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Arum italicum

Arum italicum, l'Arum d'Italie ou Gouet d'Italie est une espÚce végétale de la famille des Araceae, indigÚne en Europe occidentale et méridionale et en Asie mineure.

Particularités

Son mode de pollinisation est tout à fait remarquable. Comme l'avait remarqué Lamarck dÚs 1778, l'inflorescence produit de la chaleur[1] et émet des odeurs d'excréments qui attirent de petites mouches assurant la pollinisation.

Sous-espĂšces

  • Arum italicum subsp. neglectum, d’Europe occidentale - qu’on rencontre Ă  l'Ă©tat sauvage jusqu’en Normandie et dans le sud de l’Angleterre – a des feuilles d’un vert uniforme
  • Arum italicum subsp. albispathum, de CrimĂ©e et du Caucase a une spathe blanche
  • Arum italicum subsp. byzantinum (Syn. Arum byzantinum Bl.), de GrĂšce et de Turquie a une spathe Ă  taches violettes.
  • Arum italicum subsp. canariense, Iles Canaries

Description

L'Arum d'Italie[2] est une plante vivace (gĂ©ophyte) de 20 Ă  60 cm de hauteur, glabre, possĂ©dant un gros tubercule oblong divisĂ© en trois parties, la partie supĂ©rieure d'oĂč partent les tiges de l'annĂ©e et les racines avec en dessous les restes des rhizomes des deux annĂ©es prĂ©cĂ©dentes.

Les feuilles apparaissent en automne et disparaissent l'été suivant ; portées par un pétiole deux fois plus long que le limbe, elles sont triangulaires-hastées à oreillettes divergentes, veinées de blanc jaunùtre.

L'inflorescence est formée d'une grande spathe blanchùtre qui entoure un axe charnu, le spadice, trois fois plus court, à massue jaune pùle stérile. Les fleurs unisexuées sont disposées en anneaux : en bas les fleurs femelles puis au-dessus les fleurs mùles dans un anneau trois à quatre fois plus court et entouré de filaments verruqueux. L'ovaire est libre et le stigmate en forme de disque. Ces fleurs sont enfermées dans une chambre formée par la spathe autour du spadice et fermée dans sa partie supérieure par les filaments. Il existe aussi des fleurs stériles. La floraison a lieu en avril ou mai.

Chambre ouverte de l'inflorescence.

Les fruits sont des baies rouge vif qui forment une grappe compacte dressée. Chaque fruit charnu comporte une à plusieurs loges contenant quatre graines à albumen farineux ou charnu.

Confusion possible

Entre Arum italicum et Arum maculatum, la différence majeure tient à la couleur du spadice : il est jaune chez A. italicum et violet chez A. maculatum. C'est aussi une plante plus robuste qu'Arum maculatum. Arum maculatum voit ses feuilles vertes et luisantes qui apparaissent tÎt au printemps tandis que chez Arum italicum les feuilles veinées de blanc apparaissent en automne et disparaissent l'été suivant.

Écologie

Arum italicum pousse dans tout le Midi, l'Ouest et le Centre de la France. En Europe, il est présent dans les pays du pourtour méditerranéen ainsi qu'au Royaume-Uni, en Suisse, Russie et Ukraine.

On le rencontre aussi aux Canaries, dans le Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie), en Turquie, Arménie, Géorgie.

Il pousse de préférence dans les endroits ombragés ou semi-ombragés, plus ou moins humides.

C'est une plante invasive dans 6 Ă©tats des États-Unis.

Cette espĂšce est naturalisĂ©e de longue date en Belgique et aux Pays-Bas (" stinzenplant ")[3]. Elle y a Ă©tĂ© introduite au XVIIe siĂšcle pour son Ă©pi de belles baies rouge orangĂ© prĂ©sent en automne et ses grandes feuilles hastĂ©es prĂ©sentes durant tout l’hiver. On cultive surtout la variĂ©tĂ© ‘Marmoratum’ dont les feuilles ont de belles nervures blanches.

Pollinisation

La pollinisation est faite par de petites mouches qui sont attirées par des odeurs émises par le spadice.

Le premier soir, l'inflorescence[4] - [5] s'ouvre et les fleurs femelles deviennent fonctionnelles (protogynie). Une petite mouche femelle[6] est attirĂ©e par une odeur d'excrĂ©ments et d'urine Ă©mise par le spadice - odeur qui imite l'odeur de son site habituel de ponte. La volatilisation de ces substances odorantes se fait grĂące Ă  un dĂ©gagement de chaleur produit par thermogenĂšse[7]. L'insecte descend dans la chambre oĂč il se fait piĂ©ger pour 24 heures, les filaments l'empĂȘchant de remonter.

L'aprÚs-midi du jour suivant, les stigmates des fleurs femelles se flétrissent et les anthÚres des fleurs mùles s'ouvrent pour libérer le pollen. Les filaments qui retenaient prisonniÚre la mouche flétrissent et permettent alors à l'insecte de s'échapper et de prendre en passant sur lui du pollen qui lui permettra d'aller féconder la prochaine inflorescence visitée.

