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Art d'Égypte et de Syrie des Fatimides aux Mamelouks

L’art en Égypte et en Syrie entre 1071 et 1250 est commanditĂ© par les nombreuses forces en prĂ©sence Ă  cette Ă©poque : Atabeys, Zengides puis Ayyoubides, Francs, Byzantins. L’art sert alors Ă  manifester sa puissance et sa richesse face Ă  ses adversaires politiques, en ces temps particuliĂšrement troublĂ©s.

Contexte historique

Territoire ayyubide en 1189

La pĂ©riode courant du XIe au XIIIe siĂšcle au Proche-Orient est historiquement complexe. La Syrie et la Jezirah sont soumises au rĂ©gime des atabegs, des gouverneurs des Seldjoukides d’Anatolie. La rĂ©gion est extrĂȘmement morcelĂ©e, ce sur quoi jouent les croisĂ©s, tandis que la secte des assassins reprĂ©sente une rĂ©elle menace.

Zengi, un Kurde gouvernant Mossoul pour le compte de Malik Chah, fonde la dynastie zengide et part Ă  la conquĂȘte de la Syrie, s’emparant de Damas et d'Alep en 1128. À sa mort en 1146, ses possessions sont partagĂ©es, et Nur ad-Din hĂ©rite de ses territoires syriens, auxquels il adjoint l’Égypte, dont il s’empare en 1164–1168, sans pour autant renverser la dynastie fatimide, qui reconnaĂźt sa suzerainetĂ©. Il faut attendre áčąalāង ad-DÄ«n YĆ«suf, plus connu sous le nom de Saladin, pour que le califat fatimide s’éteigne enfin, en 1171. Saladin, Ă  la mort de Nur ad-Din (1173), parvient Ă  redonner un semblant d’unitĂ© au monde syro-Ă©gyptien. Afin de lĂ©gitimer son pouvoir, il mĂšne des campagnes contre les Francs et s’empare de la ville de JĂ©rusalem (1187). Il meurt en 1193, donnant naissance Ă  la dynastie ayyoubide, qui perdurera en Égypte jusqu’en 1250 et un peu plus longtemps en Syrie, sans pouvoir maintenir une rĂ©elle cohĂ©sion dans le sultanat.

Architecture et urbanisme

En Jezirah

La principale ville de Jezirah qui donne lieu Ă  une production architecturale est celle de Mossoul, oĂč deux influences contradictoires se dĂ©gagent :

  • Celle de l’Iran, perceptible dans des bĂątiments de brique avec un goĂ»t marquĂ© pour les effets de relief et l’illusionnisme. L’épigraphie kufique tressĂ©e est trĂšs utilisĂ©e.
  • Celle de l’Anatolie, qui se manifeste dans l’architecture de pierre. On y remarque un trĂšs bel appareillage de la pierre, un goĂ»t marquĂ© pour le travail des moulures et des effets plastiques, et l’emploi de petites niches dĂ©coratives, que l’on retrouve dans le dĂ©cor des mĂ©taux. L’épigraphie utilisĂ©e est alors une Ă©pigraphie cursive.

En Syrie

La Syrie, qui ne constitue pas normalement le centre du pouvoir Ayyubide, bĂ©nĂ©ficie pourtant d’un mĂ©cĂ©nat plus dĂ©veloppĂ© qu’au Caire, car il s’agit d’un mĂ©cĂ©nat Ă©miral, gĂ©nĂ©rateur d’édifices moins ambitieux que ceux de la capitale, mais beaucoup plus nombreux. Les Ayyubides adhĂ©rant Ă  la doctrine Shafiite, ils ne construisent pas de grandes mosquĂ©es, mais beaucoup de madrasa et de mausolĂ©es.

Citadelle d’Alep, voie d’accùs

La citadelle d'Alep est l’une des plus importantes crĂ©ations Ayyubides en matiĂšre d’architecture militaire, avec le renforcement des fortifications du Caire par Saladin. Construite en pierre, elle marque bien le climat d’insĂ©curitĂ© qui rĂšgne alors, et prĂ©sente des influences franques. En effet, les Syriens connaissaient leur architecture de par les chĂąteaux forts qu’ils avaient construits, comme le Krak des Chevaliers. Les Ă©chauguettes sont un exemple des emprunts arabes Ă  l’architecture croisĂ©e.

