des grenades, 2 revolvers 9 mm et un fusil dâassaut AR-15 ont Ă©tĂ© trouvĂ©s Ă son domicile[80]. Câest un proche de lâancien chef de la garde prĂ©sidentielle Dimitri HĂ©rard. Câest aussi un proche de Guy Philippe, ancien officier de police, et sĂ©nateur, condamnĂ© Ă 9 ans de prison aux Ătats-Unis, en 2017, pour blanchiment dâargent de la drogue colombienne entre 1999 et 2003[62]. En 2017, il avait Ă©tĂ© nommĂ© chef de la sĂ©curitĂ© publique par Jovenel MoĂŻse[81]. En 2004, avec Guy Philippe, il avait organisĂ© le coup dâĂtat contre le prĂ©sident Jean-Bertrand Aristide, dans la foulĂ©e de ses activitĂ©s de trafiquant de drogue[82].
- DĂ©sir Gordon Phenil, avocat HaĂŻtien, est en fuite. Le un avis de recherche est lancĂ© contre lui[83]. Il est accusĂ© dâavoir Ă©tĂ© responsable de la location des vĂ©hicules, de la coordination des rencontres avec les mercenaires et du paiement des matĂ©riels[84]. Câest le secrĂ©taire exĂ©cutif du parti AYITI 2054 quâil prĂ©sente en 2020 comme parti politique gĂ©nĂ©rationnel et « nĂ©oprogressiste »[85]. La direction du parti sâest dĂ©solidarisĂ©e de DĂ©sir Gordon Phenil dans un communiquĂ© de presse[86].
- Joseph Pierre Ashkard, homme dâaffaires haĂŻtien, est en fuite. Le un avis de recherche est lancĂ© contre lui pour assassinat et vol Ă main armĂ©e[87]. Il travaille pour le Consulat dâHaĂŻti au Canada, et câest un partenaire de Christian Emmanuel Sanon dans la sociĂ©tĂ© « International Medical Village », basĂ©e au Texas (Ătats-Unis). La police HaĂŻtienne le considĂšre comme dangereux[31].
- Windelle Coq-ThĂ©lot, ancien magistrat Ă la cour de Cassation, est en fuite. Le 26 juillet un avis de recherche est lancĂ© contre elle pour assassinat et vol Ă main armĂ©e. Un mandat dâamener avait Ă©tĂ© lancĂ© le 23 juillet. Cette femme magistrat a Ă©tĂ© dĂ©mise de ses fonctions (retraite dâoffice), par dĂ©cret de Jovenel MoĂŻse du 8 fĂ©vrier 2021, avec deux autres magistrats (Yvickel Dieujuste DabrĂ©zil et Joseph MĂ©cĂšne Jean Louis). Ils Ă©taient soupçonnĂ©s dâavoir participĂ© Ă la tentative de coup dâĂtat du 7 fĂ©vrier 2021 qui a Ă©tĂ© dĂ©jouĂ©e[88]. Madame Windelle Coq-ThĂ©lot est soupçonnĂ©e dâĂȘtre la remplaçante prĂ©vue du prĂ©sident Jovenel MoĂŻse aprĂšs que celui-ci aurait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© selon la variante âarrestationâ de lâintervention des mercenaires colombiens. Selon des mercenaires colombiens, des rĂ©unions de comploteurs se seraient tenues chez elle rue Pelerin 5, prĂšs de chez le prĂ©sident[55].
- William MoĂŻse, Bonni GrĂ©goire, Clifton Hyppolite et Jean-Elie Charles sont des policiers haĂŻtiens qui ont Ă©tĂ© incarcĂ©rĂ©s. La Police Nationale dâHaĂŻti (Marie-Michelle Verrier) a dĂ©clarĂ© le 30 juillet quâils Ă©taient directement impliquĂ©s dans lâassassinat. Ils ont accompagnĂ© les mercenaires colombiens du jour de leur arrivĂ©e Ă leur attaque de la rĂ©sidence prĂ©sidentielle[89].
- Paul Denis, LinĂ© Balthazar, GĂ©rald Bataille, GĂ©rard Forge Janvier et Samir Handal font l'objet dâun mandat dâamener. Ils ont Ă©tĂ© dĂ©livrĂ©s le 12 juillet; mais, ils n'ont Ă©tĂ© rendus public que le 2 aoĂ»t. Paul Denis est le dirigeant du parti politique INIFOS. LinĂ© Balthazar est le dirigeant du parti prĂ©sidentiel PHTK. GĂ©rald Bataille et GĂ©rard Forges sont des pasteurs. Samir Handal est un homme dâaffaires[90]. Il possĂšde la maison qui a hĂ©bergĂ© Emmanuel Christian SANON. Le jour de lâarrestation de celui-ci, il a Ă©tĂ© accompagnĂ© Ă lâaĂ©roport par des agents de police pour quitter HaĂŻti[12](§99).
