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Art environnemental

L'art environnemental est utilisé pour décrire génériquement le procédé artistique ou l'œuvre d'art où l'artiste est en dialogue direct avec l'environnement. Cet environnement peut être aussi vu comme le contexte politique, historique et social.

Spiral Jetty - Robert Smithson, États-Unis 1970.
Un des chênes plantés pendant la performance de Beuys (1982) devant le musée Fridericianum de Cassel.

Hal Foster, critique d'art amĂ©ricain, a dĂ©fini les Ĺ“uvres d'art environnemental comme des « projets de sculpture in situ qui utilisent des matĂ©riaux pris dans l'environnement pour crĂ©er de nouvelles formes ou pour rĂ©orienter notre perception de l'environnement ; programmes qui comportent des objets nouveaux, non naturels dans un scĂ©nario naturel ; activitĂ©s individuelles sur le paysage oĂą le facteur temps est dĂ©terminant ; des interventions concertĂ©es et de conscience sociale Â».

Germano Celant, critique d'art italien reconnu, dit qu'il y a, entre l'Ĺ“uvre et le contexte, un Ă©change mutuel : « l'art crĂ©e un espace environnemental, et de mĂŞme, l'environnement crĂ©e l'art Â»[1]. MĂŞme s'il y avait, au dĂ©but, la volontĂ© de l'art environnemental de se battre contre le « système de l'art Â», en supprimant l'objet artistique et sa marchandisation, il est apparu nĂ©cessaire d'exposer les rĂ©alisations pour obtenir la reconnaissance du statut d'Ĺ“uvres d'art, et les fonds nĂ©cessaires. Pour cette raison, les artistes (ou des tiers) ont commencĂ© Ă  considĂ©rer le besoin de filmer et photographier leurs rĂ©alisations.

Histoire

L'environnement dans l'espace réel commence à être important dans les œuvres d'art à partir de la fin des années 1950, et il a été considéré par tous les principaux mouvements artistiques (Neo-Dadaïsme, Art Program, Minimalisme, Arte Povera, Art Conceptuel), dans les années 1960 et jusqu'au début des années 1970.

L'art environnemental a d'abord été lié à la sculpture (par exemple, Art in situ, Land Art et Arte Povera), alors qu'une partie de la critique jugeait la sculpture traditionnelle obsolète et manquant d'harmonie avec l'environnement. Dès 1912, Boccioni théorisait, dans son Manifeste technique de la sculpture futuriste, que l'art nouveau serait porté par la sculpture environnementale, susceptible de modifier l'atmosphère environnante.

On trouve d'autres exemples de l'art environnemental dans les avant-gardes historiques : l'environnement des Proun du constructiviste El Lissitskij est un espace d'exposition rĂ©alisĂ© pour l'exposition Ă  Berlin en 1923, oĂą les Ă©lĂ©ments architecturaux, plastiques et picturaux sont inextricablement liĂ©s ; le Merzbau du dadaĂŻste Kurt Schwitters, qui est une accumulation progressive d'objets du quotidien dans la maison de l'artiste Ă  Hanovre pendant dix ans, reprĂ©sentant la vie de l'artiste. Marcel Duchamp a aussi apportĂ© une contribution dĂ©cisive Ă  l'art environnemental : en 1938, Ă  la galerie des Beaux-Arts de Paris, pendant l'exposition internationale du surrĂ©alisme, il suspend au plafond plus de mille sacs de charbon ; en 1942 Ă  l'exposition First Paper of Surrealism Ă  New York, il remplit l'espace avec une toile de douze miles de fil. L'espace devient un des Ă©lĂ©ments les plus importants dans le travail de Lucio Fontana (environnement spatial avec des formes spatiales et Ă©clairage en lumière noire, Galleria del Naviglio, Milano). Il utilise l'interaction de l'espace avec des jeux de lumières pour dĂ©sorienter le spectateur. De mĂŞme, Pinot Gallizio dix ans plus tard, Ă  la Galerie Drouin Ă  Paris, provoque le mĂŞme effet par des moyens diffĂ©rents : la Grotte de l'antimatière se compose de 145 mètres de toile qui recouvre entièrement la surface du tunnel. D'autres artistes, comme Enrico Castellani (Environnement Blanc, ou Espace Environnement, 1970), Gianni Colombo (After Structure) et Guillaume Bottazzi (la plus grande peinture du Japon, qui habille tous les murs du MusĂ©e d'Art Miyanomori) utilisent l'espace de la mĂŞme façon. Dans le travail de Gianni Colombo, le spectateur marche Ă  l'intĂ©rieur des Ĺ“uvres, et dans le travail de Guillaume Bottazzi Ă  l'extĂ©rieur. Par la monumentalitĂ© de son Ĺ“uvre, il induit le spectateur Ă  se dĂ©placer pour la voir dans son intĂ©gralitĂ©[2]. Pour Allan Kaprow, le premier artiste qui a dĂ©fini thĂ©oriquement les caractĂ©ristiques de l'environnement dans l'article « Introduction to a Theory Â» dans le magazine Bull Shit, la participation des spectateurs et des interventions au niveau de l'environnement ne sont que la consĂ©quence directe de la fusion entre art et vie. Aujourd'hui on utilise de nouveaux moyens, souvent dans une recherche de spectaculaire.