Un autre bĂątiment important est la madrasa Firdaws, construite entre 1234 et 1237 sur ordre de la rĂ©gente d’Alep. Comme la plupart des madrasa syriennes, elle est de taille plutĂŽt rĂ©duite et de plan rectangulaire organisĂ© autour d’une cour centrale avec une fontaine. Mais l’élĂ©ment le plus important est son mihrab, considĂ©rĂ© comme un chef-d’Ɠuvre de l’art islamique. Il est fait dans une technique proprement syrienne : l’ablaq, c’est dire l’incrustation de bandes de marbres colorĂ©s, qui forment ici des motifs d’arcs polylobĂ©s entrecroisĂ©s.

On pourrait citer d’autres madrasa de cette pĂ©riode : la madrasa de Nur-al-Din Ă  Damas (1167-68), la madrasa Zahiriya Ă  Alep (1219)
 MalgrĂ© d’importantes diffĂ©rences de plan, elles suivent toutes un schĂ©ma Ă  peu prĂšs identique, dont l’origine reste controversĂ©e mais ne semble pas venir d’Iran, comme c’est le cas du concept de madrasa.

Le troisiĂšme aspect de l’architecture syrienne consiste en tombeaux chiites, tels le Mashhad al-Husayn, et en khanqah (maisons pour les Sufis), dont le plan se rapproche le plus souvent de celui des madrasa. Beaucoup de hammams sont Ă©galement construits.

Il faut enfin citer un bĂątiment trĂšs particulier qui n’aura pas de rĂ©elle descendance : le maristan de Nur ad-Din. Il s’agit d’un hĂŽpital situĂ© Ă  Damas, construit comme son nom l’indique sur l’ordre de Nur ad-Din en 1154. Pour Richard Ettinghausen, il s’agit de l’« une des piĂšces maĂźtresses du XIIe siĂšcle composĂ©e le plus harmonieusement, avec une façade particuliĂšrement Ă©lĂ©gante combinĂ©e Ă  la gĂ©omĂ©trie d’un demi-dĂŽme Ă  muqarnas avec un linteau classique au-dessous ».

En Égypte

En Égypte, l’architecture se concentre sur le Caire. On trouve Ă©galement de nombreux mausolĂ©es, comme ceux dits « des Abbassides » ou encore celui de l’imam Shafei.

On remarque plusieurs influences :

  • de Syrie tout d’abord, Ă  travers le matĂ©riau (passage de la brique Ă  la pierre), l’écriture kufique, et les coupoles peintes.
  • Fatimides Ă©galement, dans la forme des arcs (angles vifs), les cĂŽtes rayonnantes dans les niches et le travail du stuc.

La madrasa de Salih Najm al-Din, construite Ă  la fin de la pĂ©riode (1243-1250) est composĂ©e de deux madrasa Ă  deux iwans. Il s’agit d’un grand monument comportant deux cours oblongues reliĂ©es par de grands couloirs. Ses niches cĂŽtelĂ©es et ses muqarnas rappellent la mosquĂ©e Al-Akmar, mais la technique de l’ablaq que l’on trouve Ă  l’intĂ©rieur est un emprunt direct Ă  l’art syrien.

Objets

La production d’objets d’art Ă  cette Ă©poque pose beaucoup de problĂšmes d’attribution aux historiens de l’art. Non seulement les Ɠuvres et les artistes bougent beaucoup, au fur et Ă  mesure des conquĂȘtes et des pertes, mais en plus, il n’existe quasiment pas d’Ɠuvre-jalon, c’est-Ă -dire portant le nom d’un commanditaire, d’une ville, une date
 Il n’est donc pas rare qu’art fatimide, anatolien, syrien et irakien soient mĂ©langĂ©s, et que l’attribution des Ɠuvres varie.

Verre

Aspersoir en verre marbré, XIIe - XIIIe siÚcles, Syrie, Louvre
Flacon doré et émaillé, Syrie, XIIIe siÚcle, Louvre

Le verre, transparent ou opaque, est l’un des matĂ©riaux les plus utilisĂ©s dans la confection d’objets d’art. Plusieurs techniques de dĂ©cor sont utilisĂ©es :