Entraves Ă l'instruction
Un mois aprĂšs lâassassinat, lâinstruction judiciaire nâa pas encore commencĂ©. Les personnes mises en cause sont dĂ©tenues de maniĂšre extra-judiciaire. Elles nâont pas Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es Ă un juge. Elles ne bĂ©nĂ©ficient pas de lâassistance dâun avocat[91].
Le tribunal de premiĂšre instance de Port au Prince a Ă©tĂ© saisi, mais il nâarrive pas Ă nommer un juge dâinstruction. Au moins trois juges sollicitĂ©s ont refusĂ©[92]. Ils craignent pour leur sĂ©curitĂ©. De fait, le premier juge (Carl Henry Destin) qui a fait la constatation de dĂ©cĂšs de Jovenel Moise a Ă©tĂ© menacĂ© de mort. Il vit cachĂ© depuis. Deux de ses greffiers (Marcelin Valentin et Waky Philostene) ont Ă©galement Ă©tĂ© menacĂ©s. Depuis, ils vivent cachĂ©s aussi[93]. Un juge d'instruction est finalement dĂ©signĂ© le 10 aoĂ»t[94].
Le 3 aoĂ»t, le gouvernement haĂŻtien a demandĂ© aux Nations Unies de mettre en place une enquĂȘte internationale, et un tribunal spĂ©cial[95].
Le 9 aoĂ»t, le juge dâinstruction Mathieu Chanlatte est nommĂ©. Mais, le 13 aoĂ»t, il dĂ©missionne[96], dĂ©clarant : « Jâai dit au doyen que tous les moyens devaient ĂȘtre assurĂ©s avant que je prenne en charge le dossier. Peut-ĂȘtre que, sous pression de la presse, le doyen, sans aucune disposition, a fait savoir que j'Ă©tais en charge du dossier .»[97] En fait, son greffier vient dâĂȘtre assassinĂ© le 11 aoĂ»t[98]. Jean Wilner Morin, prĂ©sident de lâAssociation nationale des magistrats haĂŻtiens commente : « Jâavais dit que ça serait dur pour le juge Chanlatte : il a toujours la mĂȘme voiture, il nâa pas dâautres agents de sĂ©curitĂ© attachĂ©s Ă son service. »[99] Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Conseil des ministres, RĂ©nald LubĂ©rice, invite les autoritĂ©s compĂ©tentes Ă prendre des dispositions pour donner des moyens au juge dâinstruction chargĂ© de mener lâenquĂȘte[100].
Le 22 aoĂ»t, le juge d'instruction Garry OrĂ©lien a Ă©tĂ© dĂ©signĂ© pour mener l'instruction du dossier relatif Ă l'assassinat du prĂ©sident Jovenel MoĂŻse[101]. Il Ă©tait substitut au parquet de Saint-Marc puis Ă la Croix-des-Bouquets. Il a Ă©tĂ© promu juge puis juge dâinstruction au tribunal de premiĂšre instance de Port-au-Prince en dĂ©cembre 2020. Le 25 aoĂ»t, le ministĂšre de la Justice et de la SĂ©curitĂ© publique (MJSP) offre 6 millions de gourdes (50 000 ⏠environ) pour aider Ă capturer les personnes recherchĂ©es[102]. Mais, le 21 aoĂ»t, le Centre dâanalyse et de recherche en droits de lâhomme (CARDH) alerte sur la lĂ©galitĂ© de la procĂ©dure en cours, et rĂ©clame un tribunal spĂ©cial. Dans son rapport « Limites de la poursuite et perspective dâun tribunal spĂ©cial » , il indique « la poursuite a Ă©tĂ© menĂ©e en violation de la Constitution, du Code dâinstruction criminelle et des instruments internationaux de droits humainsâŠ. Des criminels peuvent Ă tout moment ĂȘtre libĂ©rĂ©s, des procĂšs-verbaux et piĂšces Ă conviction, essentielles au procĂšs, peuvent ĂȘtre Ă©cartĂ©s durant son dĂ©roulement »[103].