Exemples

Œuvres composées à partir de matières vivantes, comme les plantes, les mousses, dans une fonction réparatrice.
  • Eco art
Ĺ’uvres Ă©cologiquement responsables.
De 1974 Milton Becerra, soucieux d’écologie, a rĂ©alisĂ© Ă  ce stade des Ĺ“uvres  telles les Cobijas para la hierba  (Couvertures pour les prairies) dans un quartier rĂ©sidentiel de Caracas (Lomas de Prados del Este) et Análisis de un Proceso en el Tiempo (Analyse d'un processus dans le temps), Longaray El Valle, oĂą il dĂ©nonce les effets nĂ©fastes de la pollution et de la dĂ©gradation de l’environnement. Dans les annĂ©es 1980, Milton Becerra s’installe Ă  Paris et donne une nouvelle perspective Ă  son art, basĂ©e sur ses multiples recherches et sa perception des coutumes de la tribu amazonienne Yanomami.
Terme utilisé surtout dans les années 1960 et 70, synonyme d'Earth Art[4], d'abord aux États-Unis, ensuite en Europe : s'applique à des œuvres gigantesques. Également appelé “Earthworks”[5], réalisé en territoires naturels, mais pas nécessairement axés sur les questions écologiques.
Les interventions peuvent être subtiles et éphémères ou géantes, comme l'excavation de Michael Heizer (Double Negative, 1969-70), ou la très connue Spiral Jetty de Robert Smithson.
Exemples de Land Art : l'Ephemeral Art, œuvres créées pour ne durer que peu de temps et souvent laissées à se dégrader dans les conditions environnementales naturelles, les Walking Works, où l'artiste utilise l'acte de marcher dans un environnement comme expression artistique, comme A Line Made By Walking, 1967, une ligne droite, provoquée par le passage de l'artiste Richard Long dans un pré.
  • Environmental Installation ou Sited-sculpture
Installations de sculptures dans un environnement utilisé comme site plus que comme source de matériaux.
  • Site-specific Performance Art
Performance où l'artiste est physiquement connecté à un contexte particulier de l'environnement d'une manière qui est décrite avec la vidéo ou des photographies.
  • Social Sculpture
Œuvres d'art qui mettent l'accent sur la relation entre l'environnement et la société, et qui impliquent la communauté locale ou qui demandent au spectateur de participer activement, pour mieux comprendre l'environnement.
  • Assemblage and Recycled Art
Œuvres d'art réalisées avec des matériaux trouvés (naturels et artificiels).
Combinaison des mots "Ecology" et "Invention", qui renvoie à des œuvres qui réparent les dommages causés à l'environnement naturel. Aussi appelé "Reclamation Art" (art de restauration).
Ces œuvres sont souvent situées dans des endroits peu accessibles et modifiés par les agents atmosphériques. Exemple : Unhappily Ever After, œuvre de l'Américain Jeff Hong.

Une distinction

Dans l'Art environnemental, il faut distinguer les artistes qui ne prennent pas en compte les effets de leurs Ĺ“uvres sur l'environnement et ceux qui au contraire ne veulent pas causer de dommages, et s'engagent Ă  remettre l'environnement dans son Ă©tat naturel.

Ainsi, la célèbre sculpture Spiral Jetty de l'artiste américain Robert Smithson a une valeur esthétique reconnue, mais a nécessité d'importants travaux de terrassements paysagers, source d'érosion et de déplacement de grandes quantités de terre. Le travail de l'artiste d'origine bulgare Christo et de son épouse Jeanne-Claude a également suscité de vives critiques lorsque, par exemple, en 1969, ils ont temporairement enveloppé la côte de Little Bay, au sud de Sydney, en Australie. Les environnementalistes locaux ont protesté, affirmant que l'œuvre était écologiquement irresponsable, en particulier pour les oiseaux qui nichent sur la côte et pour les manchots et les phoques. La polémique soulevée a attiré l'attention d'organisations internationales de l'environnement et elle a conduit les artistes contemporains à repenser le Land Art et le Site-specific Art.

À l'opposé, l'artiste environnemental et sculpteur britannique Richard Long a réalisé de nombreuses d'œuvres temporaires en extérieur avec des matériaux locaux, comme les roches, la boue et les branches, sans, a priori, endommager l'environnement.

Probablement l'une des œuvres les plus célèbres de l'art environnemental du XXe siècle, 7000 Oaks (7000 Chênes) est réalisée par l'artiste allemand Joseph Beuys à la documenta 7 de 1982. L'artiste et ses assistants ont ainsi attiré l'attention sur l'état de l'environnement local, via la plantation de sept mille chênes, dans et autour de la ville de Cassel.

Références

  1. G. Celant, Ambiente/Arte, dal futurismo alla body art, Edizioni della Biennale di Venezia, Electa, Milano-Venezia 1976, p. 5.
  2. « Guillaume Bottazzi - Art public Japon - TV France 24 » (consulté le )
  3. Land Art est aussi le titre d'un film de 1969 où Gerry Schum montre la première œuvre réalisée sur le territoire naturel.
  4. Titre de l'exposition du White Museum of Art en 1969.
  5. Titre de l'exposition dans le Dwan Gallery de New York en 1968, où se réunissaient les artistes du nouveau mouvement : Carl Andre, Robert Morris, Sol LeWitt, Walter De Maria, Michael Heizer, Dennis Oppenheim, Robert Smithson.

Bibliographie

  • Arte contemporanea. Le ricerche internazionali dalla fine degli anni '50 ad oggi, a cura di F. Poli, Electa, 2003
  • Milton Becerra. Analyse d’un processus dans le temps, Fondation Culturel Chacao, Caracas, Venezuela, 2007
  • Enciclopedia dell'Arte Garzanti, Garzanti Libri s.p.a., 2002
  • LoĂŻc Fel, L'EsthĂ©tique verte : de la reprĂ©sentation Ă  la prĂ©sentation de la nature, Ă©ditions Champ Vallon, 2009.
  • Denys Riout, L'arte del ventesimo secolo. Protagonisti, temi, correnti, Einaudi, 2002.
  • Jade C. Wildy. Defining Environmental Ar, Master of Art History, Adelaide, S. Aust.: University of Adelaide, 2010.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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