  • Le soufflage dans un moule cannelĂ©, qui permet d’obtenir des piĂšces Ă  la surface ondulĂ©e. En gĂ©nĂ©ral, il est employĂ© conjointement avec d’autres techniques.
  • Le verre marbrĂ© consiste en l’inclusion d’un filet de verre colorĂ© dans un objet d’une autre teinte (gĂ©nĂ©ralement, il s’agit de blanc dans du noir ou dans du bleu foncĂ©). Il en rĂ©sulte des piĂšces bicolores, voire tri- ou quadricolores, pour les plus dĂ©veloppĂ©es. Cette mĂ©thode Ă©tait dĂ©jĂ  utilisĂ©e dans l’Égypte antique, et s’est perpĂ©tuĂ©e au fil du temps.
  • Le verre dorĂ© peut l’ĂȘtre Ă  chaud ou Ă  froid. Ce dĂ©cor n’existe quasiment qu’à cette Ă©poque, et le verre Ă©maillĂ© et dorĂ© lui sera prĂ©fĂ©rĂ©.
  • Le verre Ă©maillĂ© est la vĂ©ritable nouveautĂ© du XIIe siĂšcle. Des Ă©maux colorĂ©s sont posĂ©s Ă  sa surface pour former des motifs. Souvent, la piĂšce est Ă©galement rehaussĂ©e d’or (posĂ© Ă  chaud ou Ă  froid). L’iconographie de tels dĂ©cors est diverse : le gobelet de Charlemagne, conservĂ© Ă  Chartres, prĂ©sente une mosaĂŻque de petites gouttelettes d’émail bleu, blanc et rouge, alors que des arabesques sont peintes sur le Porte bonheur d'Edenhall du Victoria and Albert Museum de Londres. On trouve Ă©galement frĂ©quemment un dĂ©cor animal ou de personnages, comme en tĂ©moigne le gobelet aux cavaliers du musĂ©e du Louvre. Cette technique, qui se poursuit chez les Mamelouks, sera copiĂ©e par les verriers vĂ©nitiens.

Quelques formes sont récurrentes, notamment :

  • Les gobelets Ă©vasĂ©s, qui possĂšdent tous une double base. Celle du dessus est bombĂ©e, elle correspond Ă  la marque de l’outil utilisĂ© pendant le soufflage, et une plaquette circulaire est rapportĂ©e pour que le gobelet puisse tenir debout. Ce double fond est caractĂ©ristique des gobelets islamiques.
  • Les aspersoirs sont des flacons Ă  la panse globulaire et au col plus ou moins long se terminant par une embouchure trĂšs Ă©troite. En effet, utilisĂ©s pour conserver du parfum, leur ouverture minuscule permettait de ne pas perdre une goutte du prĂ©cieux liquide.
  • Les bouteilles au long col sont Ă©galement frĂ©quentes, et le plus souvent dĂ©corĂ©es Ă  l’émail de scĂšnes trĂšs dĂ©veloppĂ©es. En partie supĂ©rieure, un anneau de verre permet de rĂ©cupĂ©rer les gouttes Ă©chappĂ©es.
Coupe en verre émaillé et doré, Syrie, XIIIe siÚcle, Metropolitan Museum of Art
  • Les formes ouvertes (bols, coupes) sont plus rares, mais existent cependant. Le Metropolitan Museum of Art de New York conserve notamment une magnifique coupe sur piĂ©douche, soufflĂ©e dans un moule cannelĂ©, Ă©maillĂ©e et dorĂ©e.

On trouve nombre de ces Ɠuvres dans les collections europĂ©ennes et notamment dans les trĂ©sors d’églises, car beaucoup furent ramenĂ©es par les croisĂ©s, d’autant que certaines ont une iconographie chrĂ©tienne, soit car leur commanditaire Ă©tait chrĂ©tien, soit car l’artisan lui-mĂȘme Ă©tait chrĂ©tien (aussi paradoxal que cela paraisse, le monde islamique n’est devenu Ă  majoritĂ© musulman qu’au cours du XIIIe siĂšcle, les coptes, nestoriens et autres chrĂ©tiens d’Orient formant une grande partie de la population). Il arrive souvent que ces objets soient emmanchĂ©s dans des montures d’orfĂšvrerie gothique lorsqu’ils se trouvent en Europe depuis le Moyen Âge.

CĂ©ramique

Tesson Ă  l’oiseau, Syrie, XIIIe siĂšcle, Louvre : exemple de dĂ©cor prenant un aspect calligraphique

La cĂ©ramique connaĂźt une avancĂ©e majeure Ă  cette pĂ©riode, avec la mise au point des couleurs de grand feu (noir, bleu, rouge de fer et plus rarement vert) peintes sous glaçure. Ces derniĂšres sont gĂ©nĂ©ralement mal conservĂ©es en raison de la forte salinitĂ© du sol syrien. On peut tout de mĂȘme remarquer que les potiers aiment Ă  jouer avec : au lieu d’enduire entiĂšrement leur piĂšce de glaçure, ils la laissent couler et former de grosses gouttes sur le pied de l’Ɠuvre. En gĂ©nĂ©ral, les pĂątes ne sont pas engobĂ©es.