Le 10 septembre, le procureur gĂ©nĂ©ral de Port-au-Prince, Bed-Ford Claude, rĂ©clame Ă ce qu'Henry soit auditionnĂ© pour avoir Ă©tĂ© en contact avec l'un des cerveaux prĂ©sumĂ©s de l'assassinat du prĂ©sident MoĂŻse[104]. L'intĂ©ressĂ© dĂ©nonce des « manĆuvres de diversion »[105]. Le 14 septembre, Claude demande l'inculpation du Premier ministre et son interdiction de quitter le territoire. Henry dĂ©cide de le limoger en rĂ©action[106].
Suites
EnquĂȘte
Quelques heures aprÚs les événements, le Premier ministre par intérim décrÚte l'état de siÚge[107].
Le , la police annonce avoir tuĂ© quatre membres du commando, et en avoir arrĂȘtĂ© deux autres[108].
Au , 17 mercenaires ont Ă©tĂ© capturĂ©s (quinze Colombiens et deux AmĂ©ricains) et trois Colombiens ont Ă©tĂ© tuĂ©s, tandis que huit autres sont toujours en fuite. La plupart sont dâanciens membres de l'armĂ©e colombienne, notamment des forces spĂ©ciales[109]. Plusieurs ont reçu une formation par l'armĂ©e amĂ©ricaine, a confirmĂ© le Pentagone[110].
Le , les autoritĂ©s annoncent avoir arrĂȘtĂ© l'un des instigateurs prĂ©sumĂ©s de l'opĂ©ration : Christian Emmanuel Sanon (en), un ressortissant ĂągĂ© de 63 ans, qui souhaitait seulement son arrestation, afin de prendre sa place[111].
Plusieurs mercenaires Ă©taient liĂ©s au FBI et la DEA amĂ©ricaines. Selon le Miami Herald, les autoritĂ©s amĂ©ricaines ont fait pression pour que ces liens ne soient pas rĂ©vĂ©lĂ©s : des procureurs de Miami ont « mis sous le boisseau des preuves des activitĂ©s passĂ©es d'informateurs du gouvernement amĂ©ricain au nom de la sĂ©curitĂ© nationale des Ătats-Unis », rendant encore plus opaque lâenquĂȘte sur l'assassinat du prĂ©sident haĂŻtien[112] - [113]. L'entreprise de sĂ©curitĂ© amĂ©ricaine qui a organisĂ© le recrutement des membres du commando Ă©tait Ă©galement impliquĂ©e dans la tentative d'assassinat du prĂ©sident vĂ©nĂ©zuĂ©lien NicolĂĄs Maduro en 2018[114].
D'aprĂšs le chercheur FrĂ©dĂ©ric Thomas ce meurtre sâapparente à « un rĂšglement de compte entre factions rivales de l'oligarchie haĂŻtienne » dans un contexte de crise politique majeure. Une implication du gouvernement amĂ©ricain est peu probable car Jovenel MoĂŻse entretenait des liens Ă©troits avec Washington et les Ătats-Unis disposaient d'autres moyens de pression sur HaĂŻti[115].
Politiques
La succession présidentielle est contestée. Alors que la version initiale de la Constitution de 1987 prévoit une succession par le président de la Cour de la cassation, ce dernier, René Sylvestre, est mort le du Covid-19 sans avoir été remplacé. La version de 2012 prévoit un intérim par le Conseil des ministres puis l'élection d'un président par l'Assemblée nationale pour terminer le mandat présidentiel[116]. Enfin, le poste de Premier ministre est disputé entre Claude Joseph et Ariel Henry, nommé le [117].
Joseph Lambert, prĂ©sident du SĂ©nat de la RĂ©publique, est dĂ©signĂ© le par une rĂ©solution du SĂ©nat[118] pour assumer la prĂ©sidence de la RĂ©publique Ă titre intĂ©rimaire[119]. Sa dĂ©signation est cependant contestĂ©e par le Premier ministre par intĂ©rim Claude Joseph. Cette dĂ©cision est soutenue par de nombreux partis parlementaires, dont le PTHK du dĂ©funt prĂ©sident. Ariel Henry est par ailleurs confirmĂ© comme Premier ministre[120]. Son investiture, prĂ©vue pour le , est finalement reportĂ©e[121] Ă la demande des Ătats-Unis[122].
Le , à la suite des négociations menées avec le concours de plusieurs autres pays américains, Claude Joseph accepte de démissionner en faveur d'Ariel Henry, demeurant ministre des Affaires étrangÚres dans le nouveau gouvernement qui prend ses fonctions le lendemain[123] - [124].
Les funérailles nationales du président défunt se déroulent le , à Cap-Haïtien[125] - [126].
Notes et références
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