Michel Martelly
Michel Joseph Martelly, né le à Port-au-Prince, surnommé Sweet Micky (« Micky le doux » en français) ou Tet Kalé (« Crâne rasé » en créole), est un musicien, compositeur et homme d'État haïtien, président de la République du au .
Michel Martelly | |
Michel Martelly en 2011. | |
Fonctions | |
---|---|
Président de la République d'Haïti | |
– (4 ans, 8 mois et 24 jours) |
|
Élection | 20 mars 2011 |
Premier ministre | Jean-Max Bellerive Garry Conille Laurent Lamothe Florence Duperval Guillaume (intérim) Evans Paul |
Prédécesseur | René Préval |
Successeur | Jocelerme Privert (provisoire) Jovenel Moïse |
Président de la Communauté caribéenne | |
– (5 mois et 29 jours) |
|
Secrétaire | Irwin LaRocque |
Prédécesseur | Kenny Anthony |
Successeur | Kamla Persad-Bissessar |
Biographie | |
Nom de naissance | Michel Joseph Martelly |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Port-au-Prince (Haïti) |
Nationalité | Haïtienne |
Parti politique | Réponse paysanne (2010-2012) |
Père | Gérard Martelly |
Mère | Madeleine De Pradines |
Conjoint | Sophia Saint Rémy Martelly |
Enfants | Michel-Olivier Michel-Alexandre Michel-Yani Malaika-Michel |
Profession | Musicien Compositeur |
Religion | Catholicisme |
Résidence | Pétionville |
|
|
Présidents de la République d'Haïti | |
Biographie
Origines
Issu de la bourgeoisie métisse[1], Michel Martelly est le fils de Gérard Martelly. Sa mère est issue d'une lignée de musiciens : les de Pradines[2].
Études
Michel Martelly poursuit sa scolarité au collège Roger Anglade (Saint Louis de Gonzague) et obtient son baccalauréat au centre d'études secondaires. Il est ensuite parti aux États-Unis pour s'initier au métier de la construction[2].
Il est pendant sa jeunesse membre des milices du régime Duvalier[1].
Musicien
Michel Martelly démarre comme musicien de kompa et se produit aux quatre coins d'Haïti, développant ainsi une notoriété nationale[2]. Sous le régime de « Baby doc », il dirige Le Garage, une boite de nuit fréquentée par les militaires et la bourgeoisie[3].
Il réside également à Miami en Floride[4] et se produit régulièrement à El Rancho, un casino appartenant à la famille d'Henri Namphy, dirigeant de l'une des Juntes militaires qui a suivi la fuite de Duvalier[3].
Il s'implique déjà dans la politique de son pays en s'efforçant de torpiller la candidature de Jean-Bertrand Aristide sur les antennes de radio. Il affiche ensuite des liens avec les partisans du coup d'État de 1991 en Haïti[4].
Élection présidentielle de 2010-2011
Michel Martelly annonce en sa candidature à l'élection présidentielle. Il est soutenu par Pras Michel et Wyclef Jean durant sa campagne électorale, qu'il effectue sous l'étiquette du parti Réponse paysanne, dont il est à l'origine. Il est conseillé par l’agence Ostos & Sola, liée au Parti populaire espagnol. Il tient un discours conservateur et place le rétablissement de l’ordre comme sa priorité[1].
L’Organisation des États américains (OEA) et les principaux bailleurs de fonds dont en particulier les États-Unis, exercent de fortes pressions pour exclure Célestin du deuxième tour, au profit de Martelly. Après plusieurs mois d'attente, la Commission électorale d’Haïti publie de nouveaux résultats où Martelly se classe deuxième du premier tour, ce qui lui assure une qualification au second. Dirigeant du parti présidentiel Inité, le ministre de la justice Paul Denis dénonce les États-Unis, la France et le Canada, et assimile ces pressions à un nouveau coup d’État : « Ils ont tiré des résultats de leurs poches, ils agissent comme des colons, mais il y a des hommes et des femmes dans ce pays qui exigent d’être traités avec dignité ! »[5].
Le , le Conseil électoral provisoire le déclare officiellement vainqueur du second tour de scrutin, qui s'est tenu le 20 mars précédent, avec 67,57 % des voix face à Mirlande Manigat. Son investiture a lieu le [6].
Président de la République
Michel Martelly, après avoir échoué à obtenir l'investiture de Daniel-Gérard Rouzier puis de l'ancien ministre de la Justice Bernard Gousse[7], nomme le 18 octobre 2011 un nouveau gouvernement sous l'autorité du Premier ministre Garry Conille, médecin et fonctionnaire de l'ONU âgé de 45 ans[8].
Le 25 juillet 2011, il fait l'objet d'une tentative d'attentat[9].
Gary Conille démissionne le [10], et remplacé par le ministre des Affaires étrangères et des Cultes, Laurent Lamothe, le .
Les élections sénatoriales de mi-mandat devaient initialement avoir lieu en . Elles sont reportées au , en raison de l'impasse à trouver un accord entre le gouvernement et un groupe de sénateurs de l'opposition concernant la loi électorale. Le gouvernement haïtien doit faire face à des mois de protestations contre le report des élections. Le Premier ministre, Laurent Lamothe, démissionne le et est remplacé par Evans Paul[11].