  • Feuilles
    Feuilles
  • Tubercules
    Tubercules
  • Inflorescence
    Inflorescence
  • Jeunes fruits
    Jeunes fruits
  • Fruits mĂ»rs
    Fruits mûrs

Propriétés

L'Arum d'Italie contient une saponine, l'arine (avec la concentration la plus élevée dans le tubercule) ainsi que des lignanes et néolignanes. Sont présents aussi des alcaloïdes tels l'aroine, l'arodine et l'aronine qui peuvent provoquer de fortes brûlures bucco-pharyngées ainsi que des vomissements. Les tubercules contiennent, outre une importante proportion d'amidon, des cristaux d'oxalate de calcium qui les rendent impropres à la consommation sans préparation[8].

Les feuilles et les fruits sont toxiques. Ils provoquent une tuméfaction de la langue, une irritation durable de la gorge, des vomissements, une dilatation des pupilles et éventuellement des convulsions. C'est une des premiÚres causes d'appel des Centres Antipoison[9].

Utilisations

  • Horticulture : l'Arum italicum est cultivĂ© pour son feuillage particuliĂšrement dĂ©coratif en fin d'hiver lorsque le jardin s'Ă©veille.
  • Alimentation : les tubercules d'Arum italicum (ainsi que d' A. maculatum et dioscoridis) ont Ă©tĂ© consommĂ©s Ă  partir de l'AntiquitĂ©[8] dans diffĂ©rents pays d'Europe. En pĂ©riode de disette, comme pendant la RĂ©volution, il en a Ă©tĂ© fait une sorte de pain et de gĂąteaux. À Guernesey, on extrayait des tubercules une fĂ©cule vendue en Angleterre sous le nom de "Portland sago". Les tubercules ont servi Ă©galement dans l'alimentation des porcs.
Dioscoride et Antoine Parmentier ont prÎné les vertus alimentaires de cette plante.
La plante ne doit surtout pas ĂȘtre consommĂ©e crue, en raison de la prĂ©sence d'alcaloĂŻdes et de cristaux d'oxalate de calcium en forme de fines aiguilles, capables d'irriter trĂšs douloureusement les muqueuses. Une cuisson prolongĂ©e Ă  plusieurs eaux est nĂ©cessaire.
  • PhytothĂ©rapie : le tubercule aurait des vertus expectorantes dans le cas d'affections des voies respiratoires. En Turquie, le tubercule et les fruits murs Ă©taient utilisĂ©s contre les rhumatismes et les hĂ©morroĂŻdes.

Notes et références

  1. Meeuse, B.J.D. 1975. Films of liquid crystals as an aid in pollination studies. In Pollination and Dispersal, ed N.B.M. Brantjes, H.F. Linskens, p. 19-20. Nijmegen. The Netherlands: Dep. Botany, Univ. Nijmegen.
  2. (fr) Référence Tela Botanica (France métro) : Arum italicum
  3. Stinzenplant (nl) est un nom utilisé dans le nord des Pays-Bas pour désigner une plante naturalisée de longue date dans les jardins d'anciennes maisons patriciennes et de fermes-chùteaux, les jardins de curés, le long d'anciens remparts, etc.
  4. (en) Marcos MĂ©ndez, Anita Diaz, « Flowering dynamics in Arum italicum (Araceae): relative role of inflorescence traits, flowering synchrony and pollination context on fruit initiation », American journal of botany, vol. 88, no 10,‎
  5. (en) JĂ©rome Albre, AngĂ©lique Quilichini, Marc Gibernau, « Pollination ecology of Arum italicum (Araceae) », Botanical journal of the Linnean Society, vol. 141,‎ , p. 205-214
  6. principalement les moucherons Psychoda pusilla ou Psychoda crassipenis dans la région de Toulouse (Albre & al 2003) ou des Sciaridae, Chironomidae et Sphaeroceridae
  7. D'aprÚs les observations de J. Albre (2003), La température de la zone mùle passe par un premier pic de 7,5 °C au-dessus de l'air ambiant le jour précédent l'ouverture de la spathe. Le jour suivant cette zone passe par un pic de 11 °C au-dessus de l'air ambiant, suivi par un pic de température du milieu du spadice de 19,3 °C au-dessus de l'air ambiant. Le lendemain la zone mùle passe encore par un petit pic de 4,6 °C.
  8. François Couplan, Le régal végétal Plantes sauvages comestibles, Sang de la Terre, , 527 p.
  9. http://cap.chru-lille.fr/CAPBD/BAIES/detail/ca4f1.htm

Sources

  • (en) Deni Bown, Aroids : plants of the Arum family, Portland, Or, Timber Press, , 2e Ă©d., 392 p. (ISBN 978-0-88192-485-5, BNF 37567669)
  • RĂ©ginald Hulhoven, Les arums et autres aracĂ©es des rĂ©gions tempĂ©rĂ©es, Les Jardins d'Eden, 17: 16-23, 2003

Liens externes

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