Dans le décor, on note une certaine fantaisie décorative, le goût pour les motifs végétaux et les grandes diagonales, qui donnent de la vigueur et du dynamisme. Les motifs de damiers et les costumes à rayures sont fréquents, tout comme les animaux et les personnages qui prennent un aspect calligraphique, ou donnent naissance à des arabesques.

Quelques groupes importants peuvent ĂȘtre signalĂ©s :

  • Le groupe de Tell Minis.

On dĂ©signe ainsi une production de cĂ©ramiques de formes ouvertes (bols, coupes) Ă  pĂąte siliceuse dĂ©corĂ©es de lustre mĂ©tallique. En gĂ©nĂ©ral, le motif dĂ©coratif est un animal ou un personnage de grande taille sur un fond d’arabesques vĂ©gĂ©tales grĂȘles ; toutefois, on connaĂźt aussi des dĂ©cors gĂ©omĂ©triques et calligraphiques. En gĂ©nĂ©ral, la piĂšce est recouverte d’une glaçure incolore qui met en valeur la blancheur de la pĂąte, mais des glaçures bleu cobalt et bleu turquoise sont Ă©galement utilisĂ©es.

Ce groupe tire son nom d’un site syrien sur lequel nombre de ces objets ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s ; ils sont actuellement conservĂ©s Ă  la collection David, Ă  Copenhague. Cependant, aucun four n’a Ă©tĂ© mis au jour Ă  cet endroit, et il semble donc que Tell Minis n’était pas un lieu de production mais une cache. Un problĂšme important se pose alors : oĂč ces piĂšces ont elles Ă©tĂ© fabriquĂ©es ? D’aucun ont avancĂ© la Syrie, mais la forte ressemblance avec les piĂšces de fin de la production fatimide peut aussi laisser penser Ă  l’Égypte. Il pourrait mĂȘme s’agir de potiers Ă©gyptiens ayant Ă©migrĂ© en Syrie


Une autre interrogation se profile tenant Ă  la date de production de ce groupe. En effet, aucune piĂšce n’est datĂ©e. En gĂ©nĂ©ral, cependant, les historiens de l’art tombent d’accord pour la situer vers 1150, grĂące aux rĂ©sultats archĂ©ologiques et Ă  des rapprochements stylistiques.

Quoi qu’il en soit, ce groupe forme un excellent exemple pour marquer les difficultĂ©s d’attribution et les mouvements des Ɠuvres et des artistes Ă  cette pĂ©riode.

  • La cĂ©ramique Lakabi

Peu d’objets composent cette sĂ©rie, qui utilise une technique complexe, dĂ©licate Ă  mettre en Ɠuvre. Les lakabi sont des cĂ©ramiques Ă  pĂąte siliceuse comprenant de la fritte (verre pilĂ©), une pĂąte extrĂȘmement dure, difficile Ă  travailler. Pour les dĂ©corer, on utilise la technique du champlevĂ©, c’est-Ă -dire que l’on creuse dans la pĂąte les motifs. On Ă©lĂšve ensuite de petites cloisons de terre tout autour de ces motifs, que l’on remplit de glaçure de diffĂ©rentes couleurs ; celles-ci ne fusent pas entre elles grĂące Ă  la prĂ©sence des cloisons.

Le chef-d’Ɠuvre de cette sĂ©rie est un plat conservĂ© au MusĂ©e d'Art islamique de Berlin, dont le dĂ©cor se rĂ©sume Ă  un aigle en position hĂ©raldique. Le MusĂ©e du Louvre conserve Ă©galement un tesson au sphinx rĂ©alisĂ© dans cette technique.

Sculpture hautes d’une quarantaine de centimĂštres, les rondes bosses en cĂ©ramique servent de bouches de fontaines. Elles sont gĂ©nĂ©ralement dĂ©corĂ©es de glaçures colorĂ©es bleue ou turquoise. Elles prennent la forme d’animaux (coq Ă  la queue avec des tĂȘtes de dragon et sphinx de la collection David Ă  Copenhague) ou de personnages (cavalier se dĂ©fendant contre un dragon, musĂ©e national de Damas).

MĂ©tal

Chandelier, Irak ou Syrie du nord, 1248-49, musée du Louvre

La zone-clĂ©, pour la production de mĂ©taux incrustĂ©s, est la Jezirah, et principalement la ville de Mossoul, oĂč rĂšgne Badr al-Din. Beaucoup d’artistes signent en ajoutant Ă  la fin de leur nom la mention al-Mawsili, « de Mossoul », mĂȘme s’ils n’en sont en fait pas toujours originaires. Damas et peut-ĂȘtre Alep sont Ă©galement des centres de production de mĂ©taux.

Pour son dĂ©cor, l’art du mĂ©tal est le plus souvent incrustĂ© d’or et d’argent, que met en valeur la pĂąte noire, crĂ©ant un effet polychrome. Le rĂ©pertoire iconographique est fortement inspirĂ© de l’art du livre.

La premiĂšre piĂšce de mĂ©tal incrustĂ© faite hors du monde iranien et datĂ©e est l’aiguiĂšre Blacas, conservĂ©e au British Museum, qui porte la mention al-Mawsili et la date de 1232. Sur un fond de « T » imbriquĂ©s se trouvent une Ă©pigraphie figurĂ©e (mĂ©lange de lettres et d’élĂ©ments figuratifs) et plusieurs scĂšnes : scĂšne de chasse, personnage avec un miroir, scĂšne d’allĂ©geance, etc.

La collection David Ă  Copenhague conserve Ă©galement une grande Ă©critoire faite par Ali ibn Yahya al-Mawsili en 1255-1256 qui prĂ©sente plus de quarante scĂšnes diffĂ©rentes, ainsi qu’une magnifique Ă©pigraphie.

Au Louvre, on signalera le vase Barberini, fait pour Salah al-Din II Ayyub (rĂšgne 1237-1260), qui offre une place prĂ©pondĂ©rante Ă  l’épigraphie. Des scĂšnes de chasse se dĂ©tachent Ă©galement sur un fond de rinceaux vĂ©gĂ©taux.

Art du livre

L’art du livre illustrĂ© est important Ă  cette pĂ©riode. Il entre dans le domaine de l’art du livre arabe. Comme toujours avec l’art du livre, il est difficile de dĂ©gager de caractĂ©ristiques probantes pour cette pĂ©riode.

De materia Medica, manuscrit des Dioscorides, Irak, 1224
De materia Medica, manuscrit des Dioscorides, le pharmacien, Irak, 1224

Plusieurs types de textes sont illustrĂ©s, notamment des traitĂ©s mĂ©dicaux (Livre de la ThĂ©riaque, De materia medica) et des textes littĂ©raires (Kalia wa Dimna, Maqamat d’al-Hariri). Pour l’iconographie, divers modĂšles sont utilisĂ©s, que l’on retrouve dans d’autres arts. Ainsi, un manuscrit du Livre de la ThĂ©riaque datĂ© de 1299 possĂšde, en frontispice, une reprĂ©sentation de la lune comme un grand cercle formĂ© par les corps de deux dragons, une figure apotropaĂŻque que l’on trouve frĂ©quemment en Anatolie. Un manuscrit des Maqamat de al-Hariri (arabe 6094 de la BNF) prĂ©sente quant Ă  lui des scĂšnes qui pourraient avoir Ă©tĂ© inspirĂ©es par une iconographie chrĂ©tienne.

Le traitement de la peinture en gĂ©nĂ©ral marque une connaissance des modĂšles classiques Ă  travers l’influence byzantine (teintes nuancĂ©es, etc.). La plupart du temps, l’action ne s’inscrit pas dans un cadre dĂ©terminĂ©, mais seule la ligne de sol est marquĂ©e. Les plantes sont traitĂ©es de maniĂšre un peu stĂ©rĂ©otypĂ©e, et des liens avec d’autres arts, notamment celui du mĂ©tal, sont Ă  Ă©tablir.

Maqamat, Irak, vers 1225-1235

Voir aussi

Bibliographie

  • L’Art du livre arabe : du manuscrit au livre d’artiste, BibliothĂšque nationale de France, Paris, 2001 (ISBN 2717721681) ;
  • (en) S. Carboni et L. Komaroff, Glass of the Sultans. Twelve Centuries of Masterworks from the Islamic World, Metropolitan Museum of Art, New York, 2001 (ISBN 0870999877) ;
  • (en) R. Ettinghausen, O. Grabar, M. Jenkins-Madina, Islamic art and architecture 650–1250, Yale University Press, 2003 (ISBN 0300088698) ;
  • R. Ettinghausen, La Peinture arabe, Skira, coll. « les trĂ©sors de l’Asie », 1977 ;
  • S. Makariou, L’Orient de Saladin, l’art des Ayyoubides, Paris, 2001.

Articles connexes

Liens externes

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