Ne pouvant se représenter, Martelly désigne son ami Jovenel Moïse comme candidat du Parti haïtien Tèt Kale (PHTK) à l'élection présidentielle de 2015[12]. Le PHTK prend la suite de Réponse paysanne[13]. Le nom Tet Kalé (signifiant littéralement « crâne rasé » ou « crâne chauve », en créole haïtien) vient d'un des surnoms donnés à Martelly[14].
Son mandat présidentiel prenant fin le , il quitte son poste[15] après avoir dans un premier temps hésité à quitter le pouvoir[16]. À la suite d'une vacance du pouvoir de quelques jours[17], Jocelerme Privert lui succède à titre provisoire[18].
Avec un taux de participation de moins de 21 %[19], Jovenel Moïse remporte l'élection présidentielle haïtienne de 2016 à la majorité absolue dès le premier tour, recueillant 55,67 % des suffrages, devant Jude Célestin (19,52 % des voix), Jean-Charles Moïse (11,04 %) et Maryse Narcisse (8,99 %)[20] - [19]. Le 2 janvier 2017, son élection est définitivement validée[21].
Bilan
Le bilan de sa présidence est très décevant au regard des espoirs que la population haïtienne mettait en lui. Ainsi, les droits des femmes ont reculé, les violences ont augmenté et Michel Martelly a fait l'objet de soupçons de corruption à grande échelle[22]. Il est notamment directement mis en cause dans le scandale Petrocaribe, dans lequel des centaines de millions de dollars d'aide vénézuélienne ont été détournées par des responsables politiques et chefs d'entreprise haïtiens[23]. Pour le politologue Frédéric Thomas, l'accession au pouvoir de Michel Martelly en 2011 a marqué le début d’une « forme de banditisme légal » et constitue une étape-clé dans le processus de déliquescence de l'État haïtien[24].
Prix et récompenses
- Meilleur album de l'année (Haitian Music Awards 1996)
Vie privée
Michel Martelly est marié à Sophia Saint-Rémy dont la famille est originaire de Gonaïves. Le couple a quatre enfants, trois garçons et une fille : Olivier, Sandro, Yani et Malaika[2].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Michel Martelly » (voir la liste des auteurs).
- « Haïti : ne l’appelez plus « Sweet Micky » – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, jeuneafrique1, (consulté le ).
- Haïti - Élections : Qui est Michel Martelly?, Haïti Libre, 16 septembre 2010
- Maurice Lemoine, Les enfants cachés du général Pinochet. Précis de coups d’Etat modernes et autres tentatives de déstabilisation, Don Quichotte, , p. 348-349
- (en) Elise Ackerman, "His Music Rules in Haiti: Sweet Micky's provocative music moves Haitians with an infectious beat and political overtones", Miami New Times, 29 mai 1997
- « Pour comprendre la révolte des Haïtiens », sur www.cadtm.org,
- Michel Martelly investi président d'Haïti, 14 mai 2011
- En Haïti, Michel Martelly ne parvient pas à former un gouvernement, Le Monde, 3 août 2011
- Jean-Michel Caroit, Cinq mois après la présidentielle, Haïti a enfin un gouvernement, Le Monde, 19 octobre 2011
- Haïti : tentative d'attentat contre le président Michel Martelly, Le Monde, 27 juillet 2011
- Haïti : le premier ministre a démissionné, Le Figaro, 24 février 2012
- Karine Kamatari, « Haïti : Evans Paul nouveau Premier ministre », sur Le Point, lepoint.fr, (consulté le ).
- « Jovenel Moïse le dauphin inattendu de Michel Martelly », sur lenouvelliste.com, (consulté le ).
- (en) OAS, « OAS - Organization of American States: Democracy for peace, security, and development », sur www.oas.org, (consulté le ).
- Ofpra, « Haïti - Les principaux partis politiques (note 86, page 14) », sur ofpra.gouv.fr, (consulté le ).
- « Amériques - Le président haïtien, Michel Martelly, quitte le pouvoir sans successeur », sur France 24 (consulté le )
- « Le Nouvelliste; Martelly n’est pas prêt à céder le pouvoir le 7 février » (consulté le )
- « Haïti: vers un gouvernement de transition après le départ de Martelly - Amériques - RFI », sur rfi.fr (consulté le )
- « Haïti : les acteurs politiques parviennent à un accord de sortie de crise », sur Le Monde, (consulté le )
- (en) Jacqueline Charles, « Banana farmer wins Haiti presidency, according to preliminary results », (consulté le ).
- En Haïti, Jovenel Moïse remporte la présidentielle au premier tour, [le Monde], 29 novembre 2016.
- « Jovenel Moïse enfin élu 58e président d’Haïti », sur Ouest France, (consulté le ).
- « L'élection de Jovenel Moïse, «une catastrophe» pour Haïti », Libération.fr, (lire en ligne)
- Frédéric Thomas, « Haïti : une bombe à retardement », Cetri, (lire en ligne)
- « « La situation d’Haïti se détériore dans un pourrissement sans fin » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )